samedi 31 octobre 2009

À quand des tomates vivaces?


le persistant vouloir végétal

Un rapide détour par une ruelle où toute la végétation plie bagage. L’impatiente de Balfour est encore en fleur avec une grande quantité de fruits. J’en ai profité pour en faire toucher un à Sylvain qui m’accompagnait. C’est toujours marrant de voir la tête de celui qui découvre que ces fruits sont explosifs! Le pissenlit est encore en fleur. En fait j’en ai vu quelques-uns et je ne me souvenais pas qu’il fleurissaient si tard.



les oiseaux évitent les fruits verts... ils sont toxiques

Il y a quelques plantes qui sont des spécialistes des clôtures “Frost”. Celle-ci, la morelle douce-amère, est une plante grimpante vivace de la famille de la tomate (les Solanacées). La tige se lignifie comme une vigne et la plante atteint d’assez fortes dimensions. La quantité de beaux fruits est impressionante. Il faut dire que ces clôtures en fil de fer galvanisé sont partout présentes. Elles font partie de notre décor urbain. Les oiseaux s’y arrêtent et “sèment” toutes sortes de graines. La morelle décore ainsi à son tour la clôture...

Je me demande si quelqu’un s’essaie à hybrider cette morelle (Solanum dulcamara) avec la tomate (Solanum lycopersicum) afin d’avoir des vignes vivaces de grosses tomates...quel animal (à part les humains!) serait alors intéressé par ces gros fruits?



solutions simples et payantes...

On propose de plus en plus d’utiliser des plantes grimpantes pour gêner les grafitteurs. Une idée simple qui, en plus, offre un abri à de nombreux insectes, de la nourriture aux oiseaux et offre des services de régulation de la température. Notre plaisir sensuel est aussi satisfait du feuillage de ce Parthenocissus tricuspidata, le lierre de Boston.

L’influence industrielle du consortium Flora Urbana fait naître toutes sortes d’entreprises qui offrent des accessoires et produits dérivés pour les attrape-plantes. La création d’emploi (comme l’emploi de la créativité, d’ailleurs) fait partie de notre mission d’entreprise. Ces nouveaux protège-attrape-plantes reçoivent notre approbation (moyennant versement habituel de nos royautés). Flora Urbana étudie aussi l’opportunité de breveter l’hybride de la tomate vivace grimpante.




mercredi 28 octobre 2009

Les adultes sont des jeunes en herbe


 

à chaque réponse...une question!


Je vous ai parlé il y a un mois (ici: À la petite école) de ce projet d’initiation à la flore urbaine avec des jeunes du primaire. Ils ont d’abord appris avec Kyra comment presser des spécimens. Ils ont ensuite fait du papier pour y monter plus tard les plantes. Il s’agissait de faire un herbier... une habitude low-tech oubliée, dommage: simple à faire et tellement instructif. C’est surtout une méthode d’observation qu’on apprend ainsi...



 

comment reconnaître une renouée


Je craignais une armée de guerriers agités et d’amazones en furie! Pas du tout! Deux classes de belles petites têtes bien curieuses et attentives. Chacun avait son spécimen en vrai et en photocopie sur laquelle il avait préparé ses questions. Je crois bien qu’ils étaient tous mieux préparés que moi!

Plantains, renouées, trèfle blanc... et des questions!



les fourmis et la grande chélidoine


Comme il y avait une colonie de grande chélidoine au coin de la rue je suis allé chercher des spécimens avec des fruits pour leur parler de myrmécochorie et des plantes qu’il vaut mieux connaître avant de goûter!

Il y a quelques années alors que j’étudiais les orchidées indigènes du genre Spiranthes je suis allé à l’Herbier Marie-Victorin au Jardin Botanique. J’ai pu y voir des spécimens venant des quatres coins de la Province (et plus loin...). C’est qu’autrefois dans beaucoup de collège, séminaire, couvent ou village il y avait des gens qui échantillonnait ainsi la nature. Leur travail est encore consultable et instructif...de simples plantes séchées sur du papier jauni...très utile pour connaître la distribution géographique d’une plante ou de constater sa variation, sa disparition ou son expansion etc.



 les grandes fourmis et la petite chélidoine

Des données simples et très utiles encore aujourd’hui. L’intérêt pour la biodiversité ou la réponse à des questions comme l’influence du réchauffement climatique sur les espèces se trouve dans ces spécimens d’herbier. Mais c’est une source d’information scientifique qui s’est en bonne partie perdue... nous manquons d’échantillonneurs de biodiversité au moment où nous en avons bien besoin!

