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mercredi 17 avril 2013

Les yeux du chat




















Photographier un chat que l'on ne connaît pas: difficile. Mais c'est surtout utile, comme une nécessaire répétition, je ferai mieux la prochaine fois. 


Je crois qu'il s'appelle Manouche. Il visite dans le coin de temps à autre. Il se fait garder chez la Dame-chats des alentours. Avec tous ces billets sur la prédation des oiseaux par le chat domestique, on croit que je n'aime pas les chats. Pour beaucoup c'est donc leur vouloir du mal. C'est une drôle d'équation. Pour moi les chats sont des crocodiles à fourrure, c'est tout!



Aux crocodiles et aux chats, je préfère les oiseaux!





samedi 13 avril 2013

Ilha do Corvo et ses chats...


Les hommes ont oublié cette vérité. Mais tu ne dois pas l'oublier, dit le renard. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Le Petit Prince.
 


Sommet de Corvo. Photo: Jorge Francisco Martins de Freitas


L'île de Corvo (Île du Corbeau) est la plus petite île de l'archipel des Açores. Les Portuguais ont colonisé cette île il y a environ 500 ans. Elle est la plus au nord de l'archipel et repose sur la plaque continentale de l'Amérique du Nord. L'archipel des Açores est en fait né de la rencontre de la plaque européenne et de la plaque nord-américaine. La majorité des Portuguais de mon quartier viennent de ces îles. Ils y avaient en quelque sorte déjà un pied ou deux: c'étaient déjà des Américains.




Étonnant de découvrir que l'île est envahie par Hydrangea macrophylla. Photo: Wikipedia


L'écologie de l'île de moins de 18 km2 a évidemment été modifiée et la végétation d'origine est en bonne partie disparue suite à l'introduction de petits mammifères (souris, rats et chats) et surtout l'élevage du mouton pour la laine. Mais la végétation n'est pas seule à reculer.



Le Puffin cendré. Photo: Wikipedia


L'oiseau de mer le Puffin cendré (Calonectris diomedea), une espèce en déclin, a des colonies et d'importants sites de nidification sur l'île.


Une étude de 2012* sur Corvo a fait le suivi de l'impact des prédateurs (souris, rats et chats) sur six colonies de l'oiseau pendant trois ans. Il n'y a pas de grande surprise: le chat est le plus important prédateur. Les oiseaux n'ont aucun comportement d'évitement de ce félin… ils ne se sont pas encore adaptés à cette nouvelle situation (quelques centaines d'années, c'est court pour une pareille évolution adaptive…). Sur l'île (comme ailleurs) le chat est un prédateur soutenu, soigné et… adoré! Aucun prédateur ne fait pression sur ses populations. À coup sûr le chat est une espèce exotique dangereuse pour un oiseau. Et quand il s'agit d'une espèce en déclin il faut probablement agir.




Quittons notre insularité écologique. Photo: Wikipedia.


Retirer les chats de bien des îles est nécessaire mais il faut y aller prudemment. Les rats aussi ont une prédation des oeufs et des oisillons et on imagine bien le difficile mais nécessaire synchronisme… Retirer les chats ferait exploser la population de rats. Paradoxalement dans l'état actuel les rats ont un effet bénéfique sur les oiseaux: les chats s'en prennent d'abord à eux... Néanmoins le chat demeure le prédateur numéro un des oiseaux sur Corvo, ne vous y trompez pas!






"C'est la nature!" me répond-t-on toujours quand je parle de la prédation inutile et évitable du chat en milieu urbain (ou sur Corvo). Le chat domestique est une "création" humaine, essentiellement sélectionné à l'origine** comme machine à contrôler les rongeurs. Le chat, c'est la nature? Il faut certainement alors raffiner notre définition de nature… afin d'inclure les autres machines agricoles. Il faut surtout étudier la place du chat dans l'écologie urbaine avec des théories vérifiables. Une théorie assez performante est la "mesopredator release hypothesis" (MRH). En une phrase cela prédit qu'en l'absence d'un grand prédateur (disons: loup, coyote… chien…) les prédateurs moyens (méso-prédateurs) comme le chat ont le champ libre de se reproduire. Et de s'en prendre sans gêne à leurs proies. 


