mercredi 30 juin 2010

Tous au Champ des Possibles!




plus ya d’herbe, plus ya de biodiversité...


Ambrosia artemisiifolia -l’herbe à poux- a un pollen allergène. Le Champ des Possibles n’est  pas particulièrement infesté mais nous avons une entente avec l’arrondissement: plutôt que de voir le champ fauché nous allons nous occuper de la mauvaise herbe. Pour l’instant le traitement proposé est le suivant: on l’arrache! Elle est enracinée superficiellement et cela ne demande pas un grand effort. C’est tout le champ qui doit ainsi recevoir nos soins attentionnés. Jusqu’à maintenant le gestion du problème signifiait une fauche générale de tout l’espace. C’est tuer une mouche avec de la dynamite!



La terreur verte au pollen allergène: vous la reconnaissez?

En très grande partie la plante se retrouve en marge des sentiers où l’herbe est basse. La tâche n’est pas au-dessus de nos moyens collectifs surtout si vous venez nous donner un coup de main. La plante n’est pas encore allergène, elle fleurira et émettra son pollen dans quelques semaines seulement. Mais apportez vos gants et votre chapeau tout de même!



La solution jusqu'à maintenant: le syndrome du terrain de golf.


Parlant de tuer une mouche avec de la dynamite... vous saviez qu’une minuscule mouche à fruit a une relation particulière avec cette très mauvaise herbe? La femelle d’Euaresta bella (ces petites mouches “sans intérêt” ont rarement des noms communs...) pond ses oeufs dans les fleurs de l’herbe à poux. Les larves se nourirront des graines qui se développent et sont de fait un contrôle biologique intéressant! C’est un phénomène parallèle avec celui de la relation du papillon monarque et de l’asclépiade. Mais évidemment le monarque c’est beau et l’asclépiade ça sent bon! Les petites mouches à fruit et l’herbe à poux, elles...



Une des chorégraphies amoureuses de Euaresta bella

Le Champ des Possibles est plein de ces relations écologiques discrètes et peu spectaculaires. La biodiversité est-elle un catalogue où nous choisissons les espèces qui nous conviennent? On comprend sans difficulté la nécessité de gestion de cette plante nuisible à la santé humaine. Et la mouche?


Que dit donc ce sémaphore?

Euaresta bella mérite quand même qu’on s’y attarde un peu, ne serait-ce que pour expliquer pourquoi il ne faut surtout pas retirer tous les plants de l’herbe à poux (de toute façon est-ce envisageable?). Pardonnez la mauvaise qualité des images plus haut: la mouche est très petite et hors foyer sur une ombelle de carotte qui se baladait au vent... Que faisait ce mâle? C’est une danse de séduction, un sémaphore amoureux qu’il exécute pour une femelle. Cette mouche a mille danses et courbettes comme celle-là... un spectacle de cirque de puce, sans projecteur, sans grand spectateurs! Les mâles ont aussi d’autres démonstrations attachantes pour les femelles: l’ombelle de carotte en plus d’une piste de danse est une fontaine de nectar et le mâle donnera du nectar à une femelle qui approchera. C’est la trophallaxie, c’est à dire une offrande de nourriture qui pourrait bien se doubler ici de quelque messages phéromonaux.






Les Amis du Champ des Possibles souhaitent conserver un maximum de ces relations écologiques. En attendant un plan de gestion plus élaboré et afin d’éviter la fauche radicale qui ne fait qu’exacerber le problème et constitue une perturbation massive de la biodiversité nous devons extirper l’herbe à poux. À la main!

Vous viendrez profiter du champ, nous rencontrer et nous aider à conserver tous ces petits spectacles? Samedi le 3 juillet de 14 à 17h. S’il y a pluie ce sera remis au samedi le 10. Apportez gants, chapeaux, eau et... loupe!




lundi 28 juin 2010

Onde ou particule? Belle barbe!


La haute saison de la petite véronique

Étymologiquement voilà ce que signifie Calo-pogon. Calopogon tuberosus: la belle barbe à tubercule. Comme le printemps a été plus hâtif cette année cette orchidée fleurit plus tôt. C’est ma chance j’y suis presque toujours trop tôt ou trop tard. Je connais bien la date de l’anthèse mais je ne suis pas toujours en mesure d’y aller à ce moment précis. Pas cette année! Et la tourbière ombrotrophe (un bog) que je fréquente depuis des lustres comptait effectivement de nombreux calopogons en fleur.




