Tout d'abord, tel qu'annoncé une photo d'oiseau : un pic mineur (Picoides pubescens, Downy woodpecker)
Le boisé du parc Marcel-Laurin, nous y voilà. C'est Fido qui sera content!
Nous avons eu quelques beaux jours cette semaine. C'était un autre été des Indiens et novembre a maintenant repris ses droits. Quelques beaux jours bienvenus et je suis pas mécontent d'avoir eu l'occasion de reprendre l'exploration des espaces verts (toutes catégories confondues) sur l'île de Montréal. J'ai pu enfin visiter le boisé du parc Marcel-Laurin. Ce boisé de 17 hectares est en fait la partie plus naturelle d'un grand parc urbain dans l'arrondissement Saint-Laurent. Je vous fais part aujourd'hui de quelques notes et observations.
Un grand saule dans la zone humide.
L'organisme responsable de l'aménagement de l'ensemble et des importantes plantations est le
Comité Écologique du Grand Montréal (CEGM). Ils ont sous leur bonne gouverne d'autres sites qui ont connus le même travail toujours difficile en milieu urbain. Je vous reparlerai un peu plus du boisé des Pères bientôt. Dans tous ces sites ils sont aussi responsables du travail coûteux et acharné qu'est la coupe des nerpruns*. Le nerprun est un végétal presque sisyphien… prolifique (grâce aux oiseaux) en tout cas! Mais revenons à notre boisé.
Un gros spécimen de nerprun cathartique, encore bien vert.
Le nerprun bourdaine (Rhamnus frangula) qui refait des siennes... Couper et recouper...
La petite forêt est située en marge d'une ancienne terre agricole sur une zone humide traversée par ce qu'on nomme le ruisseau Raimbault. Je n'en suis pas certain... n'ayant pas une complète documentation sur le tracé de ce cours d'eau. De plus les sources (sans jeu de mots…) sont contradictoires (et l'admettent). Peut-être peut-on s'entendre et dire que ce qui traverse l'endroit est un large fossé de drainage rectiligne utilisant peut-être en partie un cours d'eau, le Raimbault? Peut-être quelqu'un m'éclairera?
Un des ponts traversant le ruisseau-fossé.
Dans tous les parc-natures que je visite je suis toujours aux prises avec ce qui me semble des artefacts découlant probablement des réalités socio-politiques plutôt que des considérations écologiques. Ailleurs comme ici les nombreuses infrastructures d’accueil (plusieurs tout autour du boisé), les différentes signalisations et panneaux d'interprétation, les sentiers recouverts d'un moelleux tapis de paillis qui donnent l'impression d'être dans son condo et ces ponts me semblent toujours incongrus. On veut, à grand frais, faire et dire "parc" et y donner accès. S'agissant d'un morceau de "nature" en voie de renaturalisation, ne vaudrait-il pas mieux avancer un peu plus le travail d'extirpation du nerprun d'abord? On coupera le ruban devant les journalistes dans quelques années, non?
Dans un contexte de ressources limitées et de commanditaires peut-être pressés je crains que l'on ne mette la charrue avant les boeufs... Mais je m'égare malgré toute cette signalisation... Retournons au bois.
Quercus bicolor (chêne bicolore, Swamp white oak)
De nombreux chênes (chêne bicolore surtout) ont été planté et partout on les remarque : si tard dans la saison ces arbres sont parmi les derniers (chez les espèces indigènes) à garder encore leurs feuilles colorées, contrastant remarquablement avec les feuilles mortes. On souhaiterait un accent moins fort sur les chênes et un plus de diversité? Ce n'est pas partout humide... Je dois noter le choix d'une bonne variété dans la famille des Caprifoliacées toutefois. Des viornes plantées à profusion et on a même gardé les chèvrefeuilles malgré qu'il soient exotiques.
Oups! Dommage collatéral à la chasse au nerprun : une belle aubépine coupée...
On protège avec raison les arbres plantés par un manchon anti-rongeur. S'agissant d'une "forêt naturelle" je me demande pourquoi on ne porte pas une attention aussi généreuse pour les espèces spontanées, propres à ces terres agricoles : les aubépines ou les chênes à gros fruits par exemple...
a : semis naturel d'aubépines ; b : semis naturel de nerpruns...
Les aubépines adultes résistent bien au nerpruns. Pour leur regénération il faut toutefois un coup de main! Retirez les nerpruns et les aubépines reprennent ce qui est leur territoire : un milieu ouvert.
À l'évidence le
contrôle des nerpruns a un effet bénéfique sur la régénération des
aubépines et de nombreuses autres espèces. Les petits arbres que sont
les aubépines me semble trop souvent négligés alors qu'ils sont
emblématiques des haies et des friches agricoles en milieu ouvert ou en
marge d'un boisé. Il y a quelques beaux spécimens (non-identifiés...)
ici. Les oiseaux adorent pourtant... Trouvez ici la liste des oiseaux
observés sur les lieux: fiche oiseaux du boisé.
Un chêne à gros fruits spontané (Quercus macrocarpa, Bur oak)
Micocoulier occidental (Celtis occidentalis, Hackberry)
L'âge des micocouliers ci-haut peut suggérer qu'il s'agisse en fait d'avichorie (dissémination des graines par les oiseaux) à partir d'arbres plantés dans les parcs ou les rues avoisinantes.
Par ailleurs le CEGM a mené avec sérieux les inventaires (flore, avifaune, herpétofaune) et ils ont fait un travail assez exhaustif d'ajout de dortoirs à chauve-souris et papillons, de mangeoirs hivernaux pour les oiseaux et de toutes sortes de nichoirs pour ceux-ci. Bravo!
Ce document vous donnera toute l'information de base sur leur travail:
Boisé du parc Marcel-Laurin
J'anticipe avec plaisir de revenir ce printemps et constater les espèces herbacées présentes, entre autres l'aigremoine pubescente (Agrimonia pubescens, Downy agrimony). En attendant je garde le bon souvenir du boisé et de cette pommette savoureuse et parfumée : elle a connu le gel sur l'arbre.
Un cidre glacé virtuel... pour qui sait attendre!
Trouvez l'endroit sur cette carte Google: boisé du parc Marcel-Laurin
*Comme partout dans la région les deux espèces de nerpruns sont présentes : Rhamnus cathartica (le nerprun cathartique) et Rhamnus frangula (le nerprun bourdaine).