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vendredi 4 octobre 2013

Cogitus interruptus




Au boisé Marcel-Laurin à Ville Saint-Laurent il y avait ce coin où tous les arbres, nus de s'être effeuillés, étaient ainsi habillés par des Vignes vierges (Parthenocissus quinquefolia, Virginia creeper).



La vigne allait jusqu'à tout en haut de la tige, s'éclatant dans le bleu du ciel pour ainsi dire. So very métaphorique!

Un phénomène propre à la réflexion métaphysique. 

Ou plutôt naturaliste... Comment expliquer le phénomène? La vigne est commune mais elle ne prend pas comme ça sur tous les arbres. Por que? En premier je croyais que ça dépendait peut-être de l'espèce d'arbre? Du premier coup d'oeil je ne voyais que des Ormes d'Amérique. Ou alors plutôt du type d'écorce ou de son pH? Puis je remarque qu'il y avait aussi des frênes et d'autres espèces. C'est peut-être alors un autre facteur, les arbres étaient en effet tous du même calibre...

Les grimpantes et autres volubiles ont en effet une sensibilité tactile fine à la grosseur du support qu'elles requièrent.

Quand tout à coup...



...un assourdissant vacarme s’abat sur ma tête et ma profonde et intense activité cognitive fût fatalement interrompue... par le passage d'un très gros oiseau.


Mon interrogation restera stérile...  





samedi 31 août 2013

Le coeur de la haie


Je pars en excursion. 



Cette curieuse expérience d'avoir planté des conifères dans des bacs en béton fait le caractère particulier de la rue Duluth. Et on y ajoute chaque été de la décoration: que ferions-nous sans les éternelles impatientes... Je passe par ici à tous les jours et c'est maintenant que les patates douces (Ipomoea batatas, Sweet potato) atteignent tout juste leur débordement, et révèlent leur luxuriante tropicalité.  À la toute fin de la saison... à temps pour les ranger, quoi! Une alternative (je le répète): mettez-y des Vignes du rivage! (Vitis riparia, River Bank Grape). C'est une espèce vivace, résistant à tout et produisant des petits raisins... Côté luxuriance, elle n'a rien à envier à la patate, aussi douce soit cette dernière... La Vigne des rivages est indigène, vivace, non-gélive et utile aux oiseaux. On ferait des économies en plus...  

Avançons...


 
Note: Faut pas que j'oublie d'aller inspecter cette ruelle "verte", volontairement verdie avec effort citoyen et dépense. Qu'en reste-il? La flore spontanée semble avoir remplacé les herbacées qu'on y avait planté. Sans soins assidus c'est inutile.



Coin avenue du Parc. On le plante en masse: le Chêne à gros fruits (Quercus macrocarpa, Bur oak). Espèce magnifique, naturellement présente dans la région, adaptable à tous les sols et supportant l'environnement urbain. Étonnant de voir ces jeunes sujets (plantés il y a un an ou deux sur l'avenue des Pins) qui produisent déjà des glands. Ils sont les plus gros (cela a peut-être inspiré le nom de l'arbre?) et sont très reconnaissables à la frange qui borde la cupule portant le gland.



Explorant les coins et recoins urbains, j'aperçois au loin la belle cime ci-haut (hum... cime ci-haut... est-ce assez euphonique?). Quel est ce grand arbre?

 

Surprise! C'est un très beau Chicot févier (Gymnocladus dioicus, Kentucky coffeetree) au long fût, un peu inhabituel. L'arbre porte des branches basses normalement. Celui-ci non et il fait au-delà de vingt mètres, ce qui est pas mal du tout pour l'espèce. 

Je vous le montre de deux points de vue, également élégant sous toutes les coutures. Quel gracieux feuillage. Les feuilles de l'arbre sont énormes: elles font jusqu'à 60 x 90 cm. Je crois bien en avoir prise une qui faisait un peu plus...



La voici cette feuille géante. Il n'y a qu'un seul point d'attache du pétiole sur la branche: ceci est bien une seule feuille. On dit: feuille doublement composée ou composée-bipennée. À partir du pétiole central, des rachis portent des folioles sur des pétiolules. C'est évident! La feuille ci-haut fait 90 cm justement. Pas facile à photographier! Feuille au plancher, moi perché dans l'escabeau...



Toutes ces déambulations, pourquoi donc? 

