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vendredi 11 octobre 2013

Place Gérald-Godin: bel ombre et moults glands



Coin Rivard: une bonne dizaine de Chênes rouges qui commencent à avoir de l'ampleur.

J'habite sur la rue Berri, près de la station de métro Mont-Royal, c'est ma station… je passe par là quelques fois par semaine depuis bien longtemps. Je me rappelle même très bien du temps où la Caisse Pop (photo ci-bas) était ici… Plus récemment je me souviens quand on a refait l'édicule du métro et toute la place autour (démolissant l'édifice de la Caisse). Je me souviens aussi quand on a planté tous ces arbres: des Chênes rouges (Quercus rubra, Red oak). Ceux-ci commencent à prendre de la maturité et produisent bel ombre et moults glands.


La murale peinte sur le mur de la Caisse Pop. Photo: François Déry, 1971.

À la faveur d'un projet d'une certaine importance, un groupe (ici) dit vouloir repenser cette place Gérald-Godin autour de l'entrée du métro sur l'Avenue du Mont-Royal, entre la rue Berri et Rivard. Comme c'est chez moi, ça… j'ai un mot à dire… Puisqu'il s'agit d'arbres je lève l'oreille. 

Après un argumentaire complexe et des statistiques presqu'intéressantes sur la nécessité d'une nouvelle Maison de la Culture/Bibliothèque, etc., le groupe annonce vouloir améliorer la place. Tabula rasa, évidemment. Hors la place est partiellement occupée par un groupe d'arbres planté en 1996 avec des bancs en-dessous. Voilà: ça gêne la nouvelle idée de la semaine. Parce qu'entre autre, on veut mettre en valeur le patrimoine architectural, dit-on. Ce sera apparemment au frais d'un autre patrimoine toutefois: les arbres qu'on vient d'y planter. Un patrimoine arboricole en devenir, tué dans l'oeuf… On me dira qu'on ne fait que les déplacer… ces arbres sont du mobilier, non? Drôle de perception... Moi je trouve que le mont Royal gêne ma vue sur la patrimoniale ville de Westmount. On peut arranger cela?


Je vous montrais cela il n'y a pas longtemps.

Je ne vais pas discuter du mérite ou non de ce projet immobilier. D'abord, moi ma bibliothèque c'est la Grande qui est à quinze minutes de marche sur ma rue. C'est comme ça: j'habite entre un petite biblio médiocre à 10 minutes et une Grande pas si mal. Alors une nouvelle bibliothèque, je sais pas. Quant à la salle de spectacle je n'ai pas d'opinion. J'aime pas les spectacles. Et la salle d'expo? Je serais pas mécontent d'accrocher mes machins sur les murs de l'actuelle salle. Mais on peut toujours faire mieux (pas que d'y d'accrocher mes oeuvres, malins!), je suppose.


Je ne crois pas qu'on pense à ce Chêne pédonculé sauvage... aucun intérêt!

On déplacera donc les arbres à grands frais et gros risques et pour compenser on mettra des minuscules toits verts! L'illustration ci-bas n'est pas assez précise sur les intentions: on trouve déjà cinq Chênes pédonculés plantés en ligne et deux autres (dont un sauvageon) près de la rue Rivard (photo ci-haut). Et quoi? on va y coincer les dix Chênes rouges en plus? Je suis pas sûr d'approuver cet empressement peu réfléchi! Mais comment être contre des toits verts? Hein? Comment? Quand on sait qu'ils n'auront la même (soyons technocrates) prestation de services (environnementaux) que celle de ces arbres! À mon avis c'est un bien curieux et médiocre calcul de green-washing… Comme on dit, pour la canopée urbaine, c'est pas d'avance...


Ci-haut, le projet. Faut-il vraiment minéraliser pour apprécier le patrimoine?

D'ailleurs pourquoi faut-il toujours concevoir les places publiques sous la forme de fours à convection? Retirer les arbres et les foutre là où personne n'ira puis minéraliser mur-à-mur. Ce n'est pas mon idée d'une place publique accueillante. Ce n'est certainement pas tenir compte de la variété des usages actuels de cette place. Si au moins on pensait à y mettre de l'eau! Par ailleurs les abreuvoirs (fontaine si vous êtes ailleurs qu'à Montréal) semblent avoir été totalement évacuées de la tête des aménagistes et autres designers. Comme les arbres, c'est probablement considéré accessoire...


Échangeur Turcot: ça circule magnifiquement!

En 1996 la Place Gérald-Godin a été entièrement refaite. Maintenant ces nouveaux gens affairés, à la sensibilité minérale excessive, veulent déjà la refaire. Réparer, bien sûr, on ne peut être que d'accord, l'usage est effectivement intense. Mais pour cette nouvelle mouture de la place les Chênes rouges gênent le schéma de la circulation, cette abstraction fantasmée, avec comptage de pas perdus sans doute. Cela ne se distingue pas des massives inventions modernistes pour la bagnole. La solution est toujours: du béton! Il faut que ça circule! Vite! Et puis les arbres et l'ombre ça favorise la farniente! Out, les arbres!

