Sur la rue de la Roche, arrondissement Plateau-Mont-Royal à Montréal, il y a beaucoup de frênes (Fraxinus). Il y en a partout autour et c'est ce qui domine dans le coin. Voyez la carte tout en bas.
Sauf un seul, ils sont tous malades. J'ai bien cherché sur quelques arbres, sans trouver, l'insecte tueur de frênes (l'agrile du frêne, emerald ash borer, Agrilus planipennes) ou les signes clairs de sa présence mais je n'ai rien vu... faut dire que je n'ai cherché qu'à hauteur des yeux... Je n'ai vu aucun trou d'émergence en tout cas...
Alors il faut constater un ensemble de signes pour déterminer la présence de l'insecte et de ses ravages: ces croissances épicormiques (des branches poussant à la base ou sur le tronc) en sont justement un... Presque tous les frênes en avaient...
Et ces feuilles recroquevillées... et jaunies (chlorose) et la cime dénudée... Quantité de fourmis allaient et venaient sur le tronc. L'arbre est affaibli par la présence de pucerons à l'évidence (les fourmis...)
Les frênes sur de la Roche (au centre) et autour. Carte par Québec-Bio (ici)
C'est donc une question de l'oeuf ou de la poule: ces arbres affaiblis par la pollution automobile de l'assez intense circulation ici, les fosses de plantation minuscules qui limitent grandement le développement d'un fort système racinaire, la mauvaise décision de planter essentiellement une seule espèce sur cette rue et tant d'autres (et on le faisait encore récemment alors que le problème était bien connu et la catastrophe annoncée...), l'arrivée d'insectes ravageurs (les pucerons) et maintenant, le faucheur des faucheurs, l'agrile?
Qui est venu en premier? La réponse ne changerait rien au destin de ces arbres: la tronçonneuse aura le dernier mot!
Je ne sais pas si tous les frênes en mauvais état que je vois un peu partout en ville sont atteints par l'agrile. L'an dernier on a coupé des frênes sur les flancs du mont Royal à Outremont (rue Édouard-Monpetit)... J'en ai vu dans d'autres quartiers aussi: Nouveau-Bordeaux par exemple... Le Plateau ne semble pas en reste!
L'infestation est-elle plus grande qu'on nous le laisse croire?
Bonjour Roger,
RépondreEffacerContente que tu écrives de ce petit suivi sur le sujet de l'agrile et de son hôte de prédilection. Et comme toujours, tes interrogations sont justes. Est-ce plausible de penser que la mort des frênes en ville sera chose réelle sous peu précédée d'une courte agonie qui nous surprendra tous?
Pour beaucoup de ces frênes sur les trottoirs, les soigner serait inutile tant ils sont affaiblis de différentes façons. Soignons les beaux grands sujets, les arbres remarquables, dans les parcs par exemple, mais remplaçons tout de suite les autres comme sur la rue de la Roche. Que planter? Érables argentés? Peupliers? Érable à Giguère?
RépondreEffacerCe dernier, par exemple, est considéré indésirable puisqu'il casse de grosses branches et devient une menace. Je crois qu'avec la perte des frênes le coût d'émondage des érables à Giguère devient justifiable... et nécessaire! On aurait rapidement de l'ombre...
En tous cas, j'en connais assez sur les plantes pour dire que, comme le précise Roger dans son billet, l'agrile n'est surement pas en soi la cause de la perte imminente de ces arbres... Il y a toujours une série de facteurs diminuant qui affaiblissent les arbres et qui par conséquent "invitent" ou favorisent l'apparition de parasites. Pour suivre, il m'apparait tout aussi évident que sans place pour un système racinaire sain, il est vain de replanter des arbres en série sur les abords des rues, à moins bien sur de revoir toute la logistique des protocoles de plantation... Il faut prendre le problème à sa source pour 'panser' à y remédier! De plus, il est vrai que si les érables a giguères (acer negundo), - ces grands indésirables - prolifèrent aux quatre coins des ruelles, c'est qu'ils sont certainement adaptés aux conditions extrêmes du bitume. Mais de promouvoir une tolérance à leur égard me semble relever d'un exploit qui pourrait se dérouler sur plusieurs siècles (et quand on connait les rouages du Progrès Humain, autant dire Jamais...)
RépondreEffacerUn exploit qui se déroulerait sur des siècles? C'est pour moi ça! J'ajoute que l'on a commencé un peu partout à faire de plus grandes fosses pour les plantations. Où c'est possible! Et qu'enfin on évite le plus possible des plantations d'une seule espèce sur une rue donnée. À court terme cela ne change rien à la nécessité radicale dans l'exemple ci-haut...
RépondreEffacerJe n'étais pas au courant pour les fosses agrandies: Quelqu'un quelque part a donc compris quelque chose... Voilà qui augure bien!
RépondreEffacerOui pour les nouvelles fosses ou lors de grands travaux... et là où c'est possible! Il y a tant d'équipement et de conduits de toutes sortes que c'est pas facile.
RépondreEffacerJ'imagine bien... Les entrailles terrestres sont des lieux denses (en fils, tuyaux, conduits et autres) ainsi qu'en garnotte de remplissage je crois
RépondreEffacerBeaucoup, beaucoup de garnottes. En fait si on y mélangeait un peu de sol ce serait le substrat parfait pour empêcher la compaction, les racines s'en porteraient mieux...
RépondreEffacerIl suffirait d'insuffler l'idée aux oreilles averties...
RépondreEffacerUn volontaire pour le dossier "garnotte de remplissage des entrailles des rues & des trottoirs"?
Des recherches et des essais dans ce sens sont faites depuis assez longtemps par l'agronome Pierre Jutras. Je ne sais pas dans quelle mesure c'est appliqué par contre.
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