Encore dans le sol de dans la sablière.

Une autre fin de semaine dans les Laurentides et une intéressante visite au bog avec ses callas, iris, prairie de carex, épinettes, mélèzes, rhododendrons, sarracénies et sphaignes, droséras, kalmias, canneberges, nénuphars, etc. Le Platanthera blephariglottis n’est plus présent toutefois, depuis quelques années les rares individus disparaissent les uns après les autres. 




 Entre deux trophées tenu par mon fils Arno, un curieux hybride fait par Béatrice.

Cette particulière sensation de marcher sur le tapis de sphaigne flottante! Une version ondulatoire de la réalité physique! Photographier en restant un instant accroupi et penché sur place, harassé par les mouches à chevreuil (taons) qui ne mordent pas grâce à la citronelle qui nous parfume (je la sens encore sur mon cou!)... et s'enfoncer doucement jusqu’à ce que l’eau remonte du tapis spongieux. Si je faisais ça à tous les jours je serais un peu plus détendu!




Deux sarracénies (Sarracenia purpurea) étaient en fleur, bien avant les centaines d’autres.



Le roux et le vert de la tourbière avaient deux accents de rose: le calopogon et au centre Kalmia angustifolia.

Je suis donc passé de la pit de sable particulaire au monde instable d’une tourbière. Pour aller voir la colonie de calopogons. Il y en avait plusieurs dizaines en fleur mais certaines années c’est plusieurs centaines et d’autres aucun! Évidemment il ne manquait pas de kalmias fleuris et le synchronisme de la floraison du calopogon n’est sûrement pas un hasard. L’effet coloré de masse attire autant d’abeilles que nécessaire: si le kalmia offre du pollen et du nectar, l’orchidée elle n’offre rien du tout! Il s’agit d’une fleur piège avec un mécanisme qui culbute l’insecte sur ses pollinies. Le labelle barbu est ici en position supérieure mais n’est pas toujours garni de poils aux extrémités jaunes, simulant des étamines. Il n’y a jamais des masses de fruits qui sont produits.



 Il a une belle barbe le calopogon, non?


L’insecte à gauche n’est pas du tout pollinisateur du calopogon. Il ne faisait que m’embêter autrement qu’en m’arrachant un morceau de chair... Il y a 350 espèces de Tabanidées  (des mouches ou Diptères) au Québec, mouches à chevreuil, taons à cheval, frappe-à-bord, choisissez le nom que vous préférez... Un insecte qui confond les fesses d’un cheval avec ma tête ne mérite pas que je l’identifie!





Dans l’étang au centre de la tourbière: l’aérodrome des bleues. D’autres feuilles de nénuphars servaient aussi de lieu de rencontre pour ces Zygoptères ou “demoiselles”.




Le secret du “quality time”: Marcel mon frère et sa compagne Michèle, mon fils Arno et mon neveu Benoît. Randonnées, pêche, tir à l'arc, quelques plantations, du bricolage, etc. Une beau weekend quoi! Et après quelques années j'ai enfin revu brièvement le calopogon. Surtout une bonne nouvelle dont j'attendais la confirmation, mon fils ira finalement prendre une formation en horticulture. Il a tout pour être le meilleur: il est attentionné et réfléchi. Bien plus et bien mieux que son père blogueur.

Ti amo, Arno...


samedi 26 juin 2010

Sobralia, une, deux, trois...



...sobrement n’est-ce pas?

Sobralia macrantha. Une mexicaine et de plus au sud jusqu’à Panama. La forme rappelle un Cattleya mais c’est en fait un archétype chez les orchidacées. La fleur est éphémère: une ou deux journées de ravissement. La longue tige en produit deux, l’une après l’autre. Le ravissement éphémère de la seconde n’aide en rien à la disparition de la première. À moins que ce soit l’inverse? Et comme cela jusqu’à l’année prochaine.


Sobralia, ma grande fleur froissée furtive et pressée...


vendredi 25 juin 2010

Feed, sleep, dream, fly away


Les inlassables grignoteuses de salade que sont les chenilles retiennent mon attention ces temps-ci. Vous aviez remarqué? Le vulcain de la semaine passée est relâché, d’autres chenilles et chrysalides sont au travail et c’est le tour du Papilio polyxenes asterius, le papillon du céleri, maintenant.