Dommage, les arbres commencent tout juste à avoir un peu d'allure. Je ne suis pas sûr qu'on puisse les déménager en criant: Toit vert! ou Culture!

J'ai lu quelques part la rengaine "Une place publique est davantage un lieu de circulation et de rassemblements ponctuels, ce n'est pas un parc de verdure pour se retirer et relaxer." Bon! Après celui sur le bon usage d'un Jardin Botanique, ya maintenant un manuel d'instruction sur le bon usage d'une place publique! Fini la flânerie! Soyez social mais pas trop longtemps! Ça me semble une courte-vue standard de designer: l'observation confirme (si on en avait besoin…) qu'en fait les gens s'assoient à l'ombre (ben oui) des arbres parce qu'ils ont le goût ou le besoin d'une pause à l'ombre. Ils ont le goût de prendre le temps et de discuter ou d'écouter les musiciens. C'est probablement tout un choc pour les concepts abstraits de circulation… ou d'appréciation du patrimoine! Comment arrive-t-on à réduire les humains à des entités sans vie qui passent en nombre abstrait sans besoins physiologiques de base? De l'eau? De l'ombre? Un peu de temps? Vous y pensez?


Une échelle qui convient aux usages actuels. Dans 10 ans ce sera parfait.

On ne veut donc pas d'obstacles ni à la vue ni à la circulation. On le sait, pour les Places, la tendance est à faire plat, comme à la Place d'Armes. À faire plat et enlever les gênants végétaux... les Places c'est du mètre carré signifié par du dallage carré. Idéalement sans ombre. C'est plus mieux. Ça ressemble au dessin.

La place Gérald-Godin fonctionne pourtant très bien il me semble… c'est constamment animé, les gens y prennent une pause et discutent, au soleil ou à l'ombre. Ils ont le choix. Vous voulez mieux? Mettez-y quelques abreuvoirs.
Dans une ville surchauffée, les gens, comme les chevaux, ont, des fois, ... soif! Et ils aiment souffler un brin. Circuler en ville, après tout, c'est passer du béton à l'asphalte, au béton. Puis à une place sans ombre? La ville est déjà bien assez minéralisée. C'est assez réussi. N'ajoutons pas de dallage bon tout juste à faire frire la foule.

Et, de grâce, apprennez-donc à respecter ce patrimoine vivant et signifiant qu'est celui des arbres. Il se construit avec le temps. Donnant tout au long bel ombre et moults glands.




samedi 14 septembre 2013

Brèves



Orme d'Amérique, Ulmus americana

La variabilité des feuilles chez une espèce d'arbre peut être assez étonnante. On sait que les jeunes arbres peuvent avoir des feuilles exubérantes et surdimensionnées. À gauche, outre la largeur surprenante de cette feuille de l'Orme d'Amérique (qui m'a d'abord fait penser à un Orme rouge), il faut noter qu'elle faisait 20 cm de long. J'ai aussi pris cette feuille (à droite) d'un jeune arbre: plusieurs avaient ce petit lobe supplémentaire que je n'avais remarqué que chez un hybride non-identifié, pas sur notre Orme d'Amérique.




Petits Peupliers deltoïdes... Ça commence comme ça les géants! Un jour haut comme trois briques. Demain haut de trois étages. Plus tard haut comme trois buildings.


Toppling the Top-heavy: shocking!!!


Le réaménagement de la rue Laurier a fait des vagues. On y a sérieusement réduit la circulation automobile et installé une piste cyclable. On a aussi élargi les trottoirs et fait un petite place.  Il y a eu pas mal de protestation. Vous savez: le droit divin de la bagnole... Pour ma part, comme ça a donné une place publique bien fréquentée devant l'église et autour de la station de métro je trouve ça pas mal. Je passe par là assez souvent et depuis ce ré-aménagement je vis une expérience assez étrange: en arrivant dans les parages et en traversant je me sens... à l'aise. Je n'ai pas à faire cette étrange préparation mentale et physique d'arriver à une intersection où ça roule vite et fort dans les deux sens... Il fallait se raidir d'attention et avoir les sens alertes et presque retenir son souffle pour traverser les yeux exorbités. Il fallait surtout attendre et attendre... Comme piéton je peux maintenant traverser dans ce même état mental (dans les nuages, disons...) et au même rythme dans lequels j'étais arrivé dans les parages. Même les vélos vous laissent passer... c'est un choc... Tempérer les rapports entre les différents modes de déplacement semble un réussite.

Où le bât blesse c'est l'installation de ces ridiculement énormes et verticaux pots de fleurs en toc. Si les aspects de régulation de circulation semblent porter les fruits attendus, l'aménagement décoratif dignes d'un magazine de déco est un flop ennuyant. Une esthétique de terrasse-jardin privée de bon goût pour nouveaux-riches... Subtile et déplorable gentrification... Faites-le chez vous si ça vous chante, mais ici? Quel est le message? "La ville est le prolongement de mon chez moi confortable"? Ainsi des gens ont été choqué d'incompréhension quand des mecs pas commodes et probablement ivres (n'est-ce pas?) ont renversé nuitamment les pots bien hauts, faits pour être renversés... 

