Spiranthes cernua. Une belle colonie parfumée que je retrouve à tous les ans avec plaisir. L’endroit est fauché quelques fois durant l’été. Je ne sais comment l’expliquer, ces orchidées sont ici miniaturisées, les feuilles et les inflorescences étant plus courtes. L’adaptabilité de cette espèce aux milieux anthropiques ne cesse de m’étonner. L’endroit est un dépôt de neige probablement, autour d’un batiment de ferme sur le côté de la route du Lac Supérieur (pas le très grand, ni l’autre. Celui près du Mont Tremblant... un cas de toponymie perplexant!)
Nous sommes, à vrai dire, dans “mes” Laurentides. Et les milieux que j’y préfèrent ne sont pas les milieux dits “naturels”. D’ailleurs croyez-vous vraiment que ça se trouve un milieu naturel? On entend généralement par cette expression un milieu duquel est absente toute trace des humains. Cela ne se trouve pas... parce que les humains sont... partout! Et depuis longtemps. Il y a bien entendu de la “nature”. Surtout de cette nature redéfinie et enrichie que l’on a nommé la biodiversité. Celle-ci inclut maintenant (en plus des espèces) tous les processus écologiques, y compris les phénomènes de colonisation végétale par exemple, et même ceux en réponse aux marques humaines.
Depuis la gauche: Lycopus uniflorus, Spiranthes cernua et une espèce non-identifiée de Euphrasia. On appelle ces dernières “casse lunettes”, traditionnellement elles étaient utilisées pour traiter des conjonctivites par exemple. La plante s’élevait à 7 ou 8 cm dans une assez nombreuse colonie. Ce groupe était curieusement circonscrit à un seul endroit partiellement dénudé et inondé au printemps après la fonte des neiges. En milieu urbain je l’ai déjà rencontré sur un site de dépôt de neige justement et je me demande si la présence de sel de déglaçage n’explique pas (en partie du moins) sa présence. Ne serait-ce que parce que ce sol salé exclus de nombreuses autres espèces, réduisant la compétition. Les euphraises sont hémiparasites (parasites à moitié, drôle d’expression...) et il y a 9 espèces au Québec la plupart habitant plus loin au Nord. Cela réduit mon problème d’identification mais comme je n’ai pas de spécimen avec moi, cela attendra!
Chenille de Lophocampa maculata, le Lophocampe maculé (Spotted Tussock Moth) trouvé sur un aulne. Comme les oiseaux, nous avons un peu de difficulté à distinguer la tête de l’arrière! Et si on l’attrape par un des “pinceaux” blancs ils se détachent! Ce sont des moyens de défense passifs assez efficaces, le papillon de nuit est commun dans les forêts de feuillus. Voyez l’adulte ici.
Clematis virginiana (clématite de Virginie, devil's darning needles) habite des milieux ouverts et au sol humide: rives des cours d’eau, des fossés même un peu secs en bord de chemins forestiers. Nous en avons vu beaucoup: difficile à manquer avec cette profusion de fleurs produites aussi tard dans la saison.
Il est curieusement souvent plus facile de voir la nature dans les milieux anthropisés ou urbains: nous témoignons alors des processus écologiques devant nous. Ils deviennent visibles, traçables et décryptables. Toute la beauté est là! Vous ne croyez pas? La nature est toujours intéressante, sa complexité-même la rend résiliente à notre entendement trop pressé. Il faut s’y piquer et s’y mouiller. Il faut s’y frotter et se salir. En bons petits humains immodestes que nous sommes nous devons aller y faire les figurants et servir de cibles aux mouches à chevreuil.
Peut-être sommes-nous après tout, nous aussi des hémiparasites!
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