jeudi 7 janvier 2010

Champs de batailles

 
  Plaine d’Abraham, champ commémoratif dans la vieille capitale 


La catégorie "champs" contient deux milieux anthropiques (milieux modifiés par les humains): l’un par l’agriculture et l’autre, plus discrètement, par la guerre. Et il arrive que le champ du fermier et le champ du général soient le même.





Waterloo “le champ de bataille, trempé de pluie et de sang, pétri avec la moisson de seigle et de maïs”

Les champs de batailles sont les terrains vagues de l’histoire, engraissés par des sans-noms et quelquefois voués à l’effacement par un Wal-Mart qui prend le dessus sur un hypothétique devoir de mémoire! Mais bien plus souvent ce maudit champ est sujet d’oubli forçé: nous avons culturellement de fortes injonctions d’amnésie devant les sales histoires de la guerre... Il y a bien quelques parcs commémoratifs mais le plus souvent ces lieux doivent céder devant de nouveaux impératifs puissants: développement immobilier, terrains de golf, champs d’éoliennes... Le plus souvent le champ de bataille est redevenu ce qu’il était: un champ cultivé.




Antietam: ce fossé (un chemin en fait) a déjà été plein d’engraisseurs conscrits

Le champ de bataille et le champ de l’agriculteur, milieux anthropiques de premier niveau: fait de sang, de sueur et d’huile de bras. Et alors, n’est-ce pas? L’agriculteur mérite la plupart du temps à peine plus notre attention que le soldat.



les urbains ont maintenant une vue sur le champ

Curieusement en parallèle avec l’amnésie empressée de notre regard sur le champ du soldat   inconnu, le champ cultivé redevient un champ de bataille. Des batailles d’un nouvel ordre et bien de notre temps. En Europe où il y a eu des millions de conscrits fauchés dans un champ ou un autre il y a maintenant des faucheurs volontaires d’OGM.



campagne en campagne

Les batailles ont bien changées, les héros aussi! Dans cette Guerre Civile entre le citoyen urbain inquiet de sa santé et l’industrie contre-nature ils donnent maintenant l’assault... sur le champs de l’agriculteur. C’est une autre forme de l’expansion urbaine: une banlieusardise “civilisatrice”, une hargne bucolique à la portée de toutes les bourses.




3 commentaires:

  1. Bonsoir !

    À lire ces textes à voir ces images et à penser, eh bien les champs sont les palimpsestes ( excusez le mot de Robert ) , de la présence humaine donc de ses histoires et de ses mémoires ...... ,Les penser et les regarder ( les champs ), c'est en quelque sorte " déliter "notre présence sur cette planète. Regarder un champ , juste un , alors imaginez les tomes d'histoire qu'un seul territoire recèle.

    G.B.

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  2. La suite de ces articles sur ces drôles de champs parle justement du "palimpseste campestre: le coquelicot"!D'ici quelques jours, j'imagine...

    Quant à notre présence sur la planète...qui donc a dit que nous n'étions que de l'engrais à marguerite?

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  3. L'urbana a pris la clef des champs, on dirait.

    Pas très jojos tes derniers messages. Est-ce que tu fais le tour de la terre sur un boulet de canon, comme le baron de Münchhausen, allant d'un champ de bataille à un autre ?

    À propos, les photos sont de toi ?

    Les batailles de l'époque se livraient de préférence en terrain plat - on tient peut-être là l'origine de la pelouse ; après tout, on conviait bien l'ennemi à venir nous affronter «en rase campagne».

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