vendredi 21 août 2009

Paysage advenu/paysage à venir

 
derrière, un paysage?


Je n’ai qu’une connaissance superficielle de l’endroit et du Grand Projet d’aménagement vert. Il deviendra un parc, “le quatrième plus grand espace vert de la métropole après le parc du Mont-Royal, l’île Ste-Hélène et le parc Maisonneuve”. “La création de ce parc fera maintenant de St-Michel un havre de verdure”. Ce n’est que ma troisième visite et l’immensité des lieux, sous un grand ciel, inhabituelle en milieu urbain, ne se laisse pas appréhender facilement.

Avant de m’attarder au trou, l’ancienne carrière Miron et l’actuel Complexe environnemental de Saint-Michel, permettez-moi d’en faire un peu le tour. Entre ce trou et la rue Papineau il y a cette longue bande végétalisée que nous sommes allés visiter Charles l’Heureux et moi.

C’est en partie terrains vagues ou friches bien pourvus d’arbres et végétations spontanés. Ici comme ailleurs un espace ayant été disponible, un paysage s’est installé. Ce paysage est aussi un habitat et une biodiversité y vit et grouille. Un paysage à conserver.


C’est un paysage advenu.


 
devant un paysage


Mais pour ailleurs autour d’ici, quels sont les paysages à venir? Architectes du paysage vous ferez de Grands Travaux? De grands plans suivis de grandes mises en place raisonnées? Ou seront-ils de ces nouveaux travaux invitants que je vous propose, faits pour des paysages qui s’installeront tout seuls en vagues changeantes de leurs lenteurs? Pourquoi ne pas vous contenter de mettre la table et d’attendre de voir qui seront les invités?

Ces paysages spontanés déjà présents ici, non seulement sont-ils d’une temporalité qui n’est pas synchrone avec nos voeux et projets, ils se sont de plus installés dans des coins à côté de notre regard, tout concentré à la besogne et qui ne les remarque même pas...Ce sont pourtant des exemples de paysages adaptés au milieu urbain et, surtout, écologiquement fonctionnels et diversifiés. Plus qu’un parc ou un espace vert en tout cas...


Et si les paysages advenus étaient les modèles des paysages à venir?


 
dans le paysage


Peut-on imaginer pour ces futurs lieux, en s’inspirant d’un regard autour, un aménagement vert ouvert et collaboratif avec personne! Ou plutôt avec les dynamiques biologiques propres aux lieux? Ce ne serait jamais fini et il n’y aurait pas alors de cérémonie d’ouverture. Ce qui est embêtant pour de si grandes dépenses...Mais le temps du paysage n’est pas du temps immédiatement utilisable, mobilisable ou même mesurable, encore moins monnayable... un paysage serait à venir... on ne sait quand... comment... pourquoi... un effroyable inconnu peut-être. Ou un nouveau type de paysage...

Il faut collaborer à la production de paysages urbains fonctionnels écologiquement. Pour cela il ne s’agit que d’établir les conditions initiales par une diversité géomorphologique (déjà présente ici) invitant une biodiversité qui veut absolument collaborer...N’avez-vous pas remarqué son obstination!

Lieux de rencontre des humains et des autres espèces les paysages à venir seront aussi ceux que l’on pourra le mieux ressentir et éprouver, au meilleur bénéfice de tous.



 
à quelle vitesse faut-il apprécier un paysage?


Le paysage est-il fait pour passer à côté ou pour traverser? Ou pour y être? Est-il plus qu’un fond d’écran pour nos activités de loisir ou de transport? Une vitrine de notre excellence environnementale? Nous sommes incapable de faire des paysages pour nous-mêmes. Nous sommes toujours avare de partager l’espace avec les autres espèces. On ne fait pas de paysages s’ils ne sont pas des habitats. Il y a cet infranchissable mur que nous érigeons entre elles et nous. Entre nous et le paysage.

Les paysages sont vivants et changeants alors que nos aménagements ressemblent à la simplification des dessins AutoCAD dans un cadre, des maquettes sur une table. Nous faisons du paysage comme de l’architecture. La ville idéale est statique, motif à traverser. Nous aménageons encore nos espaces verts de la même façon: ce statique appliqué à l’espace vert exclus la biodiversité. Nous créons en fait un déficit de paysage, un désert pour la biodiversité. L’importance des arbres est pressentie et nous arrêtons là la réflexion. Nous ne faisons en fait pas de paysage. On fait n’importe quoi...



 
il ne manque que notre regard à ce paysage advenu


“On n’est bien ici!” Oui Charles on est bien ici. Mais où sommes-nous exactement? Nous sommes en nature...de chaque côté les arbres font écran, nous sommes dans le paysage, nous éprouvons le paysage...

"Un paysage, ça s’éprouve..." Tu as parfaitement raison. Nous ne sommes pas occupés à faire comme s’il n’était pas là. Nous ne sommes surtout pas occupé à faire comme si nous n’y étions pas!


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