mardi 2 mars 2010

In Laurentia: mousse et lichen


du vert l’hiver

On réunit artificiellement sous le nom de Cryptogames les champignons, les mousses, les algues, les fougères et les lichens. Ce ne sont pas tous des végétaux. Ils cohabitent néanmoins ensemble dans la forêt laurentienne où je suis allé explorer et risquer ma vie (encore) pour ce court reportage. Toutes ces microscopiques forêts sur les arbres sont comme une géographie mouvante sur une écorce en déplacement: les arbres croissent et cette pelure tombera. C’est un parchemin caduque sur lequel les cryptogames font leurs cryptographies.



un lichen épiphyte Usnea diplotypus (?)

Ces habitants de l’écorce (corticoles) ou des branches des arbres (épiphytes) sont des communautés bigarrées, toujours migrantes et passant d’un “pied-pas-exactement-à-terre” à un autre. Très communs en forêt et un peu moins en ville les mousses comme les lichens sont peu remarqués. Mais dimanche c’était un festival de ces funambules de la discrétion. Ils sont partout bien présents et donnent même le caractère des lieux avec les conifères. Je ne m’arrête pas assez souvent pour les reconnaître et les toucher.




carré blanc sur fond blanc

La blancheur de l’écorce du bouleau est bien relative sur cette neige fondante. La coloration rosée, les taches de la mince couche d’algue par endroit et ce qui semble des amorces de colonisations par d’autres espèces épiphytes sont des écritures. Qu’écrivent donc ces Gitans sur le Betula papyrifera?

“Sed fugit interea fugit irreparabile tempus, singula dum capti circumvectamur amore” (Virgile)




 la semaine de relâche induit de curieux comportements chez les humains

En filigrane dans la neige d’une marche en plein air, la peau de l’arbre portait le murmurant message de la mousse:

“Mais en attendant il fuit: le temps fuit irréparablement, tandis que nous errons autour, prisonniers de notre amour de détail"

Une bien curieuse carte de visite sur ce vélin. J’étais venu prendre un peu d’air!




coule ruisseau je reviendrai taquiner la truite

Après avoir goûté la neige et traversé le pont des saisons, ayant lu quelques notes éparses du lichen, il me restera à boire l’eau dans l’écorce du bouleau. Je vis dangereusement.




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