mercredi 9 mai 2012

Découvrir la couverture




Quelques photos proposées en 2008 pour la couverture.


Je crois qu'on aura plus parlé de la couverture de mon livre qu'on aura parlé du livre! Sur ce blog certainement et je vous remercie tous, chers lecteurs, pour vos commentaires.


Par ailleurs sur Twitter, une série d'échanges inattendue a eu lieu entre Luc Prévost, Jean-Basile Boutak (directeur de collection chez Numériklivres) et moi. Suivant un lien tweeté par Luc Prévost vers mon billet de vendredi dernier, JBB y a laissé un commentaire. Ici : Couverture, couvertures. Si vous n'avez pas lu ce billet ou si vous voulez voir le commentaire de JBB allez-y.


Je reviens sur tout cela pour éclairer un peu la situation : les photos publiées la semaine dernière sont celles que j'avais envoyé en réponse à la maquette finale de la couverture, de la tranche et du dos, que je trouvais désespérément surchargée. En deuxième temps et en réaction donc. Celles que je montre aujourd'hui sont mes premières suggestions.


Jasmine était étonnée du travail que tout cela représentait... ce n'était en fait qu'une petite partie. Et encore ce n'était que pour cette foutue couverture! Le livre, lui... bien je vous en donne aujourd'hui une petite idée de sa genèse.




Quelques autres photos proposées en 2008 pour la couverture...



Je trouvais intéressant de faire connaître un peu le processus de fabrication de la couverture d'un livre. Les intérêts des uns (l'éditeur, son équipe commerciale ou artistique) et des autres (l'auteur et les lecteurs) diffèrent à l'évidence. Comment faire au plus juste?

Ma question était : La couverture de mon livre est-elle la meilleure?


Il faut savoir que je n'avais que peu de photos à proposer à l'éditeur pour la couverture. Quoi, un photographe ayant peu de photos??? Oui, c'est comme ça! La plupart des photos que je faisais lors de mes sorties botanisantes n'étaient que des notes de terrain destinées à localiser le spécimen ou à  me rappeler le contexte (in-situ). J'étais alors d'abord le naturaliste. Je ne cherchais pas à faire de belles photos mais de simples documents de travail… Je n'étais pas a priori préoccupé de la qualité de la lumière et je n'avais pas toujours le choix du sujet et de l'emplacement ou le loisir de revenir à un autre moment quand la lumière aurait permis, par exemple, une belle photo. Je travaillais sur la recherche et la préparation du contenu du livre, pas une couverture! Mais quand il y avait par chance quelque chose de pas mal, clic! Comme celle-ci:




Aucune mise en scène ou mise en place, in-situ, le spécimen de la couverture tel quel.



Le vrai travail du livre a été fait en studio puis à l'ordi : les planches botaniques. Croyez-moi c'est beaucoup de boulot. Revenir au studio avec des spécimens encore frais et bon à photographier n'était pas toujours facile et exigeait souvent de chercher un autre spécimen et tout refaire. Il m'arrivait ordinairement de retourner sur les lieux pour découvrir que le spécimen avait été arraché (ce sont des mauvaises herbes, après tout…). Il fallait prendre les feuilles du printemps ou la rosette d'une bisannuelle puis revenir plus tard (ou l'année suivante...) pour les fleurs et plus tard encore pour les fruits et les graines... vous me suivez? Pour 200 espèces (en fait 250, mais c'est une autre histoire...). Ça fait bien du kilométrage (la partie facile : je marchais dehors!) et ça tient son homme occupé! Ensuite : des mois et des mois sur mon cul à l'ordi. Ça s'appelle l'hiver. Les hivers. Bon, passons...

Je n'avais donc que très peu de "bonnes" photos dans la catégories "couverture".



À gauche deux propositions du Directeur artistique et le final "consensuel".


Comme vous le voyez ci-haut le directeur artistique a vite identifié la meilleure photo du lot et propose alors deux maquettes sobres à souhait. Tout allait changer un peu plus tard quand tout le monde chez l'éditeur (éditeur en chef et adjoint, les gens de la mise en marché et représentants, DA/graphiste, etc) et moi nous réunissons. Résultat : l'intérêt, le doute ou le désir de chacun se trouvera représenté sur la couverture. J'étais après tout un auteur inconnu et le propos du livre une valeur incertaine. Résultat : surcharge!


Comme vous pouvez le constater une couverture, c'est important! Ça parle mais ça parle de quoi? Et à qui? Pas de place pour le doute si vous voulez mon avis!




La couverture et le dos alors que livre n'était qu'un projet en 2006.



Évidemment la liberté de choisir la couverture d'un livre n'est pas la seule raison qui explique mon intérêt pour l'édition électronique et l'auto-publication. Le livre sur papier avec son poids, sa texture (sa matérialité rassurante quoi!) et surtout une bonne impression offset, est très difficile à remplacer. J'ai bien des projets dans cette direction. Il y aura toujours des éditeurs "sur arbres morts" comme disent les Américains. Il y aura toujours de beaux livres sur du beau papier, c'est certain. Mais ils seront aussi de plus en plus chers ou de plus en plus des succès assurés : santé, bouffe, etc. Le couple composé d'une part de livres payants pour un éditeur qui compensent d'autre part pour les autres pas ou moins ou lentement payants, vous croyez que ça durera encore longtemps?


Vous comprendrez que je parle surtout ici de livres lourdement illustrés comme ceux que je fais. Pour mon malheur c'est justement ce qui rend difficile la réalisation de mes livres électroniques. Cela change un peu depuis l'arrivé du iPad de Apple par exemple mais en gros les différents formats et standards ont été développés pour le texte... Tout juste peut-on y mettre une couverture illustrée...




