Les usages d’un terrain vague

frontière spirituelle?

D’un côté de la muraille il y a la spiritualité autorisée et protégée des Carmélites cloîtrées. De ce côté, nous sommes au terrain vague du Mile End, il y a aussi de la spiritualité et bien d’autres comportement des humains. Ces derniers méritent-ils notre attention?

Il y a une vingtaine de soeurs dans le Cloître des Carmélites. Elles sont occupées à... je ne suis pas certain...je crois bien qu’elle prient ou qu’elles chantent. Dans un rapport avec leur Dieu. Personnellement si je comprends un moine ermite, je comprends moins facilement une isolation en groupe du reste du monde. Mais cela ne me regarde pas et elles jouissent d’un regard respectueux de l’ensemble de la société et c’est probablement raisonnable de les appuyer dans leurs démarches spirituelles. Religion, usage, culture et histoire.

usagers non-inscrits

Face à la muraille, entièrement refaite à nos frais, il y a donc un grand terrain vague. Les usages ici sont un peu plus variés, souvent assez exotiques et surtout non-quantifiés, non-qualifiés. Il y a même des usages de types spirituels.

On a fait de savantes études de “circulation” sur ce terrain vague. Des analyses visant à nous aider à placer des rues, des trottoirs, etc. On s’intéresse ainsi aux humains transitant entre les lieux de travail et la station de métro, par exemple. L’espace est ici considéré comme chose à traverser. Et on va y mettre de petites autoroutes...entourées de tapis verts manucurés.

Peut-on inverser la proposition? Si le “design”, l’aménagement, partaient de la considération que c’est l’espace qui traverse les humains? Un espace traversant qui agit sur les humains. L’ensemble varié d’usages de cet endroit n’est pas pris en compte. On calcule le transit ...mais pas les transis! On ne calcule pas dans une étude de circulation ce qui ne bouge pas...

chaman incendiaire

Dans une journée typique l’ensemble de ces usages non-répertoriés représente plus d’heures/humains que l’ensemble de la circulation transitoire. Il n’y a pas que les humains traversant sans toujours faire attention...il y en a (au moins autant) qui viennent ici et s’arrêtent pour éprouver et sentir cet espace, pour en ressentir les bienfaits. Lumière, vent et verdure.

Laurent promène son chien dans ce “parc”, Shanna vient prendre un bain de nature en connexion spirituelle qui semble lui faire le plus grand bien, Patrick marche avec ses chiens Pasha et Manzie qui peut cacher la balle dans les hautes herbes, Nikki vient prendre des végétaux pour faire le décor d’un film d’animation.

Quant au chaman du 21e siècle, faisant un feu avec des ordures et s’autofaisait une Bar Mitzvah, il représente certainement un extrême spirituel rarement documenté dans les études de circulation...

Mettez-ça sur vos tables à dessins: tous sont là à cause de la nature sauvage des lieux...