Je venais revisiter le réservoir McTavish sous l'actuel Parc Rutherford. La façade rocheuse ci-haut résulte de la coupe du piémont pour creuser le réservoir vers 1850. Vers 1950 on recouvre le réservoir et ça nous a donné ce parc. On y fait actuellement des travaux et on a "régularisé" la "falaise". Bien des arbres y sont passés… Ceux qui restent ont les racines exposées... Disons qu'on en a pas pris grands soins. Il y avait ici entre autres des sorbiers (Sorbus americana, Sorbier d'Amérique) perchés sur le roc. Very romantic. Disparus! Dommage, ces derniers étaient trop bien à leur place. Le nom anglais de cet arbre est Mountain ash, cela lui rend très bien justice. 

Coincés entre le sommet de la falaise et l'avenue des Pins derrière, ces arbres forment un boisé linéaire. C'est une haie urbaine selon ma propre définition. En milieu anthropique sa diversité est d'origine complexe, avec quelques aspects intéressants. Tout d'abord
le lien avec la montagne est évident. Certaines de ses espèces fruitières ont probablement migré ici. 

Mais il y a aussi d'autres fruits...



Malgré le ciel couvert et les nuages menaçant derrière la montagne, il faisait très chaud, je n'étais sorti que pour une heure, une heure et demi croyais-je, je n'avais pas apporté d'eau. Je suis sur la route depuis plus de deux heures maintenant. Alors la soif. La soif et un petit creux. 

Justement, les haies ont habituellement des pommiers,  peut-être est-ce même un élément nécessaire, constitutif... Je suis déjà venu, je savais qu'il y en avait ici. Des pommes? J'en ai trouvé, juteuses et délicieuses en plus! Tout va mieux.

En campagne, comme en ville, le long du chemin (ou du trottoir...), le promeneur croque sa pomme puis sème ainsi le coeur de la haie... 

Merci au promeneur qui m'a précédé!

 



lundi 6 mai 2013

La Vigne vierge





La Vigne vierge (Parthenocissus qinquefolia, Virginia Creeper) bronzifie les murs de pierre.


samedi 13 octobre 2012

Au pied du Mont Yamaska




Approche du Mont Yamaska : ça ressemble vraiment à un mont!


Je n'aime pas beaucoup qu'on nomme "collines" la chaîne de montagnes majestueuses que sont les Montérégiennes. Tout juste puis-je admettre le mot "mont", en reconnaissance que les Andes ou l'Himalaya sont un peu plus portés vers l'altitude. L'irrespect réducteur par empressement diminutif ne s'arrête pas là, on dit même: un chaînon. Un chaînon, c'est un petit bout de chaîne! Inacceptable. C'est le langage des jaloux qui n'ont pas comme moi la circonstance tellement heureuse d'avoir un de ces Monts (avec majuscule, oh! si!) dans sa cour. Le Mont Royal est à portée de main (ou de Kodak à numéro du moins) depuis mon balcon. Je suis voisin d'un sommet. Et vous? C'est ce que je croyais...




Les dix Montérégiennes:  Source carte



Je ne connaîs personne qui arrive à nommer les dix Montérégiennes. Au plus mieux sept, huit ou neuf. Encore moins à les placer correctement dans la géographie, sur une carte. Ce que nous sommes ignorants! Moi-même (si, si) ce matin je découvre que cette CHAÎNE se poursuit au-delà du continent et décore l'Atlantique (par le fond je crois)! Si ces titanesques pitons ne sont pas des volcans par chez nous sur la plaine du Saint-Laurent, ils en sont de véritables (quoique pris de sommeil apparemment) sous la Grande Mare. J'ai d'ailleurs lu que ceux-là aussi on les appelle collectivement "chaînon". C'est désarmant de miniaturisation mesquine.


Trouvez ici un peu plus d'information sur tout cette géologie: Montérégiennes.
 
Ne manquez pas cette photo satellite d'hiver



Église Saint-Paul, Anglicane. 1822



Nous avons traversé de superbes paysages peints de ces couleurs qui font de l'automne une saison post-estivale idéale. (comment donc renouveler les commentaires sur nos beaux feuillages d'automne?) Partout on trouve des vergers de pommes et on s'est bien régalé de quelques variétés. On trouve maintenant de plus en plus de vignobles aussi.




 Vue de Yamaska depuis le cimetière de l'Église.


