mercredi 31 mars 2010

Rapport de l’inspecteur des bourgeons 1


Hanami amélanchier: le compte à rebours

Le printemps va et vient. Mais la tendance se maintient. Il arrivera et on aura droit à des parfums et de la couleur. L’hiver, de l’avis de tous, a été doux. Il y a vraiment trop d’optimistes!




toute la paresse du printemps

Les bourgeons débourrent au Parc Lafontaine. La paresse m’empêche de les identifier. J’y retournerai... on verra de quoi il s’agit avec les fleurs.



 de quelle cerise es-tu donc?

Un spécimen pris dans la ruelle, sortant d’un jardin par dessus la clôture. Un arbre de la famille de la rose.



mardi 30 mars 2010

Les orchidées ordinaires


Cyclopogon lindleyanus (Link & Klotzsch & Otto) Schlechter

Quelle sorte d’orchidées cultive un amateur de mauvaises herbes? Des orchidées ordinaires!
Un ami orchidophile ne sourcille pas et refuse même de considérer le beau feuillage. “Aucun intérêt!”. Il refusait la division que je lui offrait. Quel affront!

Je me suis intéressé à cette plante parce que c’est une cousine de nos orchidées du genre Spiranthes. J’ai longtemps cultivé ces autres orchidées “ordinaires”, oubliant en quelque sorte qu’elle ne présentait que peu d’intérêt du point de vue de l’horticulture. Ce n’était pas ma perspective: leur biogéographie, leur biologie, le fait que certaines sont des mauvaises herbes, que d’autres sont au contraire très rares et confinées à des milieux menacés. Très riche comme sujet!




largement distribuées en Bolivie, Colombie, Équateur, Pérou et Vénézuela. 
Autrefois connu sous le nom Spiranthes lindleyana
Les Spiranthes auront pris beaucoup de mon temps. Mais pas une minute n’a été perdue! La biodiversité est faite de toutes ces espèces qui, pour des raisons qui me paraissent obscures et insuffisantes, ne rencontrent pas notre désir, notre goût ou notre intérêt. Nous ne sommes pas les meilleurs au volant de cette responsabilité que nous nous accordons: le mieux pour la biodiversité c’est de lui accorder de l’espace. En milieu urbain une place doit être faite aux espèces “ordinaires”.

L’ordinaire c’est notre regard paresseux.

vendredi 26 mars 2010

Bronxiser Montréal


  

Le South Bronx Greenway


Partout dans le monde on se rend compte que “Any place can become a park”. La requalification ou le verdissement de certains secteurs ou quartiers, la mise en place de pistes cyclables et un effort général de réduction de l’espace dévorée par les automobiles. Des changements s’imposent et ça travaille partout sur ces questions. Les nouvelles pratiques faisant une place prépondérante au vélo par exemple ont produit une nouvelle expression. Depuis le modèle de Copenhague on dit maintenant “Copenhagueniser” une ville. La volonté est maintenant de Copenhagueniser Montréal. Bien sûr! On peut déjà “Torontoiser” Montréal, on pourra maintenant “Bronxiser” Montréal, la liste est longue... on a du pain sur la planche.

À New York on pratique un urbanisme actualisé et enrichi par l’addition de plusieurs mesures visant une amélioration de la santé des humains urbains et la restauration de milieux naturels. C’est le cas du “South Bronx Greenway” un corridor vert de 15 kilomètres reliant les parcs existants et menant sur le bord de la East River. Dans le Bronx... si c’est possible là-bas c’est possible ici. Non?



  

un avant-après importable


La voie verte du Bronx permettra un réseau continu et sécuritaire pour piétons et vélos (en ville les autos sont des bolides dangereux après tout...) et l’impact positif sur la santé est un but avoué: un peu d’exercice! Un meilleur accès à l’eau, des espaces de récréation et du renouveau économique. Et, finalement, la restauration et la création de nouveaux écosystèmes terrestres, ripariens et aquatiques. Tous les aménagements sont réunis en différentes phases à court, moyen et long terme. Les pièces de cette mosaïque construisant lentement le projet.


