vendredi 26 février 2010

Petit loup: le houblon en ville



illustration de Koehler, 1887 et détail d’une tapisserie Bernard van Orley


Je ne suis pas amateur de bière, ça m’endort! Mais le houblon, j’aime bien: la grande plante grimpante s’échappe des cultures et se rencontre quelque fois en milieu urbain. Elle est un sujet de premier choix pour le verdissement: d’une croissance rapide, peu exigeante de la qualité du sol, même si elle préfère un sol riche et humide. Elle est d’un effet certain! En un seul été elle peut atteindre une dizaine de mètres de haut et quelques mètres de large. De plus, la plante bourgeonne généreusement au printemps. Les nouvelles pousses ressemblent à des asperges et sont d’ailleurs comestibles. La vigueur de ces plantes volubiles est souvent un appel à la vigilance: après quelques années vous aurez besoin d’un permis du Ministère de l’Agriculture! Les Romains nommaient la plante “petit loup” (lupulus) parce qu’elle “étranglait” l’arbre sur lequel elle croissait. Elle prend en effet de la place...



à gauche fleurs mâles et à droite jeunes fleurs femelles (photos Wikipedia)


Le houblon est une plante dioïque: il y a des individus qui sont mâles et d’autres femelles. Il est rustique (résistant) et de la même famille que le cannabis: les Cannabacées. Il a d’ailleurs certaines ressemblances à son cousin quant à certains effets. Ce sont exclusivement des plants femelles qui sont cultivés pour les usages industriels, la pollinisation rendant les cônes femelles (les strobiles) inutilisables.

L’espèce Humulus lupulus compte 5 variétés naturelles (et de nombreuses variétés cultivées, les cultivars):
  • Humulus lupulus var. lupulus, la variété cultivée surtout pour la bière en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande (où on boit de la bière quoi!) est indigène de l’Europe.
  • Humulus lupulus var. lupuloides est la variété indigène au Québec dans la région. Des individus aux caractères intermédiaires avec la variété précédente laisse entrevoir de possibles hybridations. Elle n’est pas aussi facilement distinguable que les autres variétés.
  • Humulus lupulus var. neomexicanus dans les prairies, l’ouest canadien et américain jusqu’au Mexique.
  • Humulus lupulus var. pubescens  indigène du  midwest américain.
  • Humulus lupulus var. cordifolius est la variété japonaise et n’a jamais été trouvée spontanée en Amérique du Nord.

    du houblon sauvage à la falaise Saint-Jacques


    Les quatre variétés que l’on trouve en Amérique du Nord se distinguent par la fine pubescence de la tige au noeuds: la détermination de la variété est pas mal technique puisqu’il s’agit du nombre de poils par dixième de mm. carré. À vos loupes! La venation et le nombre de lobes des feuilles sont aussi des caractères dans certains cas. Pratiquement, pour les plantes spontanées ici on peut toutefois considérer qu’ils s’agissent d’individus de la variété lupulus ou lupuloides. Les plantes cultivés appartenant évidemment à un ou l’autre des cultivars de la variété européenne lupulus.


    ici à Montréal, cultivé dans une ruelle


    La seule fois où j’ai vu une grande culture de houblon c’est à Chilliwack en Colombie Britannique où il est cultivée depuis une centaine d’année. La vue de cette vigueur verte est mémorable. Au Québec le houblon a été cultivé depuis le 17e siècle et sa culture, qui avait disparue, est maintenant reprise à la faveur du marché des micro-brasseries. Lentement et assez récemment, malgré ses doubles usages (comme plante médicinale et pour la fabrication de la bière) le petit loup s’est peu à peu estompé... Il fait aussi un retour par le côté de l’horticulture ornementale.



    culture du houblon sur cordes


    On insiste toujours sur les propriétés anti-bactériennes du houblon. C’est d’ailleurs une des raisons originelles de sa culture: on s’en servait pour aider à la conservation de la bière. Son usage plus ancien est toutefois celui d’une plante médicinale aux vertus encore plus rébarbatives que son effet sédatif (à moins que vous ne soyez un moine insomniaque): elle a un effet anaphrodisiaque. Je préfère penser que l’utilisation de la plante pour le verdissement des murs et des clôtures offre suffisamment d’intérêt pour ne pas envisager une vie plus monastique. Je me passerai de sommeil...