La chenille ci-haut, qui en était au dernier stade, a été trouvé par Rachelle dans un pot de carvi (Carum carvi) chez une grande surface (Canadian Tire, si vous voulez savoir...). Pour continuer l’élevage je ne trouvais pas de carvi dans mon coin alors je lui ai donné de l’aneth (Anethum graveolens). Le changement de diète a été apprécié et la chenille dévora la plante en 24 heures tout en s’attaquant à nouveau (à regret semble-t-il...) au carvi. La chenille est spécialiste de la famille de la carotte, les Apiacées.




 Photos: Wikipedia

Étonnant de voir les différentes formes de la chenille de cette seule espèce: avec la croissance la chenille doit changer de peau. Elle connaitra donc une série de mues et à chacune son apparence change. La même espèce peut être difficile à reconnaître pour l’oeil non-averti (le mien en l'occurence...). Quand j’ai obtenu cette chenille elle en était à sa dernière forme avant de faire sa chrysalide ou "nymphose." À gauche une chenille première version. Au centre après 4 ou 5 mues elle ressemble à notre chenille mais elle a encore quelques épines. À droite une chenille en fin de cycle montrant son osmeterium: c’est un organe habituellement caché que la chenille sort si elle se sent en danger. L’organe produit des sécrétions malodorantes qui éloignent les prédateurs.





Le comportement de la chenille s’étant modifié (elle ne voulait plus manger) je compris que la  nymphose n’était pas loin. J’ajoutai une tige de chicorée et un batonnet dans le pot afin de lui offrir un choix de lieux où se percher. La brochette de bois l’intéressa elle y grimpa et tissa quelques fils de soie. Bien qu’elle soit fixée par le pied ce n’est pas pour se suspendre la tête en bas! Contrairement au vulcain par exemple le filin de support tissé par la chenille (comme un ceinturon) la maintiendra “debout”. Cette chrysalide rêve debout! Elle est étrangement belle même sans ces paillettes d’or si remarquables du vulcain par exemple. Chrysalide vient du grec “chrysós” qui veut dire “or”.


À l’état adulte le papillon cherchera du nectar un peu partout, sur les asclépiades, le trèfle, l’eupatoire, les chardons, etc. C’est un heureux hasard que Rachelle ait trouvé ce spécimen. Quelques jours auparavant j’avais brièvement aperçu un grand papillon dans le trèfle rouge au Champ des Possibles, trop loin pour le photographier: c’était encore notre papillon du céleri. Une espèce de plus dans notre champ! Je me demande combien d’espèces peut abriter l’endroit? Et la nuit qu’y trouve-t-on?

Nous irons voir ce soir!



mercredi 23 juin 2010

À quelle échelle la biodiversité?


un mini-parc grandement négligé... et c'est tant mieux!

La gestion différenciée des espaces verts (j’y reviendrai bientôt, j’espère...) peut s’appliquer à des espaces réduits: des mini-habitats. Ci-haut c’est le “parc” Pierre Boucher* de 500 m carrés à l’intersection de la rue Gilford et de l’avenue Henri-Julien à Montréal. Dans mon arrondissement c’est probablement la plus grande colonie d’orties. Sachant qu’il est presqu’impossible de voir de l’ortie sans qu’elle n’héberge quelques chenilles de vulcain je fréquente l’endroit depuis quelques semaines (voir les messages précédents plus bas).

Évidemment l’expression “gestion différenciée” est utilisée dans le cas présent avec une certaine dérision. La gestion de ce petit espace vert (en fait aux deux tiers minéralisé) est une non-gestion, une simple négligence. Même cette négligence n’est pas une intention: ce sont les limites de notre attention, de notre volonté ou tout simplement le coût limitatif de l’entretien des espaces verts. Ces limites ont pourtant un effet positif sur la biodiversité. Combien de vulcains du quartier viennent d’ici? Je crains maintenant l’intervention éventuelle des employés de l’arrondissement!




dans le sol couvert de génévriers en mauvais état, au centre: les orties.

