samedi 27 juin 2015

Le peuplier de Rouleau




Les feuilles des arbres juvéniles de nombreuses espèces d’arbres (dans quelques genres du moins) sont étonnamment variables. Par exemple, nous n’avons que peu d’espèces de chênes mais l’identification d’un jeune arbre n’est pas toujours évidente. En milieu naturel les caractéristiques de l’habitat sont utiles: ils isolent assez bien les espèces et cela aide à donner le nom à la plante. En milieu urbain, où tout est possible (ou presque!) c’est souvent plus difficile.



Comme je passe beaucoup de temps à l’étude des peupliers (genre Populus) et que ce genre de quatre espèces indigènes compte en plus de nombreuses espèces (et hybrides) introduites, cultivées, qui s’hybrident ensuite avec nos espèces, j’ai droit à un surcroît de perplexité devant certains spécimens. Sur la photo ci-haut nous avons droit à une feuille assez étonnante avec un air de Tulipier!



Ce spécimen trouvé au mont Royal appartient à cette catégorie des pas commodes. En le voyant je sais d’abord tout ce que ce n’est pas… puis une certaine familiarité se révèle. À l’évidence il s’agit d’un hybride et à l’évidence un des parents est le Peuplier blanc (Populus alba) qui prend quelque fois un air quasi-érable. Vous devinez ce trait dans la photo ci-bas.



Les feuilles échantillonnées ont été préparé et photographié en studio mais je n’ai pas le temps de vous montrer une planche terminée. Ces quelques clichés de terrains vous donnent néanmoins une bonne idée de cette double variabilité: d’abord celle d’un hybride puis celle d’un arbre juvénile. 



Pour l’instant je garde l’hypothèse assez bonne qu’il s’agisse du Populus ×rouleauiana (P. alba × P. grandidentata ). Je n’ai pas eu le temps de compléter l’étude détaillée du cas… j’y reviendrai un de ces quatre! Je n'ai pas réussi à échantillonner un autre peuplier hybride dont les branches trop hautes interdisaient de prendre quelques feuilles. L'écorce trahit toutefois le Peuplier blanc (les losanges noirs) comme parent encore une fois.


Voyez ces autres photos publiées le 22 juin: Bref rapport.

Bonne fin de semaine!



lundi 22 juin 2015

Bref rapport: feuilles et fruits





J'ai goûté les premiers fruits de l'amélanchier chez moi. Le petit arbre est productif et ses fruits, peut-être un peu moins nombreux que l'an dernier, sont bien plus gros.



Le mûrier arrive aussi..



Avec des amis nous sommes allés marcher sur la montagne. Je suis tombé sur ce spécimen intéressant.



C'est un peuplier hybride avec le Peuplier blanc à l'évidence. Mais lequel?



Je prendrai une heure ou deux plus tard afin d'aller faire de meilleurs photos et prendre quelques échantillons de feuilles. Dans la région nous avons trois hybrides. Ce connais assez bien le premier, fréquemment planté en ville. Je ne connais pas le second, qui ne doit pas être facile à distinguer du premier! Je crois bien que notre arbre est le dernier Populus × rouleauiana

Populus × canescens (P. alba × P. tremula)

Populus × heimburgeri ( P. alba × P. tremuloides)

Populus × rouleauiana (P. alba × P. grandidentata ) 

Comme plus tôt ce printemps j'ai vu un autre peuplier hybride sur le mont Royal j'irai aussi le retrouver afin d'échantillonner.

À suivre donc.

samedi 20 juin 2015

Les environs du CDP vu du viaduc









Je n'étais pas passé par le viaduc Van Horne depuis longtemps, j'en ai profité pour faire quelques clichés avec mon iPad. 



mercredi 17 juin 2015

Santiago Rivas au Champ des Possibles




































































Rencontré au Champ des Possibles il y quelques jours, Santiago m'a fait parvenir son reportage photo des lieux, des usages et usagers, dont moi...

C'est à l'évidence le travail d'un observateur attentif. Architecte, architecte du paysage et artiste visuel, chaque moment et toutes les compositions révèlent la richesse de la réflexion de Rivas.

Voyez ses autres photos ici: Santiago Rivas Photography (sans manquer la section "personal"!!!) J'ai aimé singulièrement les deux séries Omni...

Je lui ai refilé quelque autres lieux à explorer et j'espère qu'il n'oubliera pas de nous les partager. 




Au moment où il me photographiait, je photographiais cette Coccinella septempunctata.





samedi 13 juin 2015

Un sénat de peupliers





Voici les feuilles des espèces (et l'hybride) de peupliers qui croissent spontanément dans notre région. Il y a évidemment quelques autres hybrides ici et là, je vous les montrerai à une autre occasion...

Il faudra aussi parler du Peuplier lombard, du Peuplier blanc et de tous les hybrides et cultivars d'horticulture ou de populiculture...

Les peupliers sont des bêtes de somme qui rendent milles services aux humains et aux autres. Ce que je préfère c'est le son qu'ils produisent. Y a-t-il une science du son de peuplier? Une taxonomie du son blanc, gris ou noir (ou encore vert)? Avons-nous des archives sonores de ces artistes éoliens?