Peut-être qu’un des enfants gardera-t-il l’intérêt pour ces vieilles méthodes de naturalistes? En tout cas ces jeunes auront l'oeil un peu plus ouvert sur leur environnement urbain.

J’ai visité cette cour d’école à quelques reprises, question de voir ce qui a été pris, ce qui a été laissé. Je croyais bien avoir fait le tour de l’endroit et d’avoir ma petite liste des espèces qu’on y trouvait... Erreur, un garçon y a trouvé un jeune robinier, je le félicite! Je mets une étoile bien brillante dans son cahier et le remercie, avec tous les autres, de m’avoir éclairé sur toutes sortes de choses et surtout sur mon ignorance!




lundi 26 octobre 2009

La voix muette du peuplier 3



genre Gentils Géants


On ne croise pas souvent de baleines dans les grands océans. Il n’y a pas de point de vue qui permettrait d’embrasser toute l’immensité des flots et les épars cétacées à la fois. Question d’échelles différentes. On ne voit pas non plus nos grands amis urbains que sont les peupliers deltoïdes et leurs cousins. Mais il faudrait bien trouver un point de vue pour apprécier nos Géants Verts.

Les byzantins avaient été impressionné (avec raison) par une baleine nommée Porphyre qui avait vidé de ses poissons la mer de Marmara. Nos peupliers qui vident l’air du gaz carbonique ne méritent-ils pas autant d’attention? Ou plus? Ces arbres font si souvent un travail de l’ombre...Ils sont après tout nos adjoints, croyons-nous, en nettoyage général de l’air. C’est déjà pas mal et il y a encore tellement plus.

J’ai déjà mentionné qu’il y a des arrondissement à Montréal qui interdisent les peupliers. Et de façon générale ils sont méprisés par bien des gens: ils ne sont pas nobles, ce ne sont que de fragiles arbres ne vivant pas longtemps. Des colonisateurs qui sont surtout utiles à préparer la venue des vrais arbres....



un petit futur géant, un géant invisible et le Balmville Tree


Pourtant...dans la vallée de l’Hudson (New York) à Balmville il y a cet individu nommé le Balmville Tree. C’est une très ancienne erreur d’identification, “Balm of Gilead” étant le nom d’un peuplier hybride exotique apparenté au peuplier deltoïde. Notez que la ville porte le nom de l’arbre qui porte à son tour le nom de la ville. Pourquoi ce jeu d’écho entre un lieu et un arbre? Notre baleine verte est née en 1699! L’arbre est plus vieux que la République des États-Unis...un arbre remarquable...qui marque la place.

Il est né entre le procès des sorcières de Salem et la fondation de Saint-Pétersbourg par Pierre le Grand. Notre arbre prend racine l’année de la mort de...Racine. J’ai recours à l’échelle humaine du temps (ou à la notion même de durée...) pour accorder de la noblesse à cet arbre. Mais les arbres ne sont pas là pour nous épater...même à 310 ans!




Nicolas, peuplier en résidence au Champ des Possibles


Les arbres nous rendent de nombreux services on le sait: régulation de la température et de la qualité de l’air. Tout ça pour nous, n’est-ce pas? Ce n’est pas entièrement faux: nous faisons après tout partie de la biodiversité. Les peupliers urbains, qui ne sont pas plantés par nos services, sont par contre bien co-optés par la biodiversité urbaine en-dehors de nous. Et les critères sont alors un peu différents des nôtres.

En Amérique du Nord pour la seule espèce Populus deltoides ce sont les chenilles de plus de 44 espèces de papillons qui s’en nourrissent dont celle du Morio (Nymphalis antiopa). Si on considère les différentes espèces de peupliers ce nombre atteint 771, dont 581 au Canada. Les prédateurs les plus importants des larves de papillons sont les oiseaux, qui eux, à n’en pas douter, savent bien reconnaître les peupliers et être reconnaissants de leurs "autres" services! En milieu urbain ces arbres colonisateurs sont une ressource fondamentale de la biodiversité. Ils font littéralement du sol: pensez un instant à la quantité de matière organique que représente la chute des feuilles de ces arbres à l’automne.

Les peupliers invisibles sont grandement utiles... demandez aux autres...



vendredi 23 octobre 2009

Biogéographie d’une confiture


Flora Urbana Gold Limited Edition

Tôt ce matin: des rôties et de la confiture de citrouilles et pommes. Je me suis fait de la confiture hier...tout simple, mais assez ardu de faire ces petits cubes avec ces dures citrouilles!

Il y a dans ces pots toute l’histoire humaine pour ainsi dire. Toute l’histoire des migrations de l’homme et de ses plantes. Ou de celles des autres...Toute l’histoire des voyages d’explorations et de conquêtes. De commerce et de métissage. De guerres et d’esclavage. De science et d’art. Acquérir du végétal, nous en mesurons toute la signification?