Le sens de la beauté assurée semble avoir des dissidences...




Photo prise en passant par le Champ des Possibles... la campagne en ville... 

Il y en aura pour vouloir rendre ça "beau" ici aussi...

Basta!




lundi 2 septembre 2013

Les haies du Champ des Possibles



Pour le bénéfice des lecteurs de Flora Urbana, je publie ici une version d'un document que j'ai partagé sur la page Facebook des Amis du Champ des Possibles et ailleurs. Vous pouvez télécharger ce document ici.


Un boisé linéaire accidentel: une haie au parc Rutherford. Je vous en ai parlé ici.

Une proposition visant la conservation et l'enrichissement des haies du  
Champ des Possibles 
suivies d'une 

Liste des espèces ligneuses (arbres, arbustes, etc.) 
présentes ou à y planter.



Une haie dans une friche agricole au Cap Saint-Jacques

Depuis le début du projet du Champ des Possibles, nous parlons d'un aménagement minimaliste pour cet espace de rencontre entre la nature et les humains. On y trouve essentiellement deux éléments: la zone d'activités humaines et la zone naturelle. Tout comme nous conservons les sentiers spontanés déjà en place (les lignes de désir) pour la circulation, nous conservons les éléments paysagers (haies et prés) déjà en place. Ces derniers sont les formes de désir de la nature. La règle clairement énoncée pour l'aménagement est bien de faire avec. Il s'agit d'une coproduction.

Comment maximiser la biodiversité en milieu urbain?

Depuis 2009 je donne la même réponse à cette question: elle se trouve au CDP même, dans les haies et les prés adjacents. Ce couple est un produit spontané familier en milieu humain (anthropisé). Ce sont des processus écologiques plus ou moins autonomes qui l'ont dessiné. La forme paysagère de la haie, tant en milieu agricole qu'urbain, est ce qui résiste aux pressions humaines. Elle est ce qui est possible après que les humains se soient approprié presque tout l'espace. Il n'est pas étonnant que les haies soient riches en espèces, denses et morphologiquement complexes: la nature répond à la pression par une densification et une diversification. Elle aménage ainsi avec un art consommé l'espace qui lui permet de s'épanouir. Elle aussi fait avec...

Dans ce texte il n'est question que de l'enrichissement des haies au CDP. Il s'agit d'amorcer le travail d'enrichissement des haies de la zone naturelle. En écologie c'est toutefois l'interface de deux milieux qui est la plus riche en espèces: cela se nomme un écotone ou effet de lisière. L'interface entre une haie et un pré produit justement un écotone. Nous devrons éventuellement aussi planter des herbacées dans ces prés, par exemple: un jardin à papillon.

Depuis quatre ans j'ai visité de nombreuses haies de la région de Montréal afin de mieux comprendre les processus naturels qui s'y déroulent. En milieu urbain dense, certaines sont des vestiges de l'époque agricole, d'autres sont spontanées comme au CDP. En milieu rural j'ai observé des haies matures et exubérantes. J'ai aussi noté les espèces végétales qui les composent.

Tiré d'un livre en préparation (Le Bocage Urbain), ce document propose formellement un "aménagement" s'inspirant de mes recherches et découlant de l'état actuel du CDP pour la partie Sud. Les idées énoncées s'appliquent toutefois à l'ensemble des haies du CDP.


Une haie en milieu agricole à Ville Saint-Laurent (voyez aussi ici)

L'adoption de la forme paysagère de la haie est une solution écologiquement fonctionnelle. Elle répond au problème de la rareté des espaces disponibles pour la biodiversité urbaine.

En milieu agricole, sous le nom contemporain de brise-vents, les haies ont un rôle utilitaire polyvalent: protection des sols contre l'érosion, amélioration du rendement des cultures, etc. On reconnaît bien sûr la valeur de ces habitats et biocorridors pour la faune et la flore mais ces fonctions écologiques viennent souvent en second plan. Elles sont néanmoins bien réelles.

La haie n'est pas un corps étranger en ville. Au contraire, comme la grille urbaine s'inscrit sur la grille agricole d'autrefois, les haies sont omniprésentes, bien que souvent vestigiales, embryonnaires ou peu remarquées. Elles ont des rôles équivalents à ceux des haies en campagne: amélioration de la qualité de l'air, réduction des îlots de chaleur, absorption des eaux de pluie, etc. Bien des problèmes environnementaux sont atténués grâce aux haies. À cela s'ajoute évidemment les bénéfices d'une nature diversifiée.

Réserver des espaces verts pour la biodiversité en milieu urbain ne devient vraiment utile que lorsqu'on s'assure d'une interconnexion entre ces milieux. Si les espaces résiduels (les friches industrielles, par ex.) peuvent connaître une conversion en habitat enrichi, il peut être plus difficile (vu la rareté de l'espace disponible) d'assurer la connexion entre tous les éléments de la mosaïque verte, le bocage urbain.