Le sommaire détaillé du projet est téléchargeable ici:



New-York a profité des investissements d’infrastructures massifs aux États-Unis avec la dernière crise économique. Et 2010? Année du vélo? Année du “moins d’auto”? Année du “plus de vert”? Oui... mais n’oublions-pas 2010 Année de la Biodiversité toutefois...



mercredi 24 mars 2010

Le bleu du ciel


410:2:1


Certainement une des plantes les plus reconnues par tous, partout et de tous temps: la chicorée. On la cultive depuis longtemps en mille variétés pour mille usages. Mais voilà: est-ce à cause de ses fleurs bleues qu’on l’a remarqué à l’origine? Puis, plus tard, la reconnaît-on à cause de usages que nous en avons? Ses usages alimentaires (ou autres) découlent-ils de cette qualité rare: le bleu. Consomment-on la chicorée à cause de la beauté (de la singularité plus exactement) des ses fleurs bleues ou la reconnaissons-nous à cause de sa valeur en tant que ressource?  L’oeuf ou la poule?



une rosette dans les cailloux


Les plantes anthropophytes sont des artefacts vivants (oui je sais, c’est une curieuse expression...) qui traduisent ou expriment assez bien (et discrètement...) notre rapport au monde. Elles sont les traces bien visibles de nos déplacements, de nos échanges et de nos “préférences”. On aime bien... le bleu.




 salade de saison


Les terrains vagues se précisent: ils ne sont pas que des espaces où l’histoire humaine s’inscrit avec des traces éparses (post-industrialisation ou spéculation immobilière, etc.) mais ce sont des musées se situant quelque part entre le musée d’histoire ou d’anthropologie et le musée d’histoire naturelle. Les terrains vagues sont le point de rencontre de l’éthologie humaine et de la nature dans son appellation actuelle: la biodiversité et ses processus biologiques. Un terrain vague est une archive vivante et un champ d’essai de notre rapport au monde en tant que partage de l’espace avec “les autres” et... nous-mêmes!


semer le doute de la mauvaise herbe


Le terrain vague le Champ des Possibles (d'où viennent tous les spécimens de ce billet) est un habitat de choix de la chicorée: son sol est bien drainé et ensoleillé, la plante y prolifère. Encore cet été je porterai attention au phénomène des changements de couleur d’une fleur de chicorée. En plus, le commun réservant toujours des surprises, il y a des variétés naturelles qui ont des fleurs blanches ou roses. Je vous les présente:
  • Cichorium intybus forma intybus: la plante aux fleurs bleues
  • Cichorium intybus forma roseum: aux fleurs roses
  • Cichorium intybus forma album: aux fleurs blanches
 

    Une référence donne les résultats suivants sur les proportion de plantes avec des couleurs de fleurs différentes. Cela ressemble assez à la réalité du Champ des Possibles:

    410 bleues: 2 roses: 1 blanche

    La rareté dans le commun dans le vulgaire: un terrain vague. C’est nous ça, les humains!

    À tous mes amis du Champ des Possibles.



    dimanche 21 mars 2010

    Mouron en mars


    le mouron sur la rue Duluth photographié hier, dans le beau substrat très urbain...

    Le mouron du Lotus Bleu (Stellaria media, mouron des oiseaux, common chickweed, p.176) est en fleur depuis quelques jours. Discrètement en fleur en même temps que les érables argentés qui sont les premiers arbres à fleurir à Montréal et dans la région.

    Quelques autres billets où le mouron des oiseaux fait la manchette:

    jeudi 18 mars 2010

    Le mur de Merlin


    À Montréal au coin de la rue Laval et Duluth. La Grün Brigade a encore frappé. Elle travaille en plein jour pour faire de l’ombre. Les actions radicalement volubiles qui la caractérisent transforment les zones de combat immobilier en zones de repos du guerrier. Coût de l’opération choc: 100$. Heures de réunion pour établir le plan d’opération: 0,12h. Dossier rédigé en 10 minutes.





    Les armes de verdissements rapides:

    Parthenocissus quinquefolia (vigne vierge), Parthenocissus tricuspidata (vigne de Boston), Vitis riparia (vigne des rivages): ces trois plantes font des fruits pour les oiseaux. Pour des cas de verdissements accélérés il assaillent les murs avec le terrible Humulus lupulus (houblon commun), etc. L’enquête se poursuit surtout que la Brigade Verte est connue pour développer d’autres armes afin d’enrôler même des colibris. Où allons-nous?




    mardi 16 mars 2010

    Ouverture: le printemps!



    Qui tient des notes sur les premières fleurs à ouvrir (et quand) à Montréal? Il me semble que c’est bien tôt ces floraisons! Ce ne sont pas des spécimens spontanés (les sujets habituels de ce blogue) mais ces deux plantes cultivées feront l’affaire pour annoncer que le tour de notre planète autour du soleil est complet! Le vert est de retour! Trompettes! Clairons! Tambours! (ajoutez l’instrument de votre choix).




    J’avais remarqué hier les boutons de ce perce-neige (Galanthus nivalis) dans un jardin sur ma rue. La météo annonçait du soleil aujourd’hui et je savais bien que les fleurs seraient ouvertes ce midi. C’est fait! Quand à  l’érable (non-identifié) argenté, il a lui aussi ouvert sur une seule branche, bien protégée du vent contre un mur, ses premières fleurs. C’est une surprise.

