Allons voir ça de plus près.
En sortant du boisé Marcel-Laurin (billet du 5 novembre ici) je me suis dirigé vers cet endroit derrière les pylônes électriques. Localisées par mes services de cartographie satellite (Google Maps...) on y trouve des haies de l'époque agricole. Sur l'image satellite il était évident qu'il s'agissait d'une terre agricole. Mais je n'aurais pas juré qu'elle soit toujours en production!
Fermant ce champ : une haie.
La présence de milieux naturels, d'habitats de la biodiversité en ville occupe beaucoup mes réflexions. Si vous êtes lecteur régulier de ce blog ce n'est pas une nouvelle! Depuis quelques temps j'examine l'hybridation du rural et de l'urbain. La division des parcelles agricoles en Nouvelle-France a produit une trame (très...) longiligne perpendiculaire aux cours d'eau.
Il arrive que l'on préserve ces haies.
Cette caractéristique a ensuite déterminé l'aménagement urbain. La
grille en bonne partie orthogonale des rues de Montréal reprend ainsi
l'ancienne grille rurale. En soi cela va de soi… ce qui retient plus
fortement l'attention, en ce qui regarde la biodiversité, c'est un effet
en bonne partie inattendu : les haies rurales ont survécu.
Nos nouveaux quartiers sont des blocs de condos sur pelouse… Les parcs sont du même style. Style tondeuse.
Ces
lignes d'arbres le long des fossés ou des chemins séparaient aussi les
parcelles. La trame verte des haies est encore perceptible en de
nombreux endroits. C'est un véritable bocage bien que l'expression ne
soit pas très courante de ce côté de l'Atlantique. Que trouve-t-on dans
ces haies? Un patrimoine génétique de grande valeur. Tout comme à
Meadowbrook l'âge de certains arbres et arbustes y atteint le siècle ou
plus. Les arbustes fruitiers de ces haies remontent aussi très loin :
les oiseaux se sont assurés de propager les graines de haie en haie…
jusqu'à aujourd'hui. Si l'on cherche des écotypes authentiques de
l'archipel d'Hochelaga… C'est ici!
Fruits défendus : ceux du nerprun cathartique…
La connectivité externe qu'est une trame verte et bleue autour de
Montréal ne doit pas faire oublier la nécessité d'une connectivité
interne* : la perméabilité du milieu urbain est déjà un fait, peut-être
discret et embryonnaire ou sous le radar mais un fait quand même! Il
s'agit de conserver les haies et d'en copier la forme (qui est déjà intégrée en de nombreux endroits faut-il souligner...) L'amplification
du potentiel écologique de cette forme d'aménagement peut même utiliser
des espaces sans grande valeur...
Fruits de sorbier bien mûrs.
Conserver et enrichir les boisés vestigiels (comme au boisé
Marcel-Laurin) c'est bien. S'assurer de leur connectivité par des haies
urbaines c'est mieux… C'est cette connectivité des différents boisés qui
reçoit mon attention ces temps-ci : je rédige un petit ouvrage qui portera sur le
sujet. Le titre?
"Le bocage urbain/The Urban Hedgerow".
Comme il s'agit
d'auto-édition je pourrais même le publier en latin… La date de
parution? Hum… À Noël?
Viburnum trilobum (Viorne trilobée ou Pimbina, Cranberry-tree).
Un tout petit truc, vous voyez? Questions de partager le fruit de mes réflexions. Mes propositions seront ainsi en "vrai". Ou presque!
*C'est essentiellement le propos de ma courte présentation aux audiences publiques du PMAD le mois dernier.
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