lundi 21 mars 2011

L'Arbre du Ténéré

Image d'après le Commandant Michel Lesourd, 1939.

Seul repère à des centaines de kilomètres à la ronde l'arbre du Ténéré se méritait d'être indiqué sur les cartes autrefois. Au milieu de nul part dans le désert du Ténéré au Tchad (le "désert au-delà du désert"…) il poussait près d'un des très rares puits sur la route des caravanes de sel des Touaregs.* Ses racines atteignaient l'eau à une profondeur de 36 mètres.



Image d'après Victor Englebert.


C'était depuis fort longtemps sur la route des caravanes de sel. Ensuite c'était la route des camions et autres véhicules motorisés. Un chauffard le heurtât et une branche du tronc se brisât… puis un conducteur Lybien enivré l'achevât en 1973. Une triste structure en métal le remplace maintenant. 



L'espèce est soit Acacia tortilis ou Acacia raddiana et l'arbre était le dernier d'un groupe encore debout depuis des dizaines d'années. Il était l'ultime mémoire du temps où ce n'était pas le désert ici mais un lac qui a troqué son eau pour des vagues de dunes. Plus loin dans le temps encore c'était le plancher d'un océan puis une forêt. Le désert actuel ne s'étant formé qu'il y a 4,500 ans. Les Touaregs le traversent depuis.



Et ce bête accident! Comme se piquer sur une aiguille dans une botte de foin ou trouver un grain de sable à quatre feuilles sur la plage. Enfin! quelle est la probabilité d'un pareil choc, au milieu de nowhere. Au-delà de nul part. Un arbre qui a traversé des décennies finissant de façon aussi pitoyable et improbable! Depuis ce temps on cherchait une bonne raison de frapper la Lybie… Je crois qu'on vient de trouver...


L'histoire (en anglais) de l'arbre du Ténéré: partie 1 et partie 2


* Non pas la bagnole de Volkswagen…. (quel drôle de choix bordel!) je parle hommes-bleus du désert.


5 commentaires:

  1. Quelle tristesse.
    Encore une preuve des dangers de l'automobile (et je ne dirai pas "de l'automobile pour les cons surtout quand ils sont bourrés" parce qu'il paraît que c'est politiquement incorrect).

    RépondreEffacer
  2. Pas de gêne pour le politiquement pas correct. J'imagine le conducteur d'un énorme et bruyant camion soviétique d'un autre âge qui frappe le buisson. Il n'entend même pas le "crac"... Triste à rire longtemps...

    RépondreEffacer
  3. Moi aussi je me suis posé la question pendant la lecture de l'article : comment ne pas réussir à contourner le seul arbre de toute la contrée ?

    Probablement l'effet hypnotisant de l'arbre. C'est exactement l'inverse du phénomène qui fait qu'un chevreuil reste planté au milieu de la route devant une voiture qui fonce sur lui, phares allumés : l'automobiliste, comme une aiguille qui cherche le nord, s'oriente tout droit vers le seul élément immobile du paysage.

    Le bête poteau métallique, lui, il n'est jamais accidenté ?

    N'empêche que c'est une histoire particulièrement triste. Cet arbre était une singularité géographique, un inukshuk naturel, une goutte de vie dans un océan de silice.

    Et il donnait de l'ombre.

    RépondreEffacer
  4. Étrange comme l'humain s'acharne à détruire ce qu'il ne comprend pas, comme un arbre qui survit dans le désert.
    Est-ce qu'ils lui rappellent sa faiblesse ?. Est-ce parce qu'il ne supporte pas l'idée qu'ils lui survivent ?

    RépondreEffacer
  5. Étrange comme l'humain s'acharne à détruire ce qu'il ne comprend pas: un arbre qui résiste au désert.
    Est- parce qu'il lui rappelle sa faiblesse ? Est-ce parce qu'il lui survit ?

    RépondreEffacer