Dans ces pots de confiture il y a des ingrédients de toutes origines. Chacun des ingrédients, produit et sous-produit, de ces espèces végétales composant cette confiture s’est mérité des centaines de livres...et tant de sueur, de sang, d’art et de science...Je n’en ferai toutefois qu’un court paragraphe. Certains sont à la base de civilisations ou d’empire. Certains ont gonflé des voiles et poussé des voyages. D’autres sont à la source de pages sombres de l’histoire humaine...les ressources végétales et leur partage n’ont toujours pas trouvé un équilibre, ou un moindre déséquilibre, entre tous les humains.



 c’est quoi un marché?


Cucurbita pepo, la citrouille

Passons pour l’instant les détails obscurs de son identité exacte. C’est une plante d’origine tropicale en Amérique du Sud. Sa culture est lentement monté vers le nord, nos régions. Ces quatre ou cinq espèces apparentées sont cultivées depuis plus de 4,000 ans. Le premier producteur est maintenant la Chine. 




citron et pomme 


Malus pumila, la pomme

Notre pomme domestique descend d’un groupe d’espèces venant des Balkans et des montagnes de l’Altaï. L’est de la Turquie en est le centre de diversité. Peut-être l’arbre fruitier le plus anciennement cultivé. La sélection et l’hybridation a produit des milliers de variétés, cultivé partout dans les régions tempérées de la planète.


Citrus limonum, le citron

C’est un petit arbre de l’Himalaya en Inde en Birmanie et en Chine. Introduit en Perse, en Iraq et en Égypte puis partout autour de la Méditerranée. Christophe Colomb l’a ensuite introduit dans le Nouveau-Monde...y compris maintenant la Floride...



le précieux et... coûteux sucre


Saccharum officinarum, canne à sucre, cassonade

La plante sauvage elle-même n’existe plus. Elle originerait de la Nouvelle-Guinée. Aujourd’hui c’est un ensemble d’espèces apparentées, hybridées et sélectionnées (Saccharum barberi, Saccharum robustum, Saccharum sinense et Saccharum spontaneum) que l’on cultive. On cherche à améliorer son rendement sous différents climats...Dans les Antilles il n’y a pas si longtemps (peut-être encore aujourd’hui...) ce rendement était assuré par le plus terrible travail qui soit...



chanter la cannelle

Cinnamomum verum, la cannelle

C’est l’écorce interne de cet arbre originaire du Sri Lanka. Un présent pour les rois autrefois, le Cantique des Cantiques chante l’amante qui en est parfumée. Neil Young y fait peut-être référence avec sa chanson “Cinnamon Girl”...



le relais de la muscade


La noix de muscade est le fruit de cet arbre de certaines Îles Moluques en Indonésie. Ces îles furent essentiellement vidées de leurs habitants d’origine par les Portugais puis les Hollandais et les Anglais. L’ajout de la muscade et de la cannelle à toute préparation est un savoureux et bouleversant classique universel.


Tôt ce matin, dans mon pot de confiture, il y avait...

Oh! J’oubliais, il y avait aussi du café et du beurre d’arachide sur du pain de farine de blé...et il y a encore les graines de la citrouille...



mercredi 21 octobre 2009

Vers la première Réserve de Biodiversité Urbaine!



Du guérilla gardening dans le terrain vague

Le Comité des Citoyens du Mile End (Plateau Mont-Royal) a remis son document de synthèse dans le cadre de la requalification du quartier à l’attention des candidats de l’élection municipale du 1er novembre.


Le sous-comité du “Champ des Possibles” (duquel je fais partie) a dressé un cahier de charge qu’il désire voir respecté par l’arrondissement. Ce cahier contient la vision et les souhaits touchant tous les aspects de la vie des citoyens en regard du terrain vague.


Ce qui m’intéresse ici c’est l’attention portée à la biodiversité du terrain vague. Nous le nommons maintenant Champs des Possibles et dans ce blogue j’ai longtemps utilisé l’expression temporaire Maguire-Roerich. Vous trouverez donc dans le nuage de libellés dans la colonne de droite toute l’information nécessaire sur cet espace vert.

Plus bas vous trouverez donc une copie de la page traitant de la biodiversité du Champ des Possibles. Il s’agit d’un sommaire et je crois bien que nous avons produit ce qui est le premier inventaire-citoyen de la biodiversité d’un terrain vague. Bien qu’incomplet il donne une bonne idée de la situation.