    un pied tôt au printemps (photo Sacabane) et un usage de verdissement des murs


    Tôt l’autre matin j’étais à imaginer des systèmes de treillis de fil de fer fixés au mur pour aider à la croissance de cette plante. Au vu des références suivantes plus bas je travaillerai plutôt sur un système auto-porteur (quand il n’y a pas de mur...) Voyez ce lien vers des systèmes d’ancrage de toutes sortes qui est une véritable encyclopédie:

    http://www.fassadengruen.de/uw/drahtseil/uw/spalier/spalier.htm

    et un choix complet de configurations pour la culture en espalier:

    http://www.fassadengruen.de/eng/uw/climbing_plants/uw/hops/hops.htm

    Encore quelques références utiles pour la culture du houblon:

    Un bon manuel téléchargeable ici
    Bon site de référence en Oregon

    Un reportage dans les archives de La Semaine Verte: Le houblon


    Tout comme les proto-paysages que sont les terrains vagues me servent d’indicateurs d’éventuelles RéBUs, la flore spontanée m’est utile pour choisir les espèces résistantes et adaptables, bien souvent avec un rôle écologique positif et fonctionnel: le houblon est vivace,  pousse tout seul et se maintient longtemps. Si sa culture avait compté des individus des deux sexes la plante serait plus commune. Ce serait probablement une bonne idée d’inclure un certain pourcentage d’individus mâles afin que des graines soient produites.

    Je croiserais plus souvent des petits-loups sauvages... en attendant on peut toujours s’en servir pour verdir les murs.






    mercredi 24 février 2010

    Sur les Réserves de Biodiversité urbaine (RéBUs)



     


    papillons et odonate au NFBP (photos Richard Ash)

    Faire d’un terrain vague “sans grand intérêt”, d’un site post-industriel au sol peut-être contaminé, une réserve de nature? En ville? Est-ce une si mauvaise idée? Je vous ai parlé dans un billet précédant (ici) d’une pareille réserve dans le Cheshire près de Liverpool en Angleterre. Ici à Montréal l’usage prévu d’un sol déterminera l’éventuelle décontamination au niveau acceptable selon la réglementation du Ministère de l’Environnement. Un parc où des enfants s’amusent au sol dans la pelouse doit montrer patte blanche. Ce n’est pas à priori une préoccupation pour l’ensemble du Champ des Possibles. Mais qu’en est-il alors du risque toxicologique pour la biodiversité? La contamination d’un sol passe dans les végétaux et de là dans les insectes et les oiseaux, contaminant toute la chaîne alimentaire. 



    Steve Ross, Paul Loughnane, Hilary Ash et Howard Gibson au Butterfly Park


    Les parallèles du Butterfly Park avec le projet du Champ des Possibles sont assez nombreux et peuvent servir de pistes de réflexion. J’ai échangé des informations avec un des responsables (Paul Loughnane) au sujet du New Ferry Butterfly Park (Wirral, en banlieue de Liverpool). Quelles réflexions et quelles actions ont eu lieu en regard de la question écotoxicologique? Les sols du Butterfly Park conservent les traces des différents usages industriels et aucune décontamination n’a eu lieu. La prudence pour la santé humaine est démontrée par l’absence de culture potagère. Au-delà de cette prudence il y a par contre tout un univers de possibilités. Les occasions pour les citoyens urbains et leurs enfants de se familiariser avec la biodiversité sont jugées la-bas plus importantes que d’éventuels problèmes toxicologiques. Et le suivi et l’inventaire des papillons est constant par exemple.




    le panneau d’interprétation cliquez ici pour la carte Google localisant la réserve


    Il semble que la valeur de cet habitat (abri, nourriture) pour la biodiversité et en tant que lieu de contact avec la nature pour les humains rendaient la perspective des grands travaux nécessaires à la décontamination trop pénible et doublement coûteuse en regard des efforts déjà fournis. Pour une réserve de biodiversité urbaine il y a en effet dans la balance (puisqu’il est toujours question de choix) d’un côté la tolérance d’une certaine contamination et de l’autre côté la création d’un nouvel espace pour la biodiversité. La contamination est à mon avis un processus continu qui a lieu de toute façon dans des centaines d’espaces post-industriels, réserve ou pas, là-bas comme ici. Et personne ne semble protester bien fort! Mais ces espaces “gris-verts” sont en fait de toute façon colonisés. Il faut alors faire preuve d’imagination et de s’assurer de limiter la contamination. Un gain collectif de grande valeur est alors obtenu par l’occasion de vulgarisation et d’une meilleure connaissance de l’écologie par les urbains autrement sans grand contact avec la nature. Les enfants du quartier iront... à pied (une nouveauté!) découvrir la nature. Gagnant/gagnant comme on dit.



