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lundi 13 mai 2013

Euaresta bella au Champ des Possibles



Photos: Luc Durocher


On aime pas les mouches! On ne s'y intéresse même pas. C'est laid, sale et bon à être écrasé! C'est un sacré jugement pour un Ordre d'insectes qui comptent 150,000 espèces.

Pourtant! Un des plus beaux et fascinants exemples est celui de Euaresta bella, une minuscule mouche à fruit de la famille Tephritidae.

Après mille pirouettes, une danse de séduction du mâle, un échange de nourriture et s'être accouplée sur la plante la femelle de cette petite mouche pond ses oeufs dans les graines de l'herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia). La larve passe ensuite l'hiver dans les graines (elle s'en nourrit en fait) et émerge au printemps. Cette mouche est donc un contrôle naturel de la très mauvaise herbe et je crois bien que la Santé Publique devrait lui reconnaître ce rôle bénéfique!


J'ai déjà parlé de cette mouche dans ce billet:  Tous au Champ des Possibles!



Jaseur des cèdres (Bombycilla cedrorum) et Paruline bleue (Setophaga caerulescens)


Les photos de la mouche et celles de ces oiseaux ci-haut sont de Luc Durocher (que je remercie et salue), photographe attentionné avec de nombreuses galeries en ligne:


Voyez ici les autres photos de Luc Durocher au Champ des Possibles

Et ne manquez pas les photos ici des autres lieux sur l'île de Montréal
 
Et ses autres sites: Atpic et Oiseaux Net



vendredi 3 mai 2013

Périls jaunes





À tous les printemps, c'est la même chose, la moutarde nous monte au nez. À cause des pissenlits sans-gêne. Et jaunes!





À cause aussi des Érables de la lointaine Norvège.





Jaunes. Qui n'ont même pas de parfum. Quelle misère!





 Et ça sur nos bagnoles. C'est quoi? Du bordel de pollen de frêne! Jaune!





Encore du jaune. Qui vole et qui cherche du jaune sur ce saule indigène. Faudrait bien que ça cesse!


Bien, justement, ça risque de cesser...


On confond assez ordinairement agriculture urbaine et biodiversité urbaine. Votre jardin peut être un désert biologique même s'il est bio! Ou sur un toit. On confond aussi souvent abeille (à miel) et les 300 espèces d'abeilles sauvages (indigènes) que l'on trouve dans la région. Si vous plantez des tomates, plantez aussi des saules. Vos pollinisateurs (les bourdons...) seront en meilleure santé, vous aurez de belles tomates...


Lisez cet article sur le déclin des abeilles du genre Bombus (les bourdons):







samedi 23 février 2013

Coucou! surprise… Chrysis ignita!






 Un bel insecte!



Périodiquement je dois faire de la révision, du reclassement, de l'indexation et milles petites opérations dans ma photothèque/base de données. Pour les espèces botaniques, c'est simple, je classe par famille, genre, espèce. Avec des notes de localisation, etc. Mes photos d'insectes, elles, ne sont que très sommairement classées par Ordre, quelquefois par famille. Quand elles sont classées! À cause de ce désordre, il arrive que de réviser tout ça me fait faire des (re)découvertes sur mon ordi (une planète en soi…). Ainsi j'avais ces photos datant de 2007 d'une guêpe-coucou non-identifiée. Ce sont des clichés pris en parallèle (saisissant l'occasion qui se présentait) alors que je documentais ce Sénéçon vulgaire (Senecio vulgaris, Astéracée).



Portrait de la fantastique famille des Chrysididae. Photo Chrysis Net


Mais de quelle espèce d'hyménoptère s'agit-il? La coloration métallique est un indice certain: il s'agit d'une guêpe-coucou. J'avais noté "Chrysis". Il semble certain que ce soit le cas. Pour en avoir le coeur net j'entreprend de fouiller bêtement dans Bug Guide en me disant que cette bi-coloration remarquable facilitera l'identification. Je procède de façon strictement visuelle évidemment. Si je me débrouille avec des clés dichotomiques pour l'identification des plantes je n'en suis pas là pour les insectes! Le site Bug Guide est user-friendly dans une certaine mesure, si on est patient. 




