jeudi 10 novembre 2011

Le bocage urbain




Allons voir ça de plus près.

En sortant du boisé Marcel-Laurin (billet du 5 novembre ici) je me suis dirigé vers cet endroit derrière les pylônes électriques. Localisées par mes services de cartographie satellite (Google Maps...) on y trouve des haies de l'époque agricole. Sur l'image satellite il était évident qu'il s'agissait d'une terre agricole. Mais je n'aurais pas juré qu'elle soit toujours en production!


Fermant ce champ : une haie.

La présence de milieux naturels, d'habitats de la biodiversité en ville occupe beaucoup mes réflexions. Si vous êtes lecteur régulier de ce blog ce n'est pas une nouvelle! Depuis quelques temps j'examine l'hybridation du rural et de l'urbain. La division des parcelles agricoles en Nouvelle-France a produit une trame (très...) longiligne perpendiculaire aux cours d'eau.



Il arrive que l'on préserve ces haies.

Cette caractéristique a ensuite déterminé l'aménagement urbain. La grille en bonne partie orthogonale des rues de Montréal reprend ainsi l'ancienne grille rurale. En soi cela va de soi… ce qui retient plus fortement l'attention, en ce qui regarde la biodiversité, c'est un effet en bonne partie inattendu : les haies rurales ont survécu.



Nos nouveaux quartiers sont des blocs de condos sur pelouse… Les parcs sont du même style. Style tondeuse.


Ces lignes d'arbres le long des fossés ou des chemins séparaient aussi les parcelles. La trame verte des haies est encore perceptible en de nombreux endroits. C'est un véritable bocage bien que l'expression ne soit pas très courante de ce côté de l'Atlantique. Que trouve-t-on dans ces haies? Un patrimoine génétique de grande valeur. Tout comme à Meadowbrook l'âge de certains arbres et arbustes y atteint le siècle ou plus. Les arbustes fruitiers de ces haies remontent aussi très loin : les oiseaux se sont assurés de propager les graines de haie en haie… jusqu'à aujourd'hui. Si l'on cherche des écotypes authentiques de l'archipel d'Hochelaga… C'est ici!



Fruits défendus : ceux du nerprun cathartique…


La connectivité externe qu'est une trame verte et bleue autour de Montréal ne doit pas faire oublier la nécessité d'une connectivité interne* : la perméabilité du milieu urbain est déjà un fait, peut-être discret et embryonnaire ou sous le radar mais un fait quand même! Il s'agit de conserver les haies et d'en copier la forme (qui est déjà intégrée en de nombreux endroits faut-il souligner...) L'amplification du potentiel écologique de cette forme d'aménagement peut même utiliser des espaces sans grande valeur...



Fruits de sorbier bien mûrs.


Conserver et enrichir les boisés vestigiels (comme au boisé Marcel-Laurin) c'est bien. S'assurer de leur connectivité par des haies urbaines c'est mieux… C'est cette connectivité des différents boisés qui reçoit mon attention ces temps-ci : je rédige un petit ouvrage qui portera sur le sujet. Le titre? 


"Le bocage urbain/The Urban Hedgerow". 



Comme il s'agit d'auto-édition je pourrais même le publier en latin… La date de parution? Hum… À Noël?



Viburnum trilobum (Viorne trilobée ou Pimbina, Cranberry-tree).


Un tout petit truc, vous voyez? Questions de partager le fruit de mes réflexions. Mes propositions seront ainsi en "vrai". Ou presque!




*C'est essentiellement le propos de ma courte présentation aux audiences publiques du PMAD le mois dernier.


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