Que vient faire l'Inspektor des Mauvaises Herbes par ici? C'est sur les indications indirectes d'une correspondante presqu'anonyme (merci bien) que je suis venu visiter en compagnie d'Hélène Sarrazin le Mont Yamaska à la frontière des Appalaches. Plus précisément c'est le Rang de la Montagne à Saint-Paul d'Abbotsford (village collé au pied du Mont) qui commande notre exploration: sur quelques kilomètres on y trouve en effet une collection originale d'arbres rares.




Quelques tombes sous un grand érable à sucre.


Je suis bien content que la correspondante m'ai rafraîchi la mémoire en m'indiquant le site de la Pépinière Lafeuillée près de Joliette. Bernard Contré, le pépiniériste spécialisé en arbres nucifères, a généreusement (et fort commodément…) mis en ligne sur son site web une carte et des informations sur les différentes espèces de noyers et autres arbres rares que l'on trouve par ici.




Couleurs post-estivales de saison.
 

Mais la saison est bien avancée dans cette terre de pomme et de vin. Les noyers étaient difficiles à distinguer sans les feuilles (souvent déjà absentes) et surtout sans les noix... je n'en ai trouvé que quelques-unes du noyer noir (Juglans nigra) et une seule du noyer de Mandchourie (Juglans mandshurica).

Faudra repasser l'année prochaine!



Un grand spécimen de Caryer cordiforme (Carya cordiformis)


Nous avons fait la pause-sandwich à l'église et une visite du cimetière s'imposait. Un superbe spécimen de Caryer cordiforme imposait le respect: c'est le plus grand que j'ai vu.



Photo Pierre Bona, Wikipedia.


J'ai trouvé cette photo post-automnale du même arbre.   




Photographié ce matin: le Mont Royal. 


Nous avons aperçu bien d'autres arbres intéressants. Je trouverai bientôt j'espère le temps de vous parler plus longuement de ce Rang de la Montagne à Saint-Paul d'Abbotsford.
 

Bon samedi!






jeudi 23 août 2012

Ruelles et autres lieux






Récolte dans une ruelle. Pas mal, non? Je ne connais pas les 3 variétés de vignes (les cépages) dont les raisins ne sont pas encore mûrs. Sauf les plus petits à droite, assez bons. La figue, mûrie dans l'arbre, savoureuse comme jamais, est le produit de cette agriculture urbaine de toujours. Les grecs et les italiens ont toujours eu des potagers en ville, poussant la reconstitution de leur bout de terre natale jusqu'à faire dans la figue.


À la goûter on comprend...

 
Sur la photo, une petite partie donc de ce qu'on peut trouver dans une ruelle. En fait les cerises de Virginie, très astringentes mais à portée de mains et aimées des enfants, viennent du Champ des Possibles par où je suis passé en revenant de cette ruelle du Mile End avant-hier.


Je suis toujours en vacance de blog, occupé à quelques autres choses. Bientôt je vous parlerai du Bioblitz de samedi dernier au Champ des Possibles. Et de ruelles vivantes. Et quoi d'autre encore?


Ah, oui! J'attends vos billets et photos pour le Festival Flora Urbana. Vous me direz : l'été a été bon? La récolte, bonne? Quel fruit le temps a-t-il produit? Quel est son goût?


À bientôt!




mercredi 25 juillet 2012

Miel de Mur




Près de chez moi sur un mur de brique.


Une plante grimpante bien commune, qui fait du vert à grande échelle dans des endroits autrement impossible à verdir: les murs. Par ici on appelle cette vigne lierre de Boston. Ailleurs le Parthenocissus tricuspidata se nomme vigne-vierge japonaise ou vigne-vierge à trois pointes. C'est une espèce de la famille des Vitacées (14 genres et environ 900 espèces), comme les raisins. Cette plante vient d’Asie de l'est (Chine, Corée, Japon, Russie) et est largement cultivée comme plante ornementale en Europe et en Amérique.


Le nom de genre Parthenocissus vient du grec parthenos (vierge) et kissos, (lierre);* l'épithète spécifique tricuspidata veut dire à trois pointes et cela décrit assez bien la feuille. Malgré le nom générique elle ne se reproduit pas par parthénogénèse… elle est pollinisée par des insectes afin de produire ses fruits qui sont non-comestibles (pour les humains mais les oiseaux en raffolent!)



Ce sont les pétales et les étamines caduques qui tombent et couvrent le trottoir. La veille tout cela état bien vert mais je n'avais pas mon appareil photo. Dommage le cliché aurait été bien décoratif.


