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mercredi 1 mai 2013

Res communes






En latin Res communes veut dire: choses communes. C'est une expression du droit romain qui indique qu'une chose appartient à tous et qu'elle ne peut être appropriée par personne. Tous peuvent en jouir.


Le Moineau domestique (Passer domesticus, House Sparrow) considère sans aucun doute l'Érable à Giguère (Acer negundo, Manitoba maple) comme une Res communis. Et quelle riche ressource!





Ces deux espèces sont certainement parmi les plus fréquentes, les plus communes, à Montréal. Les oiseaux se nourrissent fréquemment d'insectes sur les feuilles de l'érable. Mais je n'avais jamais remarqué que lors de sa brève floraison les moineaux en consommaient les fleurs mâles. Il n'y a pas encore beaucoup d'insectes et peu de graines disponibles alors les adaptables piafs vont à la pêche aux étamines. Valeur nutritive inconnue...



Demain les moineaux pêcheront autre chose.


Je me demande si c'est pas Loplop? Ici, ici et ici.


vendredi 3 juin 2011

Laurentides anthropiques




C'est un pit de sable et je suis attaché depuis l'enfance à ces lieux et à cet anglicisme (sand pit) qui signifie la sablière. Construction, voirie, abrasif de déglaçage, le sable est une ressource importante. Les Laurentides étaient hautes comme l'Himalaya il y a 900 million d'années. L'érosion aura laissé du sable partout sous la forêt. Beaucoup de sable…

La forêt laurentienne mixte est immense mais il faut chercher longtemps pour en voir un (petit) bout qui n'a pas connu la hache. Au début du 19e siècle «C'étaient les puits de pétrole de cette période» selon André Bouchard et on brulait le meilleur : érable à sucre, merisier, hêtre. Devant le blocus de Napoléon l'Empire Britannique a besoin de bois pour son industrie  et sa flotte navale : et hop les grands chênes et les hauts pins blancs du Canada… Trouver de grands et vieux spécimens de tous ces arbres est donc très rare.




Puis, après la cueillette sélective des pins blancs par exemple, la grande forêt a été essentiellement coupée à blanc. Faut se chauffer. Ce sont donc toujours des forêts anthropiques que nous voyons. Elles sont maintenant ponctuées de pits de sable qui deviennent des éléments paysagers caractéristiques des Laurentides et des habitats riches en biodiversité. Certaines de ces forêts secondaires sont en perpétuelle régénération, comme dans les pits de sable toujours en activité. La forêt laurentienne est y est devenu comme un grand terrain vague massivement colonisé par les arbres pionniers et c'est bien ce que l'on voit quand on y est : un paysage en constante élaboration.

On nomme écotone la rencontre de deux types d'habitats. La zone de rencontre et de transition entre une forêt et une tourbière ou un pré et un ruisseau par exemple. C'est dans les écotopes que l'on trouve la plus grande biodiversité. Hors ces écotones laurentiens sont au point de rencontre de deux milieux anthropiques : les forêts secondaires et les sablières, milieux anthropiques à n'en pas douter. Ce sont non seulement des paysages nouveaux en élaboration instable mais aussi des écologies inouïes qui s'y développent. Pour le meilleur et le pire…


 Un pit de sable au repos, sans activité depuis une décennie.


Ailleurs les nombreux amélanchiers et même les viornes sont favorisés par les ouvertures que nous pratiquons dans les paysages. Ces arbustes affectionnent les ouvertures naturelles le long des cours d'eau. Les routes, chemins et sentiers que nous avons fait semblent bien leur convenir. Quelles espèces végétales et animales sont favorisées par ces écotones des pits de sable? Les orchidées du genre Spiranthes par exemple! Si notre industrie a un coût pour la biodiversité il y aurait aussi certains bénéfices. Un choix se fait. Je ne tiens pas la balance magique qui me permettrait de faire une analyse coûts/bénéfices satisfaisante. Mais l'ensemble de nos comportements industrieux pour satisfaire notre consommation ne semblent pas s'infléchir significativement... et la nature que nous aurons ressemblera à nos comportements.