Toutefois si ce n'est pas tant la grandeur des superficies que la continuité qui est recherchée, les espaces linéaires disponibles sont abondants. Pensez aux abords des voies ferrées, des autoroutes et des autres voies de circulation ou même autour des stationnements.

Tous ces espaces sont convertibles en boisés linéaires diversifiés qu'on peut aussi appeler: des haies urbaines. C'est une solution paysagère qui s'insère naturellement (ou artificiellement…) dans la trame urbaine et qui permet de connecter les espaces verts.

Tant en ville qu'en campagne, la haie est un élément important afin de diminuer la fragmentation des habitats. Nous avons déjà des haies qui délimitent le Champ des Possibles. Celui-ci peut devenir un modèle de l'utilisation des haies...


Quelques définitions: une haie est un alignement d'arbres (naturel ou artificiel). Le bocage est un paysage (rural ou urbain) où on trouve un réseau interconnecté de haies, de boisés et autres espaces verts. 



Bocage agricole "jeune", Île Bizard, 1949

Bocage agricole "mature", île Bizard, 2008

 Superposition des deux illustrations précédentes.

Les trois cartes ci-haut sont des mêmes parcelles agricoles de l'île Bizard et montrent que la croissance des haies en 60 ans est importante. Les connexions qu'elles établissent entre les boisés et les friches sont bien évidentes. La forme paysagère de la haie est une solution écologiquement fonctionnelle.


Les haies du CDP en 2011. Elles sont en croissance et entourent l'espace.

Le CDP dans le bocage désarticulé du Plateau-Mont-Royal.

On peut imaginer l'effet qu'aurait sur la biodiversité l'enrichissement des haies ou leur établissement, le long de la voie ferrée par exemple (la grande courbe partant au milieu à l'extrême droite et touchant le CDP.



 La partie du Sud du CDP.

L'aménagement proposé des haies rencontre les priorités énoncées dans le document-synthèse du Champ des Possibles rédigé en 2009. Tant le caractère patrimonial, par la conservation des "sentiers progressivement dessinés par les passants" que la place à la nature, en "augmentant la biodiversité et les infrastructures naturelles" sont respectés.

L'aménagement ci-haut (le plan de plantation) est en accord avec les lieux et s'inspire des processus spontanés. La morphologie des haies et du paysage seront essentiellement les mêmes et seule la composition des espèces sera modifiée. Plus il y aura d'espèces indigènes, plus l'impact écologique positif sera grand.

L'empreinte visuelle que laisseront ces plantations sera peu perceptible ou, du moins, ne sera guère différente de ce qu'elle aurait été après quelques années de croissance naturelle des haies. Comparer des photos sur seulement cinq années c'est constater que les haies sont en densification. Les oiseaux en sont les principaux jardiniers...

Cet enrichissement n'est qu'une accélération d'un processus déjà en cours. Des cornouillers rugueux (Cornus rugosa, malheureusement détruits) se sont installés ici et là et, lors du Bioblitz du 17 août, une nouvelle espèce d'arbuste a été trouvée: une viorne (Viburnum sp.), les deux espèces sont très attrayantes pour les oiseaux… La validité écologique du concept de l'enrichissement des haies s'est établie avant même que l'on plante le premier arbre…


Vue en coupe, enrichissement de la haie Henri-Julien, CDP

L'illustration ci-haut schématise les caractéristiques d'une haie en milieu agricole. Morphologiquement elle ne diffère guère des haies qui se trouvent déjà au CDP puisque des processus similaires les ont produites. Ces formes indiquent le mode de plantation dense à l'échelle de chaque haie.

La disposition en strates composées d'espèces de différentes tailles, textures et densités produit un ensemble de micro-habitats. Chaque espèce d'oiseau ou d'insecte y trouvera sa niche. 

Les arbres les plus hauts (érables, chênes, etc.) occupent le centre. Les arbres de moyenne taille (de second étage) ou les grands arbustes fruitiers sont plantés parmi ou devant les premiers, les plus petits arbustes se retrouvent en pleine lumière au pied de la haie. Cette construction étagée est une structure naturelle des haies et assure l'ensoleillement maximal de chaque strate. La productivité de la haie s'en trouve optimisée. Cet étagement de la végétation donne une surface foliaire nettement plus grande que celle de la canopée d'un parc par exemple. Les services environnementaux de la forêt urbaine se trouvent donc démultipliés par des haies denses. 

En écologie du paysage, l'effet de lisière est biologiquement le plus productif. La biodiversité élevée des haies s'explique aussi par le fait qu'une haie compte deux lisières. La vue en coupe ci-haut nous montre du côté gauche de la haie le pré d'herbacées et, à droite, la rue Henri-Julien. Une pareille haie du côté opposé du CDP (haie de Gaspé) aura deux écotones, la haie donnant sur des prés des deux côtés. 


                    L'état actuel de la haie Henri-Julien: il faut la compléter et l'enrichir.

