jeudi 21 mars 2013

Place Roy, Place du Monarque?




Place Roy, Plateau Mont-Royal, Montréal



Les temps changent. Nos regards se raffinent. D'un stationnement d'asphalte nous avons fait un peu de vert (voyez plus bas le avant/après). Nos regards se raffinent et maintenant nos choix horticoles doivent inclure la biodiversité. On parle souvent des services que nous rend la biodiversité, pour ma part j'ai toujours douté de cette approche visant soi-disant sa valorisation. C'est une triste relation à sens unique. Je vous pose la question: qu'en est-il de NOS services envers la biodiversité? 




Place Roy, Plateau Mont-Royal, Montréal


Ces grands bacs de béton de la Place Roy sont certes magnifiquement et luxurieusement débordant de végétaux mais cette richesse n'est que visuelle et anthropocentriste. De la pure décoration. On pourrait pas faire mieux? On se dit préoccupé par la perte de biodiversité, non?



Place Roy, Plateau Mont-Royal, Montréal


Nos parcs et espaces verts sont stériles, esthétiquement. Ces bacs sont beaux de l'avis de tous mais je n'ai jamais vu un seul insecte sur ces exotiques pseudo-bananiers cannas, ces lianesques ipomées ou les éternels et économiques impatientes d'aller nulle part. Les choix des végétaux  découle tout droit de l'équation sans imagination et dépassée: ça doit faire fleurs x ça doit faire beaucoup feuilles x c'est pas être compliqué pour les gestionnaires/jardiniers x c'est pas être cher x Madame doit trouver ça beau

En général ça donne un choix de quatre plantes...


Au centre de chaque image: Place Roy, Plateau Mont-Royal, Montréal. 1947-2008.


À la Place Roy, tout le monde est satisfait. Céi bôeau.


Je vais vous le dire: avec cette même équation hyper-contraignante j'arrive à choisir l'asclépiade… et c'est encore mieux répondre aux exigences! Vivace, indigène, écologique, etc. Et en prime, du parfum! Et des papillons monarques (Danaus plexippus)... Tiens, tiens, on aime tous ça le papillon monarque, non? Oh! de plus mettez-y, je sais pas, une mesure d'ortie ou quelques choses comme ça. Enfin on pourra en reparler, on a milles idées. Vous imaginez on ferait de ce petit parc un parc à papillons! Papillons vraiment en liberté



La flore spontanée fait mieux que nous. Ça vous gêne pas?


Un parc à papillons gratis! Presque. Même cette mauvaise herbe (ci-haut), la Vervaine de Buenos Aires (Verbena  bonariensis) l'a mieux compris que nous et offre du nectar aux intéressés ...

Gratos. Ça doit être ça le problème. Nos services envers la biodiversité (la conception d'habitats et l'offre de plantes-ressources) ne coûtent pas assez. 






Malgré ce changement au catalogue des plantes nous pourrions quand même avoir un peu d'art public. Et si l'art se renouvelle, si on souhaite lui faire de la place publique qu'en est-il de l'art horticole et de la biodiversité? Après l'art public, pourquoi on essaierait pas le service public à la biodiversité? C'est aussi beau et intéressant. Ça coûte aussi moins cher...


Pour contrer la baisse des populations du papillon, Monarch's Watch recommande de planter de l'asclépiade. Ça s'adresse à nous je crois...



Les chaises sur les photos sont une oeuvre d'art publique de Michel Goulet: Leçons singulières, voyez un peu d'info ici.








8 commentaires:

  1. Superbe Roger, tu n'as pas peur de dire les 'vrais affaires'. Bien vu pour l'asclépiade, de plus on pourrait se cueillir des petits cochons pour embellir nos assiettes. Papillons vraiment en liberté, touché. C'est ce que je répète à chaque printemps. Ça me déplait tellement ce genre de petits aménagements 'verts', je préfère de loin les ptits bouts de verts spontanés que l'on retrouve un peu partout par surprise, là où on est capable de laisser un peu d'espace tranquille. Le printemps arrivera vite, je le souhaite bien!

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  2. Je trouve que ces plantes en bacs donnent à la rue l'aspect rassurant et sécurisant d'un centre d'achats.

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  3. Année après année, je ne comprends pas pourquoi l'on s'obstine à parler de "Papillons en liberté" au jard. bot. de Mtl, alors qu'il serait grand temps d'appeler cet évènement par son vrai nom, soit "Papillons en captivité" !
    Heureuse de constater que je ne suis pas seule à détecter ces inversions subtiles du langage...

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  4. @Henri Merci, c'est bien le mot que je cherchais: esthétique de centre d'achats. Certains aménagements récents me font penser à une esthétique Rona. J'y reviendrai.

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  5. Certains peintres qui s'appuient sur des photos vont jusqu'à reproduire l'effet qui crochit les buildings ("converging verticals"), qui donne l'impression que les lignes verticales sont un peu diagonales… C'est pas nécessaire, il me semble!

    C'est un beau tableau de Jeremy Price, ceci dit.

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  6. @ Mimi: Price travaille bien à partir de photos qu'il prend, depuis son vélo! La peinture présentée ici nous donne un instantané cinématique... arrêté. La perspective du cycliste fait particulièrement "cinéma", c'est peut-être un évidence étymologique. À vélo nous sommes dans un film. C'est probablement pas très clair mais je commence à peine mon deuxième café...

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  7. Ce «bac à verdure» m'obsède. J'y reviens.

    C'est à la fois un obstacle et un empêchement. Obstacle à la circulation et empêchement à s'attarder sur place (puisque la place est prise).

    C'est un élément sociopathe de l'urbanisme local. Les piétons, qu'on souhaite pas trop nombreux, sont invités à le contourner et à s'en éloigner.

    Je voudrais rendre grâce ici au génie qui a conçu cet «éloigne-piétons».

    ;)

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  8. @Luc & Kyra: Merci de partager cette attention à la liberté des papillons! Et au curieux nom de l'événement au Jardin Botanique... Je suis désolé, Blogger avait gardé vos commentaires que je viens de trouver.

    @Henri: Belle formule cet «éloigne-piétons»... Ces bacs-bétons non-seulement sont des déserts biologiques qui auraient facilement pu être des "attrape-papillons" sont probablement en plus des "cache-oeuvre-d'art"...

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