C'est la faute à Napoléon.


jeudi 13 janvier 2011

Berlin - Naturpark Südgelände

Photo HellMar62, Panoramio

Les grands changements économiques et industriels partout en occident ont laissé des installations ferroviaires en pâture à ruination... et à la nature. Que faire de ces espaces ensauvagés? Ce sont bien souvent des citoyens qui, s'étant attachés à ces espaces souvent dégradés et néanmoins verts, se feront les promoteurs d'une conservation devant le risque de "développement" ou de ré-assignation.



Photo: Michael Fielitz, Flickr.

À Berlin c'est le cas (entre autres il y a aussi le Gleisdreieck) de cet espace: Le Parc Naturel de Südgelände qui se trouve sur les lieux d'une gare de triage ferroviaire abandonnée depuis 50 ans. Outre les installations et artefacts historiques conservés sur place et l'ajout d'éléments d'art et d'architecture contemporains, le parc se divise en deux types d’espaces verts protégés. Une première zone est en fait une réserve naturelle de 3.2 hectares et la deuxième est une zone de conservation de paysage de 12.9 hectares.



Photo: HellMar62, Panoramio

Des passerelles en métal permettent de traverser la réserve naturelle. Ce sont des milieux naturels anthropiques qui sont ainsi protégés: prairies avec quelques espèces rares et boisés de bouleaux (Betula pendula), de robiniers (Robinia pseudoacacia) et de chênes. Une gestion des espaces assure que le boisé ne colonise pas tout l'espace des prairies ouvertes. La nature hybride de la biodiversité est une caractéristique des habitats urbains post-industriels. On considère ici que cela mérite une protection.



Photo: HellMar62, Panoramio

Surtout constituée de boisés, la zone de conservation du paysage peut tolérer une gamme plus étendue d'usages et une circulation plus intense. Les sentiers suivent néanmoins les anciennes voies ferrées. Dans les espaces résiduels les processus de colonisation, végétale et animale, sont invisibles et anonymes. Il n'y a pas de jardinier, pas d'architecte.  Ce qui n'empêche pas un résultat à traiter avec respect! Les villes ne peuvent plus se concevoir comme opposition à la nature. C'est avec les processus de la nature qu'il faut concevoir les villes aujourd'hui. Comment faire en sorte de réduire la signature culturelle/humaine au Champ des Possibles?


Sauerlandtom, Panoramio

Les plantations et aménagements que je propose pour le CDP sont initialement des artifices. À la différence des autres modes d'interventions (un design trop marqué de l'espace vert et une emphase sur les nécessités humaines, minéralisation, etc.) mes propositions ne sont toutefois pas des limitations aux processus de la biodiversité. Bien au contraire, elles sont pour elle des ressources. Plutôt qu'artifice elle sont une collaboration.


Gertrud K., Flickr

Si on analyse le projet dans le temps, ce qui paraît un savant jardinage, prend une toute autre allure. Le dynamisme inter-connecté des processus naturels permettra l'exportation des espèces introduites (plantées). L'artifice initial se dissolvant en quelques sorte dans les nouveaux paysages habitables en potentiel. Le biocorridor de la voie ferrée est en ce sens un élément essentiel. L'ensemble des RéBUs sera d'autant plus écologiquement fonctionnel que la voie ferrée recevra l'attention qu'elle mérite.


Photo Matrialis, Panoramio

Aménager des parcs et des espaces verts en milieu urbain, comme on le fait depuis si longtemps (et encore de nos jours...), conduit à cet intéressant paradoxe: c'est de l'étalement infra-urbain que nous faisons! L'étalement urbain, relayé ensuite par l'étalement péri-urbain (!) absorbent les paysages agricoles et naturels. 



Photo Architectes Odious


En plus de la disparition des habitats cela nous apporte bien des problèmes (transports et infrastructures). L'extravagante consommation des habitats est coûteuse. Pourquoi alors ne pas accorder la critique de l'étalement à l'espace "intra-muros", l'espace dans nos villes? Les espaces résiduels (terrains vagues, friches post-industrielles, etc.) réclamés en nouveaux espaces verts peuvent-ils se concevoir sur le modèle des parcs minimalistes du passé? Ce serait une monopolisation des espaces autrement disponibles à la biodiversité. Non? Les fiers citadins reprocheraient à la banlieue ce qu'ils s'autorisent sans hésitation?



Photo: Reinhard Schubert

Pourquoi ne pas aller virtuellement au Südgelände? Visitez cette page et voyez les nombreux panoramas 360 degrés: http://www.360cities.net/search/Südgelände.

