Le tsunami frappe les pins de Natori (Pinus thunbergii, Kuromatsu, pin noir du Japon, Japanese black pine)
Le malheur vient toujours en équipe et après le tremblement de terre les Japonais ont affronté une pire catastrophe: le terrible tsunami. Et ce n'était pas encore assez… les centrales nucléaires laissent encore peser des menaces. On a beau ne pas douter de l'extraordinaire résilience des Nippons cela n'empêche pas de constater l'énormité de la tâche de reconstruction… Dire qu'à Montréal nous nous plaignons des inévitables nids de poules dans la chaussée! À gigantesque et assommante catastrophe, nos malheurs se doivent d'être humbles...
La forêt près de Tchernobyl. Photo chornobyl.in.ua
On peut assez bien se prémunir des tremblements de terre par des normes parasismiques de construction. Il est toutefois difficile de se protéger des tsunamis. Et on ne peut grand-chose contre les risques de contamination sur une grande surface par un réacteur nucléaire qui s'emballe… c'est alors l'évacuation et pour longtemps. La situation de la centrale de Fukushima me ramène à Tchernobyl, lieu du plus sérieux incident nucléaire en 1986. Voyez mon billet sur la ville voisine Pripyat ici.
Les pins rouges de Tchernobyl
Les humains ont évacué Tchernobyl et les environs de toute urgence. Une zone d'exclusion a été mise en place dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale. Et le reste du vivant? Les animaux, les arbres et les plantes? Ils n'ont pas tous notre mobilité ou un habitat alternatif. On connaît l'iris marcheur mais on a encore jamais vu de chêne vagabond ou de tremble rouleur... Qu'arrive-t-il aux arbres, enracinés à demeure dans une région irradiée?
Les pins ont pris une forme rabougrie
L'accident de Tchernobyl est survenu au printemps à la reprise de la croissance des végétaux. Cette période de grande activité est celle où les arbres sont les plus radiosensibles. C'est donc une forêt (une plantation, en fait) de 400 hectares de pins sylvestres (Pinus sylvestris) qui a été détruite. Les épines denses des conifères faisant de leurs cimes des filtres qui captaient efficacement les poussières radioactives. Les pins gardant leurs feuilles (et la poussière irradiée...) environ 3 ans, la quantité de la radiation absorbée est grande et des mesures d'urgence se sont imposées.
Occupation: liquidateur... photo A.P. Yakubchik
Les conifères ont donc souffert plus que les feuillus. Les bouleaux (Betula pendula) et les peupliers trembles (Populus tremula) perdent leurs feuilles à l'automne et leur exposition à la radioactivité a été d'autant diminuée. Il a fallu tout couper ces pins roussis par la radiation.
La camaraderie radieuse... quel courage? photo A.P. Yakubchik
Le reste de l'histoire semble inspiré du film soviétique "Stalker" de Andreï Tarkovski. La plus grande partie de la forêt rouge a ensuite été enfouie dans des tranchées par des équipes de "Liquidators". La radiation contaminant ensuite la nappe phréatique… un tsunami diffus et invisible. Une terreur à retardement.
Le sort de ces hommes? Risques du métier, n'est-ce pas? Who cares...
Magnifique article Roger !!
RépondreEffacerMerci Pescalune!
RépondreEffacerUn article éclairant (irradiant?), mais tellement épeurant! Merci.
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