Aucun message portant le libellé Renonculacées. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé Renonculacées. Afficher tous les messages

mercredi 18 août 2010

In Laurentia, meso-Augustus



Spiranthes cernua. Une belle colonie parfumée que je retrouve à tous les ans avec plaisir. L’endroit est fauché quelques fois durant l’été. Je ne sais comment l’expliquer, ces orchidées sont ici miniaturisées, les feuilles et les inflorescences étant plus courtes. L’adaptabilité de cette espèce aux milieux anthropiques ne cesse de m’étonner. L’endroit est un dépôt de neige probablement, autour d’un batiment de ferme sur le côté de la route du Lac Supérieur (pas le très grand, ni l’autre. Celui près du Mont Tremblant... un cas de toponymie perplexant!)

Nous sommes, à vrai dire, dans “mes” Laurentides. Et les milieux que j’y préfèrent ne sont pas les milieux dits “naturels”. D’ailleurs croyez-vous vraiment que ça se trouve un milieu naturel? On entend généralement par cette expression un milieu duquel est absente toute trace des humains. Cela ne se trouve pas... parce que les humains sont... partout! Et depuis longtemps. Il y a bien entendu de la “nature”. Surtout de cette nature redéfinie et enrichie que l’on a nommé la biodiversité. Celle-ci inclut maintenant (en plus des espèces) tous les processus écologiques, y compris les phénomènes de colonisation végétale par exemple, et même ceux en réponse aux marques humaines.





Depuis la gauche: Lycopus uniflorus, Spiranthes cernua et une espèce non-identifiée de Euphrasia. On appelle ces dernières “casse lunettes”, traditionnellement elles étaient utilisées pour traiter des conjonctivites par exemple. La plante s’élevait à 7 ou 8 cm dans une assez nombreuse colonie. Ce groupe était curieusement circonscrit à un seul endroit partiellement dénudé et inondé au printemps après la fonte des neiges. En milieu urbain je l’ai déjà rencontré sur un site de dépôt de neige justement et je me demande si la présence de sel de déglaçage n’explique pas (en partie du moins) sa présence. Ne serait-ce que parce que ce sol salé exclus de nombreuses autres espèces, réduisant la compétition. Les euphraises sont hémiparasites (parasites à moitié, drôle d’expression...) et il y a 9 espèces au Québec la plupart habitant plus loin au Nord. Cela réduit mon problème d’identification mais comme je n’ai pas de spécimen avec moi, cela attendra!





Chenille de Lophocampa maculata, le Lophocampe maculé (Spotted Tussock Moth) trouvé sur un aulne. Comme les oiseaux, nous avons un peu de difficulté à distinguer la tête de l’arrière! Et si on l’attrape par un des “pinceaux” blancs ils se détachent! Ce sont des moyens de défense passifs assez efficaces, le papillon de nuit est commun dans les forêts de feuillus. Voyez l’adulte ici.





Clematis virginiana (clématite de Virginie, devil's darning needles) habite des milieux ouverts et au sol humide: rives des cours d’eau, des fossés même un peu secs en bord de chemins forestiers. Nous en avons vu beaucoup: difficile à manquer avec cette profusion de fleurs produites aussi tard dans la saison.

Il est curieusement souvent plus facile de voir la nature dans les milieux anthropisés ou urbains: nous témoignons alors des processus écologiques devant nous. Ils deviennent visibles, traçables et décryptables. Toute la beauté est là! Vous ne croyez pas? La nature est toujours intéressante, sa complexité-même la rend résiliente à notre entendement trop pressé. Il faut s’y piquer et s’y mouiller. Il faut s’y frotter et se salir. En bons petits humains immodestes que nous sommes nous devons aller y faire les figurants et servir de cibles aux mouches à chevreuil.

Peut-être sommes-nous après tout, nous aussi des hémiparasites!


jeudi 30 juillet 2009

À l’ombre de l’Anse à l’Orme

 
la prudence dans les pas, soyez attentif! herbe à puce...