Pour en savoir plus:

Consultez (en allemand) les pages de ce parc sur le site de Grün Berlin.

lundi 20 septembre 2010

Saint-Christophe des ruelles


la guêpe germanique, commune en ville et très active à l’automne...

Saint-Christophe est le patron des voyageurs et des mecs qui vont prendre l’air un peu. Saint-Christophe est aussi le nom d’une de ces rues/ruelles de mon quartier. Le temps était magnifique dimanche et il fallait en faire le plein, parce que bientôt... J’étais passé quelques jours auparavent et un plok! avait attiré mon attention. De grosses poires tombaient d’un arbre, aidées par des écureuils qui faisaient clairement des excès: les poires devaient bien faire au moins trois ou quatre fois leurs poids... Les poires sont toujours là et ce sont des guêpes, Vespula germanica, qui en boivent le jus sucré.




 Parthenocissus quinquefolia, la vigne vierge en fruit prend ses bronzés incomparables.

J’ai fait bien des photos des guêpes vu l’ombre profonde qui n’aidait pas le temps d’obturation. Jusqu’à ce que les allemandes remarquent mon intrusion... Reculons quand même un peu... Deux gaillardes me prirent en chasse, heureusement sans grande conviction. Je suis quand même passé à autre chose... Curieux, non, ce manque de gaillardise des guêpes?




Sambucus canadensis, le sureau blanc, lourdement chargé de fruits.

Il y a quelques beaux spécimens de sureau dans le coin. Je suis toujours étonné de voir la quantité de fruits que l’arbuste produit, les lourdes grappes arquant les branches de toutes parts. Quelques fruits tombés au sol fermentaient, l’odeur étant bien perceptible. Et si les guêpes pas trop vaillantes de tantôt s’étaient enivrées en consommant de ces fruits? J’ai déjà vu des guêpes saoules (comme la Pologne cette fois...) du nectar fermenté de l’orchidée urbaine Epipactis helleborine. Les vespides en bacchanales! C’est bien la fin de la saison...




Un vitis sans identité précise

Et j’ai goûté aux très petits fruits du sureau, plusieurs en fait, je voulais m’assurer d’en apprécier la saveur. Mais celle-ci est indétectable. Comme les graines d’ailleurs... je devrai vérifier cela cette absence des graines. À moins qu’elles ne soient extraordinairement petites??? Bronwyn Chester me dit que le goût se révèle à la cuisson. J’en cuirai cette semaine. Tiens, pourquoi pas tout de suite?




Un des nombreux pommetiers de cette ruelle.




Et un bruit dans les branchages au-dessus de la tête..


Dans un billet précédent, L’art de la disparition, je vous parlais de cette espèce d’oiseau disparu, latour (oups! drôle de faute de frappe!), la TOURTE (oui je sais bien qu’ailleurs on dit la TOURTRE). Je me suis toujours interroger (faute de frappe volontaire cette fois) sur les conséquences de la disparition d’un vecteur de propagation des graines ayant certainement une importance écologique majeure. Il y avait des milliards de ces oiseaux consommant les fruits des arbres, semant ensuite dans leurs fientes les graines de nombreuses espèces partout en Amérique du Nord (ou presque). Combien espèces d’arbres ont souffert de la disparition de l’oiseau?

Encore: lisez cet excellent Wiki sur la tourte voyageuse.





Les pigeons urbains sont nombreux mais n'atteignent certainement pas les nombres fantastiques de la tourte. J’avais remarqué ces jours-ci que les fruits du micocoulier (Celtis occidentalis) étaient bien mûrs à en juger par leur couleur noire. Mais je n’avais jamais remarqué avant dimanche que les pigeons s’en nourrissaient! La technique me semble assez approximative, les pigeons se posant avec difficulté sur les petits rameaux flexibles de l’arbre et peinant à garder leur équilibre. Les fruits sont des drupes portés par de grêles pédoncules  avec bien peu de chair mais ils sont assez savoureux et un peu sucré.





Depuis une quinzaine d’années il y a un regain d’intérêt pour les arbres indigènes. On cherche parmi eux ceux qui sont adaptables au milieu urbain exigeant qu’est un trottoir. Sur la rue Duluth à Montréal on a donc planté plusieurs micocouliers, le “bois inconnu”, comme le nommaient les colons français parce qu’il ne ressemblait à rien de connu alors en Europe.