Elle est communément plantée depuis longtemps afin de végétaliser les murs et elle gagne à nouveau en intérêt afin de réduire la chaleur urbaine. Mais cette plante grimpante n'a pas qu'une valeur esthétique ou une fonction de régulation thermique, elle a aussi une écologie discrète: j'ai noté qu'une bonne dizaine d'espèce d'hyménoptères (guêpe, abeilles et fourmis) différentes la visitaient.



Le site d'étude: mon balcon et le lierre Boston. Sans oublier mon attrape-plantes!


C'est une écologie assez particulière à coup sûr! La plante n'est pas indigène, tout comme une bonne partie des insectes que j'ai observé la visitant… le milieu urbain est en effet une singularité en terme biologique. Ce sont souvent des écologies nouvelles, anthropogénérées, composées d'espèces réunies artificiellement qu'on y observe. Il est par ailleurs intéressant de songer que cette plante et la plupart des insectes mentionnées dans ce billet se retrouvent, tout en groupe, un peu partout dans l'hémisphère Nord puisque tout ce bazar (plante et pollinisateurs) est implanté partout!




Si vous observez attentivement un thrips se cache derrière une étamine.

Un mot sur les fleurs minuscules mais nombreuses du lierre de Boston. Sur la deuxième photo de ce billet vous voyez les pétales qui couvrent le trottoir au pied du mur où pousse la plante. Je disais qu'ils étaient caduques: ils se détachent de la fleur et tombent. Quand la fleur est encore en bouton chaque pétale forme un capuchon parfaitement ajusté sur un étamine. Quand la fleur s'ouvre pensez alors à une banane que l'on ouvre par les lanières que l'on rabaisse. D'ailleurs sur la photo ci-haut vous voyez un peu de pollen dans ce capuchon. La fleur est d'abord mâle un court moment puis les pétales et les étamines se détachent, la fleur devenant alors fonctionnellement femelle, prête à recevoir le pollen des autres autour. Les fleurs s'ouvrent ainsi sur quelques jours et du nectar est disponible tout ce temps.


Rencontre de deux espèces d'abeilles sur le lierre de Boston.


Il y a toujours des insectes qui visitent les fleurs. Sur la photo ci-haut ce sont deux abeilles différentes qui font provision. En haut d'abord c'est une abeille mégachile, une découpeuse de feuilles (probablement Megachile rotundata) qui prend du nectar et du pollen sans toutefois découper les feuilles. Elle utilisera des morceaux de feuilles (bien enroulés en cigare entre ses pattes) d'une autre plante pour tapisser ses nids qu'elle garnira ensuite de pain de pollen et de nectar pour nourrir les larves. Contrairement à l'abeille domestique et aux bourdons qui ont des corbeilles sur les pattes où accumuler le pollen, l'abeille mégachile a une brosse sous l'abdomen où elle stocke le pollen.



Une autre espèce d'abeille (indigène) qui semble s'intéresser au pollen cette fois.


À quelques centaines de mètres de chez moi on a installé des ruches d'abeilles domestiques dans un jardin entouré d'une haute muraille de pierre grise. Depuis l'an dernier j'observe donc des abeilles à miel un peu partout dans le quartier et elles visitent mon lierre de Boston. Il y a quelques semaines c'était ma vigne vierge, le Parthenocissus quinquefolia, qui avait la même attention de tous ces insectes. (Voyez aussi  ce billet du 7 mai)



Il y avait aussi cette fourmi assez pressée.


Je savais que cette plante est mellifère, mais je n'avais pas observé directement la chose. La quantité de nectar n'est même pas visible… mais son apport (la quantité) en nectar est réputé excellent. Je ne sais pas si c'est à cause du grand nombre de fleurs ou peut-être que la petite la production de chaque fleur s'étend sur plusieurs jours. Cela fait néanmoins un excellent miel, "riche, foncé et fruiteux" dit-on. Je n'y ai pas goûté.


Je n'ai pas photographié les bourdons (genre Bombus) qui y prennent du pollen et du nectar et les guêpes (Vespula et autres) qui avaient aussi à faire par ici dans la grande verdure du lierre de Boston.


Les feuilles bien colorées à l'automne signale la disponibilité des fruits.


Outre le simple verdissement ou les services environnementaux de régulation de température et de filtration de l'air le Parthenocissus a donc des fonctions écologiques importantes en milieu urbain. Il représente une ressource pour de nombreux Hyménoptères.