Guêpe coucou, Chryside enflammée, Chrysis ignita, Ruby tailed wasp. (voyez le concours ci-bas)


Et c'est quoi la bestiole? Ben ça alors! Il semble bien que ce soit Chrysis ignita ou du moins une espèce appartenant au "groupe Chrysis ignita", les espèces étant difficiles à distinguer. De plus, si mon identification est bonne, il s'agit d'une nouvelle espèce en Amérique du Nord! D'après Bug Guide* du moins… et comme ma photo date de 2007 je suis un des tout premiers à avoir observé cette guêpe-coucou européenne (Paléoarctique). 


J'ai ensuite consulté bien des sites de référence et jeté un rapide coup d'oeil à la littérature scientifique. Chrysis ignita à Montréal, au Québec, au Canada, en Amérique du Nord? Rien! La seule référence semble être celle de Bug Guide (Ottawa, 2011).


Observer la nature en ville? C'est toujours plein de découvertes!


Ce ne serait pas la première espèce exotique de cette famille à Montréal. Je vous ai déjà parlé de Chrysis angolensis, lisez ici.

 
Puisque j'y pense: combien d'espèces différentes voyez-vous sur cette dernière photo? Comptez-bien et écrivez-moi un mot. Ou bien domptez-moi cette machine à commentaire et donnez-moi votre décompte!




*Voyez la discussion chez Bug Guide ici.
 
Voyez ces superbes photos de Grande-Bretagne: Ruby tailed wasp



jeudi 14 juin 2012

M'en fous, ya bon!







Le pissenlit est une horreur. Et une menace permanente à la sécurité de nos pelouses. Et c'est tout jaune.






Le pissenlit est une mauvaise herbe. Invasihissante. Vissante. Cieuse. Ou quelque chose comme ça.





Écoutez Mlle L'Abeille, le pissenlit c'est même pas une plante indigène!


Miam, miam, miam… M'en fous, ya bon!




jeudi 19 avril 2012

Saint Sébastien et la Chicorée




Martyr de Saint Sébastien, de l'autel Saint-Guy de l'Eglise des Augustins Ermites de Nuremberg, 1487. À droite détail montrant la chicorée.



Monsieur Saint-Sébastien, secrètement chrétien et ouvertement soldat, devient garde en chef de l'empereur Dioclétien qui ignore sa religion. Quand le romain le découvre il le fait exécuter par sagittation (pratique très esthétique malheureusement rare de nos jours) :

« Et les archers le frappèrent jusqu'à ce qu'il soit recouvert de flèches comme un hérisson est couvert d'épines »


Mais le martyr chrétien de Saint Sébastien ne s'est pas terminé avec cette épisode d'exercice de tir… non il y a survécu et est devenu par le fait-même Saint Patron des archers… allez comprendre! En fait le bel homme est mort après avoir été ensuite roué de coups de bâtons. Ce qui n'est guère civilisé.


Le peintre de Nuremberg est inconnu et je viens de découvrir cette peinture avec une intéressante iconographie botanique. La chicorée au coin inférieur gauche du tableau sollicite une interprétation. Mais je n'ai pas grand chose à vous offrir! Armé d'une rage de dent l'imagination ne va pas très loin et ma concentration est insuffisante pour monopoliser mes connaissances en histoire de l'art et surtout l'iconographie.

Quel rapport peut-il bien y avoir entre Saint-Sébastien et la chicorée?





