Aucun message portant le libellé Fumariacées. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé Fumariacées. Afficher tous les messages

samedi 12 juin 2010

Le cupidon de Lamprocapnos spectabilis


coeur ouvert et disponible

Quel facteur(s) explique(nt) tous ces fruits produits par les coeurs saignants ce printemps? Les fleurs sont auto-fertiles mais je ne sais pas si elles s’auto-pollinisent ou si un insecte doit se charger de transférer du pollen depuis l’anthère sur le stigmate. Je devrais prendre une fleur et la disséquer pour essayer de comprendre un éventuel mécanisme. J’ai déjà disséqué de ces fleurs (je suis sûr que vous aussi) mais il y a bien longtemps...

Je ne sais pas quel est le pollinisateur de ces fleurs. J’ai déjà vu des abeilles affairées mais les traces laissées sur la fleur indiquaient un comportement de voleuses de nectar. Elles percent le sommet de la fleur pour boire le nectar, contournant ainsi l’accès “standard” qui permet la pollinisation. Les grosses abeilles Bombus, les bourdons, sont habituellement responsables de ce vol de nectar et les autres abeilles ou mêmes les fourmis profiteront de cet abreuvoir illicite. La fleur donne le nectar mais l’insecte ne rend pas le service!

Je n’ai pas eu le temps de vérifier les références mais les colibris sont attirés par notre plante et seraient pollinisateurs (Audubon International pour la Floride par exemple). Est-ce le cas en Chine, pays d’origine du coeur saignant? 





feuilles et fruits

Les lecteurs de ce blogue qui connaissent bien les plantes d’horticulture me diront peut-être si cette plante produit régulièrement des fruits ou s’échappe ordinairement des jardins? La banque de donnée de USDA indique qu’elle est spontanée dans quelques états limitrophes au sud et à l’est de chez nous: New York et Maine. J’ai trouvé une mention aussi pour la Lithuanie. Le coeur saignant n’est pas sans potentiel de “mauvaise herbe”, c’est réjouissant.





fruits: les éléosomes blanc-jaunâtre sur les graines noires sont bien visibles.

Comme chez les Brassicacées (famille de la moutarde) les fruits de la famille des Fumariacées s’appellent siliques: ils sont en deux parties qui s’ouvrent par la “suture”, la ligne bien visible sur le gros plan ci-haut. Deux placentas pariétaux donc et les graines sont en deux colonnes, chacune dans sa moitié de fruit.

Les fleurs de différentes espèces présentent différents modes de maturation des parties mâles et femelles. Si ce sont les anthères (mâles) qui sont mûres en premier la fleur est dite protandre, si c’est le stigmate qui est réceptif en premier on dit la fleur protogyne. Notre plante est adichogame: le stigmate et les anthères sont simultanément matures.

Ce sont là les informations de base dont je dispose pour juger de la possibilité que cette plante puisse un jour se naturaliser. Elle fleurit et produit des fruits (comment?) elle a aussi un mode de dispersion des graines (la mymécochorie). Ses graines germent et des plantes se développent et fleurissent.

Mais qui donc est le cupidon de ce coeur saignant?




mercredi 9 juin 2010

Coeur saignant et fuyant!


L’année dernière j’ai photographié ce coeur saignant dans une ruelle. Sa situation me laissait croire qu’il était spontané: qu’il n’avait pas été planté et qu’il était donc un échappé de jardin. Cela me laissait perplexe je n’avais jamais vu cette plante pousser en-dehors de la culture. Suis-je dans les Solanum tuberosum? (suis-je dans les patates? pour les québécois qui ne lisent pas le latin. Ou suis-je dans l’erreur? pour les autres) Peut-être me direz-vous qu’il est commun sous notre climat que cette plante s’échappe et survive?




Mais voilà qu’il y a quelques jours j’ai trouvé ces autres individus bien connus dans une plate-bande au trottoir (c’est sur la rue où j’habite). C’était seulement la deuxième fois que je voyais des fruits ce printemps. Cela me semblait inhabituel. Je ne savais pas que cette plante produisait des fruits chez nous. Bien sûr toutes les plantes à fleurs produisent des fruits mais si elle ne s’auto-pollinisent pas elles ont besoin d’un insecte ou de certaines autres conditions qui n’avaient jusqu’à maintenant pas fait le travail.