Par ailleurs, trouvez ici un document détaillant ce sommaire. (Merci à Serge Bellemare pour l’hébergement du PDF). C'est probablement le premier inventaire de la biodiversité d'un terrain vague réalisé en science-citoyenne et disponible sur le Web! Wow!




La centaurée diffuse


Début du texte du document-synthèse:


La biodiversité urbaine


Malgré les apparences le Champs des Possibles a une riche biodiversité. C’était une gare de triage démantelée et spontanément, avec le temps, cet endroit “désert” est devenu un espace vert. Le vent, le chemin de fer, les oiseaux et les animaux (y compris les humains!) ont tous apporté des graines ici. Cet espace vert est maintenant l’habitat de nombreuses espèces. C’est un assemblage d’espèces d’ici et d’ailleurs. Comme les humains qui habitent Montréal!

Aujourd’hui la biodiversité au Champs des Possibles:

espèces végétales:

        -  plus de 93 espèces de 34 familles.

        - dont le rare cynoglosse officinale et une nouvelle espèce pour le Québec: la   verveine prostrée.

        - dont 19 espèces d’arbres, et la plus grande population de noyers noirs du sud du Québec

espèces animales:

        - 18 espèces d’oiseaux

        - 11 espèces de papillons

        ...et beaucoup d’autres espèces d’insectes, d’invertébrés et même 
            quelques mammifères.


Tout ça dans un endroit “inintéressant”, “contaminé” et “dangereux”! Clairement il faut regarder cet endroit d’un autre oeil! Faire place à la diversité vivante en milieu urbain nécessite de l’innovation. Nous avons des idées!



Tragopogon dubius



Demain possible


On parle de requalifier les espaces dégradés, d’augmenter la biodiversité et les infrastructures naturelles...eh bien...commençons ici! Transformons ce terrain vague en Réserve de Biodiversité Urbaine: une première mondiale!


Pour y favoriser la biodiversité il faut diversifier sa morphologie: faire des talus et créer un plan d’eau. Faites l’habitat et les espèces le trouveront. Ce sont des processus naturels que nous pouvons aussi améliorer: la plantation de quelques espèces d’arbres fruitiers attirera plus d’oiseaux. La plantation de certaines autres espèces fera l’affaire des papillons. Osons! La section nord du Champs des Possibles peut devenir une Réserve de Biodiversité Urbaine qui s'inscrira dans un contexte géographique plus large, un élément important d'une mosaïque reliée par un biocorridor urbain.


Trouvez ici le document complet de tous les sous-comités des Citoyens du Mile End sur le blog imagine (le) mile-end





mardi 20 octobre 2009

Attrape-plante: encore du nouveau!


dimanche au balcon

Je ne fais pas diversion du sujet qui m’occupe depuis quelques jours: les fourmis et les plantes. Mais comme j’ai décidé de porter plus d’attention aux graines, que j’ai trop de boulot pour faire une sortie et que de toute façon je suis un peu handicapé par une foulure du pied... je fais appel à mon attrape-plante. Il y a bien y avoir quelques graines là-dedans!

J’ai documenté dimanche quelques graines des espèces présentes dans mon attrape-plante. Je ferai plus tard de meilleures photos en studio, mais pour l’instant je trouve intéressant de partager ces quelques graines et leurs caractéristiques.



le bident nous pique

Les graines du bident feuillu (Bidens frondosa, devil’s beggartick, p.108) portent ces deux aiguilles munies de très fines dents. Tous nous en avons eu sur les vêtements de ces graines! Elles sont adaptées à la zoochorie, la dissémination par les animaux (quel coup à notre orgueuil!): accrochées dans la fourrure ou les pantalons... La présence de la plante dans mon “bac de balcon“ est donc probablement dûe à la visite d’un écureuil.



une rare apophyte


Les fruits et les graines d’Agalinis tenuifolia (gérardie à feuilles ténues, slenderleaf false foxglove). Voyez la fleur ici. Celles-ci voyagent dans l’estomac des oiseaux qui, comme nous le constatons, visent avec une grande précision mon attrape-plante. Une discipline olympique!




pain quotidien des moineaux

J’ai tellement observé souvent les moineaux domestiques et les pigeons dévorer les graines du plantain sur les trottoirs, qu’il ne fait aucun doute qu’il est cadeau des communs. La structure du fruit mérite toutefois notre intérêt: une pièce remarquable d'ingénierie végétale ou  d’orfèvrerie: un ciboire à semences!




la lupuline mobilise les armées de l’air et de terre

Je reviens maintenant à ce qui m’a entraîné sur le balcon: la myrmécochorie...et les graines. La luzerne lupuline (Medicago lupulina, black medick, p.201), qui est d’ailleurs encore en fleur, produit tout au long de l’été des graines. Pas étonnant qu’elle soit si commune: sa générosité attire les oiseaux et les fourmis: c’est une plante que j’ai trouvé sur le mur des Carmélites.