La chicorée pousse le long des chemins, endroit de désolation où rôde le diable et où on enterre les suicidés. Du Moyen-âge au 17e siècle la fleur bleue est considérée apotropaïque, elle éloigne les forces néfastes. Pensez au fer à cheval qui porte chance ou aux phallus au-dessus des portes des maisons à Pompéi qui éloignaient le "mauvais oeil". La récolte de la chicorée et son usage étaient autrefois soumis à de curieuses superstitions : on devait prendre la racine qu'à la Saint-Pierre et Saint-Paul le 29 juin ou à la Saint-Jacques le 25 juillet. En plus ce devait se faire la nuit à deux heures moins le quart avec des outils spéciaux comme une branche frappée par la foudre. Pas facile à trouver ça !!! Mais tout cela valait la peine : porter la chicorée vous protégeait ensuite de tous vos ennemis et mettait à l'épreuve des poignards et des balles. C'est pas mal!





Il est est peut-être intéressant de constater qu'il y a encore aujourd'hui des usages comparables des plantes avec des rituels tout aussi fantastiques pour les cueillir. Je parle entre autre d'un certain M. Bach (non, pas le Very Grand Musicien) et de sa célèbre Méthode Solaire . Essentiellement il faut cueillir des fleurs au petit matin et les mettre dans l'eau pure au soleil. Ce qui nous donne une "Infusion solaire diluée dans laquelle il n'y a pas de molécules à proprement parler". Pas d'impuretés! Nous voilà rassurés!


Et la chicorée selon cette école de pensée? Elle est bonne "Pour ceux qui sont trop possessifs, égoïstes, qui ont besoin de contrôler ou de diriger ceux qui les entourent". Par ailleurs "La chicorée est conseillée aux enfants qui ont une demande d'attention permanente."


On nous précise que les fleurs de Bach "peuvent être prises en conjonction avec tous les médicaments conventionnels ou alternatifs. Les fleurs de Bach sont 100% naturelles, ne présentent aucune contre-indication, et toute la famille peut les utiliser."


Puisque c'est de l'eau, pardon une infusion solaire diluée, c'est bien ce que je croyais… C'est sans danger...


Selon cette approche thérapeutique romantique ou moyen-âgeuse (c'est selon) si vous avez peur prenez du tremble, si vous souffrez de solitude de l'impatience vous fera le plus grand bien (en vous faisant peut-être sortir un peu?). Le doute vous transperce? Le Fol d'Avoine arrangera ça! Vous constatez votre désintérêt général? Rien que ne pourra remédier la Moutarde ou le bourgeon du marronnier. Fallait y penser.


Et pour le scepticisme? Vous me recommandez L'Herbe à Détours, n'est-ce pas?


Et alors, ce tableau de Saint Sébastien et la chicorée? Quelle interprétation?


Je vous l'ai dit je n'ai pas grand chose à vous offrir (le mal de dent) en guise de lecture de ce tableau. Sauf peut-être qu'au sujet de la phrase « Et les archers le frappèrent jusqu'à ce qu'il soit recouvert de flèches comme un hérisson est couvert d'épines ». Je trouve que c'est une assez bonne description du centre de la fleur de la chicorée, hérissée de flèches en son centre.



Rien de transcendant cette proposition (mal de dent...), mais surtout : rien de magique!





Références:

Symbolism of plants: examples from European-Mediterranean culture presented with biology and history of art


Le Saint est le plus beau prétexte à la nudité masculine. Il est vrai qu'il a été si souvent représenté et de façon magnifique à l'occasion. Voyez de ce côté :


The Iconography of Saint Sebastian





lundi 30 janvier 2012

Le bon goût de Synchlora aerata




Chenille de Synchlora aerata : photo de Hopefoote, Ambassador of the Wow
 

Cette chenille arpenteuse est la larve du papillon Synchlora aerata qui avec 7 autres espèces forment les représentants de la sous-famille des Géométrinés au Québec. Ce sont des papillons de nuit et Synchlora aerata, le seul du genre ici, a une chenille qui aime se décorer de pétales de fleurs, surtout celles des Astéracées mais aussi celles des Éricacées : Gaylussacia et Vaccinium (nos bleuets) et des framboisiers (genre Rubus, famille des Rosacées).