En plus de nous rendre ces fameux "services environnementaux" les haies sont une réponse adéquate aux besoins de la biodiversité. Devant le discours visant la densification du bâti, la densification des espaces verts semble une approche logique.

Optons pour l'innovation et un travail à long terme au Champ des Possibles. Un espace vert différent demande une approche différente. Le maintien et l'enrichissement des haies est ce qui est le plus utile à la biodiversité urbaine.





Liste des espèces présentes ou à planter au CDP

La liste des arbres et arbustes qui suit présente un choix fait en fonction de l'adaptabilité des espèces à un milieu difficile: une friche industrielle en milieu urbain. À peu d'exception près les espèces de cette liste ont été observées dans des milieux anthropiques (friches, haies urbaines et haies agricoles) de la région. Toutes sont des espèces indigènes et offrent du nectar et du pollen, produisent des petits fruits, sont des plantes-hôtes pour les papillons ou servent de couvert ou site de nidification pour les oiseaux. Ce sont des choix faits en fonction de critères écologiques. Ces végétaux seront plantés afin d'enrichir et de compléter les haies déjà présentes au CDP. La haie Henri-Julien est en plein soleil alors que la haie de Gaspé est à mi-ombre. Certaines espèces de sous-étage pouvant être plantées dans une haie ou dans l'autre. Les variétés et les formes horticoles, ainsi que les sujets sur tige sont à proscrire. Des individus d'origine locale (écotypes) seraient souhaitables. Un paillis doit être mis en place et un arrosage régulier sont de mise.

*indique une espèce ligneuse déjà présente au CDP

**indique une espèce dans la pépinière ou en production ailleurs

***indique une espèce présente et nécessitant une gestion

Nom latin puis français suivi des dimensions, "x" pour hauteur puis largeur. "H" pour hauteur seulement.


Famille de la rose (les Rosacées) 
Amelanchier arborea, amélanchier arborescent. H 6-12m
Amelanchier canadensis, amélanchier du Canada. H 8m
Amelanchier laevis, amélanchier glabre. H 5-10m
Aronia melanocarpa, aronie à fruits noirs. 1-2 x 1,5m
Aronia arbutifolia, aronie à feuilles d'arbousier. 2-3 x 1-2m
Crataegus canadensis, aubépine subsoyeuse. H 4-7m
Crataegus crus-galli, aubépine ergot de Coq. H 7-10m
Malus pumila*, pommier cultivé, appletree. H 4-8m
Physocarpus opulifolius, physocarpe à feuilles d'obier. 1 x 3m
Prunus padus*, cerisier à grappes d'Europe. H 10m
Prunus nigra, prunier noir. 4 x 3m
Prunus serotina**, cerisier tardif. H 22m
Prunus virginiana*, cerisier de Virginie. H 5-9m
Rubus canadensis, ronce du Canada. H 2-3m
Rubus idaeus subsp. strigosus, framboisier sauvage. H 1.5m
Rubus occidentalis, framboisier noir, black raspberry. H 1-3m
Rubus odoratus, ronce odorante. 1.5 x 1.5m
Sorbus americana, Sorbier d'Amérique. 8 x 4m
Sorbus decora, sorbier plaisant. 8 x 6m
Spiraea latifolia, spirée à larges feuilles. 1.5 x 1.5m

Famille du bouleau (les Bétulacées) 
Alnus incana, aulne rugueux. 6-10 x 6-10m
Alnus viridis, aulne vert. 3 x 1,5m
Carpinus caroliniana*, charme de Caroline. H 8-12m
Corylus cornuta, noisetier à long bec. 2 x 2m
Ostrya virginiana*, ostryer de Virginie, H 12-20m

Famille du groseillier (les Grossulariacées) 
Ribes lacustre, gadellier lacustre. 1,5 x 1m
Ribes cynosbati, groseillier des chiens. 1,5 x 1m

Famille des Adoxacée (ou Caprifoliacées) 
Sambucus canadensis, sureau blanc. H 2-4m
Sambucus racemosa (pubens), sureau rouge. H 2-4m
Viburnum acerifolium, viorne à feuilles d'érable. H 2m
Viburnum trilobum, viorne trilobée. H 3m
Viburnum lantana* (?), viorne mancienne. H 4m

Famille du saule (les Salicacées) 
Populus balsamifera*, peuplier baumier. H 25 m
Populus deltoides*, peuplier deltoïde. H 30m
Populus xcanadensis*, peuplier de Caroline. H 30m
Salix bebbiana, saule de Bebb. H 8m
Salix discolor, saule discolore. H 8m
Salix petiolaris, saule à long pétiole. H 2-4m

Famille du chêne (les Fagacées) 
Quercus macrocarpa, chêne à gros fruits. H 15-30m
Quercus rubra**, chêne rouge. H 25m

Famille du pois (les Fabacées) 
Caragana arborescens*, caragana arborescent. 5 x 3m

Famille du noyer (les Juglandacées) 
Carya cordiformis, caryer cordiforme. H 25m
Carya ovata, caryer ovale. H 25m
Juglans cinerea, noyer cendré. H 25m
Juglans nigra*, noyer noir. H 30m

