samedi 21 mai 2016

Peuple de Peupliers




« Magiques »
« On dirait des humains »
« Ils ont trois cents ans »


On dirait des humains? Ben oui: Peuple, peupliers… une déclinaison naturelle!



On consulte sur l’avenir du parc La Fontaine. Une des questions est celle des peupliers, les grands, les très grands Peupliers de Caroline. Vous le savez, ma préférence a toujours été de remplacer ces arbres en les bouturant puis en plantant ces regénérations entre les arbres actuels. 



Vous savez? Comme une rotation. Je favorise une conservation de ces arbres pour la prochaine génération d’humains qui viendront ici prendre un peu de répit sous l’ombre.


(Vous voulez des photos avec pas de personnes dedans? J’ai trouvé le meilleur endroit pour ça. Photographiez les terrains de baseball…)

Surtout: je pense qu'il faille conserver ou remplacer, non seulement les arbres, mais la forme paysagère unique et singulière de leur plantation. Le rectangle du grand terrain d'exercice militaire d'autrefois avait été bordé par cette plantation en 1918 (ou 1919). Ayant compté les cernes annuels je connais l'âge des arbres et je peux estimer la date de plantation...





Un grand ensemble de peupliers plantés en... 1918... autour d'un terrain d'exercice militaire... ça ne dit rien à personne évidemment! Vous n'y voyez pas quelque chose qui ressemble à une plantation de commémoration? Je dis ça, comme ça... vous savez, 1918...



Vous voyez ci-haut avec ce coin de clôture qui est dans la courbe, où un remplaçant aurait été planté. On nous consulte afin de savoir que faire de ces arbres mais à l’évidence l’option de replanter a été subtilement exclue… la place est prise, je vous le donne en mille, par un terrain de sport…



Encore plus, à cause de cela et d'autres raisons, et libre à vous de juger cela  futile, je crois que nous devrions retirer toutes les installations sportives clôturées qui se trouvent afin de retrouver la grande pelouse qu'il y avait ici autrefois. Je sais, j'ignore plein d'usages, je suis irresponsable!

On parle bien de fermer la rue qui traverse le parc et les stationnements qui le cannibalisent.




Que faire avec ces peupliers? Faire ce que font les humains depuis des siècles: les remplacer! Ils sont des monuments, que ce soit une commémoration des jeunes hommes qui ont laissés leurs vies outremer ou un monument d'affection accidentel mais largement partagé...



On se comporte vraiment comme si c’était ces arbres qui étaient le problème. C’est le monde à l’envers… Combien d’arbres avons-nous à Montréal, au sujet desquels les gens expriment spontanément le plaisir (l’honneur disent certains) de les fréquenter ou la tristesse de les voir disparaître?


À propos de la coupe on me dit: allez donc les voir afin de constater avant de dire n'importe quoi et notez que des experts, en deux étapes, ont décidé de la chose pour des raisons de sécurité.


On parle même de ma crédibilité de commentateur sur la question... j'étudie bien humblement la chose depuis bien longtemps tout de même! J'ai une compréhension minimale de la situation.


Comme si je contestais cette décision. Pas du tout...

L'absence apparente de l'option de les replanter, par contre, ça c'est une autre histoire...



De plus je sais pas si je dois m’inquiéter de ma « crédibilité », vraiment. On vous renvoie toujours à quelques causes techniques, supérieures en quelque sorte, afin de souligner votre ignorance. « Des équipes ont vu au problème monsieur. Laissez les pros décider pour le mieux. Observez en silence svp. »

Keep calm!

La très solide et imparable combinaison de l'argument d'autorité et de la sécurité...

Que répondre?



Mais ce n’est pas le problème que je pose: je ne sais pas comment juger de qualité de la structure des charpentières, je n’ai pas (toujours) constaté l’avancement d’une quelconque pourriture qui condamne un arbre. Mais surtout je ne connais pas toute la procédure en place pour arriver à la décision de couper ces arbres. La chaîne décisionnelle, je ne la connais pas. 

Ils menacent de tomber et d’écraser quelqu’un? Alors… à l’évidence dans un parc aussi fréquenté… coupez!




Ma crédibilité? On les nomme maintenant Peuplier de Caroline en tout cas! On les nommait Peuplier deltoïde autrefois, avant qu'un amateur n'ai déterminé leur identité. Je n'ai pas fait tous mes devoirs, mais j'en ai tout de même fait quelques-uns!



Je ne connais pas la procédure. Mais dans la liste à cocher pour juger de l’abattage et de la marche à suivre y a-t-il les critères suivants: l’arbre est-il historique? La forme paysagère dont il est un élément a-t-elle quelque signification sociale ou culturelle? Combien coûte son remplacement? Les gens ont-ils l’habitude de le saluer personnellement? L’arbre procure-t-il une paix intérieure par sa présence? (celle-là on me l’a si souvent dite!) 


Ces fonctions en or, des plus importantes pour les usagers du parc, sont-elles considérées sur le même pied que les décisions sécuritaires? Ce dernières sont les seules qui aient droit de cité?




La continuité historique des paysages du parc La Fontaine est tout simplement ignorée à la faveur du goût du jour. Mais vous savez, quand le goût du jour est décidé par des experts, c’est le goût du jour que vous aurez!



Le parc La Fontaine est bien plus que la somme des prérogatives professionnelles des gestionnaires responsables.



Il est la somme des humains qui rêvent, qui viennent pour ombre, eau, lumière. Air, brise, fraîcheur, vous savez les "creature's comfort" comme on dit si bien en English. 

Tout le reste n'est que de la littérature...








6 commentaires:

  1. Sans parler de leur odeur !... Quand j'habitais Montréal, je traversais souvent le parc à vélo et l'odeur des peupliers me rappelait les dimanches d'été passés à la Pointe-Murray, à Magog, à jouer sous les immenses peupliers alors que grand-maman se reposait à l'ombre. Et je chantais à tue-tête "J'aime l'odeur des peu-pli-ers en étéééé..."

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    1. Une chanson de votre composition ou une autre??? Je connais ce beau site, merci c'est à verser au dossier cette anecdote.

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  2. À une époque on aimait les alignements formels, symétriques d'une même espèce plantée à répétition, avec les problèmes que l'on sait. Ne serait-ce pas souhaitable d'introduire plus de biodiversité?

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    1. Le contexte d'un grand parc urbain comme celui-ci impose une variété de stratégies. La fréquentation est importante et va en croissant de façon notable depuis quelques années. Certaines sections du parc sont naturalisées avec succès et il y a encore de la place pour continuer cela. On plante beaucoup plus d'espèces indigènes récemment avec par exemple le bouleau jaune. On plante un peu n'importe où, mais ça c'est une autre histoire. Cela dit des espaces plus formels sont assez difficiles à éviter dans une parc avec, entre autre, une fonction de commémoration. En milieu urbain un grand espace vert et ouvert est une bénédiction. La pluralité des goûts est de plus impérative...

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  3. Bravo à celui qui a publié cette page je suis 100% de ton côté On devrait se mettre ensemble tout le monde qui aimons ces arbres afin d'imposer,quitte à le faire nous mêmes, de bouturer de nouveaux peupliers carolins afin qu'ils ne disparaissent jamais du parc et de la région Je tien de tout mon cœur à la continuité de ces arbres Les remplacer par d'autres carolins serait le moindre respect pour ces arbres et les gens qui les aiment..Il faudrait consuter Denis Coderre directement et lui expliquer l'importance et que nous y tenons à cœur, Nicholas

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    1. "quitte à le faire nous mêmes"? C'est certainement envisageable! Merci!

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