Chenille de Synchlora aerata sur Achillea millefolium. Photo Friends Central

La chenille prend des morceaux de pétales qu'elle fixe avec un peu de soie sur des poils spécialisés sur son dos. Si le bouquet venait à faner elle le remplacera aussitôt. Elle ne veut surtout pas commettre une faute de goût et être fatalement remarquée et rapidement bouffée par un oiseau, pour qui ce serait une délicieuse faute de goût...


Ci-haut la chenille est sur une inflorescence de Achillea millefolium et s'est camouflée avec des pétales des fleurs dont elle se nourrit.  On peut aussi la trouver sur des fleurs des genres Artemisia, Aster, Liatris, Rudbeckia et Solidago et quelques autres. En plus, elle se rend à chaque fois localement invisible en s'habillant pour l'occasion.



Synchlora aerata. Photo : John Brandauer



Le papillon est petit : de 9 à 12 mm pour le mâle et de 12 à 13.5 mm pour la femelle.




Comme on dit en latin c'est cool...



Voyez cette page avec de nombreuses photos : Flickr Hive Mind

Une autre page Moth Photographers Group

Et ces quelques pages sur la sous-famille des Géométrinés

Quelques références :


University of Alberta Entomology
Les Geometroidea du Québec
Lynn Scott Lepidoptera Images



jeudi 5 janvier 2012

Constantin Samuel Rafinesque



Portrait Miniature d'émail. À droite Rafinesquia neomexicana. Photo Beth Kinsey

 

Mon premier billet de 2012 prend un détour... Je voulais vous parler de Rafinesque et de son livre bien connu :


Medical Flora, a Manual of the Medical Botany of the United States of North America 


mais j'ai pris ce matin un chemin qui me mène un peu à autre chose. Je me suis mis à surfer sur mille aspects de ce fascinant personnage. Je savais qu'un genre comptant deux espèces d'Astéracées lui était dédié mais je n'avais jamais vraiment pris la peine d'aller voir de quoi ont l'air ces fleurs. Ce sont donc des cousines des chicorées poussant dans dans des zones désertiques. La première ci-haut est Rafinesquia neomexicana New Mexico Plumeseed ou Desert Chicory et la suivante est Rafinesquia californica, California Chicory.



Rafinesquia californica, photo Santa Monica Mountains National Recreation Area


De tous les grands naturalistes du XIXe siècle Rafinesque (1783-1840) est un des plus extraordinaires. L'homme est une véritable chimère : autodidacte en malacologie, ichtyologie, botanique, linguistique et anthropologie, polyglotte, ETC…

On dit qu'il a même proposé un article scientifique décrivant douze nouvelles espèces de tonnerres et d'éclairs : article refusé! 



Page d'un cahier de notes (en français) au Smithsonian.


Né à Constantinople, sa famille se déplace ensuite en Italie. Enfant il séjourne en Amérique puis retourne en Sicile. Il reviendra en Amérique en 1815. Jusqu'en 1818 il explore la vallée de l'Hudson et du lac George. Je me demande s'il n'est jamais venu jusqu'ici? C'est tout près.



 Autumn Colors of Mt. Rafinesque in Brunswick, NY - October 2006. Photo Kyle.



Je ne savais pas qu'il y avait près d'Albany dans l'État de New York le mont Rafinesque.  Il le décrit ainsi lors d'une conférence en 1833:


"On the top of the mountain, I received the finest prospect which has ever been given me in the State of New-York: - a range of fifty miles in circumference was open, presenting a diversity of country, and beauty of scenery, which gave me the most pleasing sensations. . ."  


Quant à son Medical Flora, je vous en reparle bientôt. Je me perdrai probablement encore en route...





vendredi 24 juin 2011

Nouvelles espèces au Champ des Possibles




Deux, non, trois espèces nouvelles sont documentées au Champ des Possibles. Il s'agit du coléoptère Chrysolina (hyperici ou quadrigemina), d'une espèce du genre Carex et finalement de Achillea millefolium (achillée millefeuille, common yarrow, p.101).