Ce grand prédateur (on dit: "superprédateur") est ordinairement absent de notre milieu. On a chassé le loup depuis longtemps (même si le coyote se pointe...) et on a introduit le chat domestique. Il serait pourtant "naturel" qu'un superprédateur y soit présent… n'est-ce pas? Si on laissait nos chiens libres de vivre, se reproduire et chasser dehors? Tout le monde qui aime la nature serait content, non? Les propriétaires de chats, non… les oiseaux, oui!


Vous êtes responsables de la prédation des oiseaux par votre chat. Gardez-le dans la maison, vous n'êtes pas agriculteur!




*Hervías, S., A. Henriques, N. Oliveira, T. Pipa, H. Cowen, J. A. Ramos, M. Nogales, P. Geraldes, C. Silva, R. Ruiz de Ybáñez & S. Oppel. 2012. Studying the effects of multiple invasive mammals on Cory’s shearwater nest survival. Biological Invasions, DOI 10.1007/s10530-012-0274-1

**pour le amateurs de chat: je précise "à l'origine". Je suis poli, soyez-le!

Quelques liens:

Multiple Predators on Corvo Island (merci pour la citation du Petit Prince)


mercredi 10 avril 2013

Modifier le loup




Gravure tirée du magazine Punch.


Le magazine satirique Punch nous présente la collection de chiens pour l'année 1889. Il s'agit d'une caricature d'une autre caricature: celle du catalogue des races de chiens que nous avons fabriqué. Mais pas de toute pièce.

Tout le travail de sélection et d'hybridation que les humains ont fait avec les chiens est un bien curieux phénomène quand on y pense. Chiens de chasse (y compris au loup), chiens bergers et de garde puis chiens d'agrément et de compagnie. Dans ces deux dernières catégories nous avons créé bien des étrangetés... que nous préférons cacher dans la poche. Ce n'est pas ma tasse de thé. 

Nous sommes partis du loup faut-il le rappeler.



Certains apprécieront ces bibelots affectueux.
 

Par ailleurs, quand on considère le sort encore réservé aux cousins du chien (les loups, coyotes et renards que nous chassons toujours) on peut s'interroger sur la nature du travail de domestication que l'on a fait. D'un côté nous cherchons à éradiquer (de moins en moins, peut-être) et de l'autre nous gardons une partie ou une version du loup près de nous, l'affaire est dans le sac.

Nous avons modifié le loup.



Mon coeur balance: Saluki (lévrier persan) ou lévrier irlandais (Irish wolfhound).
 

L'affaire qu'est le loup (et les autres de la famille des canidés) a été présente tout au long du développement de notre espèce. C'était un compétiteur efficace et direct des humains. Comme nous il chassait en groupes bien organisés et avaient une riche et complexe vie sociale. Comme nous (surtout je crois) il était extraordinairement adaptable. Il l'est toujours!* De cet alter-ego peut-être avons-nous noirci le tableau un peu, dépeignant un compétiteur (assurément) en un prédateur (rarement) de l'humain? Si vous voulez abattre votre chien (ou votre loup), dites qu'il a la rage...





 
Suivant la très ancienne domestication du loup (au Paléolithique, il y a environ 30,000 ans) on a ensuite fait des types de plus en plus humanisés (on dit bien: races de chiens), morcelant et déclinant en autant de formes tous ses potentiels. Au gré de notre intérêt? À partir de l'admiration du formidable prédateur au métabolisme de marathonien nous avons d'abord fait un compagnon de chasse. Ensuite, bien plus tard, au Néolithique avec l'agriculture et la sédentarisation ce sera un berger et un gardien. Plus récemment avec l'industrialisation c'est un compagnon de fantaisie. Une bien étrange histoire d'amour!