En plus maintenant je sais qu'il fait du miel et celui qui sera produit dans le quartier aura un peu de nectar de mon lierre de Boston. Mais je ne pense pas avoir l'occasion de goûter à ce miel de mur.






La fourmi, toujours pressée, s'en retourne, nous menant vers d'autres aventures, loin de mon balcon cette fois: vers le fleuve Amour.








mardi 26 juin 2012

Vigne vierge







La Vigne vierge, Parthenocissus quinquefolia est une Vitacée, la famille de la vigne. Elle fait de petits raisons non comestibles (les oiseaux s'objecteront à cette qualification toutefois). Elle a aussi de fleurs insignifiantes. 


Un peu moins vues de près...






De près ou de loin, les abeilles ne sont pas d'accord!


Ces fleurs insignifiantes (pour nous) donnent un peu de nectar et du pollen. La floraison est brève et les abeilles se pressent. Je devrais dire les Hyménoptères, parce qu'il y avait aussi des guêpes et des fourmis. 


Bien plus qu'il n'y paraît, avec un effort, vous pouvez constater  qu'il y a de nombreuses abeilles de toutes sortes qui s'intéressent à cette folle vigne, vierge et volubile : elle a atteint le troisième plancher où j'habite!






mercredi 7 septembre 2011

Bon-air prend l'air



Murmure au pied du mur


Rue Jean-Talon, Montréal, en sortant du métro, devant la Maison de l'Italie le terrain défait par des rénos (?). Une invasion biologique, à peine moins pernicieuse que la berce du Caucase (mettez un smiley ici…). La verveine de Buenos-Aires (Verbena bonariensis, purpletop vervain, p.279), sur un sol presque nu.



 Le bon air d'Italie pour la verveine de Buonos-Aires.


Marchant rapidement je n'ai pas confirmé que la brassicacée à fleur jaune est bien ce qui semble le diplotaxe des murs (Diplotaxis muralis, annual wall-rocket, p. 157). Un choix judicieux ce duo, tant pour les couleurs que les formes (mettez ici une envolée lyrico-descriptive de votre choix). Que fait ici cette verveine?



 Au milieu de la rue: bégonias, autres trucs, verveine et patate douce...


Le jardinier du léger chaos a encore frappé, installant à côté du trottoir ces deux espèces spontanées. Formellement "ça marche", comme disent les gens qui s'y connaissent. Pas plus que vous je ne sais ce que ça veut dire mais je suis d'accord. Je trouve que c'est mieux réussi que le terre-plein ci-haut, planté (à tous les ans le même) entre les voies de la rue Jean-Talon. La non-intention du couple diplotaxe/verveine a au moins une valeur biologique, fusse-t-elle d'origine chaotique.



Le milieu de la rue Jean-Talon. C'est pas Buonos-Aires mais la verveine vient de là néanmoins.


La verveine s'est échappée en se ressemant  depuis le milieu de la rue. Le diplotaxe est arrivé on ne sait jamais comment. Il affectionne les murs ou, ici, les pieds de murs. Complétons ce duo spontané toutefois. Un couvre-sol est nécessaire. Mais quoi?


"Hum, c'est bon ce nectar de Buenos-Aires" dit la mouche.


Comme sur cette rue passante, on plante beaucoup de ces ipomées (patates douces) au feuillage vert-vert-vert qui donne un pseudo-look de luxuriance. "C'est beau". On pourrait peut-être faire "c'est juste" en mettant quelques vignes indigènes vivaces… Ça retombe aussi… Économie et utilité biologique d'une plante qui résisterait au site ingras: la vigne des rivages, tiens…

Mais c'est moins vert… "C'est moins beau"… pourtant "Ça marche"… tout seul… Maintenant avec quoi remplacer ces affreux bégonias et autres jolies choses...

Isabelle Dupras a-elle des propositions?



dimanche 26 septembre 2010

Place à la nature?


Tout un programme: mais c’est raté!


Afin de favoriser la biodiversité urbaine nous devons ré-examiner nos façons de concevoir et de faire nos aménagements paysagers et autres verdissements. L’utilisation d’espaces résiduels, marges d’infrastructures ou terrains vagues, nous offrent des opportunités uniques de partage de l’espace avec “les autres”, ces centaines d’espèces qui vivent avec nous. En regard des discours officiels sur la biodiversité et vu les limitations budgétaires et la rareté des espaces, nous devons tirer le meilleur parti possible des opportunités qu’offrent ces espaces résiduels. La plus grande difficulté de faire un peu de place à la biodiversité réside en fait dans nos cerveaux. C’est que nos représentations de l’espace vert et de sa vocation manque de discernement: nous oublions qu’il s’agit aussi d‘habitats (réels ou potentiels) pour bien des petites choses...