Je trouve des petits micocouliers spontanés dans le quartier depuis quelques années. Je crois que je viens de trouver les semeurs! Un exemple de ce que j’appelle novécologie: une espèce indigène, Celtis occidentalis, en lien écologique avec une espèce introduite: le pigeon biset (Columba livia).

À vos yeux le pigeon gagne-t-il un peu de respect pour son travail de préservation de ce cousin des ormes? Il y a un peu de la tourte dans nos rats volants...





Et pour terminer un tableau vite fait de mes trouvailles de dimanche, dans la ruelle Saint-Christophe. Patron des voyageurs, des promeneurs des ruelles et des tourtes voyageuses, parties pour de bon. La récolte est encore bonne cet automne mais elle a un petit goût amer...


lundi 31 mai 2010

In copula diversitas (!)


Larinus planus (in copula) ces bestioles semblent toujours in copula. Cela explique peut-être leur grand nombre: c’est la famille (les Curculionides) la plus nombreuse des Coléoptères.

Un cas intéressant de novécologie: un insecte introduit (exotique) se nourrissant d’une plante introduite! Ces deux espèces se connaissaient déjà en Europe et le charançon a été justement introduit pour contrôler la mauvaise herbe. Les charançons sont herbivores (phytophages) et celui-ci a est un contrôle biologique du chardon des champs (Cirsium arvense, Canada thistle, p.113), elle-même une plante d’origine européenne. Larinus planus mange un peu du feuillage mais son action la plus importante est la ponte des oeufs dans les bourgeons des capitules (les “fleurs”). Les larves se développeront en se nourrissant des graines en développement. D’où leur contrôle de la population de ce chardon.

Les charançons sont extraordinairement nombreux et diversifiés. La coévolution de la famille à laquelle ils appartiennent (les Curculionides) et des Angiospermes (les plantes à fleur) expliquent le grand nombre des coléoptères à grand rostre (le “nez”). En Turquie sur les seuls amandiers (Amygdalus communis) ce sont 43 espèces différentes qui affectent cette production agricole.




Au suivant!

À l’apparition de ces insectes au Jurassique, il y a 150-160 million d’années, les charançons se nourrissaient de conifères. Puis au Crétacée (45-145 million d’années) l’explosion du nombre d’espèces de plantes à fleur (les angiospermes) entraîna la diversification des insectes évoluant désormais en parallèle avec ces plantes.

Sans vous entraîner dans les dédales de la complexe classification des Coléoptères, selon que l’on considère la superfamille des Curculionoidea (62,000 espèces) ou seulement la famille des Curculionidae (48,000 espèces), nos charançons sont le plus grand groupe d’insectes (et d’animaux). On les trouve partout, sur toutes les plantes. Et on n’en connaît qu’une petite partie, on estime leur nombre total à 220,000 espèces ce qui s’approche du nombre estimé de plantes à fleur: 250,000.

Chaque espèce de plante est un futon à charançon!


Trouvez ici une page sur la superfamille des Curculionoidea australiens 
Pour l’Europe et le Paléoartique il y a même le Curculio Institute




mardi 2 février 2010

300e mauvaise herbe...


les amarres larguées depuis longtemps

Eh oui! ceci est le trois-centième billet que je lance comme ça sur les fils du Web. Mine de rien... ça représente un peu de travail! Il y a tant à dire et à explorer. Et cela devient très addictif: on sent une responsabilité et une obligation de nourrir la bête... Le blogueur est souvent le premier attrapé sur cet étrange continent qu’on appelle la blogosphère. Une volonté de partager des idées et des points de vue et le plaisir (trop rare) de recevoir des commentaires.




suivons la voie sûre de la voie ferrée

Mon travail (si mes occupations peuvent être ainsi qualifiées) est de valoriser la mauvaise herbe (la flore spontanée pour les exigeants du vocabulaire) et ses habitats. La flore urbaine est la base de la biodiversité urbaine. Une écologie faite de nouvelles relations s’est établie: c’est ce que j’appelle une novécologie. Ces habitats et ces espèces sont souvent bâtards. Ils sont néanmoins des modèles à étudier et à suivre: il est douteux que nous puissions nous en débarrasser. Aussi bien s’en faire des alliés. Ce qu’ils sont (si nous regardons) déjà!