Nous avons fait d'une menace constante un fidèle compagnon de vie? Mais le loup, lui, qu'a-t-il donc fait de nous?



* Le coyote
(en fait un hybride avec le loup et un peu de chien...) qui arrive dans l'environnement urbain de notre région en est un exemple.

 
Source de la gravure: The Retriever, Dog, and Wildlife Blog


dimanche 31 mars 2013

Billet 869: Joyeuses Pâques!




Ya-bada-badoux!


Le lapin de Pâques! Un symbole bien connu de cette fête et du printemps et de la fertilité. Animal préféré de Hugh Hefner. Il (pas Hefner!) pond des oeufs en s'socolat! Tout colorés! Lapin de Pâques! Petite créature douce (de rêve...) et sautillante à souhait. 


Il y a bien sûr d'autres petits mammifères à fourrure toute douce et on les aime pas. Rats, souris, campagnols… depuis l'invention de l'agriculture ces derniers sont la raison de notre lien avec le chat domestique. Précision: c'est à ce moment que l'on a fabriqué le chat domestique… Car il est bien un adjoint et une machine d'agriculture, gardien des grains, croque-souris. Nous l'avons sélectionné pour des tâches importantes: nous débarrasser de la vermine. Le reste est un effet secondaire...


On nous sert encore cette justification néolithique de son utilité de contrôle pour laisser
le cher minet libre à l'extérieur. Pourtant cette fonction de contrôle de la vermine peut être remplie par toutes sortes d'autres engins et machineries… à l'effet un peu plus prévisible et sans danger pour les oiseaux. 



La chasse aux oeufs de Pâques tourne mal...

Il vous viendrait peut-être à l'idée de qualifier de vermine certains oiseaux: on pense alors au moineau domestique, à l'étourneau ou au pigeon, trop ordinaires et communs pour mériter notre attention et même pas indigènes! Ça c'est une condamnation à mort, une assurance d'indifférence. Vous croyez que le chat fait la différence entre les espèces d'oiseaux? Si c'est le cas vous êtes irresponsables, vous laissez cette machine à tuer faire une besogne de mort inutile et évitable…


Vous êtes un citoyen et un consommateur écoresponsable, équitable, vous recyclez, la justice sociale vous est une valeur importante, vous êtes végétalien, vous êtes inquiets du sort de l'ours polaire et de la biodiversité dans ces changements climatiques. Et vous laissez sortir librement cette machine à tuer?


La prédation des oiseaux, dommage collatéral acceptable? Cruelle et inutile complaisance? Aveuglement volontaire? Vous avez le choix, vous êtes responsables de votre chat. Comme de votre bagnole, de votre carabine ou de votre lapin!


À Pâques et aux autres jours: gardez vos chats dans la maison. Le printemps nous laissera entendre un peu plus d'oiseaux.


Joyeuses Pâques!





mercredi 2 janvier 2013

Bambi est un Godzilla




Cerf de Virginie croquant des oisillons... Hon!


Vous pardonnerez ma candeur ignorante, je ne savais pas que le Cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) s'adonnait au croque-oiseau (le croque-moineau est une toute autre activité). J'ai trouvé cette référence en faisant ma recherche sur l'île d'Anticosti et ses cerfs, un autre sujet qui m'occupe ces temps-ci.






Bambi croquant des colibris? Vous modifierez votre représentation de l'animal je parie!



Trouvez tous les croustillants détails dans l'article:


Pietz, Pamela J., and Diane A. Granfors.  2000.  White-tailed deer(Odocoileus virginianus) predation on grassland songbird nestlings. American Midland Naturalist 144(2):419-422. Jamestown, ND: Northern Prairie Wildlife Research Center 


Trouvez la version web ici: (Version 09MAR2001)
 

vendredi 23 mars 2012

Top predator!