    Polyommatus icarus (Common Blue, Argus bleu)

    Comment les gens de Wirral ont-ils donc mitigé les risques écotoxicologiques? Ils ont eu recours aux mêmes techniques utilisées pour l’imperméabilisation de sites d’enfouissement. Mais ils les ont utilisées dans le sens inverse. Où ces techniques sont  la norme pour empêcher les lixiviats des ordures et des déchets de fuir dans l’environnement et de contaminer la nappe phréatique par exemple, elles sont au NFBP ce qui permet d’isoler un étang artificiel d’être pollué par un sol peut-être contaminé. Un écran peut en effet fonctionner dans les deux sens... Simple, économique, prudent et performant si vous voulez mon avis...




    Dr. David Goode (London University) visitant le Butterfly Park. Chicorée et épilobe on connaît ça!




    Ces Anglais sont pas mal inspirants! Qu’en dites-vous?


    Vous trouverez plus de photographies du New Ferry Butterfly Park et sa biodiversité
    ici et ici


    Et encore un lien vers une carte Google du Champ des Possibles.





    lundi 22 février 2010

    Un allemand à Kew: Franz Bauer


    Francis (son prénom anglicisé) et Platanthera lacera

    Le discret illustrateur botanique au Royal Botanic Gardens de Kew, Franz Andreas Bauer (1758-1840) est un contemporain presqu’exact du français Pierre-Joseph Redouté (1759-1840). Les deux frères de Franz étaient aussi des illustrateurs botaniques célèbres à l’époque. C’est en 1790 que Bauer s’installera à Kew et collaborera (entre autre) avec le grand orchidologiste John Lindley.

    Son travail analytique et maitrisé à l’aide du microscope rend visible les théories sur la classification des orchidées de Lindley. Froide précision? Il n’en est rien. Derrière cet effort de précision de la représentation il y a une volonté de comprendre et de faire connaître. Une générosité. Bauer ne recule pas devant l’utilisation de ressources graphiques qui appartiendraient en fait à la bande dessinée plus qu’à l’illustration scientifique. Avec toute la discrétion dont il capable ce sont presque des phylactères qu’il inclut dans ses planches.



    Listera ovata, à droite: détail montrant les fausses gouttes de nectar

    Il faut avoir observé des fleurs d’orchidées au microscope pour savoir que telle fleur ne produit pas tel que figuré son nectar... Bauer grossit les traits et nous en fait une caricature afin de rendre visible la “sudation” du liquide: bien plus inexact et didactique qu’on pourrait le supposer. Le nectar des fleurs du genre Listera ne se présente absolument pas en petites gouttes bien rondes, facilement perceptibles dans un petit canal bien creusé. Mais c’est toute la finesse que cet homme possédait: expliquer par le trait sans en avoir l’air.

    C’est une question d’échelle voyez-vous. Ces fleurs sont trop petites (et phylogénétiquement anciennes, mais là je suis beaucoup trop technique!) pour avoir une glande ou un organe distinct, morphologiquement formé et reconnaissable qui produit le nectar. Ce ne sont que des cellules apparemment non-différenciées qui suintent le nectar qui se répand en nappes diffuses. Avoir reproduit fidèlement cette indistincte tache verte sur un fond vert ne nous aurait pas permis de percevoir le phénomène.




    Epipactis helleborine et Orchis morio

    Autant ces naturalistes du 19e siècle dominent par leur travail colossal de concentration, innovateur et patient du détail, autant nous avons perdu le sens de la lente observation et ne gardons que des jugements empressés. On y voit que la précision, allemande et masculine, maniaque du travail. On y remarque pas la perle de générosité narrative et didactique que Bauer savait offrir.

    En passant notons qu’à son époque (1813) on cultivait à Kew jusqu’à 16 orchidées indigènes nord-américaines. Je ne sais pas si on réussi toujours à y garder des spécimens vivants de Cypripedium acaule, C. arietinum, C. reginae, C. parviflorum et C. pubescens ou le Platanthera lacera reproduit ci haut,  tous illustrés par notre cher Francis.