Notre visite de lundi à l’Anse à l’Orme nous a donné l’occasion de visiter la forêt du même nom. Passant de la pleine lumière des milieux ouverts à l’ombre profonde de la forêt est une transition difficile pour les yeux et il faudra utiliser le flash pour les photos.


 
monotrope, capillaire et épipactis



Charles et François ont déjà commenté sur les grands arbres qu’on y a trouvé et surtout le peuplement de hêtres dont certains ont une taille imposante. Écorce grise, lisse et au tronc bien droit. L’endroit est une ancienne érablière et le sol est bien dégagé, permettant une circulation aisée. Toutes les espèces familières aux visiteurs du Mont-Royal se trouvent dans la forêt: gingembre sauvage, sanguinaire, cohosh bleu (aux feuilles bien plus grandes toutefois). La forêt est peu visitée et en bon état si on considère les nombreux groupes de plantes aux sol.



 
au milieu de deux inconnus: la chanterelle



L’agréable surprise est de trouver beaucoup de capillaire (Adiantum pedatum, adiante du Canada, northern maidenhair), une fougère que je n’avais plus vu depuis longtemps. L’impatiente à petites fleurs (Impatiens parviflora, small balsam, p.145) me surprend aussi mais je me rappelle l’avoir vu à la falaise Saint-Jacques où la forêt est une plantation de la ville. Dans le même ordre d’idée l’orchidée Epipactis helleborine est bien installée ici comme si elle était chez elle: à l’ombre et les pieds humides et frais. L’hépatique à lobes aigus (Anemone acutiloba, sharp-lobed hepatica, autrefois du genre Hepatica) et Carex plantaginea (carex plantain, plantainleaf sedge) et aussi l’herbe à puce et même des Monotropa uniflora (monotrope uniflore, indian pipe) indique un milieu assez diversifié.

Je laisserai les spécialistes identifier ces champignons: le seul des trois que je connaisse c’est la chanterelle. C’est en curiosité scientifique pure que je l’ai mise à la poêle...je peux confirmer son identité...

Allez absolument visiter cette grande forêt: le dépaysement (ou le re-paysement?) est garanti!




jeudi 11 juin 2009

Le Repos du Renard 2

 
en arrivant hier: cent oiseaux très occupés dans les vinaigriers


 
à gauche le Repos du Renard et, derrière le clocher, le stade olympique


 
le Repos du Renard

 
épervière des prés, grémil et renoncule

J’ai donc été agréablement surpris par ma visite d’hier à ce terrain vague. En quelques minutes j’étais ailleurs et tout autour me le signalait. De nouvelles plantes et de nombreux oiseaux, avec cette impression d’être ailleurs et de mettre le pied sur une nouveau territoire...un de ces lieux où nous ne portons pas suffisamment le regard.

Le petit boisé traversé de chemins et entouré de grand champs me semble un paradoxe topologique: il semblait très grand, plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur! La photo satellite me montrait quelques groupes d’arbres éparses. Rendu sur place l’impression était bien différente. Comme il s’agit surtout de peupliers, des arbres à croissance rapide, ils ont grandi depuis cette photo et ils forment un écran efficace qui isole les lieux.

L’endroit m’a inspiré donc. (si vous ne l’aviez deviné...)

Je me mets à réfléchir à un réseau d’espaces verts interconnectés. La conservation des terrains vagues en tant que réserve de biodiversité urbaine (RéBU) est déjà une idée intéressante, mais que dire de l’interconnection des ces espaces?

La biodiversité urbaine se contente d’un petit boisé ici et d’un terrain vague là et de toute une série de micro-habitats. Ces habitats fragmentés sont souvent trop petits pour permettre la survie de nombreuses espèces. La ville est un archipel de ces petits habitats et chaque quartier compte déjà ses îles. Il faut des traversiers.

C’est le renard résident ici qui m’inspire. Les voies ferrées sont toutes indiquées pour agir en tant que zones de connexion biologique. Elles fonctionnent déjà dans ce sens. Il ne s’agirait que de les améliorer. Et améliorer, en milieu urbain, c’est assez souvent ne rien faire du tout. En tout cas le moins possible...Dans ce “moins possible” les premières choses à faire c’est de modifier sensiblement nos perceptions et nos pratiques d’entretien par exemple.

