lundi 25 mai 2009

Le coteau de la Caserne 5

Corydalis sempervirens vs. weed-eater

Il y a quelques semaines au coteau de la Caserne, j’avais remarqué cette plante inconnue dans le paillis au pied des arbres plantés l’année passée. Le feuillage me rappelait celui d’une Dicentra indigène (“coeur saignant”). J’avais pris quelques photos et un spécimen que j’ai cultivé. La prudence était de mise, je me suis fait “voler” plus d’une espèce lors de la recherche pour mon livre. La tondeuse et les “weeds-eaters” ne sont jamais loin! Et mille autres accidents sont possibles en milieu urbain.

Y retournant ensuite je constatai que “l’entretien” avait été fait et que les quelques individus de l’espèce mystère étaient décapités! Le spécimen heureusement pris à la première occasion est en fleur maintenant et je l’ai donc identifié.

La plante est glauque avec des feuilles très découpées d’un beau vert-bleuté. Les pétioles et la tige sont rosés. Les fleurs sont magnifiques et toute une surprise. C’est bien la première fois que je vois cette plante en milieu urbain. Son introduction est probablement due au paillis qui viendrait d’une pépinière en dehors de la ville. Un accident intéressant. Portez toujours attention aux arbres récemment plantés! (Il y d’autres spécimens inconnus que je suis de près...)

Il s’agit donc de Corydalis sempervirens (d’après Flora of North America) ou de son synonyme Capnoides sempervirens (d’après Flora Quebeca). La corydale toujours verte (pink and yellow corydalis) est une indigène bisannuelle ou annuelle répartie à travers le Canada et aux États-Unis. Et elle est intéressante à plus d’un titre.

Comme elle est adaptée aux terrains perturbés elle est peut-être une plante apophyte : une plante indigène capable de s’adapter au milieu anthropique. En forêt elle se comporte à la façon de Chamerion angustifolium (épilobe à feuilles étroites, fireweed, p. 229) les deux espèces ont des graines pouvant dormir des décennies dans le sol et germer suite à un incendie. On a trouvé des graines de la Corydalis de 80 ans encore viables!

C’est une de ces plantes myrmécochores: la dissémination des graines est assurée par des fourmis. Les graines noires ont un espèce de bourrelet nutritif blanc (un caroncule). Les fourmis apportent la graine dans leur nid, s’en nourrissent et délaissent la graine. Notez que la pollinisation aussi est le fait des fourmis.

Après avoir éliminé toutes les “mauvaises herbes” au pied du Mont Royal dans un projet de renaturalisation (conçu simplement comme la plantation de quelques espèces d’arbres et arbustes indigènes) on élimine pourtant cette plante indigène!

La misère d’être petite!




4 commentaires:

  1. Magnifique cette corydalis sempervirens !

    C'est vrai que c'est un nouveau continent auquel tu nous invites !

    Merci.

    RépondreEffacer
  2. Toujours content d'avoir ta compagnie, réelle et virtuelle mon cher!

    RépondreEffacer
  3. Pareillement !

    Bientôt il y aura un blog sur les ruisseaux de Montréal.

    Ton travail m'est une vraie source d'inspiration.

    Aux plaisirs !

    RépondreEffacer
  4. ah ben! Ça alors! Quelle excellente nouvelle!J'attends avec impatience.

    à bientôt!

    RépondreEffacer