Dans de nombreuses villes et banlieues en Amérique du Nord le coyote (Canis latrans) a fait un retour. Les sources de nourriture sont nombreuses : lièvres et écureuils, cerfs de Virginie et ordures, petits chiens et… chats… Nous avons des coyotes sur l'île de Montréal. On en trouve aussi à Toronto (capitale mondiale du raton laveur) où la population des ratons laveurs a une densité insoupçonnée. Le coyote serait le meilleur contrôle pour ces fouilleurs nocturnes pas toujours bienvenus.




Photo : Christopher Bruno


Nos infrastructures favorisent les déplacements du coyote. L'animal adaptable trouve un habitat favorable et des corridors qui permettent sa circulation : les voies ferrées, ligne de transport électrique, d'espace vert en espace vert, pas étonnant qu'on le trouve à New-York à Central Park même.




En banlieue de Toronto. Photo : Michelle Jarvis


Les fous de chats vont jusqu'à entretenir des colonies de chats féraux par une saugrenue idée de protection de ces animaux. C'est un tort envers les oiseaux. Mail ils semblent du coup concentrer ainsi un source de nourriture intéressante pour les coyotes à San Francisco. Si le coyote rate le chat il peut toujours prendre la nourriture que les pro-chats y laissent...



Illustration (comme un voile de pudeur) : Roger Latour


Des biologistes nous rappellent que le coyote est un prédateur tout au sommet de la chaîne alimentaire : un Top Predator. Il est en fait ce qui manque dans l'équation déséquilibrée entre les chats prédateurs et les oiseaux. Je vous montrerai pas (je me ravise...) un clip ce que cela signifie dans les faits, la photo ci-haut suffira...


 À Vancouver le prédateur devient la proie.

En attendant ne laissez par vos ordures ou la nourriture pour votre animal domestique dehors. Oh! Et bien sûr! Gardez votre chat dans la maison sinon c'est le coyote qui risque de venir en aide aux oiseaux en éliminant leur principal prédateur! Nature pour nature...




Photo : Marya

Voilà. Je le répète : pour éviter la prédation inutile des oiseaux adoptez un comportement responsable avec votre chat, pour sa propre protection gardez-le dans la maison. Le coyote s'en vient près de chez vous...


Oh! Et ne tirez pas sur le messager, aucun coyote, chat ou oiseau n'a été tué pour mon reportage…


Trouvez ici mon billet Le Chat est un Prédateur



lundi 19 mars 2012

Solution féline...









Sans plus de commentaire....




mardi 6 mars 2012

Nouvelles Brèves




Photo : Michel Démares


Chez Tela Botanica les 12 images sélectionnées du Défi Images "salades sauvages" sont visibles sur cette pages : Salades Sauvages


Pour participer au Défi du mois de mars, trouvez les détails à cette adresse :



Photo : David Courtenay/Getty Images


Ne manquez pas cet article de Rob Dunn (in Englese) sur le moineau domestique : The Story of the Most Common Bird in the World




Photo : Reuters


Un article paru dans The Economist qui reprend un article scientifique paru il y a déjà presqu'un an : Surviving fallout


Suite à l'accident de Fukushima on a voulu mesurer l'effet des hauts niveaux de radiation sur les oiseaux. Le climat de Fukushima et de Tchernobyl est comparable et l'avifaune qu'on trouve aux deux endroits est assez similaire. Aux deux endroits évidemment les zones les plus fortement irradiées comptaient moins d'oiseaux.

Mais en comparant les 14 espèces d'oiseaux communes aux deux régions les scientifiques ont constaté que les zones de même niveau d'irradiation était associées à une perte deux fois plus grande à Fukushima qu'à Tchernobyl. Pour les auteurs cela semble suggérer une adaptation par la sélection des plus résistants, certains oiseaux étant capables de survivre à ces niveaux de radiation.

