samedi 30 juin 2012

Stabat Arbor, the Procédé




Planche 1. Esquisse : une espèce d'amélanchier.



Il y quelques semaines j'ai publié des billets (4 mai 2012 et 9 mai 2012) parlant de la cuisine d'un livre, plus spécifiquement de la détermination de la couverture. L'intérêt a été grand et ce sont deux des billets qui ont été les plus lus sur Flora Urbana… presqu'autant lu que celui sur Pripyat ou celui sur la forêt rouge de Tchernobyl.


Les catastrophes ont heureusement encore la cote. Nous voilà rassurés sur les humains!




Planche 2. Variation sur la planche de l'amélanchier


Aujourd'hui je vous montre un peu la genèse d'une planche botanique du style que j'utiliserai pour mes livres sur les arbres. (je dis "livres" car le projet comporte un album grand format et une guide de poche). Ce ne sont pour l'instant que des approches et des essais… 


Si les billets parlant de la couverture de mon premier guide avaient le libellé "auctor" celui d'aujourd'hui porte le libellé "illustrator". Peut-être un jour ferais-je aussi des billets sur "documentator" et "editor"?




Capture d'écran (Aperture en mode zoom...) Cliquez afin de voir en plus grand...


Cette capture d'écran vous permet de voir la technique que j'utilise afin d'avoir une bonne profondeur de champ même en macro-photographie. Si vous regardez attentivement, chaque photo a une mise au point différente. Portez votre regard sur la feuille dans le haut de chaque image, ici en vue rapprochée dans Aperture, le logiciel de gestion, d'archivage et de pré-traitement de mes photos. Sur l'image de gauche la feuille est floue et sur celle de droite elle est nette. Les fructifications du fongus (rouille du genévrier, Gymnosporangium clavipes) sur le fruit d'amélanchier sont nettes sur l'image de gauche et complètement floues sur l'image de droite. L'image du centre est intermédiaire dans les deux cas. En fait, vous l'avez compris, je fais le foyer sur le point le plus près puis je m'éloigne en m'enfonçant à chaque cliché. Une série de clichés au foyer différent (quelques fois jusqu'à cinq ou six) est ainsi produite.







Les vignettes 1, 2 et 3 sont les clichés avec foyer différencié. 4 est le résultat du logiciel malaxeur (Helicon Focus) qui ne prend que les éléments au foyer de chaque image et les recomposent en une seule image plus nette. C'est une façon de contourner les limites de la profondeur de champ. Puis en 5 je commence le découpage (contre un fond noir afin de bien voir ce que je fais) et en 6 vous avez le résultat. Voilà pour une des trois images qui composent la planche 1 pour l'instant… 

Ce ne sont que des essais et en fait à chaque étape il y toutes sortes de petits réglages, corrections, contraste et netteté, etc…


C'est la technique que j'ai utilisé pour le Guide de la Flore Urbaine. Même si le format réduit ne permet pas toujours d'en voir l'avantage de précision...


La planche 2 (avec l'écorce du tronc) montre une difficulté que je ne soupçonnait pas : avoir de bonnes photos de l'écorce, avec toute la profondeur de champ nécessaire... sans trépied (je suis déjà assez chargé quand je sors...mais faudra peut-être que je m'y soumette!). L'écorce de cet amélanchier sera à reprendre. Et ce doit être fait soit au printemps ou à l'hiver. L'été c'est presqu'impossible il y a toujours l'ombre des feuilles sur le tronc. C'est souvent joli mais c'est souvent aussi une perte d'information. C'est un guide d'identification, vous voyez.




 Capture d'écran : vue du dossier Amelanchier

Chaque élément d'une planche sera ainsi traité et découpé puis placé sur une grande page vierge. Ce travail de découpage permet de modifier la composition à volonté, déplaçant les images qui sont chacune sur un fond "transparent" (un calque dit-on dans Photoshop). Évidemment je ne fais pas ce découpage de précision avec la souris, je me sers d'une tablette à stylet Wacom. Tout le travail graphique se fait avec cet outil qui permet l'aisance de la main pour dessiner ou effacer...





Capture d'écran : vue du dossier Sorbus



Ce projet sur les arbres exige de jongler avec des centaines de dossiers. Pour l'instant j'ai environ 160 espèces, hybrides et cultivars d'arbres documentés suffisamment pour produire autant de planches. Photographe et illustrateur, je suis aussi auteur. De plus donc, à chaque dossier "images" correspond un dossier de recherche (avec références et bibliographie) et un de rédaction (en anglais et en français). Tous ces dossiers sont classés selon l'espèce, le genre et la famille... Je n'ai rien inventé! Merci Linné...

Un des plus gros dossiers est évidemment celui de la familles des Rosacées (environ 45 espèces et cultivars d'arbres et arbustes et il risque d'y en avoir plus...). Pommiers, poiriers, cerisiers, et, récemment abricotier... beaucoup de spécimens à trouver et à goûter! Les amélanchiers font partie de cette famille ainsi que les sorbiers. Je dois dire que le genre Sorbus m'a pas mal occupé, avec quelques difficultés. On trouve en effet pas mal d'hybrides et de cultivars peu connus ici. Je ne me rend pas au Jardin Botanique où une petite étiquette commode me donnerait le nom… et je ne contacte que rarement les proprios d'un jardin privé (jamais l'horticulteur responsable du parc public par exemple, quoique ça viendra probablement...). Le but de l'exercice est de découvrir et d'apprendre en me cassant la tête, mes publications ayant ensuite plus de chance d'être utile à l'amateur, ayant été fait par un amateur.


Enfin c'est la théorie... ou la façon commode de justifier mon ignorance! Celle-ci recule toutefois...




Capture d'écran : vue du dossier Populus


Le travail est de trouver des spécimens d'arbres et d'arbustes sur le trottoir, dans les parcs et les jardins ou dans les espaces naturels de la grande région montréalaise et les noter, souvent avec par une photo in situ, puis les revisiter trois, quatre ou cinq fois et plus afin de prendre des spécimens de feuilles (souvent de différents types selon la croissance ou la phénologie ou même une pathologie ou un insecte), de fruits et d'écorce.

Pour vous donner une idée d'un sous-dossier photo (dans le dossier de la famille Salicacée) bien avancé voici ci-haut celui du genre Populus, les peupliers, qui est maintenant presque complet, le peuplier noir avec ses deux sortes de feuilles (pré-formées et néo-formées) ayant été trouvé cette semaine en fait. Quelques photos de certains spécimens sont à refaire mais l'essentiel est là. Je commence à bien connaître les peupliers!






Pour les amélanchiers je dois refaire les photos de fleurs en studio (pas toujours facile ça!), elles sont trop abimées. Au prochain printemps j'espère!



Avec ce billet je vous annonce que je vais ralentir la cadence de publication sur Flora Urbana. Ce ne sera pas des vacances. L'été c'est la saison occupée pour moi... je dois avoir les photos de tous les éléments en main afin de travailler l'hiver venue. J'ai donc beaucoup de travail devant moi : ce travail sur les arbres, mes projets de livres en auto-publication (Trois Plumes, Le Bocage Urbain et quelques autres…).


La cour est pleine, le champ est libre, l'été appelle le naturaliste… Travail ou vacance nous en profiterons tous, le goûtant avec appétit!


Bon été!




3 commentaires:

  1. J'adore votre approche :)

    Bon été rempli de photo et de surprise!

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  2. Une immense galère à mener à bon port et un seul rameur...

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  3. @Manon : merci et je vous souhaite un bel été

    @Henri : Je voyage à bord de l'Odyssée...

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