vendredi 26 février 2010

Petit loup: le houblon en ville



illustration de Koehler, 1887 et détail d’une tapisserie Bernard van Orley


Je ne suis pas amateur de bière, ça m’endort! Mais le houblon, j’aime bien: la grande plante grimpante s’échappe des cultures et se rencontre quelque fois en milieu urbain. Elle est un sujet de premier choix pour le verdissement: d’une croissance rapide, peu exigeante de la qualité du sol, même si elle préfère un sol riche et humide. Elle est d’un effet certain! En un seul été elle peut atteindre une dizaine de mètres de haut et quelques mètres de large. De plus, la plante bourgeonne généreusement au printemps. Les nouvelles pousses ressemblent à des asperges et sont d’ailleurs comestibles. La vigueur de ces plantes volubiles est souvent un appel à la vigilance: après quelques années vous aurez besoin d’un permis du Ministère de l’Agriculture! Les Romains nommaient la plante “petit loup” (lupulus) parce qu’elle “étranglait” l’arbre sur lequel elle croissait. Elle prend en effet de la place...



à gauche fleurs mâles et à droite jeunes fleurs femelles (photos Wikipedia)


Le houblon est une plante dioïque: il y a des individus qui sont mâles et d’autres femelles. Il est rustique (résistant) et de la même famille que le cannabis: les Cannabacées. Il a d’ailleurs certaines ressemblances à son cousin quant à certains effets. Ce sont exclusivement des plants femelles qui sont cultivés pour les usages industriels, la pollinisation rendant les cônes femelles (les strobiles) inutilisables.

L’espèce Humulus lupulus compte 5 variétés naturelles (et de nombreuses variétés cultivées, les cultivars):
  • Humulus lupulus var. lupulus, la variété cultivée surtout pour la bière en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande (où on boit de la bière quoi!) est indigène de l’Europe.
  • Humulus lupulus var. lupuloides est la variété indigène au Québec dans la région. Des individus aux caractères intermédiaires avec la variété précédente laisse entrevoir de possibles hybridations. Elle n’est pas aussi facilement distinguable que les autres variétés.
  • Humulus lupulus var. neomexicanus dans les prairies, l’ouest canadien et américain jusqu’au Mexique.
  • Humulus lupulus var. pubescens  indigène du  midwest américain.
  • Humulus lupulus var. cordifolius est la variété japonaise et n’a jamais été trouvée spontanée en Amérique du Nord.

    du houblon sauvage à la falaise Saint-Jacques


    Les quatre variétés que l’on trouve en Amérique du Nord se distinguent par la fine pubescence de la tige au noeuds: la détermination de la variété est pas mal technique puisqu’il s’agit du nombre de poils par dixième de mm. carré. À vos loupes! La venation et le nombre de lobes des feuilles sont aussi des caractères dans certains cas. Pratiquement, pour les plantes spontanées ici on peut toutefois considérer qu’ils s’agissent d’individus de la variété lupulus ou lupuloides. Les plantes cultivés appartenant évidemment à un ou l’autre des cultivars de la variété européenne lupulus.


    ici à Montréal, cultivé dans une ruelle


    La seule fois où j’ai vu une grande culture de houblon c’est à Chilliwack en Colombie Britannique où il est cultivée depuis une centaine d’année. La vue de cette vigueur verte est mémorable. Au Québec le houblon a été cultivé depuis le 17e siècle et sa culture, qui avait disparue, est maintenant reprise à la faveur du marché des micro-brasseries. Lentement et assez récemment, malgré ses doubles usages (comme plante médicinale et pour la fabrication de la bière) le petit loup s’est peu à peu estompé... Il fait aussi un retour par le côté de l’horticulture ornementale.



    culture du houblon sur cordes


    On insiste toujours sur les propriétés anti-bactériennes du houblon. C’est d’ailleurs une des raisons originelles de sa culture: on s’en servait pour aider à la conservation de la bière. Son usage plus ancien est toutefois celui d’une plante médicinale aux vertus encore plus rébarbatives que son effet sédatif (à moins que vous ne soyez un moine insomniaque): elle a un effet anaphrodisiaque. Je préfère penser que l’utilisation de la plante pour le verdissement des murs et des clôtures offre suffisamment d’intérêt pour ne pas envisager une vie plus monastique. Je me passerai de sommeil...



    un pied tôt au printemps (photo Sacabane) et un usage de verdissement des murs


    Tôt l’autre matin j’étais à imaginer des systèmes de treillis de fil de fer fixés au mur pour aider à la croissance de cette plante. Au vu des références suivantes plus bas je travaillerai plutôt sur un système auto-porteur (quand il n’y a pas de mur...) Voyez ce lien vers des systèmes d’ancrage de toutes sortes qui est une véritable encyclopédie:

    http://www.fassadengruen.de/uw/drahtseil/uw/spalier/spalier.htm

    et un choix complet de configurations pour la culture en espalier:

    http://www.fassadengruen.de/eng/uw/climbing_plants/uw/hops/hops.htm

    Encore quelques références utiles pour la culture du houblon:

    Un bon manuel téléchargeable ici
    Bon site de référence en Oregon

    Un reportage dans les archives de La Semaine Verte: Le houblon


    Tout comme les proto-paysages que sont les terrains vagues me servent d’indicateurs d’éventuelles RéBUs, la flore spontanée m’est utile pour choisir les espèces résistantes et adaptables, bien souvent avec un rôle écologique positif et fonctionnel: le houblon est vivace,  pousse tout seul et se maintient longtemps. Si sa culture avait compté des individus des deux sexes la plante serait plus commune. Ce serait probablement une bonne idée d’inclure un certain pourcentage d’individus mâles afin que des graines soient produites.

    Je croiserais plus souvent des petits-loups sauvages... en attendant on peut toujours s’en servir pour verdir les murs.






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