La dernière est facile à identifier… même si sur le coup j'ai erré… Je suis un peu rouillé avec  les plantes me concentrant sur les espèces ligneuses (arbres, arbutes et plantes grimpantes) pour mon prochain livre. Je n'ai pas de photo de l'achillée (prononcez le ch "k" svp…) mais comme vous avez Google ou vous connaissez sûrement la plante (ou vous avez une copie de mon livre sous la main…).

Je craignais devoir peiner à identifier l'insecte, un coléoptère parmi des dizaines de miliers et des dizaines de millier… Pas du tout! J'ai eu un coup de chance et l'affaire a été classée en 3 minutes. Un coup de chance et le fait que je connaissais la plante où une demi-douzaine de ces insectes de 6 ou 7 mm s'envoyaient en l'air. L'insecte a été "importé" pour le contrôle biologique de Hypericum perforatum (millepertuis commun, St. John's-wort, p.211) une mauvaise herbe en agriculture.

Pour l'identité précise du Carex… une autre fois, d'accord?



samedi 14 mai 2011

Résilience, ressemblance



Pincées entre les doigts de ma main gauche trois fleurs. Correctement ce sont des inflorescences nommées capitules chez les Astéracées, la famille de plantes que l'on appelait autrefois Composées parce qu'elles sont composées d'une multitude de minuscules fleurs. Peut-être devrais-je préciser deux capitules en fleur et un troisième en fruit?



Où vais-je ce matin avec ce billet qui aurait dû être composé sans mot que d'images: la même pincée de pissenlits photographiée en variation. En bavardant je gâche mes photos où je me suis laissé aller à être photographe! Imageur satisfait j'aurais mieux fait de laisser le clavier et me prendre un autre café. 




Un dernier mot (ou presque) : à gauche le pissenlit et à droite et à l'arrière-plan en plume des tussilages. Voilà pour la ressemblance.




Et la résilience? À la fin de l'hiver une coupe sauvage des arbres au pied de l'immeuble à l'ouest du Champ des Possible. Six ou sept arbres coupés. Le tronc nettement séparé des racines. Coupés les arbres quoi! Et pourtant…




Autant le peuplier que l'érable à Giguère ont eu assez de jus, de juteuse résilience, pour débourrer leurs bourgeons et amorçer une feuillaison. On connaît cela chez les saules : une branche coupée fichée dans le sol nous donnant un saule qui reprend tout simplement sa croissance. Les animaux (nous même pauvres bêtes compris) ne savent pas faire ça…




C'est pluvieux ce matin mais après une semaine de beau temps (et les arbres qui ont maintenant des feuilles qui se déploient) je m'en accomode avec satisfaction.

Bonne fin de semaine!


lundi 9 mai 2011

Flore des trottoirs


La bien tardive capselle bourse-à-pasteur (Capselle bursa-pastoris, shepherd's-purse). Je l'ai déjà photographié en fleur un 5 mars... Cette année elle n'est en fleur que depuis quelques jours.


Je n'ai pas réussi à identifier cette espèce à capitule jaune. Comme on "dit":  ;)))



Les violettes elles sont très hâtives. Il faut paraît-il manger les premières fleurs que l'on aperçoit. C'est fait. Un porte-bonheur. Celle-là je ne connais pas son nom... 



jeudi 31 mars 2011

Détourne-sol

Helianthus annuus, sauvagement et anonymement planté au Coteau de la Caserne.

 
Le premier mai est la fête du travail en Europe (elle a lieu en septembre en Amérique du Nord). Le bouquet de muguet en est un symbole bien connu et si c'est un signe du printemps près de Paris, de mon côté du Très Grand Lac Atlantique: hum… je crois qu'il faille encore attendre un peu pour ce doux parfum. Pas septembre, mais...

Le premier mai est aussi le International Sunflower Guerilla Gardening Day depuis 2008. Le londonien (pourquoi ne dit-on pas londriais?) Richard Reynolds, terroriste des grands et petits chemins mène ce site web de référence en la matière de Guerilla Gardening. Joignez aussi le Facebook du International Sunflower Guerrilla Gardening Day 2011.