Et de semer des vinaigriers et des peupliers, des érables à Giguère et des frênes...apparemment les arbres poussent à partir de graines...

Les projets qui ne coûtent rien sont en général reçus avec scepticisme. En effet s’ils ne coûtent rien, ils ne rapportent rien...Pas de grands budgets, pas de grandes annonces, pas de grandes études, pas de contrats de ceci ou cela...

Non, en effet, il n’y a que peu à en tirer pour nous...pour la biodiversité par contre...

Les réseaux de voie ferrées et des nombreux terrains vagues qui les entourent sont une base d'action et de réflexion raisonnable. Ils sont déjà un projet en route. Ils attendent notre attention. Faire avec ces habitats plutôt que défaire ou refaire? Cela aurait le double avantage d’être parcimonieux et économique...

Si nous voulons continuer à parler biodiversité de façon crédible...

Surprenons le renard!


mardi 26 mai 2009

Attrape-plante 3

mon attrape-plante sud avec quelques réfugiées

La renoncule cymbalaire du terrain vague Turcot et la corydalis du coteau de la Caserne se mêlent maintenant à mes plantes arrivées spontanément dans mon attrape-plante. Celui-ci est une véritable réserve de biodiversité urbaine en miniature.

Je tacherai donc de les garder, bien que ce ne soit pas très prometteur pour la renoncule qui aime les milieux salés...

Et ce microcosme connait les mêmes processus que tout milieu urbain. Il y deux ans un individu de Bidens frondosa (bident feuillu, devil’s beggarticks, p.108) est apparu. La graine avait probablement été amenée par un écureuil. Avec ses deux crochets la graine est adaptée à la dissémination par la fourrure des animaux. Et les vêtements des humains. Cette année-là l’espèce était extraordinairement présente partout dans le quartier. Son statut d’apophyte ne fait pas de doute. Curieusement l'année suivante sa fréquence a diminué selon un cycle inconnu.

Depuis, ce printemps, c’est environ 200 graines qui ont germé! Mon attrape-plante souffre de l’envahissement d’une espèce prolifique!

S’il était plus grand ou si j’en avais un autre j’aurais laissé aller les choses. Question de voir si cette plante pouvait arriver à dominer les potentilles, le Medicago lupulina (p.201) les quelques Poacées et Astéracées etc. Mais comme je dois à l’occasion y planter des spécimens à étudier je dois contrôler un peu...faire de la place...

Dommage, je n’aurai pas la réponse à cette petite question sur mon petit balcon.


vendredi 22 mai 2009

Flore de la falaise Saint-Jacques 3

dans le boisé de la falaise

Le message précédent présentait les observations faites au terrain vague au pied de la falaise. Maintenant quelques notes sur la visite de celle-ci.

Sur la photo: La sanguinaire du Canada a quelques thalles bien développées dans le boisé de la falaise. Ces plantes fleurissent et un petit groupe examiné portait 5 fruits. Les thalles aperçues sont toutes dans la même section de la forêt.

Un aubépine ou cenellier (Crataegus sp.) non-identifiée. Elle ne portait pas de fleurs et comme le genre comprend de nombreuses espèces très similaires, difficiles à identifier, je ne me prononce pas sur l’espèce!

Le Lysimachia nummularia (lysimaque nummulaire, creeping jenny) est une plante des jardins qui s’est échappée un peu partout en Amérique du nord. Elle se reproduit végétativement (elle semble fleurir rarement) et se comporte ici en véritable couvre-sol des jardins. La colonie trouvée hier tapissait plusieurs mètres carrés, excluant toute autre espèce. Charles et moi étions certains de bien connaître la plante, de l’avoir vue souvent, mais ne parvenions pas à l’identifier...oui on l’a vu souvent...dans des jardins!