Toujours en 2006 alors que la flore du mont Royal faisait partie du projet.



La filière de l'édition traditionnelle a de nombreuses limites. Elle a de grandes capacité de distribution d'une part mais puisqu'imprimer des livres illustrés est coûteux, elle est frileuse. Elle agit alors comme un filtre qui exclut bien des projets, bien des genres, bien des formats, bien des auteurs. Nul malice! Le commerce est calcul… Et le calcul est de plus en plus pressé! S'agissant de livres qui contiennent des idées ou des visions du monde sur des sujets quelquefois marginaux ou offrant un regard innovateur, ce filtre devient alors un mode d'exclusion et peut même s'avérer un appauvrissement culturel.



Encore ici le développement du projet en 2006.




Auteur dans un marché minuscule où les recettes qui font de bonnes recettes semblent la seule mesure de ce qui vaut d'advenir, je vais m'essayer aux essais illustrés sur la nature... J'ai l'habitude de me casser la tête.



J'espère ne pas vous avoir cassé les pieds avec mes histoires d'auteur!



Si vous vous intéressez à l'édition électronique voyez de ce côté :



8 commentaires:

  1. Merci de m'avoir cité, et bravo pour ton sujet qui ne manque pas d'intérêt ! Et même si on parle plus de la couverture que du livre, l'important est de parler du livre !

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  2. Merci de nous montrer toute cette facette d'un tel projet. J'aime avoir une idée du processus qui mène à la finalité.

    J'aime bien les livres sur "bois mort", mais effectivement je ne peux tous me les permettre.

    Avec le temps, je penche plus pour les livres d'exploration et de référence comme le vôtre... mais dans plusieurs domaines diversifiés et différents. Pour moi, internet n'est qu'un outil supplémentaire, il me faut du papier, du matériel, du toucher.

    J'adore lire vos considérations d'auteurs, cela apporte une toute autre dimension.

    Merci!

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  3. @JBB Votre bon mot est fort apprécié de ce côté de la Grande Flaque. Je suppose que tout cela s'avérera de l'auto-promotion (assistée quand même!)au final. Merci encore.

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  4. @Manon Moi aussi je suis fou de livres. J'en ai eu des tonnes et des tonnes... Mais ils s'éloignent de plus en plus de moi... ($$$) Pour les références que ce soit via Google books, Gallica ou Biodiversity Heritage Library je trouve en quelque sorte mon compte pour les aspects historiques (et plus). En fait je m'y régale! Tant de livres rendus accessibles au bout des doigts...

    Je suis content que vous aimiez cette facette des livres et des auteurs. Merci!

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  5. Excellent choix de couverture. Je suis passionnée de nature, j'ai donc un certain nombre de guides à ma disposition et un des facteurs de choix est d'avoir une couverture claire sous entendant également une ouverture vers d'autres fleurs (pour un guide flore). Par contre, un guide fleurs, c'est pour moi, un guide papier que je peux transporter partout avec moi. Les photos semblent en tout cas très précises, ce qui est toujours apprécié !

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  6. @Isa LISE Merci. Vous préférez donc celle finalement publiée avec le bandeau de vignettes de fleurs? Je n'ai pas de tablette-liseuses ni iPad. Moi aussi les guides papier font partie du bagage quand je sors. Peut-être qu'un jour une version ebook de mon livre permettra d'offrir des modes intuitifs d'identification? Le grand public ou les amateurs seraient alors bien servis je crois. Tout a été fait pour des photos précises y compris l'utilisation d'un logiciel spécial nommé Helicon Focus :
    http://www.heliconsoft.com/heliconfocus.html

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  7. Curieux tout ce tapage autour d'une couverture.

    Moi, c'est le travail à l'intérieur du livre qui m'avait impressionné. Découpage, silhouettage, etc., de plus de 200 plantes, fleurs, feuilles, tiges, fruits, etc. Du travail de moine et de dentellière, s'il est possible à une personne d'assumer ces deux états. Il n'y avait que l'auteur pour se charger d'une pareille tâche, s'il avait fallu payer un graphiste pour la réaliser, ça aurait coûté une fortune !

    La couverture, jusqu'à un certain point (je ne devrais pas dire ça), je m'en fiche un peu. Je n'ai jamais compris pourquoi, dans les maisons d'édition, les débats les plus émotifs avec les auteurs tournent autour des couvertures.

    On devrait publier tous les livres sous une couverture unie, avec seulement le nom de l'auteur, le titre et la maison d'édition.

    J'ai déjà proposé ce genre de mesure. Quelques-uns étaient d'accord avec moi, mais nous restions minoritaires.

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  8. @Henri Le moine et la dentellière sont ravi et ravie de cette reconnaissance. C'est bien ce que je pensais : un auteur vaut moins cher qu'un illustrateur! Ça demeurera un mystère... je devrais peut-être publier sous un pseudonyme pour le texte et me faire payer pour les illustrations? Les photographies, elles, sont toujours gratis.


    Pour moi aussi à la rigueur la couverture n'est pas très importante, c'est pour ça que j'aurai préféré la plus simple possible. Les livres devraient tous être du même format avec la même typo, je suis d'accord avec vous. L'expérience de la couverture n'a pas été traumatisante pour moi. Je savais bien à voir la tablée devant moi que je n'aurais pas la couverture que je souhaitais... Mais j'ai bien essayé.

    Je ne m'attendais pas à cet intérêt pour une histoire de couverture. Les gens aiment les livres et aiment savoir un peu comment ça se fait. C'est une saine curiosité, non?

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