mardi 26 juillet 2011

Vacances...




Jardin de trottoir, rue Sherbrooke ouest durant la canicule.



Serre de trottoir, rue Sherbrooke ouest. Curieusement ce sont les orchidées de serre chaude (des Phalaenopsis) que l'on garde au frais. Durant la canicule. C'est déjà loin...




Tomate de trottoir. Curieux terroir...

Je suis encore en vacance de blog. Et je m'occupe à toutes  sortes d'activités passionnantes. On en reparlera bientôt...




samedi 16 juillet 2011

Nouvelles espèces au CDP : l'éristale tenace et autres



L'éristale tenace sur la valériane officinale, la femelle à gauche et la mâle à droite. On les distingue par la dimension des yeux. Les yeux du mâle se touchent au sommet.


Les valérianes sont en fleur au Champ des Possibles. Et il y en a beaucoup et de grandes! Arrivé au champ avant-hier, deux insectes s'y trouvaient aussi en nombre : d'abord une bonne quarantaine d'hespéries des graminées (Thymelicus lineola, ci-bas) qui volaient en virevoltant en couple. La belle saison à l'évidence.






Pas aussi nombreuses mais très remarquables il y avait aussi des éristales tenaces (Eristalis tenax, la photo tout en haut), une mouche qui imite l'abeille à miel. C'est ma chance, la famille (les Syrphidées) à laquelle appartiennent ces mouches est facile à reconnaître. Elles imitent toutes des guêpes ou des abeilles et bénéficient ainsi d'une certaine protection. Mais l'éristale tenace ne se contente pas d'imiter l'apparence de l'abeille domestique. Si vous la dérangez elle prend un vol d'avertissement et vous tourne autour de la tête. Elle imite donc en plus le comportement de l'abeille. Mais elle ne pique pas...


Pour en savoir plus (mais attention aux âmes fragiles…) voyez cette excellente page de André Lequet : Eristalis tenax

En anglais voyez aussi celle-ci : University of Florida




Il y avait deux nouvelles plantes aussi : Hordeum jubatum, orge queue-d'écureuil et Campanula rapunculoides, campanule fausse-raiponce.
Je vous reviendrai dans quelques jours pour la suite de 256 pouces carrés de biodiversité.


Maintenant je dois me préparer au grand événement au Champ des Possibles:






jeudi 14 juillet 2011

Le nouveau No Butterfly Park



 Une orgie de signalisation : les bagnoles d'abord.

L'été dernier j'ai passé pas mal de temps sur le cas du papillon Vanessa atalanta, le vulcain.

La plante-hôte qui reçoit ses oeufs puis qui nourrit ses chenilles est l'ortie (Urtica dioica). Et quelle chance pour le naturaliste pédestre que je suis il y avait pas très loin un parc minuscule, pas mal négligé. Dans un grand plantoir en béton on trouvait une colonie d'ortie. Et ce sont certainement des centaines de papillons vulcains qui s'y sont développés! Une véritable curiosité en milieu urbain. Bon d'accord ce n'est pas le Mexique et les papillons monarques. Ce n'est que le micro-parc Pierre-Boucher (comédien) et le vulcain… sur le Plateau des Plateaux, le Plateau-Mont-Royal.



L'an dernier : moins de signalisation, plus d'ortie...

On a tout refait le petit parc. C'est bien. On a planté des rosiers et des potentilles. C'est nouveau (?). Mis des tables de pique-nique. De l'ordre! C'est ben plusse meilleur asteure. Je suppose...

Et les orties? Les papillons? Petits détails… n'est-ce pas? Vous croyez qu'un jour on puisse espérer une imagination de conception qui accorderait, je sais pas moi, 2m carrés pour y planter de l'ortie? C'est une vivace qui n'exige pas grand soin… Ou des asclépiades. C'est beau pis ça a des fleurs pis c'est parfumé. Et de l'eau. Et, qui sait? on y retrouvera peut-être le vulcain? Ou des monarques...



C'est pas beau. On veut des fle-fleurs.


Un peu de surface, un peu de générosité, un peu de tolérance pour ces plantes qui ne sont pas pour nous (quoique dans le cas de l'ortie…). La petite famille ou les employés en pause qui seront à la table seraient aux premières loges d'un petit spectacle...

On voit le vulcain et on fait "Oh!". Alors? Ben maintenant on fera "Oh!" moins souvent...



C'est beau! Maintenant on veut des belles fle-fleurs, grosses, colorées...


Le grand ménage des lieux a probablement aussi fait disparaître la colonie de chélidoines à fleurs doubles. Mais, encore, qui s'intéresse à ces choses? Les fourmis et… mon moi.





On aurait pu avoir un Butterfly Park…

Who cares!



