mardi 13 octobre 2009

Écologie urbaine: les fourmis 1


comment la chélidoine grimpe-t-elle?


Les abeilles sont des infatigables pollinisatrices et sans leur service la flore et la biodiversité urbaines seraient radicalement altérées et réduites. D’autres insectes ont toutefois un rôle écologique important qui n’est toutefois pas aussi connu. C’est un travail de l’ombre que celui des fourmis. Celles-ci sont des Hyménoptères avec les guêpes et les abeilles. En fait les fourmis sont essentiellement des guêpes sans ailes. Sur la planète ce sont de 12 à 14,000 espèces de fourmis, et près de 100 espèces au Québec.

On ne remarque pas beaucoup les fourmis...mais à l’échelle de la planète elles représentent près de 20% de la biomasse animale totale...plus que celle des vertébrés...Et en plus ça travaille! Écologiquement les fourmis sont l’équivalent terrestre des abeilles. Si les infatigables butineuses sont responsables d’une part importante de la pollinisation des plantes, les marcheuses elles transportent ensuite les graines et disséminent ainsi de nombreuses espèces.



fruits, fleurs, feuilles


Le fait est connu chez les plantes de la forêt de feuillu de notre région. Il y a les cas bien documentés des trilles et sanguinaires: ce sont les fourmis qui en disséminent les graines. C’est ce qu’on appelle la myrmécochorie (myrmeco: fourmi, chorie: dispersion). Les fourmis ne vont pas très loin, ce qui produit des colonies de plantes assez denses. Mais c’est surtout qu’elles soustraient les graines aux autres animaux qui les consomment en les amenant sous terre. Quelques autres espèces de nos forêts adaptées aux fourmis: des espèces de Hepatica, Erythronium americanum, les espèces de Dicentra, Asarum canadense, Epigaea repens, de Corydalis, Viola pubescens, etc. Sans les fourmis les floraisons printanières seraient bien différentes!

De nombreuses espèces ont développé des excroissances sur leurs graines: c’est un petit bourrelet nutritif et attractif pour les fourmis. Ce “petit gras” à fourmi se nomme un éléosome (orthographe simplifié préférable à élaiosome). Les fourmis prendront ces graines et les apporteront dans le nid, c’est une nourriture pour les larves.



 contenu d’un fruit, graines et éléosomes
 

Le rôle écologique des fourmis pour la flore indigène et la “nature naturelle” a donc toute son importance. Mais pour cette “autre nature”, celle des milieux anthropisés, pour la flore urbaine spontanée? Retrouve-t-on des signes de cette complexité écologique chez ce mélange biogéographique déconsidéré, composé d'espèces étrangères et indigènes? J’ai trouvé ce spécimen de grande chélidoine poussant, pas très haut, sur un mur. Comment les graines (il a en fait trois plantes) se sont-elles trouvées à 40 cm du sol?

Chelidonium majus a justement des éléosomes sur ses graines. C’est une plante diplochore, c’est à dire qu’il y a deux étapes à sa dissémination: la première est autochore: les graines sont lâchées des fruits mûrs qui s’ouvrent et laissent tomber les graines autour de la plante-mère et la deuxième est myrmécochore, les fourmis s’en occupent... La grande chélidoine a une longue saison de floraison: une plante de taille moyenne produit 75,000 graines par année. Nous sommes le 13 octobre et elle est toujours en fleur...La chélidoine sait qu’elle peut compter sur les armées sous-terraines invisibles...

Une graine au sol et... les fourmis travaillent.



4 commentaires:

  1. "On ne remarque pas beaucoup les fourmis...mais à l’échelle de la planète elles représentent près de 20% de la biomasse animale totale...plus que celle des vertébrés..."

    quelle image foudroyante!
    je la visualise sous la plume de Charley Harper...

    RépondreEffacer
  2. Remarquable, mais il s'agit de quoi -- ou de qui -- ces vertébrés. Moi, j'ai une bonne idée mais présumons pas que c'est tout le monde qui sait précisement la définition d'un vertébré.

    Après tout, les bases de la biologie ne sont pas universellement instruites dans notre société.

    Heureusement, vous remplissez bien des lacunes avec votre blogue.

    RépondreEffacer
  3. instruire... ou plutôt de relier...

    RépondreEffacer
  4. J'adore les commentaires...je ne connaissais pas Charley Harper, alors j'apprends. Et j'utilise Google pour avoir une idée de l'artiste...Pour moi il est toujours possible d'utiliser son moteur de recherche préféré ou le cher Wikipedia pour avoir par exemple au moins une idée de base (ou plus...)de ce que sont les vertébrés:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Vertébrés

    Mais je devrais peut-être reprendre l'habitude du début de mon blogue d'inclure des hyper-liens vers quelques définitions...Je confesse mon laisser-aller! J'essaierais de faire mieux à l'avenir!

    Merci à tous des commentaires!

    RépondreEffacer