une serre en ruine se végétalise

Se débarasser des envahissantes et tout restaurer. Avons-nous les moyens de ces ambitions? Non! Si vous ne l’aviez pas remarqué j’ai une position pragmatique! Je propose de faire avec les dynamiques de la novécologie plutôt que lutter contre. Indigène ou pas le vert peut être fonctionnel et nous rendre service. Indigène ou pas une plante peut avoir toute son utilité à un insecte. Et rien n’interdit d’induire un enrichissement: identifions les espèces indigènes adaptables et plantons-les dans le système. Introduisons des aubépines et des amélanchiers dans un terrain vague? Pourquoi pas!



le plaisir que j’aurais à la carrière Miron!

Ma cuisine a été à l’occasion inventive et délicieuse. J’ai aussi concocté quelques plats qui purent être indigestes à certains. Nos représentations de la nature (à commencer par celle des humains...) sont tellement souvent cousues d’un fil fragile. Mais j’ai cuisiné sans grand masque, sans filet ou pudeur et c’est ça un blogue. Peu de filtres entre ma pensée et les éventuels lecteurs. Une liberté que vous m’avez donné à vrai dire.


au Possible nous sommes arrivés!


Une volonté d’innovation (ou l’illusion de l’auteur!) peut produire du valable ou du médiocre ou mener à la perte... à l’égarement. J’ai joué le jeu avec honnêteté toutefois, semant à tous vents... ignorant le destin de la semence. Dans le lot... il y aura bien quelques beaux spécimens qui se développeront!

J’espère que vous serez là pour en témoigner avec moi dans cette nouvelle décennie. Commentaires?




samedi 16 janvier 2010

Les messicoles et un néologisme: novécologie


Se souvenir du coquelicot (Papaver rhoeas).  Photo  Nicolas Maillard

Dans les champs partout et particulièrement en Europe les techniques d’agriculture moderne provoquent l’extirpation d’un groupe de plantes nommées “messicoles”. Les “plantes habitant les moissons” sont cette flore spontanée, ces “plantes cultivées par mégarde” autrefois tolérées, qui vivent avec les céréales cultivés. Elles suivent les humains et l’agriculture depuis 10,000 ans. Fruits d’adaptations aux comportements humains elles ont caractérisé le paysage agricole et sont la base d’une biodiversité influant aussi le milieu urbain.

Il faut noter qu’il n’y a pas que dans le cadre de l’origine et de la propagation de l’agriculture qu’une flore anthropique puisse se développer. Durant la préhistoire, ici et partout où il y a des humains, l’influence des chasseurs-cueilleurs, bien que souvent ténue, est perceptible. Le rapport entre les humains et les végétaux remontent en effet loin dans le temps et laissent toujours des traces. Ces rapports ne sont après tout pas très différent de ceux des plantes avec les autres animaux: une co-évolution.



Centaurea cyanus  appellé Bleuet en France


La flore messicole est donc assez ancienne pour être bien caractérisée. C’est que cette biodiversité anthropique du champ cultivé, composée de plantes d’origines géographique  diverses mérite une attention spéciale. Et on a l’idée de la protéger. L’écologie de la flore messicole (comme de toutes les flores des milieux humains) est en quelque sorte un patrimoine vivant, une biodiversité résultante et interactive qui peut être aussi riche que l’intérêt que nous lui portons. C’est un un artefact naturel...et fonctionnel!

La flore messicole s’est constitué en accord avec et en réponse à de longs processus historiques. Elle en est venu à signifier un paysage agricole ou de campagne: les peintres (surtout les impressionnistes) en témoignent. Avec cette flore une écologie s’est mise en place. On l’oublie mais c’était à l’époque une nouvelle écologie, une novécologie (permettez mon néologisme!).  Aujourd’hui avec la double accélération du mouvement des marchandises par la mondialisation et des changements climatiques nous sommes témoins de l’arrivée d’autres nouvelles flores et de l’apparition d’autres novécologies. Ces flores qui nous suivent à la trace, dans nos traces... Soyons à l’écoute.

Devant le possible nous sommes tenus.

Pour plus d’information sur les messicoles:

Allez surtout voir le site de la Garance Voyageuse (association et revue comme on rêve d’en avoir ici) et cette section qui porte sur les messicoles

et un Wiki