Pour les autres billets sur ce sujet : tapez "vulcain" dans le moteur de recherche à droite.



mercredi 13 juillet 2011

256 pouces carrés de biodiversité 2



Chalybion californicum. Que cherche cette guêpe?


Dans le billet précédent je vous disais qu'il y avait constamment une ou deux guêpes maçonnes (Chalybion californicum) et fréquemment une pélopée maçonne (Sceliphron caementarium). Toutes sont des guêpes solitaires et il est intéressant d'observer les interactions entre elles. Les guêpes maçonnes réutilisent les nids de la pélopée maçonne en retravaillant la boue séchée avec un peu d'eau. Elles ont probablement intérêt à la suivre à la trace afin de localiser son nid. Mais voilà, les femelles de guêpes maçonnes sont en fait en compétition et elles se battent et chassent les autres pour être seules en compagnie de la pélopée maçonne. Elles ne veulent pas partager le butin que constitue une adroite constructrice de nid de boue!





Les feuilles sont collantes disais-je en terminant le précédent billet… allons voir...


Ah! Ces petits trucs sur les feuilles ce sont des pucerons… Je n'avais jamais vu cette espèce d'un jaune terne avec des taches et des poils noirs. Je ne les avais pas tout de suite remarqué et à ma décharge il faut dire que les premiers jours (vers le 23 juin) il n'y en avait pas beaucoup. De plus, mon attention était portée au spectacle des grandes guêpes. Les larves du puceron sont petites, bien plus petites que les adultes qui ne font que 1.5 mm. Il n'y en avait pas beaucoup, à mes yeux tout le moins! Clairement les guêpes avaient, elles, estimé la population assez grande pour venir faire la cueillette à volonté. C'est cela qui explique la présence des guêpes. C'est court la saison des "fraises"… il faut en profiter. Ce sont quand même de bien petites proies! Mais commodes à prendre, sans effort et elles sont en nombre croissant exponentiellement! L'attrape-plante est un véritable garde-manger. Et le manger s'y reproduit par parthénogènèse, des clones de femelles clonant d'autres femelles, clonant des femelles... En fait il s'agit peut-être d'un seul individu arrivé discrètement sur cette terre promise couverte de luzerne lupuline. Le génie génétique a fait le reste...

En fait en regardant attentivement chacune des photos publiées dans le billet précédent on les voit partout… trop petites pour attirer l'attention ou le réflexe de les identifier…




J'ai cherché afin de voir s'il est habituel que ces grandes guêpes chassent des pucerons. Je n'ai trouvé aucune référence à ce fait. Peut-être que ces guêpes ne trouvent pas assez de leur proies habituelles dans la ruelle et profitent de la manne apparemment infinie de pucerons?



Therioaphis trifolii (puceron tacheté)


Tout le monde, les jardiniers les premiers, connaît les pucerons. En général du moins. On compte 450 espèces de pucerons au Québec et celle qui nous occupe est Therioaphis trifolii, son nom commun est le puceron tacheté en France. En anglais on le nomme spotted alfalfa aphid (entre autres, dépendemment de la "race" et de la plante hôte, une longue histoire...). Ce puceron ne se trouve que sur les plantes du genre Medicago : la luzerne cultivée ou alfafa (Medicago sativa) et ici dans mon attrape-plante c'est Medicago lupulina, la luzerne lupuline qui l'attire.


Sur le mode de reproduction des pucerons je vais pas me casser la tête à rédiger ce qui l'est déjà adroitement, je cite Claude Pilon:


"La méthode de reproduction des pucerons est absolument fascinante. Au printemps, les oeufs éclosent et donnent vie à des femelles qui n'ont pas besoin de s'accoupler pour se reproduire. Ces fondatrices sont vivipares et accouchent de femelles pucerons, elles aussi vivipares et prêtes à donner la vie sans fécondation préalable. Plus encore, à ce stade de son cycle de vie, une femelle peut porter un embryon femelle qui porte également un embyon. Le petit puceron est dans le ventre de sa grand-mère! On parle alors de générations télescopiques. Ce n'est qu'à la fin de l'été qu'une génération d'adultes sexués est produite. Après l'accouplement la femelle ovipare pond des oeufs qui hiverneront jusqu'au printemps suivant."

Si les pucerons vous intéresse voyez le site très complet de Claude Pilon : 





Générations télescopiques, fascinant, non? De l'autre bout de l'équation écologique il y a aussi une prédation intense... la dégénération en entonnoir!


Alors revenons à nos guêpes… la guêpe maçonne profite des nids (en fait des cellulles ayant déjà produit un adulte qui l'a quitté) de la pélopée maçonne. Où on trouve la dernière on trouve la première. Mais ce n'est pas tout! Où on trouve ces deux on trouve aussi cette troisième:






Chrysis angolensis, une guêpe-coucou. Je ne suis pas totalement certain de l'identification de l'espèce mais le genre ne fait pas de doute. Cette belle guêpe est parasite (en fait cleptoparasite) de Sceliphron cementarium : elle pond ces oeufs dans des cellules déjà approvisionnées en araignées paralysées par la pélopée et expulse l'oeuf ou la larve qui s'y trouve. Voilà pourquoi on les appelle des guêpes-coucous. Il semble qu'alternativement la femelle Chrysis ponde directement sur les larves de Sceliphron.

 
On croit qu'elle a été introduite du Vieux-Monde durant la Deuxième Guerre Mondiale, dans des nids de Sceliphron sur de l'équipement militaire qui revenait. Cette petite guêpe serait responsable des importante fluxuation de population de Sceliphron caementarium.

Il y a encore d'autre guêpes que j'ai observé sur mon attrape-plantes et je songeais un instant le renommer attrape-guêpes!





Cette petite guêpe noire (disons une PGN!) par exemple. Elle aussi est prédatrice et a une fine gueule : elle portait un soin expert à choisir les pucerons. Pas trop gros ou ailé (quel faute de goût!) ni trop petit. À la bonne taille : hop! elle le prenait dans ses mandibules et s'envolant rapidement. Mais pas sans avoir fait un curieux vol de gauche à droite, comme une boucle en huit applatie devant l'attrape-plante, deux ou trois fois. Curieuse danse de la prédatrice avec son trophée de chasse? Plus prosaiquement elle mémorisait peut-être ainsi le terrain de chasse...

À cette taille les petites guêpes noires, les PGN, me sont impossibles à identifier. Il y a beaucoup trop d'espèces très similaires et mes photographies ne donnent pas assez de détails pour même approcher une détermination. De plus pour faire exprès toute les photos ont été faites par temps pluvieux, couvert ou venteux! En plus de n'y rien connaître! Tout ce que je puis ajouter pour aider à sa détermination c'est que ce n'est pas une de ces minuscules guèpes parasites qui pondent leurs oeufs dans les pucerons vivants… Elle ne les piquait pas, elle les… piquait! Ce n'est pas une guêpe parasitoïde.

Voyez cette page sur les parasitoïdes des pucerons : Ehsan Rakhshani


 Polistes dominula, la guêpe poliste.

Et pourquoi s'arrêter là dans l'énumération des guêpes attirées par les pauvres pucerons trop bon à croquer. Enfin… disons que bien que mous et pas croquant du tout ils doivent être bien délicieux!

En terminant donc voici une guêpe qui nous est bien plus familière. Où il se passe quelque chose, n'importe quoi diront les mauvaises langues, il y a toujours Polistes dominula!  Elle complète la liste des guêpes observées mais je reviens samedi avec les autres insectes… Vous ne croyez quand même pas que l'histoire est terminée… Oh! Non!


À suivre donc!



samedi 9 juillet 2011

256 pouces carrés de biodiversité 1





Cette photo du 23 juin montre mon attrape-plante bien vert avec une assez nette domination de deux espèces : la potentille de Montpellier (Potentilla norvegica, rough cinquefoil, p. 255) et la luzerne lupuline (Medicago lupulina, black medick, p. 201). Du vert avec des fleurs jaunes. Le banal du banal, vous en conviendrez. Pourquoi vous en parlez?



La potentille (à gauche) et la lupuline (à droite).


La plupart des plantes de cet habitat lilliputien sont arrivées par le vent ou les oiseaux.* Les deux plantes qui nous occupent ont de petites graines mais on peut douter que ce soit le vent qui les ai porté jusqu'ici, sur mon balcon, deux étages au-dessus du rez-de-chaussée. Ce sont plutôt le produit de l'endozoochorie : des oiseaux ont mangé des graines, certaines sont passées intactes par le système digestif et le hasard balistique de la fiente d'un oiseau qui passait par là a fait le reste. Il ne s'agit pas de précision… les plantes sont très communes et les oiseaux qui en consomment les graines sont aussi communs. Statistiquement...




La pélopée maçonne (Sceliphron caementarium)


Ces temps-ci mon attrape-plante est constamment visité par des grandes guêpes et je me demande pourquoi. Ces deux guêpes sont des prédatrices redoutables, spécialistes des araignées ou de gros insectes. Alors que viennent-elles faire ici? Elles se posent sur le rebord du bac en plastique puis plonge dans la verdure en fouillant avec attention, repartent et reviennent quelques instants plus tard. L'inspection attentive de la surface des feuilles est faite à répétition et je me demande bien ce qu'elle cherchent.



Où on trouve la première on trouve la deuxième. 


Initialement je croyais que ces guêpes venaient peut-être chercher du matériel pour construire leurs nids. Je sais que la pélopée maçonne (Sceliphron caementarium) prend plutôt de la boue… l'autre, la guêpe maçonne (Chalybion californicum) prend en fait surtout de l'eau et retravaille la boue séchée des nids abandonnés de la première. 




La guêpe maçonne (Chalybion californicum)


Mais peut-être était-ce des débris ou de la mousse qu'elles prenaient pour compléter la construction des nids? Les chalybions, bien plus nombreuses et fréquentes, avaient le même manège : arrivée, plongée dans la verdure, fouille puis départ. Mais chez les deux espèces je n'arrivais jamais à distinguer quoique ce soit qui fût pris et transporté. Que viennent-elles faire?





Du revers de la main j'entrouve en balayant le feuillage, tout le long du bac. Rien de remarquable, aucun insecte n'est visible. Mais les feuilles sont collantes…


Suite bientôt...


*J'y ai mis aussi une espèce minuscule et rarrissime : la drave printannière (Draba verna, spring draba). Voyez ce billet: Ici


mardi 5 juillet 2011

Les insectes du Champ des Possibles




Ce samedi 9 juillet, en compagnie de Yves Dubuc, auteur du livre Les Insectes du Québec, éditions Broquet.

Une activité fascinante pour toute la famille au Champ des Possibles. Tous les Amis du Champ des Possibles ainsi que les résidants du Mile End et des quartiers avoisinants sont cordialement invités à venir découvrir les insectes de jour et de nuit dans cet espace vert.

Les enfants auront la piqûre!

Don suggéré : 10 $. Gratuit pour les moins de 18 ans et 65 ans et plus. 

Carte Google : http://tinyurl.com/64zykt3

samedi 2 juillet 2011

Le rivage de Spiranthes lucida





L'orchidée indigène Spiranthes lucida (spiranthe lustrée, shining ladies'-tresses) : comme Calypso elle chante et le marin tourne la barre. Je confond peut-être quelque peu les détails mythologiques… en fait le navire d'Ulysse s'était échoué sur l'île de la belle… Peu importe! Disons simplement que la plante me captive...


C'est autour du premier juillet que fleurit cette plante. En 2005 quand j'ai trouvé ces colonies comptant de nombreuses plantes, ce devait être une bonne année pour l'espèce. Surtout à voir le peu d'individus que je trouve cet été! La plante est installée sur le rivage, formant un chapelet de perles blanches, éclatantes et toutes petites… Mais comme j'étais chargé (photo, vidéo, trépied, dîner…) la tâche de filmer n'était pas totalement compatible avec un inventaire sérieux. Il est toutefois évident que de grandes sections du chapelet se sont évanouies. Il ne reste que la colonie principale qui est, de plus, bien diminuée… 



Peut-être irais-je m'échouer sur ce rivage l'été prochain?


Le nom vernaculaire que j'ai toujours connu est spiranthe brillante, il faut apparemment  maintenant dire spiranthe lustrée*. En effet ses feuilles sont luisantes et la distinguent des autres espèces du genre Spiranthes. Ces dernières ont des feuilles mattes. Ce n'est pas le seul caractère qui la distingue! La tache jaune doré vif sur le labelle est immanquable. Mais surtout c'est l'habitat qui la sépare: elle affectionne les rivages calcaires. C'est le cas de cette magnifique rive du lac des Deux-Montagnes à la pointe ouest de l'île de Montréal.


J'aurais bien des pages à vous écrire sur le sujet de cette orchidée (et des autres Spiranthes). Je dois toujours traduire un article que j'ai publié dans le Native Orchid Conference Journal**. J'y présente entre autre une hypothèse sur un mode de dissémination intéressant : l'hydrochorie, la dissémination par l'eau. Je ferai un effort...



Le rivage est soumis à la forte érosion des glaces, quelques peupliers ont cet aspect particulier. 


J'ai donc fait ce court film. Mardi dernier je suis allé visiter, filmer et photographier et depuis je n'ai guère fait autre chose que de m'essayer à un montage… Quel casse-tête! J'espère ne pas vous casser les pieds avec ce clip… Soyez généreux! Le logiciel (amateur) fourni avec l'ordi est iMovie… excellent pour faire un clip n'importe-quoi… mais pas assez professionnel pour s'essayer à un-peu-plus. Que de limitations! Et un interface obtus et buggé… Enfin la prochaine fois (un coup remis de ma frustration et de mon ignorance) ce sera peut-être mieux?

Quatre jours pour un clip de 8 minutes… Ouf!


Mais je suis assez content du résultat et je souligne l'aide de mon ami Claude-Achille Debussy qui m'a fait une musique pas mal du tout…


*Canadensys

**The Native Orchid Conference Journal 3(4). October - December 2006. An Alternative Mode of Reproduction for Spiranthes lucida (H.H. Eaton) Ames