1947: JD, jardins désirés. 2008: JC, jardins conservés?
Qu'en
est-il du désir de verdissement en milieu urbain? Qu'en est-il des
questions des friches, de l'agriculture urbaine ou de la biodiversité
urbaine?
Comparez les deux photos aériennes ci-haut du même secteur de l'Arrondissement Rosemont-Petite-Patrie à Montréal. À gauche, détail d'une photo datant de 1947 (d'après Archives VdM) et à droite une photos tirée de Google Earth datant de 2008. La ligne rouge indique la rue D'Iberville. Désolé pour l'imperfection du repérage des deux images. J'ai indiqué par JD (jardins désirés) et les flèches toute une mosaïque de petits potagers aux contours irréguliers. C'est un parallèle intéressant aux lignes de désir (les sentiers spontanés qui traversent en diagonale les terrains vagues). Tous les deux sont en effet des produits spontanés en dehors de toute planification officielle. Dans le coin inférieur gauche, sur les deux images, vous voyez tout juste la courbe de la voie ferrée du Canadien Pacifique. C'est la frontière avec mon arrondissement (Plateau-Mont-Royal).
Un avant/après très intéressant. Et ce constat n'est possible que par l'accès libre (en ligne!) aux données... publiques. Passons... Les jardiniers d'autrefois ont-ils eu une influence sur l'emplacement du parc Rosemont par exemple? C'est ce parc que l'on voit sous mon "JC". D'ailleurs il est aussi intéressant de constater qu'il semble de plus avoir un vestige des anciens potagers (à la flèche verte JC).
Toute une mosaïque du désir. Vue rapprochée des potagers sauvages(?).
J'ai été souvent frappé de constater que bon nombre des
acteurs verts actuels (professionnels, activistes "communautaires" ou simples citoyens intéressés à ces
questions) étaient en fait de nouveaux urbains, de récents expatriés de
la campagne ou des régions hors des métropoles, souvent de jeunes
étudiants. Pour ces derniers, peut-être est-ce le désir de propriété (faire foyer, famille)
qui se cache derrière les pratiques contemporaines d'appropriation de
l'espace urbain?
Peut-être que ce sont tous ces désirs plus ou moins convergeants qui explique la soif de vert? Et la pluralité des points de vues.
Peut-être que ce sont tous ces désirs plus ou moins convergeants qui explique la soif de vert? Et la pluralité des points de vues.
Les immigrants (Italiens, Grecs et tant d'autres) ont toujours eu des potagers sur leur propriété à Montréal. Ils étaient bien souvent aussi des jardiniers-squatters s'installant sur des friches, terrains vagues ou le long des voies ferrées. Guerilla-gardening et agriculture urbaine ont en effet une longue histoire...
Les environs de la Falaise Saint-Jacques et de la gare Turcot.
J'avais été ravi de déceler des potagers entre le ballast et l'acier des voies ferrées et le roc de la falaise Saint-Jacques (ci-haut) à la gare de triage ferrovière Turcot d'autrefois. Vous les voyez à gauche sur une photo aérienne datant des années trente. Encore ici JD et les flèches indiquent les potagers polissons. À droite une photo de Google Maps datant de 2008 environ. S'il n'y a plus de potagers on y trouve (accidentellement cette fois) quand même un boisé linéaire.
Sur la photo aérienne de Rosemont on trouve donc des jardins de proximité, probablement installés sauvagement. Dans les années 40. Des groupes de squatters s'accordant à faire de l'endroit désolé, en transition, un bout de campagne? Notons qu'à peine deux ou trois décennies auparavant il y avait vraiment des terres agricoles à cet endroit. Le sol y était probablement très bon. Un paysan italien récemment immigré aura tout de suite deviné quoi en faire...
Lignes de désir et jardins du désir ont tous deux laissé des traces encore visibles. Des non-activistes(?) d'autrefois ont influencé l'aménagement de leur patelin. L'empreinte sur le nouveau territoire faisant écho à l'empreinte de leur campagne d'origine dans leur coeur. Avec les immigrants d'autrefois les jeunes (et moins jeunes) d'aujourd'hui partagent cette volonté de prise du territoire. L'herbe est toujours plus verte où il y en a!
Lignes de désir et jardins du désir ont tous deux laissé des traces encore visibles. Des non-activistes(?) d'autrefois ont influencé l'aménagement de leur patelin. L'empreinte sur le nouveau territoire faisant écho à l'empreinte de leur campagne d'origine dans leur coeur. Avec les immigrants d'autrefois les jeunes (et moins jeunes) d'aujourd'hui partagent cette volonté de prise du territoire. L'herbe est toujours plus verte où il y en a!
Wow! super information que vous donnez là. Merci!
RépondreEffacerDans l'album de souvenirs de ma belle-famille, quelqu'un a conservé quelques photos et une légende d'une page de La Presse (pas de date précise, apparemment dans les années 30). La légende indique qu'il y avait 465 jardins potagers occupés par des chômeurs à Rosemont et que cette activité était encouragée par le service provincial d'horticulture. Il y avait un concours avec remise de prix. La rue Chapleau est mentionnée.
@Anonyme Merci pour ces infos, je n'ai pas eu le temps de documenter la chose avec précision. S'il vous prenait l'envie de me faire parvenir des scans de ces photos et texte de la Presse, j'apprécierais beaucoup... les lecteurs aussi! Content que ça vous intéresse. Merci.
RépondreEffacerBien sûr, si ça peut faire avancer la commission d'enquête sur l'agriculture urbaine à Montréal.
RépondreEffacerÉlaine
@Élaine: Les budgets de la *CEAUM* sont gigantesques. Ce qui n'empêche qu'on apprécie toute contribution... vous avez noté mon courriel à droite?
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