un mini-parc grandement négligé... et c'est tant mieux!
La gestion différenciée des espaces verts (j’y reviendrai bientôt, j’espère...) peut s’appliquer à des espaces réduits: des mini-habitats. Ci-haut c’est le “parc” Pierre Boucher* de 500 m carrés à l’intersection de la rue Gilford et de l’avenue Henri-Julien à Montréal. Dans mon arrondissement c’est probablement la plus grande colonie d’orties. Sachant qu’il est presqu’impossible de voir de l’ortie sans qu’elle n’héberge quelques chenilles de vulcain je fréquente l’endroit depuis quelques semaines (voir les messages précédents plus bas).
Évidemment l’expression “gestion différenciée” est utilisée dans le cas présent avec une certaine dérision. La gestion de ce petit espace vert (en fait aux deux tiers minéralisé) est une non-gestion, une simple négligence. Même cette négligence n’est pas une intention: ce sont les limites de notre attention, de notre volonté ou tout simplement le coût limitatif de l’entretien des espaces verts. Ces limites ont pourtant un effet positif sur la biodiversité. Combien de vulcains du quartier viennent d’ici? Je crains maintenant l’intervention éventuelle des employés de l’arrondissement!
dans le sol couvert de génévriers en mauvais état, au centre: les orties.
Ce sont des centaines de larves de papillons vulcain (Vanessa atalanta) que j’ai observé dans ce mini-habitat. Pour les amateurs de curiosité le parc héberge aussi une variété intéressante de la grande chélidoine: à fleurs doubles. Y mettrons-nous, tandis que personne ne porte attention, quelques plants d’asclépiades? Vous croyez que les papillons monarques apprécieraient? Que nous coûterait cette naturalisation s’ajoutant à notre fortuite négligence des lieux? Partager l’espace et faire l’entretien différemment, c’est possible? Même le guerilla gardening devra dorénavant se mettre à faire autre chose, avec réflexion: planter utile à la biodiversité.
le sommeil doré de la chrysalide
Sur la planche ci-haut (un des essais graphiques pour un prochain livre) on voit l’essentiel du développement du vulcain. Sur les deux feuilles d’orties en grisé on voit d’abord en bas à gauche la chrysalide avec ses extraordinaires pointes dorées. Tout à fait comme des paillettes d’or. Puis à sa droite la chrysalide vidée de son contenu. Un peau sèche et fragile pesant 0 gramme... Au centre une chenille de mi-parcours et le vulcain presque prêt au vol (la photo est d’hier).
Faites l’habitat (ou laissez-le advenir...) et la biodiversité le trouvera.
*Pierre Boucher (1921-1973) était comédien et président de l'Union des artistes. Il participa à des séries télévisées (L'île au trésor et Radisson, Rue des pignons, etc). L’homme est aujourd'hui aussi oublié que le parc!
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