Famille de l'érable (les Acéracées) 
Acer ginnala***, érable ginnala. H 6m
Acer negundo***, érable à Giguère. H 20m
Acer nigrum, érable noir. 30-35 m
Acer platanoides***, érable de Norvège. H 15m
Acer rubrum, érable rouge. H 15-25m
Acer saccharum**, érable à sucre. H 30-35m
Acer pensylvanicum, érable de Pennsylvanie. H 5-10m
Acer spicatum, érable à épis. H 5m

Famille du cornouiller (les Cornacées) 
Cornus alternifolia, cornouiller à feuilles alternes. 5 x 5m
Cornus racemosa, cornouiller à grappes. 2 x 2m
Cornus rugosa, cornouiller rugueux. 1.5 x 2m
Cornus stolonifera, cornouiller stolonifère. 2 x 3m

Famille de l'olivier (les Oléacées) 
Fraxinus pennsylvanica var. austini*, frêne rouge. H 25m

Famille de l'orme (les Ulmacées) 
Celtis occidentalis*, micocoulier occidental. H 18-20m

Ulmus americana*, orme d'Amérique. H 35M

Ulmus pumila***, orme de Sibérie
Ulmus rubra**, orme rouge. H 25m

Ulmus thomasii**, orme liège. H 25m

Famille de l'oranger (les Rutacées) 
Zanthoxylum americanum, clavalier d'Amérique. H 2-5 m

Famille de la vigne (les Vitacées) 
Parthenocissus quinquefolia*, vigne vierge à cinq folioles.
Vitis riparia*, vigne des rivages.


Famille de l'acajou (les Anacardiacées) 
Rhus typhina*, sumac vinaigrier. H 6m

Famille du pin (les Pinacées) 
Picea glauca**, épinette blanche.
 
Famille du staphylier (les Staphyléacées) 
Staphylea trifolia**, staphylier à trois folioles.


samedi 27 juillet 2013

Verdissement et biodiversité


C'est le temps des mi-vacances de blog, mes billets sont plus rares...


Le vélo c'est vert. Très vert. Mais ce poteau est placé trop près de la plantation.

Dans l'arrondissement où j'habite on procède à toutes sortes d'aménagements visant à sécuriser ou favoriser un tant soit peu la circulation des vélos et des piétons. Ces rétrécissements de la rue par l'élargissement des trottoirs (comment appelle-t-on ces trucs? Des pince-bitume? Des oreilles de trottoir?) sont efficaces afin de ralentir un peu la bagnolitude et de donner un champ de vision idéal aux conducteurs. De plus le piéton aura moins long à marcher sur la chaussée. On grignote un peu de l'espace extravagant que nécessite toutes nos automobiles et on le distribue à d'autres fonctions, d'autre usagers.


Design irréfléchi: de l'autre côté, on a prévu le coup? Ou c'est par hasard?

Ces oreilles de trottoir se multiplient un peu partout, souvent près des écoles, comme c'est le cas ici au coin de la rue Drolet et Roy. À deux pas de chez moi. Les bienfaits de ces micro-aménagements sont assez nombreux il me semble: on en profite aussi pour faire des micro-espaces verts. C'est bon! Côté design par contre, il y a encore un peu d'effort à faire... C'est vite fait et pas cher mais côté attention au détail, faudra repasser! Constatez sur ces photos qui montrent que le seul choix de l'emplacement d'un poteau (truc à accrocher un vélo inévitablement...) devient une cause de dommage à la végétation.


Que dire contre la verte vertu?

Un des bons points soulignés c'est évidemment le "verdissement" de ces micro-aménagements. C'est certainement un des mots les plus détestables tant il s'agit d'un véritable fourre-tout! N'importe quel verdissement est bon, n'est-ce pas? Qu'ai-je à dire? On ne peut être contre la verte vertu… Toutefois puisqu'on utilise aussi le mot "biodiversité" pour mousser l'affaire, ça mérite examen!


L'abeille ne se trompe pas: il y a du nectar dans l'échinacée.

À vue de nez il n'y a pas la moindre espèce indigène ici. Bon je n'ai pas identifié le bout d'herbe (la Graminée), mais pour le reste c'est la biodiversité de quelque part ailleurs qu'il s'agit. Parler de la biodiversité, quand il ne s'agit que de l'emprunt de la biodiversité des autres régions, et, encore plus, quand il s'agit de cultivars monstrueux, c'est du green-washing. C'est ne pas porter grande attention ou, en tout cas, c'est faire au plus vite!

On confond "verdissement", place à la biodiversité et décoration. "Ça prend des belles fleurs!" Alors on met des "belles fleurs" et tout le monde est content.



On plante n'importe quoi mais en rang bien droit.