L'article original est celui-ci :
  




Photo : Doug Mackenzie Dodds

 

En terminant afin de faire patienter le troisième article sur le chat domestique, une belle photo du prédateur juste assez petit pour ne pas nous inquiéter et qui prend des proies minuscules, juste assez petites pour être sans importance. Si le prédateur était un peu plus grand…




jeudi 1 mars 2012

Le chat est un prédateur






Dans un billet précédent (publié ici et ) je vous parlais du Xénique (Xenicus lyalli), cet oiseau de Nouvelle-Zélande, maintenant disparu, et du rôle déterminant d'un prédateur souvent insoupçonné : le chat domestique (Felis catus). Les migrations humaines ont apporté le chat partout sur la planète. On en ignorait les conséquences à l'époque, mais aujourd'hui?


D'une petite île du bout du Pacifique au 19e siècle à l'île de Montréal de nos jours la même histoire se rejoue. Les chats sont responsables de la disparition d'au moins 33 espèces d'oiseaux sur la planète (9 en Nouvelle-Zélande seulement). Nous savons que le chat est un prédateur et nous célébrons son agilité et ses prouesses sans réfléchir aux conséquences pour la biodiversité. En ville, en banlieue et en campagne nous ouvrons la porte à Minet et il se retrouve ainsi dans la nature. Ce simple geste (faire prendre de l'air à Minet) est multiplié des centaines de milliers de fois…  c'est alors un désolant free for all


Minet est un chasseur et on ne songe pas qu'il soit un prédateur entretenu, assisté, subventionné de Miss Miou** en quelque sorte. Un prédateur en bonne forme, en bonne santé. Ses populations sont plus denses par ce fait, surtout en milieu urbain. Et si notre divertissant compagnon chasse, il se reproduit aussi.



 



S'il s'agissait de chiens, même de tout petits chiens, notre comportement serait bien différent. On les garderait dans la maison. Surtout s'ils se mettaient à chasser... nos chats par exemple... ou tout ce qui bouge. On en parlerait à Tout le Monde en Parle… Coeur de Pirate en ferait une chanson. Le chat n'est pas qu'un animal de compagnie :  qui n'a pas remarqué ces crocs, ses griffes et ses prouesses de sauteur? C'est pour nous divertir vous croyez? Dire que souvent nous nous inquiétions quand Minet n'est pas rentré! De qui s'inquiète-t-on au juste? Du chat? Le danger est bien ailleurs pourtant.

 
La situation en Europe et en Amérique du Nord se ressemble : les populations de chats domestiques vont en croissant. Changements démographiques et populations vieillissantes, les animaux de compagnie gagnent des emplois… La Suisse a une population humaine de 7,8 millions et 30% des ménages y ont un animal domestique. On y compte 1,38 million de chats. Ce chiffre ne prend pas en compte les chats errants. En 2008 à Bristol (400,000 habitants env.) en Angleterre la densité moyenne des chats observés à l'extérieur était de 350 chats au kilomètre carré, ce qui donnait une trentaine de chats par 100 maisons.



Aux États-Unis c'est la folie féline délirante. Le nombre de chats a triplé durant les 40 dernières années et on estime que les chats domestiques sont entre 148 et 188 millions. De ceux-ci environ 88 millions sont des chats de maison dont environ 57 millions passent une partie de la journée dehors. Comme il y aurait par ailleurs entre 60 et 100 millions de chats féraux**, il y aurait entre 117 et 157 millions de chats libres de prendre l'air. Ici au Québec nos habitudes de vie ressemblent à celles des Américains. Au pro-rata les données précédentes indiquent entre 2.9 et 3.9 millions de chats au Québec. Sur l'île de Montréal on peut alors estimer à 700,000 ou 900,000 chats… partiellement ou totalement libres. Presqu'un million de minous qui vivent dehors ou qui sortent prendre l'air pour digérer un peu, faire de l'exercice ou se reproduire. 





 


Bien sûr les chats font aussi un peu de chasse quand il sont dehors. On est même souvent fiers de leurs exploits! Combien de proies sont prises par ces millions de chats? L'American Bird Conservancy parle d'un milliard de petits mammifères (rats et souris mais aussi lièvres, écureuils et tamias) et de centaines de millions d'oiseaux. Ces derniers représentent le quart des proies. Ce ne sont pas seulement les espèces les plus communes comme les moineaux domestiques, étourneaux sansonnets et autres pigeons. Ce sont aussi des espèces indigènes comme le Cardinal rouge, le Troglodyte familier, le Merle d'Amérique, le Junco ardoisé, la Paruline jaune, même le Colibri à gorge rubis et le Merlebleu de l'Est...