Ce sont des centaines de larves de papillons vulcain (Vanessa atalanta) que j’ai observé dans ce mini-habitat. Pour les amateurs de curiosité le parc héberge aussi une variété intéressante de la grande chélidoine: à fleurs doubles. Y mettrons-nous, tandis que personne ne porte attention, quelques plants d’asclépiades? Vous croyez que les papillons monarques apprécieraient? Que nous coûterait cette naturalisation s’ajoutant à notre fortuite négligence des lieux? Partager l’espace et faire l’entretien différemment, c’est possible? Même le guerilla gardening devra dorénavant se mettre à faire autre chose, avec réflexion: planter utile à la biodiversité.



le sommeil doré de la chrysalide

Sur la planche ci-haut (un des essais graphiques pour un prochain livre) on voit l’essentiel du développement du vulcain. Sur les deux feuilles d’orties en grisé on voit d’abord en bas à gauche la chrysalide avec ses extraordinaires pointes dorées. Tout à fait comme des paillettes d’or. Puis à sa droite la chrysalide vidée de son contenu. Un peau sèche et fragile pesant 0 gramme... Au centre une chenille de mi-parcours et le vulcain presque prêt au vol (la photo est d’hier).

Faites l’habitat (ou laissez-le advenir...) et la biodiversité le trouvera.


*Pierre Boucher (1921-1973) était comédien et président de l'Union des artistes. Il participa à des séries télévisées (L'île au trésor et Radisson, Rue des pignons, etc). L’homme est aujourd'hui aussi oublié que le parc!



lundi 21 juin 2010

Voir le vulcain


Vanessa atalanta, le vulcain (red admiral)

La chrysalide du vulcain avait un peu de couleur ce matin et je savais que dans une journée ou deux le papillon se présenterait. Les références me disaient que la métamorphose prenait deux semaines (à un jour près c'est le cas) et me disaient aussi que la sortie était une question de quelques minutes. J'ai été pris de court!  Occupé à quelques domesticités regrettables mais rendues nécessaires par la visite de mon amie Rachelle (c'était assez bordélique chez moi ce printemps...) j'ai manqué l'émergence! Et un peu plus et le vulcain foutait le camps par la porte arrière grande ouverte (c'est l'été...). Ses ailes n'étaient pas complètement déployées et il ne pouvait pas vraiment voler, j'ai pu donc le photographier. 

J'ai d'autres photos plus techniques et je vous les montrerai un peu plus tard. 21 juin c'est le début de l'été. Le vulcain sur l'épaule. La biodiversité en grande proximité.



vendredi 18 juin 2010

Mauvaise herbe sur le droit chemin


L’Église catholique se renouvelle, tout en renouant avec ses origines. Nous connaissons les services de bénédiction des animaux domestiques chez les Anglicans. Les Catholiques répliquent et en grand! J’en profite pour féliciter le curé qui est un lecteur assidu de Flora Urbana.





L’Église doit s’occuper de ses pommes pourries et dorénavant faire place aux mauvaises herbes et adopter l’idée vertueuse cardinale de l’attrape-plante. Les premiers essais ont lieu au presbytère de l’église Sacré-Coeur-de-Jésus sur la rue Ontario à Montréal. Mais ce n’est qu’un début! Pourquoi planter des fleurs qui demanderont ensuite un entretien constant? Laissons au Seigneur le soin de semer. Notre ami le vent fera le ravail. Les oiseaux aideront! saint Fiacre et saint François d’Assise s’occuperont des soins.





L'Église est à nouveau sur la bonne voie.




À gauche: saint Fiacre, patron des jardins. Voyez ce wiki. Au centre un peu de paganisme pompéien pour faire bonne mesure... et à droite: saint François d'Assise prêchant aux oiseaux. Ce dernier est l'auteur du Laudes Creaturarum (Cantique des Créatures), la souche écolo des catholiques.




Nous avons maintenant des accessoires pour nos différentes collections d’attrape-plantes. La collection Rustico© comporte maintenant un banc. La contemplation des micro-habitats automatiques fabriqués sans efforts par nos machines sophistiquées sera grandement facilitée. On pense à tout et à votre confort.