Recherchant le sujet un peu ce matin je me rend compte que la plante:

Dicentra spectabilis se nomme maintenant Lamprocapnos spectabilis... Mes notions des plantes des jardins sont assez limitées et voici qu’en fait la plante a changé de nom en 1997... un léger retard donc!



Comme je ne m’étais pas documenté sur le sujet (en général mon propos ne porte en effet pas sur les plantes cultivées) je ne savais pas que ses graines portent des eléosomes! Ce sont donc les fourmis qui s’occupent de la dissémination de la plante. Quel rapport y a-t-il donc entre nos printemps plus hâtifs récemment et les fourmis? Comment expliquer cette nouvelle plante de la flore spontanée de notre ville?

Voyez mes billets sur la myrmécochorie en cliquant ce libélé sur la liste à droite. Notez que la grande chélidoine est une Papavéracée qui sont eux des parents des Fumariacées (famille qui contient notre coeur saignant et le genre Corydalis entre autres) 

Voyez cet autre billet sur les membres de la famille


Et surtout le billet sur la grande chélidoine



mardi 11 mai 2010

Attrape-plante 2010


vue d’ensemble avec ruelle et enfant à vélo

Qu'en est-il du King des attrape-plantes? 2010 sera-t-elle un bon crû? Voici un rapport bien attendu par les lecteurs. Les courriels, pigeons messagers, signaux de fumée et appels de toutes sortes me forcent à rendre compte de la situation. Alors voilà:



domination des hivernantes

Le printemps est clairement dominé par la luzerne lupuline (Medicago lupulina, black medick, p.201) qui a gardé ses feuilles vertes durant tout l’hiver. Voir ce billet: N’attrape-plante. Elle partage toutefois l’habitat avec la potentille (elle aussi a gardé des feuilles hivernantes). Je n'oublie la mousse: première résidente du piège à végétaux et encore présente!




À gauche: le bident feuillu (Bidens frondosa, devil’s beggartick, p.108) toujours volontaire en grande quantité. Ses graines ont germé il y a longtemps et les premières vraies feuilles s’ajoutent aux cotylédons encore en place. Le laiteron rude (à droite) a quelques plantules aussi (Sonchus asper, spiny-leaf sow-thistle, p.131).




La surprise, si tôt au printemps, est cette graine cotonneuse (à gauche) d’une espèce de peuplier. Relevant la tête j’en ai aperçu quelques rares autres qui volaient au-dessus de la ruelle. Quelle espèce a déjà ses graines en exploration du territoire? Les fruits du peuplier deltoïde sont encore bien vert et n’ouvriront pas avant longtemps. Peut-être s’agit-il du peuplier faux-tremble? Et si je les reconnaît bien (à droite) il s’agit des cotylédons du plantain.

Qu’adviendra-t-il de Agalinis tenuifolia (gérardie à feuilles ténues, slenderleaf false foxglove), Centaurium erythraea (érythrée petite-centaurée, european centaury. J’y ai aussi ajouté les graines de la renoncule cymbalaire du terrain vague Turcot et la corydalis du coteau de la Caserne? Seront-elles au rendez-vous?

Majella Larochelle m’écrit ce matin sur Facebook qu’il a reçu les graines de Draba verna que je lui ai envoyé. Déjà semées! L’homme est à son affaire!

Maintenant que la curiosité planétaire est satisfaite... je dois faire un peu de boulot!



mardi 13 octobre 2009

Écologie urbaine: les fourmis 1


comment la chélidoine grimpe-t-elle?


Les abeilles sont des infatigables pollinisatrices et sans leur service la flore et la biodiversité urbaines seraient radicalement altérées et réduites. D’autres insectes ont toutefois un rôle écologique important qui n’est toutefois pas aussi connu. C’est un travail de l’ombre que celui des fourmis. Celles-ci sont des Hyménoptères avec les guêpes et les abeilles. En fait les fourmis sont essentiellement des guêpes sans ailes. Sur la planète ce sont de 12 à 14,000 espèces de fourmis, et près de 100 espèces au Québec.