Alors faites le calcul : c'est au minimum 250 millions d'oiseaux tués chaque année par les chats aux États-Unis. Au Québec ça nous donne au minimum 6.25 millions… sur l'île de Montréal c'est au strict minimum (je le répète) 1.5 million par année. Vraiment, il faut se parler! En attendant, gardez Minet dans la maison.


Plus de détails dans mon prochain billet…


* ou toute autre nourriture préférée...
** un chat féral vit et se reproduit dehors, il est retourné à la nature.




mercredi 29 février 2012

Tibbles & Tribbles




Tibbles et le Xénique de Stephens.


C'est un assez curieux hasard en effet. Vous vous rappelez de ce chat qui a fait disparaître une espèce d'oiseau sur une petite île de Nouvelle-Zélande? Il s'appelait Tibbles. Charmant!

L'épisode, euh... le billet est ici : Discrète disparition

Nous avons aujourd'hui un développement important dans un sous-dossier de nos recherches sur le prédateur Felis catus, le chat domestique. Nous devons partager cette information avec vous. Une créature venant d'une autre planète possède en effet certaines affinités avec notre chat.




Le Capitaine Kirk perd son courage devant la douce invasion...


Flora Urbana se documente toujours avec le plus grand sérieux et les sources majeures d'information sont toujours méthodiquement consultées avec les algorithmes les plus echevelés. Tous les coins de la Galaxie sont fouillés afin d'avoir l'information la plus complète. Chers lecteurs, vous méritez cela! J'ai donc fouillé dans le journal de bord du Capitaine Kirk.

Et qu'ai-je trouvé?



Pour se détendre un peu, prendre un verre en bonne compagnie est toujours indiqué.


Dans un épisode de Star Trek d'étranges créatures se nomment des Tribbles (Polygeminus grex). Ce sont de petit animaux sans intelligence mais si doux et comme ils roucoulent (Oh! si doucement!) les Humains ne peuvent y résister! Ils ont un effet tranquilisant sur leur système nerveux.




Un Tribble vu de près. Photo : Clh288 Wikipedia


Elles (en fait) viennent de la planète Iota Geminorum IV (connais pas...) et naissent enceintes, sans reproduction sexuée. Une parthénogenèse télescopique! Et une croissance exponentielle des populations… Sur leur planète d'origine leur nombre est contrôlé par un prédateur reptilien.

Vous voyez qu'à part les noms qui se ressemblent il n'y a presque rien qui  unisse Tibbles & Tribbles... Mais je tenais néanmoins à le partager...



Cultivez-vous sur cet épisode de Star Trek sur Wikipedia....





mardi 28 février 2012

Le chat! Ze movie!




Affiche : Roger Latour©


Je vous parlais hier de série de billets en préparation. Une de ces séries porte sur le chat domestique, le grand petit prédateur urbain. Voici un aperçu du prochain billet avec quelques chiffres intéressants:



Combien de chats partiellement ou totalement libres sur l'île de Montréal?

...entre 700,000 et 900,000!

Hum...

Combien d'oiseaux sont les proies de ces beaux minous adorés?

Au moins 6 millions!

Hein???

Par année... et c'est pas tout...

Impossible, mon chat ne ferait pas de mal à une vache!

D'ici quelques jours, tous les détails dans le prochain billet de cette série :


Le chat, le prédateur urbain!


Tremblez sur cet écran ou sur l'autre à Huffington Post!

Mon billet précédent sur la prédation des chats : Discrète Disparition


D'ici là, fermez vos fenêtres!






mardi 14 février 2012

Un bien curieux orchestre




Dessin de Rosina Emmet Sherwood. Arrangement de Roger Latour.



