Photo HellMar62, Panoramio
Les grands changements économiques et industriels partout en occident ont laissé des installations ferroviaires en pâture à ruination... et à la nature. Que faire de ces espaces ensauvagés? Ce sont bien souvent des citoyens qui, s'étant attachés à ces espaces souvent dégradés et néanmoins verts, se feront les promoteurs d'une conservation devant le risque de "développement" ou de ré-assignation.
Photo: Michael Fielitz, Flickr.
À Berlin c'est le cas (entre autres il y a aussi le Gleisdreieck) de cet espace: Le Parc Naturel de Südgelände qui se trouve sur les lieux d'une gare de triage ferroviaire abandonnée depuis 50 ans. Outre les installations et artefacts historiques conservés sur place et l'ajout d'éléments d'art et d'architecture contemporains, le parc se divise en deux types d’espaces verts protégés. Une première zone est en fait une réserve naturelle de 3.2 hectares et la deuxième est une zone de conservation de paysage de 12.9 hectares.
Photo: HellMar62, Panoramio
Des passerelles en métal permettent de traverser la réserve naturelle. Ce sont des milieux naturels anthropiques qui sont ainsi protégés: prairies avec quelques espèces rares et boisés de bouleaux (Betula pendula), de robiniers (Robinia pseudoacacia) et de chênes. Une gestion des espaces assure que le boisé ne colonise pas tout l'espace des prairies ouvertes. La nature hybride de la biodiversité est une caractéristique des habitats urbains post-industriels. On considère ici que cela mérite une protection.
Photo: HellMar62, Panoramio
Surtout constituée de boisés, la zone de conservation du paysage peut tolérer une gamme plus étendue d'usages et une circulation plus intense. Les sentiers suivent néanmoins les anciennes voies ferrées. Dans les espaces résiduels les processus de colonisation, végétale et animale, sont invisibles et anonymes. Il n'y a pas de jardinier, pas d'architecte. Ce qui n'empêche pas un résultat à traiter avec respect! Les villes ne peuvent plus se concevoir comme opposition à la nature. C'est avec les processus de la nature qu'il faut concevoir les villes aujourd'hui. Comment faire en sorte de réduire la signature culturelle/humaine au Champ des Possibles?
Sauerlandtom, Panoramio
Les plantations et aménagements que je propose pour le CDP sont initialement des artifices. À la différence des autres modes d'interventions (un design trop marqué de l'espace vert et une emphase sur les nécessités humaines, minéralisation, etc.) mes propositions ne sont toutefois pas des limitations aux processus de la biodiversité. Bien au contraire, elles sont pour elle des ressources. Plutôt qu'artifice elle sont une collaboration.
Gertrud K., Flickr
Si on analyse le projet dans le temps, ce qui paraît un savant jardinage, prend une toute autre allure. Le dynamisme inter-connecté des processus naturels permettra l'exportation des espèces introduites (plantées). L'artifice initial se dissolvant en quelques sorte dans les nouveaux paysages habitables en potentiel. Le biocorridor de la voie ferrée est en ce sens un élément essentiel. L'ensemble des RéBUs sera d'autant plus écologiquement fonctionnel que la voie ferrée recevra l'attention qu'elle mérite.
Photo Matrialis, Panoramio
Aménager des parcs et des espaces verts en milieu urbain, comme on le fait depuis si longtemps (et encore de nos jours...), conduit à cet intéressant paradoxe: c'est de l'étalement infra-urbain que nous faisons! L'étalement urbain, relayé ensuite par l'étalement péri-urbain (!) absorbent les paysages agricoles et naturels.
Photo Architectes Odious
En plus de la disparition des habitats cela nous apporte bien des problèmes (transports et infrastructures). L'extravagante consommation des habitats est coûteuse. Pourquoi alors ne pas accorder la critique de l'étalement à l'espace "intra-muros", l'espace dans nos villes? Les espaces résiduels (terrains vagues, friches post-industrielles, etc.) réclamés en nouveaux espaces verts peuvent-ils se concevoir sur le modèle des parcs minimalistes du passé? Ce serait une monopolisation des espaces autrement disponibles à la biodiversité. Non? Les fiers citadins reprocheraient à la banlieue ce qu'ils s'autorisent sans hésitation?
Photo: Reinhard Schubert
Pourquoi ne pas aller virtuellement au Südgelände? Visitez cette page et voyez les nombreux panoramas 360 degrés: http://www.360cities.net/search/Südgelände.
Pour en savoir plus:
Consultez (en allemand) les pages de ce parc sur le site de Grün Berlin.
Merci pour cette belle ballade bien instructive !
RépondreEffacerParcourir votre blog est un vrai plaisir :)
A très bientôt
Merci Pescalune aux beaux oiseaux!!!
RépondreEffacerC'est magnifique et mystérieux juste ce qu'il faut. Il n'y a rien de plus poétique que ces paysages "domptés" puis abandonnés pour une raison ou une autre. Ils invitent au voyage - voyage dans le temps, voyage intérieur.
RépondreEffacerL'ordonnancement strict et sévère des parcs tels qu'on les connaît (ce n'est pas nouveau remarque, les jardins à la française de Louis XIV ne datent pas d'hier) sont terriblement ennuyeux pour l'esprit comparés à cette liberté en voie d'installation...
@Geneviève: "liberté en voie d'installation"? Poésie? Quel dangereux langage!
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