Je me réjouissais des grands bacs à fleur de la rue Duluth ce printemps: laissés sans soin ils s’enrichissaient rapidement et commençaient à jouer un rôle dont je fais la promotion: des micros-habitats. Certains se voyaient même colonisés par l’ortie. Vous connaissez l’intérêt que je porte ces temps-ci pour le papillon vulcain: ses chenilles se nourrissent exclusivement (à toute fin pratique) de cette plante. Je gardais quand même à l’esprit que la menace d’une rectification horticole ferait un jour son oeuvre... C’est fait! Et par quoi a-t-on remplacé l’ortie? En mille: des bégonias! Bien sûr on a remis les patates sucrées plutôt que des Vitis vinifera par exemple. En effet, pourquoi donc planter cette vigne vivace et indigène de surcroît, ressource de fruits pour les oiseaux? Comme on dit: “dah!”. Oiseaux et papillons: une autre fois peut-être!




J'ai heureusement d'autres bonnes nouvelles avec le prototype des attrape-plantes révolutionnaires de la série Gravito©. Toit, goutière et pluie non-inclus. Non seulement ils s’arrosent tout seul mais leur acier les fait résister aux tremblements de terre.



Bon weekend à tous!



mercredi 16 juin 2010

Retour au Repos du Renard


percer le paysage

Je suis allé hier au Repos du Renard pour le plaisir de le revoir (trop) brièvement et pour Météo Média où nous sommes allé enregistrer une entrevue pour leur série de courts documentaires sur des questions environnementales.




Le secteur emmuré par des arbres: est-ce un paysage? un jardin? un parc?




Voir au-delà du paysage: dedans, dehors. C’est pareil?

Ceci n’est peut-être pas un paysage... c’est en tout cas le phénomène de la colonisation végétale (surtout des peupliers) d’une friche industrielle. C’est la biodiversité urbaine en action. C’est un habitat, un milieu vivant en construction. Un velours vert sur le minéral. Où il est le renard aujourd’hui?




 En marge de la voie ferrée, la ligne imaginée traversant le paysage.




Installation en voie de disparition


Une usine à moulée animale, enfin je crois! (il y a après tout de la moulée à humain... nos grains et céréales...). Des grains de toutes sortes arrivent du Mid-West américain et des Prairies canadiennes et on les mélange ici. Il y a du canola qui pousse partout autour. Et de la luzerne. Mais ce patrimoine industriel n’intéresse pas grand monde. Devinez par quoi on va le remplacer? Des condos! La zone de protection du terrain vague est atteinte. Enfin dans ma petite tête! L’immobilier avance et compresse.




Mirabilis nyctaginea (nyctage parasol, wild four o'clock) aux fleurs éphémères ouvrant à la fin de l’après-midi pour se refermer tôt le lendemain matin. Elle semble donc pollinisée par des insectes de nuit. Je ne la connaît pas ailleurs aux alentours, l’ayant vu la première fois ici-même l’an dernier. Au Québec c’est une des deux espèces du genre l’autre étant Mirabilis albida, aux fleurs... blanches. Famille des Nyctaginacées.






Ça c’est l’équipe de Météo Média: Jean-Pierre le réalisateur et Michel l’homme à la caméra. Imaginez on a passé deux heures pour faire un 55 secondes! Quel luxe! Ils mettent tout de leur côté afin de produire le meilleur clip possible. Très professionnels les mecs et très agréables. Je suis bon joueur et je fais de mon mieux, ça ne me dérange pas de reprendre: le message à passer compte. On verra le résultat! Je vous tiens au courant si le clip devient disponible.




 fin de tournage, nous sommes sortis du boisé

L’usine deviendra sous peu masse de condos. Le stationnement lui restera... stationnement. Conserver les stationnements semble être un effort soutenu.



mardi 15 juin 2010

Harmonia axyridis: le char d’assault!


La forme photographié ci-haut est la plus commune au Canada.

Sur une tige de bardane de minuscules fourmis s’occupent de leur troupeau de pucerons. Mais les fourmis ne peuvent rien contre l’énorme et vorace larve de la coccinelle asiatique! Les larves se nourrissent aussi de cochenilles et de tout ce qui bouge, y compris d’autres coccinelles et même des congénères! J’ai prélevé deux spécimens afin de les élever jusqu’au stade adulte. Les larves étaient de tailles comparables, l’une ayant un millimètre de plus que l’autre...un maigre 10%. Mais c’est suffisant pour que la plus grosse bouffe l’autre, la réduisant à une peau vide... Puis du cocon à l’émergence de l’adulte il s’est passé à peine 48 heures!

