mardi 19 février 2013

Asclépiade commune (Asclepias syriaca) suite




Papillon monarque (Danaus archippus) buvant sur Asclepias syriaca



En milieu urbain certaines plantes, souvent des mauvaises herbes, indigènes ou exotiques, sont l'équivalent d'espèces-clés tant elles sont riches d'associations écologiques. L'Asclépiade commune, comme l'ortie ou la carotte, est sans aucun doute un membre émérite de ce club sélect des mauvaises plantes si intéressantes et écologiquement utiles. Puisqu'elle est indigène et qu'elle offre à boire et à manger à profusion à tout le monde il est assez difficile de la détester.


La plante sert de resto et chambre d'hôtel aux oeufs et aux larves du Papillon monarque et c'est évidemment surtout pour cela qu'elle est connue. Plus tard le papillon adulte viendra y prendre du nectar! Un peu comme les saumons anadromes, qui remontent les rivières et reviennent à la source?


Notre monarque et à droite une mouche et une fourmi (en tout petit...)


Le puceron Aphis nerii est une espèce exotique qui a trouvé en l'Asclépiade commune et ses espèces apparentées les équivalents de sa plante préférée en Europe (le Laurier rose). Quel bonheur pour ce puceron tout doré qui avait ainsi l'occasion d'envahir un tout nouveau continent! Un beau grand pâturage d'asclépiade tout neuf à lui tout seul! L'aubaine...



Un autre prédateur, exotique: la coccinelle asiatique (sur asclépiades cultivées)


Qui dit pâturage et troupeau d'herbivores, dit aussi prédateur... Il faut savoir qu'il a aussi trouvé en Amérique un petit lion redoutable et franchement effrayant quand on y pense: la minuscule guêpe (moins de 3mm.) Lysiphlebus testaceipes est un parasitoïde*. Elle n'est pas souvent aperçue mais on constate son passage dans chaque colonie de pucerons dorés que l'on trouve. La femelle pond en effet ses oeufs dans des pucerons vivants et les larves se développeront à l'intérieur de ce qui n'est après tout qu'un confortable garde-manger et chambre de métamorphose. Quand la larve devient une guêpe adulte elle perce le puceron qui n'est plus qu'une mommie évidée, brune et sèche et s'envole, se reproduit et le cycle recommence. Belle et douce nature...




Vous voyez ci-haut le petit lion prêt à bondir sur les pauvres syphoneuses...



Il est à de noter que ce très efficace parasitoïde a été introduit en Europe afin de contrôler certains pucerons sur les cultures. C'est un bien intéressant échange bio-géographique! Bon… les guêpes parasitoïdes européennes apprécient peut-être un peu moins cette compétition américaine...




*Si un parasite ne tue habituellement pas son "hôte", un parasitoïde le tue en se développant à l'intérieur de l'hôte.




2 commentaires:

  1. "Belle et douce nature...."

    En effet...l'oeuf pondu se développera de l'intérieur du puceron en suivant le judicieux ordre de consommer d'abord la chair et les organes digestifs du puceron, se réservant les organes vitaux
    comme le coeur et le système nerveux pour la fin...

    le puceron reste ainsi "vivant" plus longtemps...

    La souffrance "animale" à travers le monde défie l'entendement. À chaque minute des milliers d'animaux sont mangés vivants de l'extérieur ou de l'intérieur, voire des deux, d'autres fuient dans un élan de peur et d'angoisse indéfinissable
    un prédateur sanglant et affamé. Constamment sans relâche des milliers d'animaux meurent de faim, de soif, de maladie, à chaque seconde.

    Darwin (lui-même!) dans une lettre à son ami Hooker:

    "What a book a devil's chaplain might write on the clumsy, wasteful, blundering low and horridly cruel works of nature".

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  2. Il a fallu un très long processus de "recherche et développement" pour arriver à cette carnivorie minutieuse et contrôlée de la larve. Que manger et quand? Darwin l'ignorait mais toute cette information est inscrite dans les gènes. La prédation est ainsi peut-être rendue intéressante...

    Darwin écrivait aussi "There is grandeur in this view of life, with its several powers, having been originally breathed into a few forms or into one; and that, whilst this planet has gone cycling on according to the fixed law of gravity, from so simple a beginning endless forms most beautiful and most wonderful have been, and are being, evolved.”

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