On ne remarque pas beaucoup les fourmis...mais à l’échelle de la planète elles représentent près de 20% de la biomasse animale totale...plus que celle des vertébrés...Et en plus ça travaille! Écologiquement les fourmis sont l’équivalent terrestre des abeilles. Si les infatigables butineuses sont responsables d’une part importante de la pollinisation des plantes, les marcheuses elles transportent ensuite les graines et disséminent ainsi de nombreuses espèces.



fruits, fleurs, feuilles


Le fait est connu chez les plantes de la forêt de feuillu de notre région. Il y a les cas bien documentés des trilles et sanguinaires: ce sont les fourmis qui en disséminent les graines. C’est ce qu’on appelle la myrmécochorie (myrmeco: fourmi, chorie: dispersion). Les fourmis ne vont pas très loin, ce qui produit des colonies de plantes assez denses. Mais c’est surtout qu’elles soustraient les graines aux autres animaux qui les consomment en les amenant sous terre. Quelques autres espèces de nos forêts adaptées aux fourmis: des espèces de Hepatica, Erythronium americanum, les espèces de Dicentra, Asarum canadense, Epigaea repens, de Corydalis, Viola pubescens, etc. Sans les fourmis les floraisons printanières seraient bien différentes!

De nombreuses espèces ont développé des excroissances sur leurs graines: c’est un petit bourrelet nutritif et attractif pour les fourmis. Ce “petit gras” à fourmi se nomme un éléosome (orthographe simplifié préférable à élaiosome). Les fourmis prendront ces graines et les apporteront dans le nid, c’est une nourriture pour les larves.



 contenu d’un fruit, graines et éléosomes
 

Le rôle écologique des fourmis pour la flore indigène et la “nature naturelle” a donc toute son importance. Mais pour cette “autre nature”, celle des milieux anthropisés, pour la flore urbaine spontanée? Retrouve-t-on des signes de cette complexité écologique chez ce mélange biogéographique déconsidéré, composé d'espèces étrangères et indigènes? J’ai trouvé ce spécimen de grande chélidoine poussant, pas très haut, sur un mur. Comment les graines (il a en fait trois plantes) se sont-elles trouvées à 40 cm du sol?

Chelidonium majus a justement des éléosomes sur ses graines. C’est une plante diplochore, c’est à dire qu’il y a deux étapes à sa dissémination: la première est autochore: les graines sont lâchées des fruits mûrs qui s’ouvrent et laissent tomber les graines autour de la plante-mère et la deuxième est myrmécochore, les fourmis s’en occupent... La grande chélidoine a une longue saison de floraison: une plante de taille moyenne produit 75,000 graines par année. Nous sommes le 13 octobre et elle est toujours en fleur...La chélidoine sait qu’elle peut compter sur les armées sous-terraines invisibles...

Une graine au sol et... les fourmis travaillent.



mercredi 27 mai 2009

La Corydalis sous la pluie

comme il pleut...


N’allez surtout pas croire que je trouve cette plante plus intéressante qu’une autre...Non ce n’est que pour vous la situer parmi les autres espèces connues de la même famille: les Fumariacées. Ce n’est pas pour partager mon attachement...c’est dans un but informatif!

Maintenant que tout cela est clair, voici: d’abord à gauche (mais j’aurais pu la mettre au centre ou à droite...) La Corydalis toujours verte. Puis au centre une parente indigène, photographiée au Cap Saint-Jacques, Dicentra cucullaria (dicentre à capuchon, dutchman's breeches). Enfin à droite Dicentra formosa, le coeur saignant bien connu, photographié dans un jardin. Je crois que j’ai localisé un spécimen échappé de jardin pour cette dernière. À suivre...

Ainsi alignée on voit la ressemblance des fleurs (les feuillages aussi, même s’il ne sont pas représentés). La Corydalis est un demi-coeur en quelque sorte. Comme il pleut, je préciserais: un coeur brisé! So romantic!


mardi 26 mai 2009

Attrape-plante 3

mon attrape-plante sud avec quelques réfugiées

La renoncule cymbalaire du terrain vague Turcot et la corydalis du coteau de la Caserne se mêlent maintenant à mes plantes arrivées spontanément dans mon attrape-plante. Celui-ci est une véritable réserve de biodiversité urbaine en miniature.