Ce dessin de 1888 (?) de l'artiste américaine Rosina Emmet Sherwood (1854-1948) s'intitule Her majesty led this strange orchestra. C'était pour illustrer le compte pour enfant Von Nipkin's Defeat écrit par Boudinot Cole et publié dans le Harper's Young People en 1888.


Notez que j'ai nettoyé et coloré le scan provenant de la Library of Congress, voulant faire quelque chose de Walt Disneyesque... avec une touche Bollywood ou Krishna. Le choix de couleurs pourraient de plus faire croire que je confonds la Saint-Valentin et Pâques! Ce doit être à cause de l'orgie de chocolat qui caractérise ces deux fêtes, ici à Montréal du moins. Mais là n'est pas le propos!




De bien curieux instruments...



Une Reine dirige un orchestre de chat. Comment décoder cette image? Je n'ai pas lu l'histoire au complet* et le passage qui est illustré se trouve au début. En voici un aperçu :


Frau Von Nipkin a la charge de deux enfants qui la craignent. Ceux-ci s'enfuient au jardin tout de suite après la leçon. Les deux enfants sont alors invités au palais de la Reine par une grenouille. La Reine leur fait un véritable festin de bonbons. Elle fait ensuite venir son orchestre composée de 12 chats habillés d'un chandail portant son blason royal.


Chacun a son instrument et c'est la Reine elle-même qui conduit l'ensemble félin. Mais leurs instruments sont des animaux! Le texte mentionne : "crickets, weasels, guinea-pigs, geese, parrots and a sea-lion or two". L'illustratrice a pris la liberté de représenter une limule, un lièvre, une tortue, un petit alligator et trois oiseaux. Et ce qu'on entendra de ce cruel concert ce sont des cris de tous genres et des aboiements étranges, chaque chat pinçant, piquant ou griffant son infortuné instrument. Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire?




 Le ventre plein, ronronnant, nous l'aimons tant!


Je devrais peut-être lire tout le conte mais j'ai l'intuition que je ne trouverais rien pouvant m'aider à comprendre le dessin de l'américaine. Vous le savez peut-être, j'ai une série de textes sur le petit prédateur (notre beau chat domestique) et l'illustration me semble assez bien traiter de cela. La variété des proies illustrées est assez pertinentes. Il ne manque que des grenouilles je crois…


Le premier billet de cette série est ici : Discrète disparition

C'était pour le Huffington Post Québec. Ils devraient bientôt donner suite...



Je reviens ainsi momentanément sur notre prédateur invisible préféré : le chat... avec cet orchestre de chats jouant de leurs proies...



*Vous pouvez lire l'histoire ici. Curieusement c'est une bibliothèque numérique en Nouvelle-Zélande. L'histoire ayant été reprise dans le journal Tuapeka Times, Volume XXII, Issue 1585, 4 May 1889





mercredi 8 février 2012

Discrète disparition






Xénique de Stephens (Xenicus lyalli). D'après John Gerrard Keulemans, tirée du livre Extinct birds de Baron Lionel Walter Rothschild, 1907.*



L'archipel de la Nouvelle-Zélande est isolée géographiquement, les plus proches voisins sont à 1000 ou 1500 kilomètres. Pas étonnant que sa faune comporte des singularités. On y trouve par exemple de nombreuses espèces d'oiseaux qui ne volent pas. Nous connaissons tous les pingouins et les kiwis. Peut-être connaissez-vous le Kakapo, un perroquet terrestre géant (Strigops habroptilus) ou les grands Moas disparus. Sur ces îles se trouvent de nombreuses autres espèces d'oiseaux sans vol (ou presque), y compris un groupe discret de petits oiseaux, ressemblant à notre Troglodyte : les Xéniques. Ce sont de minuscules oiseaux de 7-10 cm. Leur famille est endémique de la Nouvelle-Zélande et des six espèces connues, seules deux existent encore…