À partir d’une de ces occasions ratées de création d’un habitat, je vais esquisser quelques façons différentes et écologiquement adaptées afin de mieux rencontrer nos obligations.




View Pauline-Julien in a larger map
Carte localisant la butte de la rue Pauline-Julien


Près du Centre-Ville de Montréal, les rares zones encore “développables” sont habituellement les zones post-industrielles près de la voie ferrée. À la limite nord de l’arrondissement du Plateau Mont-Royal (voyez la carte Google ci-haut) quelques rues dont la rue Pauline-Julien sont nées de la construction de plusieurs grands ensembles résidentiels. Le quartier est très en demande et tous ces gens se sont librement installés devant ce qu’ils considèrent ensuite une horreur: la voie ferrée. Alors on leur a fait (à nos frais publics) un écran de béton sur une butte afin de ne pas trop perturber leur vue et leur qualité vie. Mais comme le béton est encore plus horrible que le chemin de fer on se mit à végétaliser (surtout par la plantation d’arbres) afin de cacher cet affreux mur, un écran cachant un autre écran.



 Vue de la rue Pauline-Julien vers l’ouest, fraîchement fauchée.

Une belle grande bande végétalisée et lentement enrichie d’espèces spontanées, dont tout le catalogue des “mauvaises herbes” de la voie ferrée (et bien d’autres choses...) s’installe sur l’espace nouvellement créé. Mais voilà: des résidents se plaignent ensuite de toute cette végétation sauvage et des dangers (?) que cela représenterait. “C’est pas propre!”. "Ya des voleurs qui s’y cachent”, etc. Les services municipaux ont les mêmes représentations sur la nature en ville. Faut que ce soit propre! Faut rectifier! Ils vont alors au-devant des “besoins” des résidents et agissent. D’une main ils plantent des affiches annonçant que dorénavant on fait place à la nature, et, de l’autre passent la faucheuse sur tout l’ensemble. Assez perplexant! Non?




Un des nouveaux ensembles immobiliers, style “maison de ville” je crois.

Il y a en fait tout un ruban de nature potentielle sur ces bandes de terrains le long de la voie ferrée de la rue Saint-Denis jusqu’à la rue Papineau, et c’est plus d’un kilomètre de butte-écran qui a été ouvragé. Ce sont donc des fonds publics qui, par du grand terrassement puis du verdissement, subventionnent et maintiennent la valeur immobilière de ces habitations. Il faut probablement voir ici une formule qui compte sur un retour éventuel en taxes foncières de l’investissement public. Ça fait donc l’affaire de tout le monde. Dossier réglé!

C’est comme ça, je ne peux rien ajouter! Sauf ce qui suit: nous manquons ainsi l’occasion de faire d’une pierre deux coups! Nous avons collectivement des discours et des engagements envers la biodiversité. Nos verdissements des espaces résiduels puis leur gestion doivent en tenir compte. Des fonds publics ont permis ces travaux et il est possible de satisfaire le besoin d’un écran pour ces résidents tout en remplissant nos obligations envers la biodiversité. Nous devons enrichir ces plantations avec des espèces à haute valeur écologique: nectar pour les abeilles, fruits pour les oiseaux, etc. En masse! Avec générosité!





Bêtement plantés sur deux rangs, 4 ou 5 espèces d’arbres. À quoi bon?

Il faut surtout augmenter l’expertise de nos services d’horticulture en la matière:  suffit-il vraiment de planter 4 ou 5 espèces d’arbres pour se mériter le label “biodiversité”? Il faut aussi faire un peu d’éducation à la tolérance (au minimum...) de la part des voisins de ces nouveaux habitats. Ce sont après tout des infrastructures publiques d’une utilité certaine: qu’ils en prennent note! Qui se plaindrait d’avoir une vue sur un parc ou le mont Royal et d’entendre des oiseaux... et de voir ainsi la valeur de sa propriété augmenter?