les fruits de la petite-centaurée entre des boutons encore à ouvrir



Et pour terminer une nouvelle intéressante: j’ai trouvé une autre espèce dans mon bidule à végétaux! Vous pouvez croire (comme moi!) que c’est arrangé avec le “gars des vues”. Je me demande qui me joue un pareil tour! Il est assez étonnant de constater qu’il y a encore du nouveau dans cette micro des micro-flores: Centaurium erythraea (érythrée petite-centaurée, european centaury) ! Comment a-t-elle échappé à mon attention (un peu relâchée ces temps-ci...)? Il est vrai que c’est une petite plante et qu’en plus elle est miniaturisée par l’habitat difficile. Elle se cachait derrière quelques plantains (eux-mêmes miniaturisés...) et elle a émergé très tard...

Voyez les fleurs ici.

Je n’ose plus dire que la saison du balcon est terminée...maintenant si mon pied peut guérir j’irai documenter le travail des fourmis sur les murs de pierres!




lundi 19 octobre 2009

Écologie urbaine: les fourmis 2


le mur des Carmélites en 2004, l’oxalide en fruit

Tout d’abord vous constatez la fréquence...différente...de mes messages. D’un côté les feuilles tombent...les plantes s’en vont dormir et les saisons se bousculent, et de l’autre j’ai quelques autres occupations...Mais je continuerai néanmoins mon ministère de la mauvaise herbe! D’une façon ou d’une autre donc, il y aura moins de messages sur Flora Urbana et je conseille fortement à ceux qui ne l’ont pas encore fait de prendre un abonnement RSS, vous serez ainsi automatiquement prévenu de tout nouveau message. Il y aura toujours un autre printemps!

Et maintenant, les fourmis...

Depuis 2004 j’ai documenté la flore qui s’installait sur le haut mur de pierre grise du cloître des Carmélites. J’utilise le passé...parce que la muraille a été entièrement refaite, restaurée, et ce travail s’est même mérité un prix. On a pourtant fait disparaître un habitat si intéressant! C’est aussi un sujet d’étude fascinant qu’on m’a ainsi retiré... Flora Urbana retire de facto le prix d’excellence de la pierraille remaçonnée! On a le bras long...

Les “vieux” murs de pierres sont assez rares à Montréal...on pourrait pas en laisser au moins un se ruiner lentement toute en verdure?



le diplotaxe est un vrai spécialiste des murs


Et maintenant, les fourmis...(!)

Regardant donc ces plantes installées jusqu’à 4 m de haut je me demandais comment expliquer cette escalade. Certaines plantes ont tout ce qu’il faut pour voler, pensez aux graines de toutes ces Astéracées (pissenlits et cie.) avec leurs déclinaisons du parachute. D’autres ont des graines assez petites pour être emportées par le vent, même si elles n’ont pas d’adaptations spécifiques sauf justement cette petite taille...Mais il y avait toujours quelques espèces dont l’explication de l’enracinement au-dessus du sol (hors-sol, extra-terrestre?) m’échappait.


L’oxalide (Oxalis stricta, european wood-sorrel, p.235) est une plante commune des trottoirs et elle a des fruits explosifs qui lancent les graines à plus d’un mètre. Peut-être a-t-elle avec cette balistique l’aptitude de s’installer sur le mur à partir du sol et de pouvoir s’y maintenir. D’année en année, d’explosions en explosions elle grimpe peut-être un peu plus haut? Elle s’y est maintenue en tout cas.



comme une ortie des murs

La pariétaire de Pennsylvanie (Parietaria pensylvanica, Pennsylvania pellitory, p.275) est tout à fait notre équivalent de la pariétaire officinale (Parietaria officinalis) que l’on trouve en Europe et autour de la Méditerranée. C’est une plante commune des grands murs qui entourent les couvents. Il est intéressant de rappeler son nom commun là-bas: l’herbe aux nonnes. Et voici que de ce côté de l’Atlantique, notre propre herbe aux nonnes s’est installée sur un de nos rares murs de pierres...chez les nonnes Carmélites. La plante est couverte de poils courbés, courts et rudes qui la rendent attachante: elle se colle en s’accrochant à la pierre. La tige, les pétioles et les fruits sont ainsi velus mais je ne pas vérifier ce caractère chez les graines. La plante peut donc très bien croître sur un mur: elle s’y fixe efficacement. Mais, à l’origine, comment les graines se sont-elles trouvées là? D’elle-même? Ou aidées par le vent? Probable que ce soient les fourmis.



les fourmis sèment le diplotaxe


Celle-ci est une autre spécialiste des murs de pierres: Diplotaxis muralis (diplotaxe des murs, annual wall-rocket, p.157) de la famille des Brassicacées (famille de la moutarde). C’est une plante européenne. Ici pas de fruit explosif, pas de poils qui l’aident à se fixer et se maintenir entre les pierres. J’essaierai de trouver ses graines: éléosomes ou pas c’est certainement une plante myrmécochorique.

