jeudi 16 avril 2009

La falaise Saint-Jacques 1

La falaise Saint-Jacques et la cour de triage Turcot vus du viaduc Angrignon
vers le centre-ville. Le lac à la Loutre est sous cette gare de triage démantelée.



Il y a 10,000 ans la falaise donnait sur la Mer de Champlain et au début de Montréal le ruisseau Saint-Pierre et le lac à la Loutre étaient à son pied. La pente de la falaise boisée est trop raide pour la construction et c’est ce qui explique sa présence jusqu’à aujourd’hui. Une pente est aussi l’endroit idéal pour y décharger des camions de toutes sortes de matériaux...

La ville de Montréal en a fait un de ses écoterritoires (“territoires propices à la création de nouvelles aires protégées”). Depuis une trentaine d’années, divers plantations et travaux sans continuité y ont eu lieu mais pour l’instant, l’endroit n’est pas agréable à visiter. Les ronces et les moustiques en découragent plus d’un! De plus, c’est un dépotoir sous un camouflage d’arbres! Et cela n’est pas mieux qu’un dépotoir à ciel ouvert...Malgré le titre ronflant d’écoterritoire, une virtualité plus qu’un projet, cette nature vestigielle est à l’abandon.

voyez ici la carte que j’ai préparé.

C’est étonnant mais j’ai de loin préféré visiter et botaniser la rue Pullman au pied de la falaise et la gare de triage du CN maintenant démantelée. On en est rendu à préparer les grands travaux de l’échangeur Turcot. Ayant exploré l’endroit en naturaliste urbain je le trouve parfait comme il est...je trouverais regrettable tout ce qui ferait disparaître cet habitat ouvert, plat, sec et ensoleillé. À y regarder de plus près, toutes sortes d’accidents de terrains y assurent une variété de milieux et cela favorise la biodiversité. La présence de ruines, de grande surface asphaltée, d’amoncellements de débris de toutes sortes, de fossés humides, etc. heurtent notre idée d’une ville parfaite. Pour les espèces animales et végétales il en va tout autrement...

Tout cela combine parfaitement ma curiosité botanique et mon appréciation esthétique des ruines. Je ne crois pas que cela suffise toutefois à une argumentation vers la conservation en l’état...mais continuons...

Mon inventaire de la biodiversité végétale est incomplet mais il semble plus grand du côté des abords de la rue Pullman et des terrains vagues de l’ancienne cour de triage que dans le boisé de la falaise...En effet, les zones déconstruites offrent bien des opportunités pour les phénomènes de colonisation des végétaux. Sans connaître précisément pour l’instant le destin de cet endroit il faut profiter de son “entre-deux” et l’explorer en réfléchissant: il s’agit d’un milieu naturel de transition. Son passé industriel est en voie d’effacement et son éventuelle transformation et son “développement” se dessinent sur des tables inconnues.

Peut-être y ferons-nous un ensemble historiquement désincarné et uniforme de condos “verts” (ce qui est le dernier chic cher) pour faire oublier un travail beaucoup plus intéressant mais demandant un effort collectif: faire renaître le lac à la Loutre. Et garder les grands espaces, les terrains vagues, tout autour!

Qu’est-ce qu’une falaise sans l’eau à son pied? C’est une falaise morte...Pas très invitant...Un écoterritoire peut-il se constituer sur un aveuglément écologique, en dehors de l’histoire naturelle d’un lieu?


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