L'idée est prolifique, il y a aussi le Sunflower Guerilla Days qui aura lieu le 15 avril.


Merci (et salutations) à Sylvie Camusat de me signaler cet événement.


vendredi 9 juillet 2010

Priez Saint-Joseph des pétunias!


Où sommes-nous? Coin Saint-Joseph et Saint-Denis à Montréal

Les belles fleurs? Où ça? Sur le boulevard Saint-Joseph. Pourtant ce terre-plein herbeux et fleuri ne se distingue pas facilement d’un terrain vague. Toutes les espèces qu’on y trouve (à part le semis...) se trouvent aussi dans les zones malfamées: chou-gras (Chenopodium album), amaranthe (Amaranthus hybridus), renouée (Persicaria maculosa), etc. Oh! j’oubliais l’herbapoux! Un terrain vague est justement un mélange biogéographique d’espèces y compris des échappées de jardin et, occasionnellement, des plantations citoyennes. Un terrain vague est en plus un mélange de processus biologiques spontanés et d’intentions humaines. Tout comme ce terre-plein. Le non-soin en milieu urbain est aussi une intention mais dont le but peut varier toutefois!



Comment soigner différemment une négligence fleurie?

Comment reconnaît-on une belle fleur à planter: ça vient dans un sachet et c’est écrit dessus! La cousine sauvage de ces fleurs sur la première photo, le linaire vulgaire, une rude vivace des trottoirs aurait bien fait le travail de verdir en haute couleur ce terre-plein. De plus le linaire vulgaire est très généreux en nectar: il faut voir les grosses abeilles du genre Bombus s’y plonger la tête avec soif!  Mais comme il se nomme “vulgaire” et qu’il a la mauvause étiquette (mauvaise herbe) il est exclu du catalogue ou du sachet  “pré fleuri”. Nos représentation de ce qu’il convient de planter dans un contexte donné sont très étranges.




Mélange spontané de mauvaises herbes se mélangeant à un mélange ordonné de pré fleuri avec cette messicole: la centaurée bleuet rencontre l'herbapoux.


Y aura-t-il une corvée herbapoux*? Les services des parcs considèrent la chose obligatoire au Champ des Possibles par exemple. Et sur ce terre-plein appartenant à la ville? Mais voilà le  traitement ordinaire de ce problème est le coup de la tondeuse. Prions Saint-Joseph qu’ils y allent moins radicalement. En fait c’est probablement plus économique de le faire à la main en quelques instants que de déplacer une armada de véhicules et d’employés... mais qui suis-je donc pour suggérer de la mesure en la matière? Imagine-t-on des employés à vélo s’occupant de ces tâches légères? Voyons-donc... dans la ville du Bixi... quelle drôle d’idée!




Les linaires semés sont-ils plus beaux que le linaire vulgairement (à droite) plein de nectar?


Je ne sais pas qui est responsable du semis: Daniel Sanger à l’arrondissement s'interroge aussi. Est-ce un citoyen exemplaire qui s’est procuré un sachet de “plantes sauvages” puis a fait du Guerilla Gardening? Ce sont peut-être les services d’horticulture même qui ont fait preuve d’imagination et d’initiative? Il n’en demeure pas moins que le petit ruban vert et fleuri se voit et est apprécié: on m’en a déjà fait trois fois la remarque. Mais Saint-Joseph est un boulevard et l’image d’un boulevard ne souffre ordinairement pas pareille extravagance. On verra ce que réserve l’avenir!


*Vous avez remarqué mon orthographe simplifiée, non? Je propose aussi herbapuce pour le pénible “herbe à la puce” (Toxicodendron radicans). Qu’on se tienne pour prévenu!




vendredi 2 juillet 2010

Herbe à poux et autres dangers


Le danger danger  dans la verd’herbe: tout va bien...