    Toutes les illustrations sont tirées de The Orchid Paintings of Franz Bauer de Joyce Stewart et William T. Stearn. Timber Press,1993.

    mercredi 17 février 2010

    L’étrange exploré


    quelques radiolaires dessinés par Haeckel

    Si Albrecht Dürer savait arrêter son regard, le concentrant afin de décrire avec précision un pied carré de nature, Ernst Haeckel (1834-1919) lui opère dans l’ordre du millimètre. Ce sont de nouveaux univers qu’il découvre et fait connaître par des publications qui ont eu un grand succès à l’époque. La biodiversité entre dans les maisons: méduses, éponges, vers et toutes sortes de créatures marines dont les microscopiques radiolaires (des zooplanctons) à la fascinante symétrie.




    autres oeuvres microscopiques de la nature

    L’inventeur du mot écologie (1866, ”étude des relations unissant les organismes vivants”), de l’idée (revue depuis) que « l’ontogénie récapitule la phylogénie », défenseur de Darwin en Allemagne, grand explorateur, Haeckel était extraordinairement productif comme tant de naturalistes du 19e siècle. Il a décrit plus de 3500 espèces de radiolaires! Il dessinait en plus...



    orchidées et mousses

    Les publications en série de Kunstformen der Natur (formes d'art de la nature) sont parmi les premiers “coffee table books”. Tout l’exotisme, l’étrange et le merveilleux des découvertes présenté en grand format dans les salons de la classe moyenne. Du cinéma maison, Discovery, National Geographic ou même du Imax en quelque sorte!




    quelques compositions végétales de votre photographe/blogueur



    Le livre et toutes les planches sont consultables ici:

    Kunstformen der Natur 1899-1904

    Vous pouvez même le télécharger en format PDF (attention: 272 Meg!)

    lundi 15 février 2010

    Exploration du familier, écologie domestique


    Ancolie et La grande Touffe d'Herbe, aquarelle, 1503 

    Tout jeune, naturaliste en herbe (...), j’aimais dessiner la vie d’un ruisseau près de la maison. Un pied carré d’herbes pouvait retenir mon attention des heures durant. Arrivé à l’école secondaire ma première visite de la bibliothèque est encore fraîche à ma mémoire: je découvrais Dali, Poussin et Albrecht Dürer. (drôle de trio, j’en conviens!)

    La Grande touffe d’herbes de Dürer est justement une étude d’un pareil pied carré de nature. Les illustrations de plantes et d'animaux de l’époque sont souvent extraordinairement approximatives en comparaison de ces dessins aquarellés. Sur le vif, Dürer ayant pris soin de prélever toute la motte, c’est un complet inventaire du commun auquel se livre le célèbre peintre.




    lièvre et bouvreuil

    L’artiste de Nuremberg ne connaissait pas l’attrape-plante. Mais il savait porter une attention minutieuse à un petit rien de paysage, à un échantillon de nature. Les plantes sont représentées de façon à permettre l’identification sans grande ambiguïté: plantain, pissenlit, achillée, pâturin et ce qui semble une jeune molène.

    Je trouve touchant de savoir que ces plantes poussaient tout à côté de chez Dürer: c’étaient des plantes familières des milieux urbains ou agricoles de l’époque. Elles le sont toujours et ont depuis traversé les océans. Ainsi nous sommes aujourd’hui entourés de véritables oeuvres de Dürer: des grandes touffes d’herbes nous entourent.

    “Passant, déposes des fleurs sur sa tombe”

    mercredi 10 février 2010

    Marie-Victorin: un blogueur!

    botaniser à Cuba: c’est chic!

    “La forme adoptée pour ces Itinéraires, qui est celle du journal de route, est facilement justifiable.” Bon, d’accord il n’a pas dit: journal de bord ou carnet de notes... mais c’est pas très loin! C’est que je suis à relire ses “Itinéraires botaniques dans l’île de Cuba” publié en 1942, le premier livre de la trilogie. Les autres paraîtront en 1944 et 1956.