Pour qu’une graine soit intéressante chaque espèce de fourmis a ses préférences et une échelle de grandeur est fixée: une graine trop petite n’est pas considérée comme nourriture et est délaissée. Au-delà d’une certaine dimension elle sont trop grandes et embarrassantes à déplacer. En ce qui regarde les éléosomes certaines fourmis ont même l’aptitude de faire des ratios optimisés! Si la proportion entre la dimension d’un eléosome et la graine qui l’a produit est trop basse ça ne les intéresse pas! Ce serait comme s'encombrer d’un boeuf entier pour ne consommer que la queue! Les fourmis travaillent mais elles travaillent toujours efficacement.



une poacée, l’herbe à chat et un silène enflé

Ces cas ne démontrent pas tous clairement la myrmécochorie. Mais il y a assez d’indications que ce soient les fourmis qui sont les responsables de ces jardins suspendus. Curieusement si on faisait un inventaire complet des plantes d’une muraille, des dimensions de leurs graines et de la présence ou non d’éléosomes ont pourrait avoir une très bonne idée de l’espèce (ou des espèces) responsables de ce jardin vertical. Patrick Blanc se réclame de droits d’auteur pour son invention du “mur végétal”. J’espère qu’il en verse un partie aux fourmis...

Un projet d’étude de l’écologie urbaine pour l’été prochain...si on arrête de tout restaurer! J'y reviens d'ici quelques jours.







mardi 13 octobre 2009

Écologie urbaine: les fourmis 1


comment la chélidoine grimpe-t-elle?


Les abeilles sont des infatigables pollinisatrices et sans leur service la flore et la biodiversité urbaines seraient radicalement altérées et réduites. D’autres insectes ont toutefois un rôle écologique important qui n’est toutefois pas aussi connu. C’est un travail de l’ombre que celui des fourmis. Celles-ci sont des Hyménoptères avec les guêpes et les abeilles. En fait les fourmis sont essentiellement des guêpes sans ailes. Sur la planète ce sont de 12 à 14,000 espèces de fourmis, et près de 100 espèces au Québec.

On ne remarque pas beaucoup les fourmis...mais à l’échelle de la planète elles représentent près de 20% de la biomasse animale totale...plus que celle des vertébrés...Et en plus ça travaille! Écologiquement les fourmis sont l’équivalent terrestre des abeilles. Si les infatigables butineuses sont responsables d’une part importante de la pollinisation des plantes, les marcheuses elles transportent ensuite les graines et disséminent ainsi de nombreuses espèces.



fruits, fleurs, feuilles


Le fait est connu chez les plantes de la forêt de feuillu de notre région. Il y a les cas bien documentés des trilles et sanguinaires: ce sont les fourmis qui en disséminent les graines. C’est ce qu’on appelle la myrmécochorie (myrmeco: fourmi, chorie: dispersion). Les fourmis ne vont pas très loin, ce qui produit des colonies de plantes assez denses. Mais c’est surtout qu’elles soustraient les graines aux autres animaux qui les consomment en les amenant sous terre. Quelques autres espèces de nos forêts adaptées aux fourmis: des espèces de Hepatica, Erythronium americanum, les espèces de Dicentra, Asarum canadense, Epigaea repens, de Corydalis, Viola pubescens, etc. Sans les fourmis les floraisons printanières seraient bien différentes!

De nombreuses espèces ont développé des excroissances sur leurs graines: c’est un petit bourrelet nutritif et attractif pour les fourmis. Ce “petit gras” à fourmi se nomme un éléosome (orthographe simplifié préférable à élaiosome). Les fourmis prendront ces graines et les apporteront dans le nid, c’est une nourriture pour les larves.



 contenu d’un fruit, graines et éléosomes
 

Le rôle écologique des fourmis pour la flore indigène et la “nature naturelle” a donc toute son importance. Mais pour cette “autre nature”, celle des milieux anthropisés, pour la flore urbaine spontanée? Retrouve-t-on des signes de cette complexité écologique chez ce mélange biogéographique déconsidéré, composé d'espèces étrangères et indigènes? J’ai trouvé ce spécimen de grande chélidoine poussant, pas très haut, sur un mur. Comment les graines (il a en fait trois plantes) se sont-elles trouvées à 40 cm du sol?