D'où viennent les végétaux utilisés ici? Du Ma-Ga-Zin Fa-Ci-Le (très grande surface...). Les Hosta sont asiatiques, de même que les hémérocalles hybrides (donc qui ne viennent de nulle part) qui n'attirent pas les abeilles (qui ne s'y se trompent pas). On a mis des arbustes: le fusain d'Asie (Euonymus alatus, sauf erreur). On a mis un petit arbre: que penser de ce cultivar pas très intéressant de l'espèce européenne de Alnus glutinosa 'laciniata'. On en a des Alnus (aulne) par ici, non?

Et l'échinacée pourpre? Mais comment résister? Des grosses "fleurs" qui disent "fleurs". En plus c'est une plante réputée médicinale (ça, c'est toujours gagnant) et nectarifère (pensez zo zabeilles)! Sauf que la plante n'est pas indigène! On la trouve aux États-Unis et par accident c'est une exotique en Ontario… 

Voilà! Ce sont les pires clichés qui conduisent au choix des végétaux. Autant de mot-clés de la stérilité. Ou alors c'est l'inventaire du Ma-Ga-Zin à écouler. On veut plaire aux yeux alors qu'on pourrait faire utile à la biodiversité.

Une occasion ratée de fondre la fosse d'arbre et le nouvel aménagement.


La biodiversité urbaine, surtout l'utilisation d'espèces indigènes, n'est pas une préoccupation secondaire. Ça ne fait tout simplement pas parti du programme! On a un Jardin Botanique et un Insectarium qui se pètent les bretelles d'expertises, fédérés dans cet Espace pour la Vie qui ne pousse pas ses connaissances bien loin… y compris vers les autres services municipaux...

Avant de s'envoyer des fleurs, consultons la Flore Laurentienne... On pourrait peut-être trouver quelque chose...





samedi 29 juin 2013

Dans l'ombre du Ginkgo biloba



Au Square Viger

On plante à la tonne le Ginkgo biloba. L'arbre aux quarante écus (ou aux mille...) est adaptable aux environnements les plus difficiles du milieu urbain. Il est ainsi une solution toute faite pour les architectes-paysagistes, aménagistes et autres planteurs pressés en affaire. Le nom de l'arbre a de plus une résonance culturelle forte mais c'est une construction assez imprécise: il vient du lointain Orient, de l'ancienne Chine, c'est une arbre fossile, il est une espèce médicinale... Il a aussi ce feuillage d'une belle douceur verte qui tournera à l'or à l'automne. C'est véritablement un complet argumentaire de vente utilisé depuis vingt ans. L'acceptabilité sociale a été bien travaillée par l'industrie horticole et les responsables de la forêt urbaine! L'arbre a aussi, quand il est jeune, cette forme bien régulière et géométrique qui séduit. "Ça marche" comme me disait un architecte. Un assez bref argument d'autorité... En cas de besoin ce dernier disposait aussi d'un autre argument: "Ça marche pas". Son répertoire d'appréciations critiques est impressionnant de parcimonie: l'une ou l'autre s'applique à toutes les situations...


Changement de régime: les tapis de cartron seront bientôt remplacés par des tapis de yoga...

On semble oublier que l'arbre magique atteint des dimensions assez respectables toutefois... ça fait joli quand c'est tout neuf et tout vert. Les trois sur la première photo ci-haut ont été planté dans un endroit exigüe, l'un étant même tout contre l'édicule de béton bleui. "Ça marche" parce que c'était beau sur la présentation photoshopée, solution toute faite pour retaper rapidement le Square Viger.

Pourquoi retaper ce parc fait d'étranges structures de béton, curieusement végétalisées, à la clientèle si particulière? Parce qu'on construit le nouveau Très Grand Super-Hôpital juste de l'autre côté de la rue... 

Les résidents du "parc" déménageront. Ces hommes (who cares?) qui vivent dans des boîtes de cartron ne seront plus tolérés par la nouvelle clientèle d'infirmières et autres employées de l'hospi. Ces derniers aimeront bien le Ginkgo toutefois... Ils pourront y prendre leur thé chai sous l'ombre orientale. Cette singulière gentrification nous amènera ensuite des tapis de yoga... Vous voulez parier?

"Où est le problème?", vous me demandez, après tout "Ça marche" les sans-abris...




vendredi 28 juin 2013

Un CPE tue deux arbres…



Installer des tables en plasti sous un arbre. C'est joli.

C'est un des endroits les plus ingrats (et malsains…) où installer un CPE (Centre de la Petite Enfance). D'un côté un grand stationnement (celui au pied de ce grand peuplier: voyez ici) et de l'autre un large (et court…) boulevard: un bout de la rue Berri du temps où on voulait en faire une quazi-autoroute parallèle à la rue Saint-Denis. Ya pas mal de traffic automobile et les arbres qui s'y trouvent adoucissent sans doute un peu le climat, le bruit et la poussière bagnolo-générés.

On aime les petits?

Oups! un arbre a attrapé la mort!

Enfin... j'aurais dû dire "les arbres qui se trouvent adoucissaient", parce qu'imaginez un peu, on a voulu agrandir l'aire de jeu des petits. Alors, improvisation bénie par les bonnes intentions, on met un pied de sable sur le gazon, une belle clôture de chantier et on installe des bidules en plasti pour faire semblant qu'on aime les enfants qui jouent. 