Aussi en grandes colonies, en bouton sans aucune fleur ouverte encore, dans le bas de la falaise sur le côté de ce qui semble un ancien ruisseau: Anemone canadensis (anémone du Canada, canadian anemone). D’autres importantes colonies ont été aperçues.

Nous avions remarqué un orme dans le terrain vague que l’on retrouve aussi dans la falaise. Charles m’en montra un bout d’écorce liégeux de texture: c’est bien l’orme liège (Ulmus thomasii, rock elm, cork elm). Ayant pris sur le terrain vague Turcot quelques fruits poilus (des samares) et une feuille nous savons qu’il s’agit bien de cette espèce. C’est un arbre sur la liste des espèces menacées au Québec. Il est connu qu’il soit présent dans des milieux urbains et comme son frère l’orme d’Amérique, les adultes sont affectés par la maladie hollandaise de l’orme.

Il semble qu’une idée comme celle de la réserve de biodiversité urbaine (REBU) pour la falaise Saint-Jacques ne soit pas si...dans le champs...Une espèce protégée (l’orme liège), une curiosité biogéographique (la renoncule cymbalaire) et un sol couvert de bermudiennes en fleur! La valeur de l’endroit se révèle peu à peu...

Je mettrai à jour la liste des plantes sous peu et je vous en préviendrai.


Flore de la falaise Saint-Jacques 2

une surprise qui vient de loin: la renoncule cymbalaire

Deuxième visite à la falaise cette année, en compagnie du ruisseaulogue Charles L’Heureux. L’idée était d’examiner la nature des quelques ravins qui dévalent la falaise. Est-ce que ce sont des ruisseaux aujourd’hui asséchés? Y a-t-il des plantes ou des arbres associés à ces ravins? Nous devions aussi examiner le terrain vague de la gare de triage Turcot et le fossé qui le traverse, plus ou moins en parallèle entre les voies ferrées et la falaise. Le méandre sous le viaduc Angrignon pourrait suggérer un vestige de la rivière Saint-Pierre.

D’intéressantes observations ont été faites mais l’excursion fût écourtée quelque peu et il faudra y retourner. Les travaux à l’échangeur Turcot commence et le Ministère des transports est en période de “sensibilisation” des citoyens qui visitent les lieux. Des agents de sécurité à leur emploi nous interdisant malheureusement l’accès au terrain vague. Aucun travaux n’étant pourtant visible! Peu importe...devant la menace d’un “911” à la police, des palabres interminables et d’un dossier...nous avons préféré nous en tenir à l’exploration de la falaise proprement dite.

Voici donc quelques nouvelles espèces remarquées lors de l’excursion (la liste déjà publiée ici sera mise à jour bientôt).

Au terrain vague d'abord, photo ci-haut (de gauche à droite). C’était un véritable festival de la bermudienne! Je savais la plante bien capable de coloniser des habitats perturbés et des pelouses entretenues mais là on s’est régalé: tout le sol presque nu prenait ici et là une teinte bleutée.

Une nouvelle espèce de renoncule (pour moi et pour l’endroit) dans un filet d’eau en marge du fossé: Ranunculus cymbalaria (renoncule cymbalaire, seaside crowfoot). C’est une plante de l’estuaire du Saint-Laurent et des rivages maritimes. Anticosti, Îles-de-la-Madeleine, Côte-Nord, etc. D’après la carte de répartition pour cette espèce à Environnement Canada on ne trouve pas cette plante au sud de la région de Québec. Marie-Victorin la mentionne toutefois près de sources d’eau salée à Varennes. Je crois que ces sources sont disparues depuis longtemps et de l’avoir trouvé à la gare Turcot et certainement intéressant.

La belle Argentina anserina (syn. Potentilla anserina, potentille ansérine, silverweed), comme les fraisiers elle se propage par des stolons. C’est une plante d’origine européenne.

De jeunes ormes lièges (Ulmus thomasii, rock elm) et Lathyrus latifolius (gesse à feuilles larges, perrenial pea, p.199) en bonnes colonies s'ajoutent à la liste.

Prochain message: les nouvelles espèces sur la falaise.