Du côté de la poésie, on trouve vite:



Sous ce large peuplier par trois fois trois je tourne
Salomon Certon  (1552-1615)

Sous ce large peuplier par trois fois trois je tourne,
J'y basty un autel de trois fois trois gazons,
J'y apporte du feu de trois fois trois tisons,
Et trois fois trois grillons pour y brusler j'adjourne :

Par trois fois trois encor y verser je retourne
Trois fois trois pots de laict, trois fois trois poils grisons
Je croise tout autour, trois fois trois oraisons
Par trois fois trois encor barboter j'y contourne.

C'est pour vous bas esprits de ces antres bossuz,
C'est pour vous Satyreaux des costeaux de là sus,
C'est pour vostre troupeau Dryades forestieres,

C'est pour vous dieux des eaux aux reluisants talons,
C'est pour vous dieux des bois : cest autel, ces grillons,
Ces pots blanchis de laict, ces poils et ces prieres.


The Poplar Field
William Cowper  (1731 – 1800)

The poplars are felled, farewell to the shade
And the whispering sound of the cool colonnade:
The winds play no longer and sing in the leaves,
Nor Ouse on his bosom their image receives.

Twelve years have elapsed since I first took a view
Of my favourite field, and the bank where they grew,
And now in the grass behold they are laid,
And the tree is my seat that once lent me a shade.

The blackbird has fled to another retreat
Where the hazels afford him a screen from the heat;
And the scene where his melody charmed me before
Resounds with his sweet-flowing ditty no more.

My fugitive years are all hasting away,
And I must ere long lie as lowly as they,
With a turf on my breast and a stone at my head,
Ere another such grove shall arise in its stead.

'Tis a sight to engage me, if anything can,
To muse on the perishing pleasures of man;
Short-lived as we are, our enjoyments, I see,
Have a still shorter date, and die sooner than we.


Je vous laisse et je coure au Champ des Possibles où on trouve justement tous ces peupliers. Il faut maintenant planter toutes sortes d'arbustes et faire une haie riche et diverse qui devrait bien faire l'affaire de nombreux oiseaux: cornouillers, sorbiers, viornes, sureaux et autres fruits...


Bon samedi!






mercredi 10 juin 2015

Planter des peupliers




Il y a longtemps que nous plantons des arbres au Champ des Possibles. Mais avec cette re-naturalisation du lot Bernard (un bout de terrain adjacent) c'est la première fois que nous avons l'occasion de planter des arbres d'un bon calibre, de bonne dimension. J'espère que cela inspirera du respect pour le travail fait... si vous saviez combien d'arbres ont été coupé, arraché ou taillé par des amateurs. Vandalisme, jalousie, militantisme? On ne sait pas!




Les résistances sont nombreuses, les points de vue aussi. Le mien est assez simple: faire avec ce qu'on trouve déjà est m'assurer que le travail fait ne paraisse pas... la continuité écopaysagère est plus importante que la signature du dessinateur... Le nouveau bosquet est inséré entre deux autres le long de la voie ferrée. Une autre règle toute simple mais tout aussi difficile à faire accepter: planter des espèces indigènes. 

Planter pour la biodiversité et pas pour notre consommation... je crois que c'est bien là la différence que nous essayons de maintenir.

Il y avait déjà des peupliers carolins et des peupliers deltoïdes. Il y a maintenant un bosquet de peupliers à grandes dents (Populus grandidentata), peupliers faux-trembles (Populus tremuloides) et de peupliers baumiers (Populus balsamifera).

Il y aura donc une collection complète de tous les peupliers indigènes, une chose rare en effet!

Samedi nous planterons des arbustes dans la haie Bernard. 

Vous en aurez des nouvelles.










samedi 6 juin 2015

Pêche Noire de Montréal




"Black peach of Montreal, Cambra and the Moushien's Pacey of Pomperi peaches." 1812.

Je ne crois pas que cette pêche était cultivée à Montréal. Ce n'est pas impossible mais c'est probablement tout simplement le nom du cultivar (de la variété). Il s'agit de la pêche tout en haut de l'illustration.



Des nouvelles du petit chêne dont je parlais dans le billet précédent. L'ÉTRAM (Équipe tactique de rescousse des arbres menacés) est intervenu et il a maintenant une maison! La tondeuse lui est passé dessus... on lui souhaite bonne chance!

Merci À Marc et Kyra...

Bon, c'est pas tout ça, on va visiter le bocage de Pierrefonds-Ouest... je me prépare. Un reportage à venir!





vendredi 5 juin 2015

Chênes sauvageons




Un groupe de chênes rouges, sauvages, poussant dans une situation moins qu'optimales... ils sont enracinés entre le mur de briques et une base de béton. C'était peut-être une bonne cachette pour les glands, écureuil, mais pour ces arbres qui deviendront plus gros et avec la base de leur tronc contrainte et comprimée dans un interstice de quelques centimètres... c'est, je crois, la catastrophe annoncée.



Mais ils produisent des glands et l'écureuil en a cette fois planté un dans une situation un peu plus favorable. Un peu plus seulement...