La géométrie orthogonale est peut-être la meilleure pour les humains... mais certainement pas pour la biodiversité. La photo ci-haut nous montre un paysagisme de catalogue sans aucun effort, aucune imagination ou générosité. Les besoins d’un site naturalisé sont distincts des besoins d’un ensemble d’habitation. La routine d’une plantation rectiligne a peut-être sa place dans un environnement formel comme un parc ou un ensemble d’immeubles. Mais elle est assez incongrue dans une zone où c’est la biodiversité qui est visée. Il n’y a par exemple que les espèces d’oiseaux les plus communes (étourneaux, pigeons et moineaux), parfaitement habituées aux humains et capables de se débrouiller avec ces drôles “d’installations” qui viendront ici. Les autres éviteront. La faible diversité des oiseaux vous étonnent? Quelle place leur fait-on? Déjà de l’autre côté de ce mur sur la voie ferrée la diversité des oiseaux est plus grande...





Planter des arbres comme on dessine des rues...

Même le choix des espèces d’arbres me laissent perplexe. On y planté des érables de Norvège et des marronniers glabres, des micocouliers et des cerisiers ‘Schubert’, des frênes et quelques pins. Ce ne sont certainement pas des choix en fonction de l’indigénat qui ont été fait. Alors pourquoi de pas inclure des espèces à croissance rapide et parfaitement adaptée au milieu urbain? Ou conserver les arbres qui s’installent tout seul... Ce qui ne convient pas sur un trottoir ou un parc mérite certainement une sérieuse reconsidération dans un milieu en “naturalisation” comme cette butte. Source d’économie assurée (combien coûte une graine d’érable à Giguère, de frêne, de peuplier, etc.?) et effet immédiat... Un érable à Giguère croît jusqu’à 2 m et plus en une saison... Les cerisiers de Virginie s’installent tout seul, les frênes arrivent rapidement aussi, et les peupliers, etc. Je ne parle même pas des impacts positifs, de ces fameux services environnementaux gratuits (vraiment gratuit dans ce cas) que fournissent rapidement  ces arbres. L’économie qui en découlerait permettrait l’achat d’arbustes à fruit et d’espèces herbacées vivaces. Why not?




Et pourquoi ne pas planter de sorbiers sur nos buttes? 

Comme chez cet ensemble de condos où on a apparemment choisi les arbres (des sorbiers des oiseleurs, Sorbus aucuparia) en fonction de la couleur des fruits qui s’agencent avec la couleur de la brique... Choisir en fonction de critères esthétiques ou écologiques, selon une différenciation du site n’est pas une mauvaise idée. Une classification de tous nos espaces verts est souhaitable. Si le promoteur à travers un paysagiste a pensé à planter ces arbres, comment se fait-il que personne n’y ait pensé pour la butte? Les sorbiers sont trop petits? Ils font de sales fruits sur le trottoir? Ils ne vivent pas longtemps? Et quoi encore? Ce sont des critères peut-être pertinents pour une plantation sur un trottoir mais dans un “site de verdissement écologique” c’est à côté de la plaque. Le merle américain s’en fout. Pour lui tout cela est bon.




Le marronnier glabre (Aesculus glabra) pour qui ce beau jaune? Pour la biodiversité?

C’est un choix assez douteux que d’introduire des espèces en fonction de critères esthétiques. Le choix de cultivars aussi est une solution facile. Même les troncs sans branches des arbres standards de la pépinière, nécessité sur un trottoir, sont totalement incongrus dans un site de “naturalisation”. Un autre détail à examiner!

Prenons maintenant le cas du marronnier glabre ci-haut. C’est un arbre non-indigène et ses fruits attrayants pour les enfants (parce qu’ils ressemblent à des châtaignes ou “marrons”) sont toxiques. Mais comme il a de belles fleurs au printemps et de belles couleurs automnales il est jugé “acceptable”. Il est étonnant que des critères esthétiques permettent sa plantation malgré sa toxicité et son non-indigénat. Alors que l’érable à Giguère (Acer negundo) ou le robinier faux-accacia (Robinia pseudaccacia) eux aussi non-indigènes, mais utiles à la biodiversité et tolérant du milieu urbain, avec une croissance rapide, ne se voient pas accorder le même respect: ils sont jugés indésirables! Les critères utilisés me semblent bien obscurs... Ou improvisés! Ad hoc!




Un pin, d’accord. Et des viornes, des aulnes, ou des cornouillers, pourquoi pas?