    Citoyens! À vos... jupes fleuries! Je mets mon kilt paisley.




    lundi 15 mars 2010

    Meadowbrook/Lafrance



    Patrick Asch de Héritage Laurentien, un organisme voué à la création à la protection des espaces verts et de la biodiversité à l’aide de la Trame Verte du Sud-ouest. Un biocorridor cherchant à relier des espaces comme la falaise Saint-Jacques à Meadowbrook (actuellement un terrain de golf) par exemple.




    Rachelle Renaud, tout à gauche sur la photo, dans le terrain Lafrance

    Dans l’arrondissement Plateau Mont-Royal nous n’avons pas de grand terrain de golf à récupérer. Pas de grande falaise, de rapide ou d’île... Mais nous avons quelques terrains vagues et pleins d’espaces de dimension réduite et certainement utilisables, enrichissables et à protéger. Le projet de Côté cour Côté voisins en est un excellent exemple.

    Localisation du Projet rue Lafrance et leur site Web

    Le projet de Patrick Asch est bien avancé et bénéficie d’un appui appréciable. En fait mon projet de biocorridor par la voie ferrée a son “terminus” à Meadowbrook! Aucune connection n’a encore été faite toutefois entre le projet d’Héritage Laurentien et mes cogitations marginales. Le biocorridor du Sud-ouest est de fait connecté au projet de biocorridor du “Nord-est” (le biocorridor par la voir ferrée du CP). Montréal est vraiment une bête à deux têtes!

    J’y reviendrai un peu plus tard.

    Merci à Marke de imagine (le) mile-end

    mercredi 10 mars 2010

    Hanami amélanchier?




    l’amélanchier que je présente encore ici, mais en flou printanier

    J’ai eu droit à des commentaires bien sentis sur mon court billet portant sur l’amélanchier. Avec raison! Quel arbre magnifique. Les deux photos illustrant le billet ont été faite sur le Mont-Royal. Sous les photos j’avais mis en des “s” entre parenthèses parce que les arbres ne sont pas complètement identifiés et il peut bien s’agir de deux espèces. Je ferai cette identification plus tard ce printemps. Oui, c’est bientôt chers lecteurs!

    Les fleurs en gros plan à gauche du dyptique de vendredi sont à peu près certainement de l’espèce Amelanchier arborea (amélanchier arborescent, downy juneberry) ou Amelanchier canadensis (amélanchier du Canada, canadian serviceberry). Quant au groupe d’amélanchier en fleur (à droite) il s’agit peut-être de l’amélanchier stolonifère (Amelanchier stolonifera, running serviceberry). J’y reviendrai donc plus tard.





    distribution de Amelanchier alnifolia (le saskatoon) photo USGS

    Je dois aussi indiquer à Dominique que le serviceberry (ou saskatoon) est en fait l’espèce Amelanchier alnifolia (amélanchier à feuilles d'aulne). S’il est très largement distribué dans l’ouest canadien, il est beaucoup plus rare ici au Québec. En autant que ma courte recherche me permette de l’affirmer, un amélanchier vu à Chicoutimi est une autre espèce que le saskatoon. Les fruits sont certainement aussi délicieux toutefois!




    faire un hanami  au parc Lafontaine?

    Bon, ces questions techniques présentées je vais vous parler d’une pratique culturelle que les japonais ont adopté des chinois. Les japonais font des hanamis pour différentes floraisons, ce sont des fêtes pour “observer les fleurs”. Celui du sakura (cerisier) est le plus connu mais il y en a aussi pour le prunier et le pêcher. Célébration de la brièveté du printemps et de la vie, sous des nuages de fleurs parfumées. Irrésistible... D’Okinawa à Hokkaido, depuis le sud jusqu’au nord, les services de météo du Japon diffusent quotidiennement la progression de la floraison. La chose est apparemment aussi importante que les derniers résultats boursiers... Les gens se rendent en groupe familiaux ou d’amis pour voir le spectacle dans les parcs ou les temples. Un “tout le monde en parle” pour des fleurs de cerisiers... La pratique (avec ou sans les bulletins météo) est depuis longtemps adoptée à Vancouver, Toronto, Washington, etc. Et à Montréal?




    un rang minimaliste de hart-rouge au Parc Lafontaine qui gagnerait à être un peu diversifié

    Quel rapport avec l’amélanchier? C’est tout simple: plantons des tonnes de ce bel arbre au Parc Lafontaine le long des étangs et sur le Mont-Royal aux sites qui ont déjà quelques spécimens. Et faisons comme les japonais. Fêtons le printemps. Je n'use pas souvent des pouvoirs extraordinaires de Flora Urbana, mais voilà! cela est un décret! Plantons partout  de ces machins fleuris. En attendant, je vous tiendrai au courant de la progression de la floraison de(s) l’amélanchier(s) au Mont-Royal. Vers le 15 mai (probablement plus tôt cette année) je vous donnerai rendez-vous pour aller prendre un thé, boire (?) du sirop d’érable ou du saké (?), en regardant le temps qui passe... le nez et les yeux dans les fleurs, la tête dans les nuages. À vos thermos! Soyez prêts!




    les amélanchiers ne sont pas aussi gros, je sais bien... on en mettra beaucoup!