Il n'y avait pas de mammifères prédateurs sur ces îles et les oiseaux y ont évolué en s'adaptant pour la vie au sol, perdant souvent la faculté de voler et prenant des niches écologiques occupées ailleurs par des mammifères. Tout allait bien pour eux jusqu'à l'arrivée des polynésiens il y a environ 800 ans. Les Maoris avait apporté le kioré ou rat polynésien (Rattus exulans), considéré comme mets de choix et source de fourrure pour des vêtements traditionnels. Le kioré était un co-migrateur des Polynésiens et a donc une valeur culturelle pour ces grands navigateurs du Pacifique. Mais voilà, comme tous les rats, le kioré est omnivore et les oeufs et oisillons font partie de sa diète. Sur des îles où de nombreuses espèces d'oiseaux ne volent pas l'omelette allait devenir un plat populaire chez ces "rongeurs".






L'histoire particulière du Xénique de Stephens est aussi brève que l'oiseau est petit… et elle s'est abruptement terminée. Disons que si l'oiseau ne volait pas, l'espèce, elle, s'est vite envolée… disparue. Aux oubliettes Xenicus lyalli !

L'oiseau se trouvait probablement sur les grandes îles de l'archipel avant l'arrivée des Maoris puis les rats colonisateurs l'ont fait disparaître. Il semble que notre oiseau avait trouvé un dernier refuge, loin des rats, sur la petite île de Stephens. Les colons, Européens cette fois, décideront d'y installer un phare à la fin du 19e siècle. Une bonne partie de la forêt a alors été coupé, le phare construit, puis David Lyall, son gardien, s'y est installé avec un compagnon inconnu des Xéniques : Tibbles, un chat…

Le gardien était un amateur d'oiseaux et son chat lui apportait régulièrement des cadavres d'un petit oiseau inconnu. Ces dépouilles allaient devenir des spécimens d'histoire naturelle et voyager jusqu'en Grande-Bretagne. Fournir aux institutions des spécimens servant à décrire la biodiversité était un commerce courant à l'époque. Tous les douze spécimens du Xénique de Stephens alors connus de l'ornithologiste Rothschild (qui a décrit la nouvelle espèce en 1894) provenaient de cette île et avaient été rapporté à la maison du gardien du phare… par son chat!







Petits oiseaux sans vol, petite île, petit prédateur… la conclusion était inévitable! Une culbute dans l'oubli, en un fatal coup de griffe, l'oiseau n'est plus. Éteint. Discrète disparition. Tibbles le chat a donc été le découvreur et l'exterminateur de la nouvelle espèce d'oiseau! Malgré des recherches approfondies sur l'île on ne retrouva plus jamais le Xénique de Stephens, disparu avant même de nous apparaître.


L'anecdote ci-haut est bien documentée mais ne dit évidemment pas tout. L'histoire des disparitions de nombreuses espèces de la Nouvelle-Zélande ne se résume aux conséquences de l'introduction des rats polynésiens ou du seul minet Tibbles. Il semble par exemple que l'on trouva d'autres spécimens du Xénique un peu plus tard jusqu'en 1899. Il semble aussi qu'il y avait en fait plus d'un chat (une colonie "sauvage" se trouvait sur l'île) et que (eh! oui!) d'autres espèces que notre Xénique aient été exterminé par ces prédateurs. 






Quel rapport avec la biodiversité urbaine?


Comme le rat polynésien, le chat domestique a une place de choix dans notre culture. Nous n'en faisons pas de brochette ni de chaussette. Nous sommes trop éclairés pour ça, n'est-ce pas? Pourtant il semble bien que nous ne portions pas davantage attention à l'impact sur la biodiversité de notre animal fétiche que ne le faisaient les Maoris avec leur rat. 

Dans notre contexte urbain actuel les services qu'offre le chat, dévermination et support affectif, comportent un coût que nous préférons ne pas voir: les oiseaux.


*Le livre est consultable et téléchargeable ici: Extinct Birds


Pour en savoir plus sur les Oiseaux de la Nouvelle-Zélande


Ce billet est repris sur le Huffington Post Québec : ici