Chelidonium majus a justement des éléosomes sur ses graines. C’est une plante diplochore, c’est à dire qu’il y a deux étapes à sa dissémination: la première est autochore: les graines sont lâchées des fruits mûrs qui s’ouvrent et laissent tomber les graines autour de la plante-mère et la deuxième est myrmécochore, les fourmis s’en occupent... La grande chélidoine a une longue saison de floraison: une plante de taille moyenne produit 75,000 graines par année. Nous sommes le 13 octobre et elle est toujours en fleur...La chélidoine sait qu’elle peut compter sur les armées sous-terraines invisibles...

Une graine au sol et... les fourmis travaillent.



dimanche 11 octobre 2009

Cucurbita pepo?


vendredi 9 octobre 2009

La voix muette du peuplier 2

presqu'à la même échelle...


On admire sans fin, avec raison, les baleines bleues. On souligne leur immense taille, les plus grands animaux de la planètes. Si la taille est cause d’admiration que penser des peupliers? J’ai déjà comparé les grands peupliers deltoïdes à des baleines vertes dans les ruelles. Mais on les voit pas...comment les admirer?

Si on ajoute à la partie visible de l’arbre la partie invisible de son système racinaire quelle taille atteint donc cet organisme qui passe malgré tout inaperçu dans bien des endroits? C’est un iceberg à l’envers: la partie aérienne de cet arbre étant beaucoup plus développée que la partie sous terre.

Les arbres et les végétaux en général font tellement partie du décor (en fait il font et sont le décor et le paysage...) qu’on ne les voit pas.


 
Populus deltoides, la baleine des ruelles

La densité du bâti est grande dans certains quartiers et les ruelles de Montréal sont souvent de véritable petits boisés. La ruelle est alors comme un sentier forestier à partir duquel la vue d’un spécimen particulier n’est pas toujours aisée. Même un peuplier de plus de trente mètres devient invisible! Le petit peuplier échappe aux soins que l’on porte ou pas aux arrières-cours et jardins. Plus tard le géant vert échappe au regard, la forêt cachant l’arbre.

Un géant qui ne fait pas de vagues! Ou plutôt en géant que le vent transforme en vague bruissante. Combien d’arbres se reconnaissent au son? Marchez dans les ruelles et fermez les yeux...cherchez le grand arbre...la baleine verte verticale.




Saison du sommeil

 




Mais qui n’a pas encore dit son dernier mot! Un petunia “sauvage” joue du coude avec les plantains et fleurit encore.









La rose trémière en arrive à ses dernières fleurs, les fruits murissent les graines et la vie embryonnaire se prépare à passer l’hiver.





Une plante qui origine du sud le pourpier se porte encore à merveille, comme le vinaigrier il ne s’est pas encore adapté aux saisons de nos latitudes.





La vigne vierge (Parthenocissus quinquefolia) est un élément important de la biodiversité urbaine: abri et nourriture de nombreux oiseaux. C’est un verdissement rapide et généreux qui offre de nombreux services de régulation de la température en milieu densément peuplé.





Tout l’habituelle vitalité de la famille de la vigne et ces couleurs d’automne cuivrées sont un rappel constant de la bonne volonté du végétal. C’est aussi une bonne compétition (ou un complément?) aux grafitteurs.



jeudi 8 octobre 2009

Le shiso: résident permanent?




une colonie persistant près d’un ancien jardin


Dans le Guide de la flore urbaine j’ai inclus certaines plantes avec une intention spéculative. C’est à dire que bien qu’une espèce était rare, ou plutôt rarement trouvée, et apparemment non-documentée comme présente sur le territoire, certains facteurs indiquaient une adaptabilité suffisante pour qu’elle s’établisse plus largement et éventuellement se naturalise. L’appartenance à un genre ou une famille déjà bien représentée dans la flore urbaine ou le fait qu’elle offre du nectar sont déjà de bonnes indications. Les abeilles la visiteront mais encore faut-il que des graines soient effectivement produites et que tout le cycle de reproduction puisse se dérouler de façon spontanée. Les graines doivent survivre à l’hiver et germer, etc.

Le shiso, Perilla fructescens, est une de ces plantes que je n’avais croisé que trois fois et toujours en proximité, à quelques mètres, des lieux ou anciens lieux de culture. C’est qu’elle persiste à l’endroit ou près de l’endroit où elle était cultivée. Voilà que le spécimen ci-bas semble plutôt être le produit d’une dissémination, une chorie, à longue distance. La station connue la plus proche est quand même à environ 200 mètres...et elle date de quelques années.




une nouvelle colonie “autonome”

C’est qu’un autre facteur important est nécessaire pour l’établissement d’une nouvelle plante, l’entraînant vers une complète naturalisation: les graines doivent trouver un vecteur pour voyager un peu. Par exemple les oiseaux s’intéressent-ils aux graines?