Jeudi après-midi, inspection du Champ des Possibles, but: évaluation du problème urgent de santé publique que représente l’herbe à poux. Résultat: je me suis fait mouillé par la pluie! Parce qu’à part cela, sur une échelle de 1 à10, l’infestation crainte et présumée se mérite le niveau 1. Les plantes peu nombreuses sont en colonies très bien localisées et méritent à peine qu’on s’en occupe. Essentiellement les plantes se trouvent le long des sentiers. Dans les grands espaces végétalisés il n’y en a pas pour ainsi dire. La plante n’est pas une bonne compétitrice. 




Daucus carota: ma bonne carotte! Quelle taille elle atteint cet été!

C’est donc un non-problème. Mais on s’en occupera! C’est l’entente que l’on a avec l’arrondissement. Une intervention pour la forme en somme, afin d’éviter les redoutables tondeuses de la biodiversité et des aspirations citoyennes. L’appréhension générale du danger d’un terrain vague induit toutes sortes de comportements. Pour remédier au désordre des herbes folles tous les prétextes sont bons: aujourd’hui ce sont les impératifs de la santé publique et demain ce seront les impératifs de la sécurité: on fauche le champ parce qu’on a peur... Les représentations sociales comme frein à la biodiversité urbaine! Vous me suivez? Samedi nous serons quelques volontaires à faire acte de présence et arracherons quelques plants pour la bonne mesure, les bonnes moeurs, etc. Venez quand même nous rencontrer et démontrer ainsi votre appui au projet du Champ des Possibles!




Les hémérocalles plantés il y a quelques années par Vincent le jardinier illicite sont en fleur.


Plus sérieusement maintenant: après le Guerilla Gardening, phénomène de plantation illicite dans les espaces urbains, faut-il maintenant saluer l’arrivée du Guerilla De-Gardening? Cet autre phénomène est le retrait illicite de plantes en milieu urbain. La semaine dernière, lors d’une visite avec un architecte et d’autres membres du Champ des Possibles, j’avais montré la très rare forme blanche de la vipérine (Echium vulgare). Cet après-midi elle n’y était plus! En m’approchant j’ai constaté ce que je craignais: quelqu’un l’a déterré et l’a apporté. Assez déplorable... pour information aux De-Gardener: les plantes produisent des graines... vous savez ces petits machins magiques, faciles à récolter, à mettre dans la poche et à planter ailleurs, illicitement...




Mais où est passé la vipérine blanche?

Donc, samedi on se réunit pour enlever une plante problématique absente... en attendant de faire face à la peur du loup se cachant dans les buissons. Pendant ce temps un comportement peu éclairé fait disparaître une rareté...




mercredi 30 juin 2010

Tous au Champ des Possibles!




plus ya d’herbe, plus ya de biodiversité...


Ambrosia artemisiifolia -l’herbe à poux- a un pollen allergène. Le Champ des Possibles n’est  pas particulièrement infesté mais nous avons une entente avec l’arrondissement: plutôt que de voir le champ fauché nous allons nous occuper de la mauvaise herbe. Pour l’instant le traitement proposé est le suivant: on l’arrache! Elle est enracinée superficiellement et cela ne demande pas un grand effort. C’est tout le champ qui doit ainsi recevoir nos soins attentionnés. Jusqu’à maintenant le gestion du problème signifiait une fauche générale de tout l’espace. C’est tuer une mouche avec de la dynamite!



La terreur verte au pollen allergène: vous la reconnaissez?

En très grande partie la plante se retrouve en marge des sentiers où l’herbe est basse. La tâche n’est pas au-dessus de nos moyens collectifs surtout si vous venez nous donner un coup de main. La plante n’est pas encore allergène, elle fleurira et émettra son pollen dans quelques semaines seulement. Mais apportez vos gants et votre chapeau tout de même!



La solution jusqu'à maintenant: le syndrome du terrain de golf.


Parlant de tuer une mouche avec de la dynamite... vous saviez qu’une minuscule mouche à fruit a une relation particulière avec cette très mauvaise herbe? La femelle d’Euaresta bella (ces petites mouches “sans intérêt” ont rarement des noms communs...) pond ses oeufs dans les fleurs de l’herbe à poux. Les larves se nourirront des graines qui se développent et sont de fait un contrôle biologique intéressant! C’est un phénomène parallèle avec celui de la relation du papillon monarque et de l’asclépiade. Mais évidemment le monarque c’est beau et l’asclépiade ça sent bon! Les petites mouches à fruit et l’herbe à poux, elles...



