Place Roy, Plateau Mont-Royal, Montréal
Les temps changent. Nos regards se raffinent. D'un stationnement d'asphalte nous avons fait un peu de vert (voyez plus bas le avant/après). Nos regards se raffinent et maintenant nos choix horticoles doivent inclure la biodiversité. On parle souvent des services que nous rend la biodiversité, pour ma part j'ai toujours douté de cette approche visant soi-disant sa valorisation. C'est une triste relation à sens unique. Je vous pose la question: qu'en est-il de NOS services envers la biodiversité?
Place Roy, Plateau Mont-Royal, Montréal
Ces grands bacs de béton de la Place Roy
sont certes magnifiquement et luxurieusement débordant de végétaux mais
cette richesse n'est que visuelle et anthropocentriste. De la
pure décoration. On pourrait pas faire mieux? On se dit préoccupé par la perte de biodiversité, non?
Place Roy, Plateau Mont-Royal, Montréal
Nos parcs et espaces verts sont stériles, esthétiquement. Ces bacs sont beaux de l'avis de tous mais je n'ai jamais vu un seul insecte sur ces exotiques pseudo-bananiers cannas, ces lianesques ipomées ou les éternels et économiques impatientes d'aller nulle part. Les choix des végétaux découle tout droit de l'équation sans imagination et dépassée: ça doit faire fleurs x ça doit faire beaucoup feuilles x c'est pas être compliqué pour les gestionnaires/jardiniers x c'est pas être cher x Madame doit trouver ça beau…
En général ça donne un choix de quatre plantes...
Au centre de chaque image: Place Roy, Plateau Mont-Royal, Montréal. 1947-2008.
À la Place Roy, tout le monde est satisfait. Céi bôeau.
Je vais vous le dire: avec cette même équation hyper-contraignante j'arrive à choisir l'asclépiade… et c'est encore mieux répondre aux exigences! Vivace, indigène, écologique, etc. Et en prime, du parfum! Et des papillons monarques (Danaus plexippus)... Tiens, tiens, on aime tous ça le papillon monarque, non? Oh! de plus mettez-y, je sais pas, une mesure d'ortie ou quelques choses comme ça. Enfin on pourra en reparler, on a milles idées. Vous imaginez on ferait de ce petit parc un parc à papillons! Papillons vraiment en liberté…
La flore spontanée fait mieux que nous. Ça vous gêne pas?
Un parc à papillons gratis! Presque. Même cette mauvaise herbe (ci-haut), la Vervaine de Buenos Aires (Verbena bonariensis) l'a mieux compris que nous et offre du nectar aux intéressés ...
Gratos. Ça doit être ça le problème. Nos services envers la biodiversité (la conception d'habitats et l'offre de plantes-ressources) ne coûtent pas assez.
Gratos. Ça doit être ça le problème. Nos services envers la biodiversité (la conception d'habitats et l'offre de plantes-ressources) ne coûtent pas assez.
Peinture de Jeremy Price (j'ai bien aimé son expo...)
Malgré ce changement au catalogue des plantes nous pourrions quand même avoir un peu d'art public. Et si l'art se renouvelle, si on souhaite lui faire de la place publique qu'en est-il de l'art horticole et de la biodiversité? Après l'art public, pourquoi on essaierait pas le service public à la biodiversité? C'est aussi beau et intéressant. Ça coûte aussi moins cher...
Pour contrer la baisse des populations du papillon, Monarch's Watch recommande de planter de l'asclépiade. Ça s'adresse à nous je crois...
Les chaises sur les photos sont une oeuvre d'art publique de Michel Goulet: Leçons singulières, voyez un peu d'info ici.