Une autre donnée qui déterminait mon choix d’inclure dans le guide de ”nouvelles” espèces pour notre territoire était sa présence dans la flore spontanée des territoires adjacents: en Ontario ou dans des états américains limitrophes. Ce qui m’autorise peut-être à dire maintenant que le shiso est une échappée de culture en voie de naturalisation et probablement un ajout éventuel à la flore urbaine permanente de Montréal.



mercredi 7 octobre 2009

“Un travail à refaire”





Dans notre champs... et nous ne sommes pas invités!

Les élections municipales approchent et le parti Haut Pouvoir se positionne: Très Haut!

Le candidat à la mairie du plateau Mont Royal Michel Labrecque et toute l’équipe de Union Montréal pour l’arrondissement du Plateau Mont Royal présentaient leur programme lors d’une conférence de presse dans le Champs des Possibles. 

Dans notre terrain vague, quoi! C’est pas mal chic et comme positionnement c’est une preuve de réflexion et d’à-propos... sauf qu’ils n’avaient pas invité les citoyens! Le tam-tam électronique s’est mis en branle et il y avait plus de citoyens et de citoyens-journalistes que de “vrais” journalistes!



comment verdir ce qui est déjà vert?

Mais qui croyez-vous s’intéresse au “verdissement” de l’endroit? Les journalistes ou les citoyens?

Nous ne sommes que des enfants... moi le premier et le dernier... mais quand “vous” vous pointez dans notre terrain vague pour nous expliquez comment “vous” allez faire... invitez-nous!

Vous reconnaissez toute l’importance de l’endroit... mais vous en ignorez la cause et les acteurs. Les rêveurs.


Coup d'épée dans le champs!

Un aspect intéressant que je soumets au lecteur: on aime les lourds et grands projets et on s’enligne sur cette façon de faire. Prenez le nerf de la guerre, le seul élément de raison des “gens qui connaissent ça”: la décontamination du sol du terrain vague. C’est sur ce point  qu’on séparera les adultes responsables de la bande de rêveurs. Le sol est contaminé suppose-t-on, de quoi? Des prélèvements ont été fait, des échantillons envoyés au labo, les résultats sont connus... Mais seront-ils publics? “je sais pas” répond M. Labrecque. Ce n’était pas exactement la question... la question était, semble-t-il, excusez la subtilité, “quels sont les résultats de l’analyse?”.


Un art difficile d'écouter les citoyens


Les résultats sont grosso-modo “pas bon” et il faut refaire un échantillonnage plus représentatif avec des carottes plus nombreuses. Outre que ce soit exactement la critique que je faisais sur la première prise d’échantillon et que ce soit donc du travail inutile qui a été fait, combien de fois devrez-vous refaire cette analyse? Jusqu’à ce que vous obteniez le résultat que vous souhaitez? Celui qui vous permettra de justifier votre lourde façon de faire? Prouvant ainsi que le Comité des Citoyens n’est qu’une irresponsable bande d’enfants?


Nos plans sont plus beaux et plus avancés!


Je l’ai signifié à M. Labrecque et Fred Froument le souligne sur son billet ce matin: nous avons une expertise dans bien des matières au Comité des Citoyens du Mile End, une ressource intelligente et gratuite!




Des citoyens écoutent des citoyens

Comment voulez-vous que les enfants que nous sommes (et à qui vous demandez de voter malgré notre innocence) puissions nous faire une idée sur vos projets si vous ne mettez pas les cartes sur la table? Et si les résultats de l’analyse indiquaient peu ou pas de contamination? Ou une contamination dans les limites réglementaires pour l’usage du terrain vague que nous projetons?



Doux souvenir de la tondeuse


Que penser d’un test, d’un examen qu’on vous permettrait de reprendre jusqu’à ce que vous ayez la note de passage?


Ce matin j’ai lu avec appétit toute l’intelligence et la pertinence des billets de Fred Froument et Marke Ambard au sujet de cette rencontre imaginaire, ce rendez-vous manqué, ce travail à refaire... comme l’analyse des sols... allez lire ces brillants billets ici.

Trouvez tous les messages que j’ai fait sur ce terrain vague en cliquant sur le libellé “Maguire-Roerich” "Champ des Possibles" dans la colonne de droite.


Des millions pour un espace vert qui est déjà vert... qui rêve à quoi?