Une des chorégraphies amoureuses de Euaresta bella

Le Champ des Possibles est plein de ces relations écologiques discrètes et peu spectaculaires. La biodiversité est-elle un catalogue où nous choisissons les espèces qui nous conviennent? On comprend sans difficulté la nécessité de gestion de cette plante nuisible à la santé humaine. Et la mouche?


Que dit donc ce sémaphore?

Euaresta bella mérite quand même qu’on s’y attarde un peu, ne serait-ce que pour expliquer pourquoi il ne faut surtout pas retirer tous les plants de l’herbe à poux (de toute façon est-ce envisageable?). Pardonnez la mauvaise qualité des images plus haut: la mouche est très petite et hors foyer sur une ombelle de carotte qui se baladait au vent... Que faisait ce mâle? C’est une danse de séduction, un sémaphore amoureux qu’il exécute pour une femelle. Cette mouche a mille danses et courbettes comme celle-là... un spectacle de cirque de puce, sans projecteur, sans grand spectateurs! Les mâles ont aussi d’autres démonstrations attachantes pour les femelles: l’ombelle de carotte en plus d’une piste de danse est une fontaine de nectar et le mâle donnera du nectar à une femelle qui approchera. C’est la trophallaxie, c’est à dire une offrande de nourriture qui pourrait bien se doubler ici de quelque messages phéromonaux.






Les Amis du Champ des Possibles souhaitent conserver un maximum de ces relations écologiques. En attendant un plan de gestion plus élaboré et afin d’éviter la fauche radicale qui ne fait qu’exacerber le problème et constitue une perturbation massive de la biodiversité nous devons extirper l’herbe à poux. À la main!

Vous viendrez profiter du champ, nous rencontrer et nous aider à conserver tous ces petits spectacles? Samedi le 3 juillet de 14 à 17h. S’il y a pluie ce sera remis au samedi le 10. Apportez gants, chapeaux, eau et... loupe!




mercredi 2 juin 2010

Les beaux yeux bleus de la centaurée


Mes explorations sont récompensées par de belles rencontres: Centaurea cyanus (centaurée bleuet, batchelor’s button, p.110), le bluet ou bleuet des champs comme on la nomme en France. C’est une de ces plantes dites messicoles: une mauvaise herbe des champ de blé. Les changements de pratique en agriculture menacent de la faire disparaître en France. Avec ses beaux yeux bleus pas étonnant que la doctrine des Signatures (encore vivante...) lui prêtent des vertues curatives pour les affections des yeux: on la nomme aussi casse-lunettes. On prête les mêmes vertues avec le même nom commun pour l’euphraise officinale. À Montréal c’est une rare rencontre appréciée des abeilles et des photographes. Le thé Earl Grey parfumé que l’on appelle “crème” est décoré avec ses fleurs. Mon préféré!

Trouvez l’information sur les messicoles chez La Cabane de Tellus



Un petit épilobe, je n’ai pas sous la main les notes (et je dois partir...) permettant de distinguer les nombreuses petites espèces de ce genre: plante velue-glanduleuse, fleurs minuscules... Epilobium glandulosum?




Je cherchais les quelques spécimens que je connais de Calystegia hederacea (liseron pubescent, japanese false bindweed, p.184). Je n’en ai retrouvé aucun et ça m’inquiète: la plante ne se reproduit pas par graine mais par bouture. Sa survie m’a toujours étonné. Mais j’ai trouvé en masse de ces liserons des champs (Convolvulus arvensis, field bindweed, p.185)




C’est Charles L’Heureux qui m’a fait voir ces arbres d’alignement nouveau genre. Entourée d’arbres comme cela, la maison sera éventuellement soulevée et deviendra une maison dans les arbres?