    Décréter aussi fortement est épuisant. Je vais dans la douche maintenant.




    samedi 6 mars 2010

    Biodiversité urbaine



    Mercredi le 3 mars avait lieu un forum citoyen sur le verdissement de l'arrondissement du Plateau Mont-Royal à Montréal. Des ennuis techniques m'avaient empêché de faire la suite de la présentation initiée par Marke Ambard lui aussi membre du Comité du Champ du Possible. J'ai donc fait ce clip à partir du diaporama impossible! En espérant qu'un maximum de personnes qui étaient présentes puissent le voir!


    vendredi 5 mars 2010

    Wonderful Day! (soon...)


    amélanchiers photographiés sur le Mont Royal où il me semble rare (je me trompe?)


    Je pourrais dire bien des choses de l’amélanchier mais pour l’instant je laisse parler Jacques Ferron. En vous suggérant fortement d’en planter partout!

    “Tous ces arbres, arbustes, arbrisseaux avaient un langage et parlaient à qui voulait les entendre. Le cornouiller menaçait de ses harts rouges les mauvais enfants. Le bouleau, ne voyant que ses branches et leurs feuilles, brunes et vertes, disait qu'il aurait préféré être blanc. Dans les coins sombres l'aulne dénonçait l'humidité d'une voix sourde et jaune. De fait, si l'on n'y prenait pas garde, on se mouillait les pieds. Le plus extraordinaire de tous était l'amélanchier. Dès le premier printemps, avant toute feuillaison, même la sienne, il tendait une échelle aux fleurs blanches du sous-bois, à elles seulement; quand elles y étaient montées, il devenait une grande girandole, un merveilleux bouquet de vocalises, au milieu d'ailes muettes et furtives, qui annonçaient le retour des oiseaux.”

    L'amélanchier, Jacques Ferron, 1970.


    mercredi 3 mars 2010

    Pré-parfum

    mardi 2 mars 2010

    In Laurentia: mousse et lichen


    du vert l’hiver

    On réunit artificiellement sous le nom de Cryptogames les champignons, les mousses, les algues, les fougères et les lichens. Ce ne sont pas tous des végétaux. Ils cohabitent néanmoins ensemble dans la forêt laurentienne où je suis allé explorer et risquer ma vie (encore) pour ce court reportage. Toutes ces microscopiques forêts sur les arbres sont comme une géographie mouvante sur une écorce en déplacement: les arbres croissent et cette pelure tombera. C’est un parchemin caduque sur lequel les cryptogames font leurs cryptographies.



    un lichen épiphyte Usnea diplotypus (?)

    Ces habitants de l’écorce (corticoles) ou des branches des arbres (épiphytes) sont des communautés bigarrées, toujours migrantes et passant d’un “pied-pas-exactement-à-terre” à un autre. Très communs en forêt et un peu moins en ville les mousses comme les lichens sont peu remarqués. Mais dimanche c’était un festival de ces funambules de la discrétion. Ils sont partout bien présents et donnent même le caractère des lieux avec les conifères. Je ne m’arrête pas assez souvent pour les reconnaître et les toucher.




    carré blanc sur fond blanc

    La blancheur de l’écorce du bouleau est bien relative sur cette neige fondante. La coloration rosée, les taches de la mince couche d’algue par endroit et ce qui semble des amorces de colonisations par d’autres espèces épiphytes sont des écritures. Qu’écrivent donc ces Gitans sur le Betula papyrifera?

    “Sed fugit interea fugit irreparabile tempus, singula dum capti circumvectamur amore” (Virgile)




     la semaine de relâche induit de curieux comportements chez les humains

    En filigrane dans la neige d’une marche en plein air, la peau de l’arbre portait le murmurant message de la mousse:

    “Mais en attendant il fuit: le temps fuit irréparablement, tandis que nous errons autour, prisonniers de notre amour de détail"

    Une bien curieuse carte de visite sur ce vélin. J’étais venu prendre un peu d’air!




    coule ruisseau je reviendrai taquiner la truite

    Après avoir goûté la neige et traversé le pont des saisons, ayant lu quelques notes éparses du lichen, il me restera à boire l’eau dans l’écorce du bouleau. Je vis dangereusement.