Je tacherai donc de les garder, bien que ce ne soit pas très prometteur pour la renoncule qui aime les milieux salés...

Et ce microcosme connait les mêmes processus que tout milieu urbain. Il y deux ans un individu de Bidens frondosa (bident feuillu, devil’s beggarticks, p.108) est apparu. La graine avait probablement été amenée par un écureuil. Avec ses deux crochets la graine est adaptée à la dissémination par la fourrure des animaux. Et les vêtements des humains. Cette année-là l’espèce était extraordinairement présente partout dans le quartier. Son statut d’apophyte ne fait pas de doute. Curieusement l'année suivante sa fréquence a diminué selon un cycle inconnu.

Depuis, ce printemps, c’est environ 200 graines qui ont germé! Mon attrape-plante souffre de l’envahissement d’une espèce prolifique!

S’il était plus grand ou si j’en avais un autre j’aurais laissé aller les choses. Question de voir si cette plante pouvait arriver à dominer les potentilles, le Medicago lupulina (p.201) les quelques Poacées et Astéracées etc. Mais comme je dois à l’occasion y planter des spécimens à étudier je dois contrôler un peu...faire de la place...

Dommage, je n’aurai pas la réponse à cette petite question sur mon petit balcon.


lundi 25 mai 2009

Le coteau de la Caserne 5

Corydalis sempervirens vs. weed-eater

Il y a quelques semaines au coteau de la Caserne, j’avais remarqué cette plante inconnue dans le paillis au pied des arbres plantés l’année passée. Le feuillage me rappelait celui d’une Dicentra indigène (“coeur saignant”). J’avais pris quelques photos et un spécimen que j’ai cultivé. La prudence était de mise, je me suis fait “voler” plus d’une espèce lors de la recherche pour mon livre. La tondeuse et les “weeds-eaters” ne sont jamais loin! Et mille autres accidents sont possibles en milieu urbain.

Y retournant ensuite je constatai que “l’entretien” avait été fait et que les quelques individus de l’espèce mystère étaient décapités! Le spécimen heureusement pris à la première occasion est en fleur maintenant et je l’ai donc identifié.

La plante est glauque avec des feuilles très découpées d’un beau vert-bleuté. Les pétioles et la tige sont rosés. Les fleurs sont magnifiques et toute une surprise. C’est bien la première fois que je vois cette plante en milieu urbain. Son introduction est probablement due au paillis qui viendrait d’une pépinière en dehors de la ville. Un accident intéressant. Portez toujours attention aux arbres récemment plantés! (Il y d’autres spécimens inconnus que je suis de près...)

Il s’agit donc de Corydalis sempervirens (d’après Flora of North America) ou de son synonyme Capnoides sempervirens (d’après Flora Quebeca). La corydale toujours verte (pink and yellow corydalis) est une indigène bisannuelle ou annuelle répartie à travers le Canada et aux États-Unis. Et elle est intéressante à plus d’un titre.

Comme elle est adaptée aux terrains perturbés elle est peut-être une plante apophyte : une plante indigène capable de s’adapter au milieu anthropique. En forêt elle se comporte à la façon de Chamerion angustifolium (épilobe à feuilles étroites, fireweed, p. 229) les deux espèces ont des graines pouvant dormir des décennies dans le sol et germer suite à un incendie. On a trouvé des graines de la Corydalis de 80 ans encore viables!

C’est une de ces plantes myrmécochores: la dissémination des graines est assurée par des fourmis. Les graines noires ont un espèce de bourrelet nutritif blanc (un caroncule). Les fourmis apportent la graine dans leur nid, s’en nourrissent et délaissent la graine. Notez que la pollinisation aussi est le fait des fourmis.

Après avoir éliminé toutes les “mauvaises herbes” au pied du Mont Royal dans un projet de renaturalisation (conçu simplement comme la plantation de quelques espèces d’arbres et arbustes indigènes) on élimine pourtant cette plante indigène!

La misère d’être petite!