    Mon attachement particulier pour la perle des Antilles (bien qu’il semble que les Haïtiens, et d’autres! contestent ce titre) vient de la première lecture que j’avais fait de cet ouvrage. Ça a encore tout pour me séduire... botanique tropicale... voyages loin de l’hiver... terre du bon tabac... Le fondateur du Jardin Botanique de Montréal y fuyait le froid. On était fait pour s’entendre!




    le mont Yunque le port de Baracoa

    De 1938 jusqu'en 1944 le Frère Marie-Victorin (né Conrad Kirouac) ira à Cuba tous les hivers. C’est donc une narration de ses excursions quotidiennes sur la grande île, abondamment illustrée de photographies et de dessins. Un carnet de notes. Un blogue sur papier. 




    du cacao et des enfants

    Marie-Victorin préférait considérer la nature dans une perspective écologique et nous parle de plus amplement de l’histoire, de l’agriculture et des plantes introduites (il remarque même l’utilité de certaines mauvaises herbes). Il a de plus toute l’attention sur l’usage des plantes par les Cubains: de l’ethnobotanique. Riche lecture.




    le portable de Marie-Victorin

    Il avait un réseau social bien développé (avant Facebook...) et c’est un ami connu à Longueuil et installé à Cuba (frère Léon) qui l’invitait et l'accueillait. Les deux sont en fait les auteurs des Itinéraires, Marie-Victorin s’occupant de la narration, de la description des paysages, des photographies, etc. Je trouve intéressant de souligner que les deux sont autodidactes, l’un publiant la Flore Laurentienne et l’autre la Flore de Cuba.

    Marie-Victorin avait souffert de la tuberculose et disait “mes rêves d'avenir... réclamaient une forte santé ont été brisés. D'un autre côté la nouvelle vie que j'ai dû mener, vie de soins et de grand air, a fait de moi un naturaliste et m'a permis de me livrer à des études qui autrement me seraient restées étrangères". La maladie a fait ce botaniste!

    Si une fièvre pouvait me prendre je sais où j’irai me soigner. Je vous ferais du Twitter...



    lundi 8 février 2010

    Paysage sui generis: faire avec!



    génération spontanée du paysage: faire avec!

    Le Comité du Champ des Possibles (un comité de citoyens) avance sa réflexion sur le destin de cet espace vert différent. Ce Comité se fondra au sein du Comité aviseur du Champ des Possibles: citoyens, spécialistes, représentants politiques et fonctionnaires réunis en un comité aviseur. Nous allons tous réfléchir et surtout agir sur ce terrain vague du Mile End dans l’arrondissement Plateau Mont-Royal à Montréal. 

    Des connaissances variées sont requises: circulation des piétons, des idées d’agriculture urbaine à explorer, aire de jeu et aire de repos, toutes sortes d’innombrables réglementations probablement, etc. Et la question qui m’intéresse de près: la biodiversité urbaine. Avons-nous toutes les expertises nécessaires au bon déploiement d’un projet? La question a été posé sur la présence d’un architecte du paysage ou d’un paysagiste sur ce nouveau Comité aviseur. Voici ma réponse en ce qui concerne spécifiquement la section nord du champ (la Réserve de Biodiversité Urbaine) et un aperçu de mes idées sur cette question du paysage.




    un mur végétal parallèle à la rue Henri-Julien est déjà formé: faire avec!

    Étant d’une nature pragmatique je souligne que ce travail de paysagisme a déjà été fait. Et qu’il soit exactement l’organisation spatiale à conserver et enrichir par l’ajout d’une ou deux buttes, un plan d’eau et quelques plantations judicieuses. Mais qui est donc ce paysagiste qui a déjà fait le boulot? Nul autre que le meilleur bureau-conseil: le hasard historique et les processus biologiques spontanés! Mais pour l’essentiel le travail est fait (et bien fait) par une équipe hors norme: gratuite, inventive et adaptable!




    les arbres se sont installés selon la courbe d’accès à la cour de triage: faire avec!

    Le proto-paysage ainsi produit est la meilleure esquisse du devenir du lieu. Faire avec ce paysage naissant est dans la même logique que l’interdiction de couper quelqu’arbre que ce soit. Il s’agit surtout de ne pas de reculer... ou soustraire à ce qui est déjà là... il s’agit de reconnaître ce qui s’est organisé tout seul de façon fonctionnelle. C’est un paysage pour le commun... Il ne s’agit pas de faire un parc aux configurations esthétiques selon la vogue du moment. Il s’agit de faire un paysage écologique urbain. Sa beauté et son intérêt viendront de la biodiversité qu’on y trouvera. Les humains pourront toujours apprécier.


    jeudi 4 février 2010

    Science pot de miel



     à Lausanne Saint-Denis croise Berri

    Mélanie Pitteloud, socio-politologue et documentariste suisse en formation à l’INIS prépare un documentaire sur le Champ des Possibles. Du miel à mon oreille! La polymathe qui a bien voyagé est venu me rencontrer hier matin pour en discuter. Elle est arrivée à l’heure...

