mercredi 24 février 2010

Sur les Réserves de Biodiversité urbaine (RéBUs)



 


papillons et odonate au NFBP (photos Richard Ash)

Faire d’un terrain vague “sans grand intérêt”, d’un site post-industriel au sol peut-être contaminé, une réserve de nature? En ville? Est-ce une si mauvaise idée? Je vous ai parlé dans un billet précédant (ici) d’une pareille réserve dans le Cheshire près de Liverpool en Angleterre. Ici à Montréal l’usage prévu d’un sol déterminera l’éventuelle décontamination au niveau acceptable selon la réglementation du Ministère de l’Environnement. Un parc où des enfants s’amusent au sol dans la pelouse doit montrer patte blanche. Ce n’est pas à priori une préoccupation pour l’ensemble du Champ des Possibles. Mais qu’en est-il alors du risque toxicologique pour la biodiversité? La contamination d’un sol passe dans les végétaux et de là dans les insectes et les oiseaux, contaminant toute la chaîne alimentaire. 



Steve Ross, Paul Loughnane, Hilary Ash et Howard Gibson au Butterfly Park


Les parallèles du Butterfly Park avec le projet du Champ des Possibles sont assez nombreux et peuvent servir de pistes de réflexion. J’ai échangé des informations avec un des responsables (Paul Loughnane) au sujet du New Ferry Butterfly Park (Wirral, en banlieue de Liverpool). Quelles réflexions et quelles actions ont eu lieu en regard de la question écotoxicologique? Les sols du Butterfly Park conservent les traces des différents usages industriels et aucune décontamination n’a eu lieu. La prudence pour la santé humaine est démontrée par l’absence de culture potagère. Au-delà de cette prudence il y a par contre tout un univers de possibilités. Les occasions pour les citoyens urbains et leurs enfants de se familiariser avec la biodiversité sont jugées la-bas plus importantes que d’éventuels problèmes toxicologiques. Et le suivi et l’inventaire des papillons est constant par exemple.




le panneau d’interprétation cliquez ici pour la carte Google localisant la réserve


Il semble que la valeur de cet habitat (abri, nourriture) pour la biodiversité et en tant que lieu de contact avec la nature pour les humains rendaient la perspective des grands travaux nécessaires à la décontamination trop pénible et doublement coûteuse en regard des efforts déjà fournis. Pour une réserve de biodiversité urbaine il y a en effet dans la balance (puisqu’il est toujours question de choix) d’un côté la tolérance d’une certaine contamination et de l’autre côté la création d’un nouvel espace pour la biodiversité. La contamination est à mon avis un processus continu qui a lieu de toute façon dans des centaines d’espaces post-industriels, réserve ou pas, là-bas comme ici. Et personne ne semble protester bien fort! Mais ces espaces “gris-verts” sont en fait de toute façon colonisés. Il faut alors faire preuve d’imagination et de s’assurer de limiter la contamination. Un gain collectif de grande valeur est alors obtenu par l’occasion de vulgarisation et d’une meilleure connaissance de l’écologie par les urbains autrement sans grand contact avec la nature. Les enfants du quartier iront... à pied (une nouveauté!) découvrir la nature. Gagnant/gagnant comme on dit.



Polyommatus icarus (Common Blue, Argus bleu)

Comment les gens de Wirral ont-ils donc mitigé les risques écotoxicologiques? Ils ont eu recours aux mêmes techniques utilisées pour l’imperméabilisation de sites d’enfouissement. Mais ils les ont utilisées dans le sens inverse. Où ces techniques sont  la norme pour empêcher les lixiviats des ordures et des déchets de fuir dans l’environnement et de contaminer la nappe phréatique par exemple, elles sont au NFBP ce qui permet d’isoler un étang artificiel d’être pollué par un sol peut-être contaminé. Un écran peut en effet fonctionner dans les deux sens... Simple, économique, prudent et performant si vous voulez mon avis...




Dr. David Goode (London University) visitant le Butterfly Park. Chicorée et épilobe on connaît ça!




Ces Anglais sont pas mal inspirants! Qu’en dites-vous?


Vous trouverez plus de photographies du New Ferry Butterfly Park et sa biodiversité
ici et ici


Et encore un lien vers une carte Google du Champ des Possibles.





6 commentaires:

  1. Intéressant, je me posais les mêmes questions!

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  2. Dominique: ça ne répond pas à tout, mais c'est un début!

    Kyra: un commentaire positif et matinal est toujours bienvenu, merci.

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  3. Merci Roger, c'est vraiment bien cet exemple, on va créer notre première RÉBU montréalaise!

    f

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  4. (Roger: j'aurai souligné mon oui, mais cette fonction est inexistante sur la commentaires box)

    kyra

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  5. Pas mal cool - les groupes de citoyens organisés, inspirés et pret à travailler. Ce qu'il faut pour un utopie réaliste!

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