Introduite à répétition depuis le début du 20e siècle afin de lutter contre certains insectes nuisibles à l’agriculture, on a finalement réussi. Avec certains regrets tout de même. À son arrivée en 1994 dans le sud de la province elle avait été rapidement signalé. De la quatre-vingtaine d’espèces de coccinelles au Québec elle est déjà la plus commune à Montréal du moins. Elle peut avoir jusqu’à trois générations en un an!




les mille habits de l'harmonie... Photomontage ©Entomart.ins

C’est évidemment la coccinelle la plus étudiée au monde! En Angleterre où l’on craint pour les 46 espèces de coccinelles indigènes on a mis sur pied un système de suivi de l’invasion de l’Harmonia. C’est le vent qui aurait amené ces insectes depuis le continent européen. Les Anglais peuvent signaler une observation directement depuis leurs téléphones portables. Voyez les cartes de progression de l’espèce depuis 2004 ici.

Contrôle biologique hors contrôle et pas très harmonieux!

Trouvez ici la fiche de l’insectarium de Montréal: Harmonia axyridis



samedi 12 juin 2010

Le cupidon de Lamprocapnos spectabilis


coeur ouvert et disponible

Quel facteur(s) explique(nt) tous ces fruits produits par les coeurs saignants ce printemps? Les fleurs sont auto-fertiles mais je ne sais pas si elles s’auto-pollinisent ou si un insecte doit se charger de transférer du pollen depuis l’anthère sur le stigmate. Je devrais prendre une fleur et la disséquer pour essayer de comprendre un éventuel mécanisme. J’ai déjà disséqué de ces fleurs (je suis sûr que vous aussi) mais il y a bien longtemps...

Je ne sais pas quel est le pollinisateur de ces fleurs. J’ai déjà vu des abeilles affairées mais les traces laissées sur la fleur indiquaient un comportement de voleuses de nectar. Elles percent le sommet de la fleur pour boire le nectar, contournant ainsi l’accès “standard” qui permet la pollinisation. Les grosses abeilles Bombus, les bourdons, sont habituellement responsables de ce vol de nectar et les autres abeilles ou mêmes les fourmis profiteront de cet abreuvoir illicite. La fleur donne le nectar mais l’insecte ne rend pas le service!

Je n’ai pas eu le temps de vérifier les références mais les colibris sont attirés par notre plante et seraient pollinisateurs (Audubon International pour la Floride par exemple). Est-ce le cas en Chine, pays d’origine du coeur saignant? 





feuilles et fruits

Les lecteurs de ce blogue qui connaissent bien les plantes d’horticulture me diront peut-être si cette plante produit régulièrement des fruits ou s’échappe ordinairement des jardins? La banque de donnée de USDA indique qu’elle est spontanée dans quelques états limitrophes au sud et à l’est de chez nous: New York et Maine. J’ai trouvé une mention aussi pour la Lithuanie. Le coeur saignant n’est pas sans potentiel de “mauvaise herbe”, c’est réjouissant.





fruits: les éléosomes blanc-jaunâtre sur les graines noires sont bien visibles.

Comme chez les Brassicacées (famille de la moutarde) les fruits de la famille des Fumariacées s’appellent siliques: ils sont en deux parties qui s’ouvrent par la “suture”, la ligne bien visible sur le gros plan ci-haut. Deux placentas pariétaux donc et les graines sont en deux colonnes, chacune dans sa moitié de fruit.

Les fleurs de différentes espèces présentent différents modes de maturation des parties mâles et femelles. Si ce sont les anthères (mâles) qui sont mûres en premier la fleur est dite protandre, si c’est le stigmate qui est réceptif en premier on dit la fleur protogyne. Notre plante est adichogame: le stigmate et les anthères sont simultanément matures.

Ce sont là les informations de base dont je dispose pour juger de la possibilité que cette plante puisse un jour se naturaliser. Elle fleurit et produit des fruits (comment?) elle a aussi un mode de dispersion des graines (la mymécochorie). Ses graines germent et des plantes se développent et fleurissent.

Mais qui donc est le cupidon de ce coeur saignant?




mercredi 9 juin 2010

Coeur saignant et fuyant!