    Et comble! Elle m’a apporté ce pot de miel des miels: le miel de béton d’Olivier Darné. Zone de butinage: Saint-Denis, tout à côté de Paris. Je vous en ai parlé dans ce billet ici.
    Matinée, miel d’usine et Mélusine, le nom de sa maison de production. Trouvez ici son site: Melusinefilms



    mardi 2 février 2010

    300e mauvaise herbe...


    les amarres larguées depuis longtemps

    Eh oui! ceci est le trois-centième billet que je lance comme ça sur les fils du Web. Mine de rien... ça représente un peu de travail! Il y a tant à dire et à explorer. Et cela devient très addictif: on sent une responsabilité et une obligation de nourrir la bête... Le blogueur est souvent le premier attrapé sur cet étrange continent qu’on appelle la blogosphère. Une volonté de partager des idées et des points de vue et le plaisir (trop rare) de recevoir des commentaires.




    suivons la voie sûre de la voie ferrée

    Mon travail (si mes occupations peuvent être ainsi qualifiées) est de valoriser la mauvaise herbe (la flore spontanée pour les exigeants du vocabulaire) et ses habitats. La flore urbaine est la base de la biodiversité urbaine. Une écologie faite de nouvelles relations s’est établie: c’est ce que j’appelle une novécologie. Ces habitats et ces espèces sont souvent bâtards. Ils sont néanmoins des modèles à étudier et à suivre: il est douteux que nous puissions nous en débarrasser. Aussi bien s’en faire des alliés. Ce qu’ils sont (si nous regardons) déjà!



    une serre en ruine se végétalise

    Se débarasser des envahissantes et tout restaurer. Avons-nous les moyens de ces ambitions? Non! Si vous ne l’aviez pas remarqué j’ai une position pragmatique! Je propose de faire avec les dynamiques de la novécologie plutôt que lutter contre. Indigène ou pas le vert peut être fonctionnel et nous rendre service. Indigène ou pas une plante peut avoir toute son utilité à un insecte. Et rien n’interdit d’induire un enrichissement: identifions les espèces indigènes adaptables et plantons-les dans le système. Introduisons des aubépines et des amélanchiers dans un terrain vague? Pourquoi pas!



    le plaisir que j’aurais à la carrière Miron!

    Ma cuisine a été à l’occasion inventive et délicieuse. J’ai aussi concocté quelques plats qui purent être indigestes à certains. Nos représentations de la nature (à commencer par celle des humains...) sont tellement souvent cousues d’un fil fragile. Mais j’ai cuisiné sans grand masque, sans filet ou pudeur et c’est ça un blogue. Peu de filtres entre ma pensée et les éventuels lecteurs. Une liberté que vous m’avez donné à vrai dire.


    au Possible nous sommes arrivés!


    Une volonté d’innovation (ou l’illusion de l’auteur!) peut produire du valable ou du médiocre ou mener à la perte... à l’égarement. J’ai joué le jeu avec honnêteté toutefois, semant à tous vents... ignorant le destin de la semence. Dans le lot... il y aura bien quelques beaux spécimens qui se développeront!

    J’espère que vous serez là pour en témoigner avec moi dans cette nouvelle décennie. Commentaires?




    lundi 1 février 2010

    Les bonnes idées circulent...


    Ian et Maya

    ...à vélo! Ian Christopher Goodman est le fondateur des Jardiniers à bicyclette à Montréal. Il a étudié l’agriculture biologique et biodynamique, la permaculture et la végétalisation des toits. Faisant aussi partie de l’équipe Jake Bennett qui est jardinier et bénévole à plusieurs jardins communautaires. Finalement Maya Kuroki qui a une formation en arts plastiques et apporte une énergie créatrice et exubérante aux jardins sur lesquels elle travaille.

    Une organisation de jardiniers basée à Montréal qui aime faire les choses un peu différemment, avec une empreinte écologique qui équivaut à celle d’une roue de vélo !



    Coin Laval et Duluth un terrain vacant. Qu’y feraient nos jardiniers?


    Leurs services? Couper la pelouse avec une tondeuse manuelle, désherber, proposer des fleurs, arbrisseaux et cépages pour votre jardin, puis vous les commander, vous les livrer et les planter. Élaborer des jardinières et des bacs à jardins, arroser vos plantes. Entretenir votre jardin et conseils de jardinage. Un service complet quoi!

    Voyez leur site ici pour plus d’informations sur leurs services et tarifs: