mercredi 31 octobre 2012

Cryptozoologie urbaine: l’Oursin des rails 2012




Puisque c'est le temps des citrouilles, je republie ce billet de novembre 2009 avec augmentation, correction, complément, etc.





L'automne est bien avancé déjà! C’est peut-être ma dernière occasion de visiter la voie ferrée et d'herboriser. Je suis venu chercher des graines d’Euphorbiacées pour l’étude de la myrmécochorie. 



Euphorbia davidii et Chamaesyce nutans


Les plantes de cette famille sont connues pour avoir des graines dont la dissémination (chorie) est assurée par les fourmis (myrméco…). Je cherche donc des fruits de Euphorbia davidii et Chamaesyce nutans qui ne pousse qu’ici dans le ballast, cet artificiel désert. On trouve aussi ici le bien plus commun Chamaesyce maculata qui pousse par contre un peu partout ailleurs où c'est sec. Ma recherche de spécimens a toutefois vite tourné en une aventure peu banale! Et ce sont de bien étranges fruits qui m’attendent...





Mon regard est interpellé par quelques chose d'inhabituel dans les arbres contre la clôture. Ce sont de bien curieux appâts qu’on a bizarrement coincé dans ces branches. Pomme, poire et prune… en bon état, à hauteur d’homme… Ce sont peut-être les fruits d'un cérémonial païen célébrant le temps de la récolte? Quelle époque! Les dieux ont été évacué pour un paganisme général qui ne vaut guère mieux. Je n’ai rien apporté à croquer ou à boire mais il vaut mieux être prudent, ce n’est sûrement pas pour moi ces fruits!





Un cri de faucon attire alors mon attention: je me tourne et c’est un Faucon émerillon (Falco columbarius) qui s’envole. Il est ensuite resté un bon moment perché au-dessus de ce petit terrain vague à côté de la voie ferrée. 





Je reprend ma marche mal-aisée dans la pierre inégale du ballast quand au loin j'aperçois quelque chose qui bouge dans le ballast. Mais qu'est-ce que c'est? Je me presse un peu et en me rapprochant cela ressemblait à un drôle d'oursin mais en tout mou… -ambulant (c'est le cas de le dire tant la -marche est maladroite) en tremblotant, faisant onduler les curieux appendices qui couvrent son corps… La chose semble elle aussi avancer péniblement dans les cailloux. Je crois reconnaître mais j'hésite un instant à nommer la bête… Mais oui! Quelle chance! Je crois bien qu’il s’agit de l’oursin des rails (Molliderma canularis), un de ces animaux tellement rare et étrange qu’on a peine à croire qu’ils existent vraiment! Je n’ose pas trop m’approcher de peur de le faire fuir.






Cette bête appartient à l’embranchement des Mollidermes (Mollidermata, "à peau molle") qui ne compte que très peu d’espèces, presque toutes dans l'archipel de Nouvelle-Calunarie*. L’oursin des rails est en fait la seule espèce que l’on trouve en Amérique du Nord. Aussi appelé oursin des ballasts, l’animal est très rarement observé. L'espèce a été originalement décrite par Constantine Samuel Rafinesque-Schmaltz en 1828. Comme les spécimens du naturaliste ont été perdu quelques années plus tard dans un incendie suspect, tout le monde croyait à une mystification comme le 19e siècle en a produit plusieurs (ici et ici). Ce n’est qu’en 1893 que la très rare créature fût à nouveau observé au Delaware. Les nouvelles observations ont été très rares depuis et son histoire naturelle demeure presque totalement inconnue. De quoi se nourrissent ces animaux? Comment se reproduisent-ils? Sur la photo ci-haut on voit l’oursin mou “courir” (pour ainsi dire) en direction de cette citrouille.






Incroyable! l’oursin des rails semble assurément intéressé par la cucurbitacée et tourne autour en grognant! Puis il se met à mordre le gros fruit! Voilà un signe d'intérêt qui ne laisse plus aucune place au doute. Bien que je suis témoin d'une scène aussi imprévue qu'effroyable, je dois me ressaisir afin de documenter l'événement. L'animal se nourrit donc de citrouilles! Voilà qui explique peut-être pourquoi toutes les observations sont faites tard à l’automne.






Le monstre est vorace! J’imagine que les occasions de se nourrir sont rares (je n’ai en effet pas souvent trouvé de citrouilles sur la voie ferrée). Avouez que c'est une bien curieuse adaptation alimentaire. On comprend la rareté de l'oursin des rails. Comme la citrouille est pleine de bêta-carotène, la peau de l'oursin prend cette couleur imitant selon plusieurs la carotte ou l'orange... Il est intéressant de noter que cette couleur si voyante dans la grisaille de la voie ferrée devient un parfait camouflage dans un autre contexte. Cela explique peut-être qu’on ne le remarque pas le molesque* sur les trottoirs où les citrouilles pulluleront en ce temps de l’année.






Voilà peut-être enfin l’explication du fait que l’oursin des rails semble n’être actif que tard à l’automne. Il faut supposer que l’utilisation de la citrouille à la fête de l’Halloween a probablement favorisé sa survie en milieu urbain. Mes photos montrent qu’il se nourrit aussi d’autres fruits dont la présence sur la voie ferrée reste à expliquer. Un autre naturaliste est peut-être occupé à étudier la bête? Ou s'agit-il d'un commerce illicite d'espèces rares?

Il semble donc possible que des gens appâtent les oursins. La méthode est en partie douteuse, les oursins ne grimpent jamais aux arbres. Placés sur la voie ferrée les fruits semblent faire l’affaire toutefois. Et cela indique aussi que je ne suis pas le seul à connaître la bestiole. La solitude du naturaliste urbain trouve enfin un rare soulagement.




Babar, l'éléphant du Parc LaFontaine d'autrefois. Photo: Archives de la Ville de Montréal.


Un fait mérite d'être connu par tous: les espèces de Mollidermes partagent avec les Pachydermes une passion déraisonnable pour les citrouilles. Vous voilà prêt à attraper des éléphants! Aucune donnée ne permet toutefois d'impliquer les Mollidermes ou les Pachydermes dans la dissémination des graines de citrouille. Comment toutes ses graines de Cucurbita arrivent-elles à voyager d'un bout à l'autre du continent?


C'est un autre mystère!


 


*ne pas confondre avec la Nouvelle-Canularie qui se trouve dans un tout autre océan. 

**francisation de l'espagnol Mulesca utilisé pour une espèce voisine aux Philippines.




mardi 30 octobre 2012

L'automne en 1908



Soufflez brises d’automne ! Aidez les feuilles mortes
Qui passent comme nous sur les gazons des prés;
Telles que les grillons elles vont par cohortes,
Nous ignorons pourquoi, dans leurs destins sacrés !


Louis-Joseph Doucet (1874-1959)*

 


Et en 2012! Cet érable dans la ruelle chez moi est un cas intéressant. Les arbres du Mont Royal sont bien effeuillés et à part les Ormes de Sibérie (Ulmus pumila) et les Érables de Norvège (Acer platanoides), tous deux visibles sur la photo, il est un des rares érables avec un retard aussi considérable sur la calvitie arboricole annuelle.


 


Il est presqu'à portée de main mais je n'ai toujours pas eu l'occasion de confirmer s'il s'agit d'un Érable à sucre (Acer saccharum) plutôt qu'un Érable noir (Acer nigrum). Mais avec cette coloration si appétissante (viennent les sucres...) c'est assez certainement le premier, l'érable noir me semble se spécialiser plutôt dans le jaune, sans toutes cette palette de tonalités rouges, orangées, rosses, rousses, or...





Bien sûr l'Érable noir donne le sucre et le sirop et je me demande si en y goûtant on pourrait faire la différence entre le sirop de l'un et celui de l'autre. J'ai une étude là-dessus dans un dossier... je chercherai une autre fois!

 
Reste qu'il me comble cet érable!



* lisez le poème en entier ici chez Jean Provencher.




Parc LaFontaine, 1947




View. Lafontaine Park / Poirier, Conrad, 1912-1968 . - Juillet 1947. BANQ.


Je fouille les archives (en ligne seulement pour l'instant...) de la Ville de Montréal et de la Bibliothèque Nationale. Je me documente afin d'arriver à donner un âge à certains arbres et de mieux connaître l'histoire des parcs. Je croyais assez bien connaître l'histoire du Parc LaFontaine mais je fais toutes sortes de petites découvertes. J'y reviendrai.


La photo ci-haut montre l'îlot vert (au-delà de la fontaine) et la partie du lac qui sera en partie soustraite puis deviendra le Théâtre de la Verdure. Le pont combinant vaguement les styles rocailles baroques et des chinoiseries approximatives est aussi disparu. Au loin l'École Normale, démolie.


Je connaissais individuellement ces éléments du passé mais la photo de Conrad Poirier les réunis à merveille. J'ai un peu retouché et recadré la photo.








samedi 27 octobre 2012

Qui a la plus grosse?



 La plus grosse feuille d'érable s'entend…



Joseph Donato, 9 ans. Pickering, Ontario. Photo Canadian Press.



Mercredi après-midi je cherchais des feuilles d'érable et autre et j'ai croisé un chercheur d'or du BC en vacance à Montréal. Un vrai. Avec tout son équipement. Au Parc Lahaie. Avec une barbe blanche (beaucoup plus de sel que de poivre). Me voyant avec mes feuilles il m'a raconté l'histoire d'un garçon qui a établi le record Guinness de la plus grande feuille d'érable. Son histoire a piqué ma curiosité et toute l'information privilégiée qu'il m'avait refilé se résume aux faits suivants: ça s'est passé en Ontario et la probabilité qu'il s'agisse d'une feuille d'érable à sucre est grande. Mais il peut évidemment s'agir d'une autre espèce d'érable.

Le travail que j'avais à faire était évident. Je lui ai dit que je gouguèlerais la chose. Le gold-digger connaissait Google. Rendu à la maison, je tape machin grosse feuille ou quelques chose comme ça et une seconde plus tard je trouve la photo ci-haut qui est bien celle du garçon et de sa fabuleuse découverte. Mais il n'y a rien d'extraordinaire dans l'
instantanéité du résultat, n'est-ce pas?, nous sommes tous habitué à chercher dans cette méga-indexation de tout l'univers qu'est Gougueule. La pépite d'or est vite trouvée.


La feuille de Joseph, elle, est extraordinaire! Sans compter le pétiole elle mesure plus de 34 par 29 cm. Bravo mon Joseph!




Vikas Tanwar et sa famille à Richmond, CB. Phto: CNW Group/Guinness World Records


J'ai voulu contre-vérifier l'information (quel pro je soye…) directement chez Guinness et vous voyez le résultat ci-haut.


"La plus grande feuille d'érable mesure 53 par 52.2 cm..." qu'ils disent chez Heineken. Guinness, pardon.

Quoi? Un autre record pour la plus grosse feuille d'Érable la même année? Dans le même Canada? C'est assez perplexant! Poursuivons l'enquête et épluchons les résultats de recherche Google afin de trouver la vérité.



Eve Steel et sa feuille à Vancouver. 


Je tombe alors sur un autre lien donnant encore un autre record pour la plus grosse feuille d'érable. Ce record est archivé par une autre organisation que je ne connaissais pas: il s'agit de la World Record Academy. La feuille de la mignonne atteint 44 par 34 cm.


Plus de détails ici.


Je suis perplexe… 3 records de la plus grosse feuille d'érable enregistrés la même année au Canada? La feuille du garçon est bien celle de Acer saccharum (Érable à sucre, Sugar maple). La feuille de Vancouver est celle de Acer macrophyllum (Érable à grandes feuilles, Bigleaf maple) qui, d'après Farrar a des feuilles "très grandes, 15 à 30 (parfois 60 cm)". Je vois pas la nécessité d'enregistrer un si ordinaire record! Passons. L'espèce de celle de Richmond? Je ne sais pas, je ne reconnais pas l'espèce et la paresse me gagne... malgré votre vif intérêt pour le sujet. 


Mon enquête nationale (cinq grosses minutes mais une bonne heure et demi à rédiger ce rapport...) démontre que les autorités recordantes devraient montrer un peu plus de rigueur. La preuve est faite de l'urgente nécessité d'avoir une base de donnée centralisée (et nationalement canadienne) sur les plus grandes feuilles d'érables au pays. Mais d'abord il faudrait au moins pouvoir distinguer les espèces!


L'exhaustivité de l'indexation totale par Google est plus fiable et utile que le Livre Guinness des records. L'affaire m'a jeté par terre, épuisé dans les feuilles mortes. Je ne pousserai pas plus loin l'enquête sur le sujet...

Par ici Autumn Leaves (Les Feuilles Mortes)... bon samedi!

 

 

vendredi 26 octobre 2012

Parc La Fontaine 1879






Le Parc La Fontaine du temps où c'était la ferme Logan. Aujourd'hui les moutons sont plus rares mais le gazon toujours bien ras. À l'arrière-plan le Mont Royal.



mercredi 24 octobre 2012

Métamorphose







Je classe mes photos et dossiers "arbres". Il y en a toujours à nommer, indexer, déplacer, identifier et tout et tout. Je trouve des cas intéressants comme cette photo documentant l'événement obscure de la transformation d'un arbre en poteau de téléphone.


À moins que ce soit en éolienne? Ya comme des trucs en haut.


Hamamelis virginiana







Hamamelis virginiana, Hamamélis de Virginie, Café du diable, Witch-hazel. J'ai fait ces photos hier après-midi. Au fait, sommes-nous au milieu d'un été des Indiens?






Les photos sont ce qu'elles sont avec ce vent qui vient dériver mes projets de faire belle image. À moins que ce soit le diable lui-même qui se joue de moi?



 


On dit que cet arbuste fait un excès de zèle à fleurir si tard. Puisque les graines ou le fruit ne connaîtront aucun développement avant le printemps. 



 


Tout le monde végétal se met au lit pour le grand sommeil. Notre Hamamélis, lui, s'envoie en l'air avant de plonger sous les draps... Plus tard, l'année prochaine, quand le fruit est mûr il explose en projetant les graines avec force!


L'Hamamélis est balistique!





Je le tiens par la barbichette mais rien n'y fait... 


Comme à mon habitude j'ai pris des échantillons et fait des photos en studio. Celles-là sont superbes. Et quel parfum! Ça, j'avais oublié!


Ces photos deviendront double page dans mon livre Stabat Arbor, il faudra attendre pour les voir. Pour le parfum, sortez et cherchez-le!






mardi 23 octobre 2012

Théâtre de couleurs







Une déclinaison d'amélanchiers... Aye! Feuillage rangé, saumoné, et quoi d'autre encore!

C'est au Théâtre de la Verdure (ou est-ce Laverdure?) au Parc La-Lafontaine. Aussi magnique à l'automne qu'au printemps. Mais il est fermé à ces deux saisons! On ne l'ouvre que l'été pour des spectacles. Comme si ce que je vous montre ici n'était pas spectaculaire...


Cherchez l'erreur!


Voyez les mêmes arbres ici et ici



lundi 22 octobre 2012

Negundo, Sir!






L'érable à Giguère, Manitoba maple, Acer negundo, Box-Elder, Érable négondo, Érable à feuilles composées, Ash-leaved maple. Sous tous ses noms, choisissez votre préféré!


Moi c'est érable à Giguère!


Le variable... L'autre érable... L'envahisseur! Qui joue dans nos plate-bandes et nos parcs. Giguère se joue de nous.


Moi je tends l'autre joue!






samedi 20 octobre 2012

Encore au Parc Lafontaine






Quelques jours d'automne des plus beaux à Montréal. J'avais quelques spécimens à chercher et comme je passais par le Parc Lafontaine... Mes explorations me mènent souvent au plus proche! Ce doit être à cause du titre de ce blog. Dans un des lieux qui me sont les plus familiers je prends mon temps et je prends des chemins moins habituels. Comme si la lumière de cette saison permettait un renouvellement du regard. Les pieds me tirent. Sous un nouvel éclairage (pourtant régulier, c'est saisonnier!) j'ai fait quelques vues et détails.

Ci-haut, le splendide Euonymus alata. Il serait peut-être plus facile de dire Fusain ailé? L'arbuste repose ses feuilles et prend ces couleurs qui sont aussi étonnantes que celle des fruits.



Comment dit-on 'ouf' en latin? OUV?


Chaque automne je ne manque pas d'aller faire un tour du côté de cette ligne de chêne des marais: Quercus palustris. Notez la progression colorée du feuillage depuis la gauche rouge et orangée puis jaune au centre et finalement vers la droite, où les arbres sont encore verts. On ne voit pas sur la photo, mais tout à gauche les arbres ont déjà perdu leurs feuilles. Quelles conditions du sol ou de micro-climat explique cet avancement de saison différencié?  À moins que ce ne soit que les variations individuelles qui expliquent le phénomène, ces arbres ne sont pas des clones après tout. Il y en a même un dont les feuilles sont assez différentes pour suggérer un hybride.






Orme "découvert"...

Puis je suis passé par l'Institut de Santé Publique où j'ai été surpris de trouver un févier épineux pleureur, jamais vu auparavant. J'avais lu sur cet arbre il y a quelques jours seulement alors c'est une heureuse coïncidence. Je suis ensuite entré à nouveau dans le Parc Lafontaine, dans une zone que je ne fréquente plus depuis longtemps. Je passais par ici quand la défunte Bibliothèque Centrale se trouvait sur la rue Sherbrooke. 




Encore ce nouvel orme...


Caché dans l'ensemble standard des érables argentés et des frênes il y a plus de diversité que je croyais... J'ai d'abord vu un orme rouge (Ulmus rubra) (correction: il s'agit de l'Orme d'Amérique) puis un autre orme dont je vous montre quelques photos. Il ne s'agit pas cette fois d'un orme indigène et je doit réserver son identification. Au printemps j'aurai tout un lot de samares furtives à attraper afin d'identifier positivement tous ces ormes qui occupent beaucoup mes recherches.







Et je vous laisse avec ce rare spécimen de nuage...





...et une suggestion de lecture!


Bon weekend!







vendredi 19 octobre 2012

Automne au Parc Lafontaine






Nous avons eu droit à quelques jours d'automne magnifiques. Je suis allé à la chasse aux feuilles. Pas loin...






... au Parc Lafontaine. Why not? J'ai profité de mon passage et fais quelques clichés.



J'en ai quelques autres, y compris de certains arbres que je n'y avais jamais remarqué. Étonnant, je vais dans ce parc depuis bien longtemps et il réserve encore queques surprises.



jeudi 18 octobre 2012

Parques là, fontaine.







Et Fiat Lux...




mercredi 17 octobre 2012

Drôle d'érable




Photo à gauche: Roger Latour. À droite: Wikipedia.



Quand je suis allé à Saint-Paul d'Abbottsford j'ai trouvé ce curieux érable (à gauche sur la photo). Les feuilles des arbres juvéniles sont souvent assez différentes de celles des adultes (surtout par leur dimensions souvent extravagantes). Je pensais donc avoir affaire à un jeune érable de Norvège (Acer platanoides) et un adulte poussait à moins de 50 mètres. Cette  espèce s'identifie positivement par le latex blanc qui coule du pétiole lorsqu'on décroche une feuille de la branche.


Mon spécimen a bien laissé couler un peu (très peu) de latex mais la forme de la feuille est assez différente de celle de l'érable de Norvège, cela même si ce dernier a de nombreux cultivars aux feuilles différentes.


Et si c'était en fait une autre espèce d'érable? Je pense à l'érable de Cappadoce (Acer cappadocicum, Cappadocian Maple). Un arbre du Caucase, cet érable est connu aussi sous le nom de "érable de Colchide".


L'intérêt réside dans le fait que l'arbre ne fait pas deux mètres de haut et est donc soit un semis ou un rejet de souche. Je n'ai pas vérifié la deuxième possibilité mais la première constituerait en fait une naturalisation... Je n'ai pas trouvé l'arbre parent... mais j'ai bien hâte de retourner et faire une enquête plus appronfondi.






lundi 15 octobre 2012

Trous d'émergence: les agriles




Agrile du frêne, Agrilus planipennis. Photo: EOL Images


L'insecte l'Agrile du frêne (Agrilus planipennis, Emerald ash borer) est maintenant présent à Montréal. Il m'est arrivé à quelques reprises de chercher les signes de ce coléoptère sur des frênes de différents quartiers à Montréal. Ma recherche a été assez superficielle et peu intensive et je n'ai toujours pas vu la bête ou ses dégâts avec certitude. Le problème, je crois, est que bien des insectes de cette famille ont des comportements similaires.




Photo: Ontario Ministry of Natural Resources


Après s'être nourri sous l'écorce l'insecte adulte émerge et la forme du trou qu'il fait en perçant l'écorce afin de sortir est bien visible avec une forme caractéristique. On nous indique toujours que pour l'Agrile du frêne cette forme est celle de la lettre "D", couchée d'un côté ou de l'autre. (voyez la photo ci-haut). Pour une identification positive il faut toutefois retirer l'écorce et constater les galeries sinueuses (à droite sur la photo ci-haut) qu'on fait la larve. S'il m'est arrivé de voir des trous ressemblant fortement à ceux décrits vous comprendrez que j'ai hésité à arracher un bout de l'écorce d'un arbre public encore sain par ailleurs!




Agrile du bouleau, Agrilus anxius © Steven Katovich


Une chose invite à la prudence avant d'écorcher un arbre pour confirmer la présence de l'insecte. Encore une autre ajoute à la difficulé de trouver un arbre infecté: il y a de nombreuseuse espèces d'agriles ou d'espèces apparentées. La famille des buprestidées qui les réunit comptent pas moins de 80 espèces! Hors les buprestes, agriles ou mélanophile ont tous des trous d'émergence en forme de "D".*

Il est vrai que la plupart sont spécialisées sur un arbre ou une genre d'arbres (Agrile de l'Érable negundo, Bupreste du chêne ou Agrile du bouleau par exemple) mais il peut bien se trouver des agriles généralistes et cela conduirait alors, au pire, à l'abattage d'un arbre sain! Il m'est arrivé de trouver sur un arbre abattu des trous correspondants à la description. Aucune gêne à retirer l'écorce dans ce cas. Mais aucune galerie caractéristique n'a été décelée sous l'écorce retirée. Une autre espèce d'agrile semble se nourrir du frêne...


Si vous possédez des informations à ce sujet, faites-le moi savoir.


Roadside Field Notes a publié ce billet sur l'Agrile du frêne à Ottawa:



Toits verts à Montréal




Photo: Wsiegmund, Wikipedia


Dans bien des villes on procède à des essais sur les plantes pouvant résister à l'environnement difficile qu'est un toit vert. Comment diversifier la flore de ces habitats singuliers? Le défi est d'autant plus grand à Montréal où en plus de la grande chaleur et de la sécheresse l'été il faut encore ajouter les grands froids d'hiver. En Ohio (voir le lien ci-bas) des essais on permis d'ajouter une espèce à l'habituel catalogue de sédums: Allium cernuum, l'Ail penché. La plante n'est pas indigène ici mais on la trouve en Ontario et plus loin au sud (voyez la carte de répartition). Je me demande quelle espèce à bulbe indigène au Québec pourrait venir habiter un toit urbain montréalais?
Une fiche du Missouri Botanical Garden : Allium cernuum


 

samedi 13 octobre 2012

Au pied du Mont Yamaska




Approche du Mont Yamaska : ça ressemble vraiment à un mont!


Je n'aime pas beaucoup qu'on nomme "collines" la chaîne de montagnes majestueuses que sont les Montérégiennes. Tout juste puis-je admettre le mot "mont", en reconnaissance que les Andes ou l'Himalaya sont un peu plus portés vers l'altitude. L'irrespect réducteur par empressement diminutif ne s'arrête pas là, on dit même: un chaînon. Un chaînon, c'est un petit bout de chaîne! Inacceptable. C'est le langage des jaloux qui n'ont pas comme moi la circonstance tellement heureuse d'avoir un de ces Monts (avec majuscule, oh! si!) dans sa cour. Le Mont Royal est à portée de main (ou de Kodak à numéro du moins) depuis mon balcon. Je suis voisin d'un sommet. Et vous? C'est ce que je croyais...




Les dix Montérégiennes:  Source carte



Je ne connaîs personne qui arrive à nommer les dix Montérégiennes. Au plus mieux sept, huit ou neuf. Encore moins à les placer correctement dans la géographie, sur une carte. Ce que nous sommes ignorants! Moi-même (si, si) ce matin je découvre que cette CHAÎNE se poursuit au-delà du continent et décore l'Atlantique (par le fond je crois)! Si ces titanesques pitons ne sont pas des volcans par chez nous sur la plaine du Saint-Laurent, ils en sont de véritables (quoique pris de sommeil apparemment) sous la Grande Mare. J'ai d'ailleurs lu que ceux-là aussi on les appelle collectivement "chaînon". C'est désarmant de miniaturisation mesquine.


Trouvez ici un peu plus d'information sur tout cette géologie: Montérégiennes.
 
Ne manquez pas cette photo satellite d'hiver



Église Saint-Paul, Anglicane. 1822



Nous avons traversé de superbes paysages peints de ces couleurs qui font de l'automne une saison post-estivale idéale. (comment donc renouveler les commentaires sur nos beaux feuillages d'automne?) Partout on trouve des vergers de pommes et on s'est bien régalé de quelques variétés. On trouve maintenant de plus en plus de vignobles aussi.




 Vue de Yamaska depuis le cimetière de l'Église.


Que vient faire l'Inspektor des Mauvaises Herbes par ici? C'est sur les indications indirectes d'une correspondante presqu'anonyme (merci bien) que je suis venu visiter en compagnie d'Hélène Sarrazin le Mont Yamaska à la frontière des Appalaches. Plus précisément c'est le Rang de la Montagne à Saint-Paul d'Abbotsford (village collé au pied du Mont) qui commande notre exploration: sur quelques kilomètres on y trouve en effet une collection originale d'arbres rares.




Quelques tombes sous un grand érable à sucre.


Je suis bien content que la correspondante m'ai rafraîchi la mémoire en m'indiquant le site de la Pépinière Lafeuillée près de Joliette. Bernard Contré, le pépiniériste spécialisé en arbres nucifères, a généreusement (et fort commodément…) mis en ligne sur son site web une carte et des informations sur les différentes espèces de noyers et autres arbres rares que l'on trouve par ici.




Couleurs post-estivales de saison.
 

Mais la saison est bien avancée dans cette terre de pomme et de vin. Les noyers étaient difficiles à distinguer sans les feuilles (souvent déjà absentes) et surtout sans les noix... je n'en ai trouvé que quelques-unes du noyer noir (Juglans nigra) et une seule du noyer de Mandchourie (Juglans mandshurica).

Faudra repasser l'année prochaine!



Un grand spécimen de Caryer cordiforme (Carya cordiformis)


Nous avons fait la pause-sandwich à l'église et une visite du cimetière s'imposait. Un superbe spécimen de Caryer cordiforme imposait le respect: c'est le plus grand que j'ai vu.



Photo Pierre Bona, Wikipedia.


J'ai trouvé cette photo post-automnale du même arbre.   




Photographié ce matin: le Mont Royal. 


Nous avons aperçu bien d'autres arbres intéressants. Je trouverai bientôt j'espère le temps de vous parler plus longuement de ce Rang de la Montagne à Saint-Paul d'Abbotsford.
 

Bon samedi!