lundi 24 mai 2010

Encore de la géométrie de l’ennui


à l’arrière-plan les tavolas pas invitantes du tout, devant du design en métal galvanisé

Après ma tournée du Parc Lafontaine je suis allé voir le parc des Compagnons de la Chanson. Il y a quelques années on y a fait de nouveaux aménagements, en fait on a surtout changé le mobilier. J’avais déjà remarqué les grandes tables avec bancs intégrés entièrement en béton et je pensais “Bordel, au Canada! en béton... personne n’a réussi à trouver du bois?”... Je me laisse rarement à jouer des cordes sensibles mais voilà: j’imagine avec vivacité la petite Madeleine ou le petit Arthur qui se pète la tête là-dessus...aille! Bordel...



design néo-baroque du non-finito: pas de vigne!

J’avais le temps (c’est jour de congé alors j’en profite pour rien faire) de réfléchir au petit problème dont, étonnamment, trois personnes m’ont parlé. Le voici “Comment expliquer que les vignes vierges plantées n’ont pas survécues?” Voyons de plus près. Ouais ya rien à part ce petit moignon sec... Pourtant vous imaginez la fierté du designer devant les dessins acceptés. Ensuite tout le travail que cela implique: c’est dans un base en béton. Le tout à grand frais, on voulait un peu de vert pour faire oublier les tables de bétons? Le raisonnement semble être que ça prend du durable et du non-déplaçable.




Pas l’ombre d’un vigne mais vu sous un certain angle on voit l’ombre des feuilles d’érable, c’est assez joli...

On dessine alors dans cette optique et un peu de vert est censé adoucir la dureté... Mais il ne reste que le béton et les supports en galvanisé (c’est une grande vogue) supportant du vert absent. On aurait pas considéré mettre une protection au pied de la structure? C’est un parc! On passe la tondeuse dans un parc, les gens marchent partout dans un parc... Si on veut du vert il faut s’arranger! C’est comme dessiner un bassin d’eau qui fuit pour ensuite s’étonner que les poissons soient morts. Dessinez-moi un protect-o-vigne, c’est pas obligé d’être en rouge... Ce sera peut-être pas aussi design mais la vigne aura un peu plus de chance.

En résumé on a fait des tables dangereuses qui font mal seulement à les voir et on a fait des bidules design interdisant la croissance des plantes grimpantes. Le pire c’est qu’on a fait du durable, quelle catastrophe: ce sera durablement raté! Ce que c’est ennuyant la géométrie sans égard au vivant...



6 commentaires:

  1. ô ce que j'apprécie ta prôse, Latour...

    tu devrais envoyer ça comme exercice aux étudiants de 1er cycle en urbano-design (ou bien le soumettre à un prof, ce que je vais d'ailleurs m'empresser de faire...)

    salutations

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  2. Merci Kyra. Je suis bien heureux que ça te plaise. En fait je me suis retenu un peu....Ciao, ciao!

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  3. AH! Pour avoir habité le coin et être repassée devant il n'y a pas si longtemps, j'ai vu les grands treillis et je me suis dit:"Il faudrait que quelque vienne planter des gloires du matin, des haricots, de la vigne, quelques chose, bref!"
    Et les tables en béton... je n'ai rien à redire!
    Voilà un parc qui manque d'imagination et qui a comme un air de trauma!
    Merci de le souligner...
    En espérant qu'un contremaître passera à l'acte d'ici quelques années...

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  4. Trauma! En effet! Et j'imagine les mêmes plantes que toi, pas compliqué, pas coûteux... mais avec un pare-tondeuse svp!

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  5. il y a aussi peut-être un peu trop d'urine qui s'accumule en ces endroits?
    (car par les temps qui courent, la tendance veut que les chiens prennent aussi les poteaux pour des arbres...)

    pare-tondeuse et pare-urine donc, 2 dans 1?

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  6. quelques notes sur le béton

    le béton pourrait faire un chapitre à lui seul - que dis-je, plutôt un tome en plusieurs volumes !...

    ce matériau extrêmement malléable, sculpturellement inspirant, architecturellement invitant (voir oeuvres de Niki de Saint-Phalle : le jardin des tarots (Toscane Italie) et ses Golems),
    (voir aussi le jardin des premières nations (au j. botanique) où il est utilisé avec grâce et doigté (textures, lignes, courbes, volumes, frottages, gaufrages, les possibilités sont infinies!))

    mais son autre pendant, c'est qu'il est aussi malheureusement une sorte d'erreur monumentale, mal adapté à notre climat et à notre manque de créativité, de vision:
    tout vient de comment on l'aborde. il semble que nous n'avons pas encore découvert ses grandes qualités tant on a banalisé son utilisation...

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