lundi 30 mai 2011

Ulmus rubra


Correctif (4 mai 2018): il ne s'agit pas de l'orme rouge! Trouvez tous le détails dans mon livre numérique (format iBook): cliquez ici pour voir sur iTunes.






Un gros orme rouge! Quel arbre! Charles L'Heureux m'a invité à visiter les lieux au pied de l'Oratoire Saint-Joseph à Côte-des-Neiges, beau quartier de Montréal. Je devrais dire "quels arbres!" car on a vu de nombreux beaux spécimens intéressants.



Charles l'Heureux:  L'homme et l'orme...


On y allait surtout pour un spécimen d'orme rouge (Ulmus rubra, slippery elm) qui est bien plus que centenaire, probablement deux fois et plus! Charles, qui en est le découvreur, en avait déjà parlé sur son blogue Arbres remarquables de Montréal *
Au Québec cet arbre est rare et est à la limite nord de sa répartition naturelle où il est réputé se trouver qu'en petit spécimen. L'arbre que nous venons voir est énorme pour ce genre ici et cela semble contredire les références pour le Québec.

Nous y allions donc pour nous assurer de l'identité de l'arbre en portant une attention à certains détails de l'écorce, des feuilles et des fruits. Tous ces caractères, surtout les deux derniers, ont été examinés. Le but était de le comparer à l'orme d'Amérique (Ulmus americana, white elm) et accessoirement aux autres espèces d'ormes.



À gauche l'orme d'Amérique et à droite l'orme rouge.


La vénation des feuilles distingue nos deux espèces. Il y a que peu de veines latérales divisées ("fourchues") chez l'orme d'Amérique et elles se retrouvent surtout dans la partie inférieure près du pétiole. Chez l'orme rouge ce sont de plus nombreuses veines qui sont ainsi divisées et elles se retrouvent sur toute la longueur de la feuille. Comme il arrive souvent ce caractère varie de feuilles en feuilles chez le même spécimen. Alors examinez toujours plusieurs feuilles du même arbre. Si les deux espèces d'ormes se retrouvent à proximité (c'était le cas lors de notre excursion) la comparaison est alors facile à faire. Il est intéressant de noter que d'assez nombreuses feuilles de notre orme rouge avaient deux petits lobes, comme des cornes, au sommet. À peine discernable sur la photo ci-haut ce caractère se retrouve aussi chez l'orme de montagne (Ulmus glabra, scotch elm). Il y a donc un risque de confusion. Mais...




Les caractères les plus fiables et commodes sont certainement ceux des fruits, les samares des ormes. Mais attention ces samares sont vite arrivées à maturité et elles tombent très tôt dans la saison. La samare de l'orme rouge est à l'évidence bien plus grande que celle de l'orme d'Amérique. Chez ce dernier la samare est cernée de poils (on dit qu'elle est "ciliée") tandis chez l'orme rouge la samare n'est pas ciliée sur le contour et on ne trouve qu'une courte pubescence avec quelques poils plus grands au centre de la samare sur la partie de l'enveloppe donnant sur la graine. Notons que la samare de l'orme de montagne est encore plus grande. Ces dimensions sont donc un excellent critère qui distingue les trois espèces: j'ai mesuré 7-10 mm pour l'orme d'Amérique, 15-18 mm pour l'orme rouge. D'après Farrar** la samare de l'orme de montagne mesure 20-25 mm.

Donc, il s'agit à n'en pas douter de l'orme rouge. Bravo Charles!





Un autre spécimen intéressant que l'on a admiré? Regardez-moi ce tilleul d'Amérique (Tilia americana, basswood)! Impeccable! Il s'agit en fait de deux arbres aux troncs dédoublés. Isolé et en situation avantageuse, gracieux et placide avec ses grandes branches qui tombent au sol (ou presque) puis se recourbent si caractéristiquement, nous reviendrons le visiter.


Sous la canopée du tilleul une belle voute enveloppante.





En terminant : je vous parlais dans un billet précédent (ici) du demi de demi-févier Gleditsia triacanthos (févier d'Amérique, honey-locust) la version "améliorée" que l'on plante en ville maintenant. Sur la photo ci-haut vous pouvez voir cet arbre dans son aspect plus naturel. Regardez-moi ces aiguillons sur le tronc et les branches! Si vous étiez un mastodonte vous hésiteriez sans doute à le brouter… Si vous existiez encore évidemment!


En conclusion : si Charles vous invite à faire excursion: allez-y! Et comme moi vous lui direz "Merci!".



* Le blogue n'est malheureusement plus actif mais la page Facebook déborde d'énergie! Joignez-la ici: Arbres remarquables et boisés du Québec.

**Les arbres du Canada, John Laird Farrar, Fides.



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