Vous connaissez ces cat ladies, femmes dédiés aux chats, obsédées par ces mammifères ronronnants, qui les sauvent de tout, partout... Il nous faudrait des tree ladies, femmes à arbres, pour aller chercher ce petit chêne sauvageon qui cherche maison. Ailleurs que contre le béton du trottoir.








mardi 2 juin 2015

Peupliers oubliés et la Mort de Dante



1920, photo: Bibliothèque et archives nationales du Québec.

Ce grand cirque de peupliers carolins au parc La Fontaine vous intéresse et c’est le but des billets que j’écris à leur sujet depuis quelques temps. Je vous donne un peu plus d’information avec quelques photos, la rédaction de quelque chose de plus étoffé devant attendre que je finisse mon interminable essai sur la haie dans le bocage urbain.

C’est que ces peupliers, c’était un chapitre de mon prochain livre…



Vous voyez bien maintenant ce que je veut dire par ce grand ensemble paysager aménagé vers 1915(?). C’est assez unique… et c’est dans le parc formel le plus connu de Montréal. Donc j'essaie de comprendre, de trouver un sens à cet aménagement singulier. Il faut dire que beaucoup de ces arbres ont été coupé mais qu'il en reste et qu'on peut même les voir sur les photos satellites maintenant qu'on sait où regarder.

Rien ne vaut de les rencontrer sur place évidemment!



Lieu d’affirmation culturelle d’importance et sujet aux changements de paradigmes et autres révolutions? Peut-être n’était-ce après tout qu’une patinoire catholique!

Peut-être! Je les compare en effet à un monument...ou une cathédrale. Aujourd'hui on met des spa-yoga classe plus dans les églises. Autrefois on mettait des terrains de tennis dans les parcs. Dans les deux cas on peut regretter le changement de vocation. L'église est conservée diront certains. Dans le cas du parc La Fontaine le patrimoine paysager est carrément gommé de l'histoire...



C’est un lieu commun: « les enfants ne jouent plus dans les ruelles ». Et dans la ré-écriture actuelle de nos quartiers bien des efforts semblent s’adresser à cette intéressante question. On aimerait bien que les enfants jouent à nouveau dans les ruelles. Qui peut dire quelle fût l’influence de cette politique de charcuterie de nos parcs pour y installer toutes ces installations sportives? A-t-on ainsi draîné les ruelles? Le sport c'est bon pour la nation. La santé c'est bon pour la santé. Enfin... allez-y de vos propres slogans... 

Les années 50 et 60 n’ont pas ammené que des autoroutes, le charcutage de nos parcs et l'empoisonnement de nos quartiers. Il y avait aussi une touche sucrée de constructivisme social...




Nous sommes tous familiers avec les ennuis majeurs de l’intense circulation automobile (qui va encore croissant…) dans les plus vieux quartiers qui n’ont pas été aménagé pour cela. Les rues sont 19e siècle... Des mesures correctives ont été imposées par des politiciens qui se méritent des ricannements constants par les artistes des médias qui n’y comprennent rien.

On parle de fermer les rues qui traversent le parc. C’est commencé, il faudrait achever ce travail. De plus, un de ces quatre il faudra arriver à réclamer nos parcs: dehors les 42 mini-stades, terrains de tennis, de soccer, de ballon de plage du parc La Fontaine! Les enfants joueraient peut-être plus dans les ruelles? 


Ré-ouvrons cet espace et plantons les carolins manquants… la pression sur les autres parties du parc sera d'autant réduite. Les gens veulent du soleil, ils en auront amplement ici dans ce grand cirque refait, espace ouvert de cohésion et de rencontre. Et d'activité libre...




J’ai eu le plaisir de rencontrer hier l’équipe d’émondage qui travaille sur le lot Bernard au Champ des Possibles. Nous parlions de peupliers et l’un des émondeurs me parle d’un article qu’il vient de lire sur la distinction entre les deux peupliers (le deltoïde et le carolin) et l’hybridation avec le peuplier Lombard. C’est bon d’apprendre ainsi que je suis lu… Je mets donc cette autre planche montrant le caractère distinctif permettant de savoir si on a affaire au Peuplier deltoïde ou au Peuplier de Caroline. Notez les glandes à la rencontre de la feuille et du pétiole du Peuplier deltoïde. Le truc est bon même les yeux fermés: c’est en effet au toucher qu’il marche bien parce que les glandes du deltoïde ne sont pas toujours aussi « grandes ». Le carolin n'a pas de glandes. Et, comme toujours, assurez-vous de prendre quelques feuilles de l’un et de l’autre, il arrive que les glandes soient très petites, etc…



À gauche BANQ. À droite photo de Alexis Hamel. 

Puisqu’il en a été question dans les commentaires voici ce buste de Dante qui était autrefois dans le parc La Fontaine. Non pas dans les peupliers mais plutôt dans la partie devant l’ancienne Bibliothèque Centrale si je me fie à la topographie et les immeubles d'arrière-plan sur l'avenue du Parc La fontaine. Il est maintenant situé au parc Dante, rue Dante, dans la Petite Italie. La photo d’époque vient de la BANQ et la photo contemporaine du site Images Montréal.