L’année dernière j’ai photographié ce coeur saignant dans une ruelle. Sa situation me laissait croire qu’il était spontané: qu’il n’avait pas été planté et qu’il était donc un échappé de jardin. Cela me laissait perplexe je n’avais jamais vu cette plante pousser en-dehors de la culture. Suis-je dans les Solanum tuberosum? (suis-je dans les patates? pour les québécois qui ne lisent pas le latin. Ou suis-je dans l’erreur? pour les autres) Peut-être me direz-vous qu’il est commun sous notre climat que cette plante s’échappe et survive?




Mais voilà qu’il y a quelques jours j’ai trouvé ces autres individus bien connus dans une plate-bande au trottoir (c’est sur la rue où j’habite). C’était seulement la deuxième fois que je voyais des fruits ce printemps. Cela me semblait inhabituel. Je ne savais pas que cette plante produisait des fruits chez nous. Bien sûr toutes les plantes à fleurs produisent des fruits mais si elle ne s’auto-pollinisent pas elles ont besoin d’un insecte ou de certaines autres conditions qui n’avaient jusqu’à maintenant pas fait le travail.

Recherchant le sujet un peu ce matin je me rend compte que la plante:

Dicentra spectabilis se nomme maintenant Lamprocapnos spectabilis... Mes notions des plantes des jardins sont assez limitées et voici qu’en fait la plante a changé de nom en 1997... un léger retard donc!



Comme je ne m’étais pas documenté sur le sujet (en général mon propos ne porte en effet pas sur les plantes cultivées) je ne savais pas que ses graines portent des eléosomes! Ce sont donc les fourmis qui s’occupent de la dissémination de la plante. Quel rapport y a-t-il donc entre nos printemps plus hâtifs récemment et les fourmis? Comment expliquer cette nouvelle plante de la flore spontanée de notre ville?

Voyez mes billets sur la myrmécochorie en cliquant ce libélé sur la liste à droite. Notez que la grande chélidoine est une Papavéracée qui sont eux des parents des Fumariacées (famille qui contient notre coeur saignant et le genre Corydalis entre autres) 

Voyez cet autre billet sur les membres de la famille


Et surtout le billet sur la grande chélidoine



lundi 7 juin 2010

In Laurentia: Iris et Orchis


En regardant au-dessus des iris, au-delà de l’étang: nous voici dans les Laurentides. Un étang entouré d’îlots de Carex, d’aulnes rugueux, de viornes et quenouilles.




La raison qui nous amène ici: de nombreux iris versicolores. Normalement ici (près du Mont Tremblant) en fleur à la Saint-Jean (24 juin). Récemment promu emblème floral du Québec on l’utilise néanmoins vulgairement en homéopathie pour traiter des conditions simples comme des brûlures d’estomac (utilisez-donc du bicarbonate de soude... et laissez les iris tranquilles!). Un usage encore plus douteux, il “préconisé dans le cas de migraines ophtalmiques accompagnées de vomissement”. Personnellement si j’avais ces symptômes je me rendrais d’urgence à l’hospi! Notez qu’il y a un relent de la Doctrine des Signatures ici: iris, oeil... mais je n’ai sûrement pas toute l’ouverture d’esprit pour apprécier ces pratiques “alternatives”... et médiévales!




Viburnum cassinoides qui aura de beaux fruits bleu-noirs à l’automne. Arbuste prolifique fournissant de la nourriture à nombres d’oiseaux et de petits mammifères. Résistant et accommodant il sera planté au Champ des Possibles.



Trophées floraux composés par Solo, Michèle et Béatrice.



Béatrice et Solo (Sophie) portant sourires et trophées: les vacances approchent!




Cornus canadensis, les fleurs minuscules sont réunies en faux capitule au centre des quatre grandes bractées blanches. Le quatre-temps est une plante commune et connue qui tapisse le sol de la forêt en bien des endroits. Moins connu est le phénomène des fleurs explosives: voyez ici et surtout ici des vidéos du phénomène. Le sabot de la vierge (Cypripedium acaule) est l’orchidée la plus commune de la forêt. Mais j’ai oublié de photographier la forme à fleur blanche, ce sera l’année prochaine peut-être! Et une Primulacée: Trientalis borealis (trientale boréale).



Il y avait tant de Carex (à gauche et à droite), de Juncus (jonc, au centre), de scirpes   et de graminées que j’aurais pu passer la journée à les photographier et deux semaines à identifier... une autre fois, d’accord?


Bonne semaine!