Sécuritairement.


Merdre! Comment c'est arrivé? Un autre arbre est terminationné!

Résultat: les arbres meurent… allez-donc comprendre… Notez qu'il y a des gens qui sont payés pour penser ça… Ya des gens qui sont payés pour planifier, dessiner, contrôler et inspecter… Et ça foire lamentablement. À quelques coins de rues on veut préserver les arbres du Jardin Notman. Ici on les fait crever! Tout pour les enfants, n'est-ce pas? Tout se fait sans examen critique au point même où ça devient pas bon du tout pour les enfants. Les arbres, n'en parlons pas, on y a tout simplement pas pensé. Ça gêne toujours le développement les arbres, serait-ce celui d'un innocent CPE.

D'abord on a fait disparaître un jardin, ensuite un bout de rue pour faire un boulevard qui va nul part et maintenant on continue le bon travail d'aménagement... Pour bien localiser l'endroit, voyez la carte sur ce billet:



lundi 22 avril 2013

Marché Saint-Jean-Baptiste vers 1930






Le marché Saint-Jean-Baptiste au coin de la rue Rachel et du boulevard Saint-Laurent vers 1930. On dirait plutôt 1830! (Photo Archive de la Ville de Montréal).








C'est aujourd'hui le parc des Amériques. Photo Monsieur Guy Google.







jeudi 28 février 2013

Jardin disparu




Archive VdM, 1947. Google, 2008.

Un autre jardin, disparu! Beaucoup d'institutions religieuses possédaient des jardins, des potagers ou des arboretums. Les potagers ont évidemment tous disparus.


Partie gauche du photomontage: l'Institut des sourdes-muettes, sur la rue Saint-Denis à Montréal.

1- rue Saint-Denis
2- rue Berri (c'est ma rue, j'habite à un coin de là...)
* un potager à l'époque


Partie droite du photomontage: le site tel qu'il apparaît aujourd'hui. Outre qu'on ai grignoté sur trois côtés le terrain de l'Institut on a remplacé le potager par un élevage de bagnoles. L'incubation des bagnolettes exige une chaleur constante. D'où la nécessité de couvrir tout l'espace d'asphalte. Ça fonctionne assez bien.




Photo:  Société d’histoire et de généalogie du Plateau Mont-Royal



Ci-haut le même édifice avant qu'il ne prenne sa forme actuelle par démolition et ajout d'ailes supplémentaires. À droite c'est la rue Berri avec un petit bout de trottoir de bois...










mardi 22 janvier 2013

Le Cénotaphe de Rousseau





Gravure: Jean-Michel Moreau , 1778. Taille douce, eau-forte, burin. 


Un cénotaphe est un monument de commémoration d'un mort, sans le mort. Une double absence. La dépouille de Jean-Jacques Rousseau ne repose pas ici. Initialement son corps s'y trouvait bien (à sa mort je veux dire…) mais il a été ensuite déplacé au Panthéon à Parigi


Le monument funéraire est sur une île dans le parc d'Ermenonville (département de l'Oise) appartenant alors au marquis René de Girardin qui a dessiné lui-même ce grand ensemble paysager en s'inspirant des parcs anglais. On faisait alors un parc comme un tableau et c'est avec les conseils de nul autre que le peintre Hubert Robert que Girardin a transformé les alentours. C'est d'ailleurs ce peintre qui a dessiné le tombeau de Rousseau.




"Ce n'est donc ni en Architecte, ni en Jardinier, c'est en Poëte & en Peintre, qu'il faut composer les paysages, afin d'intéresser tout à la fois, l'œil & l'esprit".* Et les sens j'ajouterais… les peupliers ondulant au vent, la brièveté de notre passage devenant tout à coup si sensible...


L'île est peuplée de peupliers. C'est un des aspects intéressants du Peuplier noir ou de Lombardie: son utilisation dans les cimetières ou autres lieux de mort. Ces arbres sont autant d'obélisques verts et vivants. Je n'ai pas terminé ma recherche sur l'utilisation de cet arbre mais à Ermenonville
c'est certainement un exemple hâtif. L'arbre n'était en effet arrivé en France que quelques années auparavent.


Photo: Flickr, Par Kinryuu_JFJ


Plus généralement ensuite sa forme de plume allongée ou de flèche vers le ciel se prêtait aisément à l'utilisation par les architectes et jardiniers. Il était en quelque sorte un élément de transition entre la géométrie architecturale et le paysage.


À Montréal comme ailleurs, planté le long des routes et des chemins, le Peuplier de Lombardie les transformait en voies ombragées certes mais qui simulaient aussi un corridor. Les approches (et les sorties) de la ville devenaient ainsi des galeries (ouvertes) d'un château: la cité s'étend.





La page Wikipédia sur le "Parc Jean-Jacques Rousseau" me semble si complète que  je ne peux que vous y référer. 


*De la composition des paysages, ou Des moyens d'embellir la nature autour des habitations... Lisez le marquis René de Girardin chez Gallica.