Le paradigme “espèces indigènes” ne conduit même pas à choisir un arbre-emblématique de l’île de Montréal, de son écologie et de son histoire: la simple et magnifique aubépine, le glorieux cenellier (Crataegus spp.). Ses épines sont-elles plus dangereuses que les fruits toxiques du marronnier glabre? La butte dont il est question ici n’est pourtant pas aménagée pour la circulation humaine. Pourtant l’aubépine est probablement le petit arbre le plus utile à la biodiversité: site de nidification recherché par de nombreuses espèces d’oiseaux, fleurs à nectar au printemps, des dizaines d’espèces d’insectes de tous ordres le fréquentent et s’en nourrissent, des petits mammifères grignotent son écorce, etc. Ses fruits sont de plus une importante nourriture d’automne et d’hiver pour les oiseaux et petits mammifères. L’arbre-roi couronné par l’ensemble de la biodiversité! Épines comprises! Alors, nous en plantons?

Nous disons faire pour la biodiversité mais nous plantons des espèces qui ne conviennent qu'à nos goûts!




Peinture murale de Caroline Grosd’Aillon dans l'entrée du plus récent immeuble.

La peinture murale ci-haut pourrait être une aubépine en fleur! Préférons-nous une représentation de la nature dans l’entrée d’un immeuble à cette même nature en vrai juste en face?

Si nous souhaitons être jugé favorablement en regard de nos discours sur la biodiversité il faut en arriver à une gradation de ces choix en fonction du contexte: s’agit-il d’un trottoir, d’un parc de détente ou d’un milieu “naturel”? Le choix des plantations est ainsi plus rationnel et une gestion différenciée de l’entretien de ces espaces peut être mise en place.

Le champ est ouvert pour la création d’habitats riches pour la biodiversité en milieu urbain. Il faut pour cela se départir du regard anthropocentriste (esthétique et autre) que nous avons. Si vous êtes une mésange qui pèse quelques grammes vous aimez la sécurité que représente un branchage touffu. Vous aimez aussi une variété d’espèces végétales offrant une variété de ressources: abri, matériau pour le nid, plus grande diversité d’insectes ou de fruits, etc. Ce qui convient à cette mésange est à peu près exactement le chaos qui nous fait tant horreur, le bordel qui nous fait craindre un impact négatif sur la valeur foncière de notre domicile. Il s'agit d'une simple méconnaissance.

Une vue sur la nature du Mont Royal a un impact “positif” sur la valeur foncière  (et la qualité de vie...) partout autour. Pourquoi cela devient-il un facteur négatif sur la rue Pauline-Julien ou ailleurs?




La butte “naturalisée” de la rue Hélène-Baillargeon, près de Saint-Denis. Effrayant?

Il est craindre que la butte de cette autre section (la première construite en fait) portant le nom de rue Hélène-Baillargeon, connaisse le même sort que celle de la rue Pauline-Julien: une rectification majeure s’en vient. Sur cette vue d’ensemble nous avons une idée de ce que serait devenu les sections “corrigées” par la fauche sur Pauline-Julien.

Le même style paysager (!?) avec une plantation des arbres sur deux rangs: à l’arrière-plan contre le mur de béton des tilleuls (dont les feuilles tourneront au jaune bientôt) et devant des cerisiers “Schubert” (encore ce foutu rouge!). La densité de la végétation s’explique par les plantations de vivaces à l’origine. Mais il faut aussi constater que toute la flore de la voie ferrée s’est ammenée à son tour. Il y a donc de tout! Framboisiers, carottes sauvages, onagres, vignes des rivages, verges d’or et asclépiades, vinaigriers et verveines, herbe à poux et eupatoires. De tout! Et j’en oublie... Ce qui suit surtout....




Cette jeune aubépine vaut cent cerisiers ‘Schubert’. Va-t-on la protéger?


Il y a même une rareté des plus intéressantes: une jeune aubépine spontanée. C’est que  nous sommes à 200 m de la seule aubépine sauvage (Crataegus canadensis) qu’il reste dans l’arrondissement! J’ai le spécimen (qui est mal en point) à l’oeil depuis quelques années et c’est un écotype montréalais à préserver à tout prix. Vous croyez que sa trop rare progéniture survivra au travail des employés de l’arrondissement?

Le nettoyage s’en vient-il? Ce serait une perte cruelle!




Les fruits de la dernière aubépine sauvage du Plateau?


La place à la biodiversité urbaine est-elle si difficile à accommoder? La plus grande difficulté réside dans nos têtes. Ai-je semé une graine en terre fertile?

SAUVONS L'AUBÉPINE!