lundi 6 avril 2009

Les ressources du Champ des Possibles




Tout le monde ne considère pas les terrains vagues inutiles. Quant au pissenlit, si bien des gens l’arrachent ou l’extirpent et le malmènent, ce n’est pas toujours pour les mêmes raisons.


Cette retraitée des sweat-shops du quartier Mile End cueille des feuilles de pissenlit. En bonne italienne elle les consommera en salade ou les fera sauter dans l’huile avec de l’ail. Mais si l’endroit a l’air d’un champs ou un pré (un coin de son Italie natale?), il n’en est rien. Un ensemble industriel s’élevait ici et des voies ferroviaires du Canadian Pacific s'insinuaient entre les immeubles industriels vers les quais de chargement. Une centaine d’années d’usage industriel laisse sûrement quelques traces et je ne sais pas s’il est sage de consommer ces végétaux.


La dame connaît ce passé industriel, elle travaillait ici et habite à deux coins de rue. Sa routine de cueillette de la ressource alimentaire, tôt le matin, illustre ce phénomène d’appropriation spontanée, “citoyenne”, d’un terrain vague. Un comportement humain d’utilisation des ressources et une immersion campagnarde et apaisante dans ce cas.


La plupart des parcs de Montréal sont des réaffectations de carrières ou de dépotoirs. La décision de convertir ainsi ces espaces vient évidemment d’en haut. Nous élisons nos administrateurs puis nous sommes des administrés. Que devons-nous faire quand un espace à développer est déjà occupé, utilisé et en quelque sorte converti en endroit public de loisir et de détente, de rêve et de ressourcement? Les gens de ce quartier ont choisi cet espace et lui ont fait connaître une promotion par une promulgation muette et non-concertée. Ils en tirent des bénéfices gratuitement. Cela ressemble à un parc consensuel fait sur mesure. By the people, for the people...


Cet endroit est de facto un parc. Il ne reste qu’à décider de son nom. “Petite Italie” est déjà pris, mais que pensez-vous du Champ des Possibles?



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