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samedi 14 septembre 2013

Brèves



Orme d'Amérique, Ulmus americana

La variabilité des feuilles chez une espèce d'arbre peut être assez étonnante. On sait que les jeunes arbres peuvent avoir des feuilles exubérantes et surdimensionnées. À gauche, outre la largeur surprenante de cette feuille de l'Orme d'Amérique (qui m'a d'abord fait penser à un Orme rouge), il faut noter qu'elle faisait 20 cm de long. J'ai aussi pris cette feuille (à droite) d'un jeune arbre: plusieurs avaient ce petit lobe supplémentaire que je n'avais remarqué que chez un hybride non-identifié, pas sur notre Orme d'Amérique.




Petits Peupliers deltoïdes... Ça commence comme ça les géants! Un jour haut comme trois briques. Demain haut de trois étages. Plus tard haut comme trois buildings.


Toppling the Top-heavy: shocking!!!


Le réaménagement de la rue Laurier a fait des vagues. On y a sérieusement réduit la circulation automobile et installé une piste cyclable. On a aussi élargi les trottoirs et fait un petite place.  Il y a eu pas mal de protestation. Vous savez: le droit divin de la bagnole... Pour ma part, comme ça a donné une place publique bien fréquentée devant l'église et autour de la station de métro je trouve ça pas mal. Je passe par là assez souvent et depuis ce ré-aménagement je vis une expérience assez étrange: en arrivant dans les parages et en traversant je me sens... à l'aise. Je n'ai pas à faire cette étrange préparation mentale et physique d'arriver à une intersection où ça roule vite et fort dans les deux sens... Il fallait se raidir d'attention et avoir les sens alertes et presque retenir son souffle pour traverser les yeux exorbités. Il fallait surtout attendre et attendre... Comme piéton je peux maintenant traverser dans ce même état mental (dans les nuages, disons...) et au même rythme dans lequels j'étais arrivé dans les parages. Même les vélos vous laissent passer... c'est un choc... Tempérer les rapports entre les différents modes de déplacement semble un réussite.

Où le bât blesse c'est l'installation de ces ridiculement énormes et verticaux pots de fleurs en toc. Si les aspects de régulation de circulation semblent porter les fruits attendus, l'aménagement décoratif dignes d'un magazine de déco est un flop ennuyant. Une esthétique de terrasse-jardin privée de bon goût pour nouveaux-riches... Subtile et déplorable gentrification... Faites-le chez vous si ça vous chante, mais ici? Quel est le message? "La ville est le prolongement de mon chez moi confortable"? Ainsi des gens ont été choqué d'incompréhension quand des mecs pas commodes et probablement ivres (n'est-ce pas?) ont renversé nuitamment les pots bien hauts, faits pour être renversés... 

Le sens de la beauté assurée semble avoir des dissidences...




Photo prise en passant par le Champ des Possibles... la campagne en ville... 

Il y en aura pour vouloir rendre ça "beau" ici aussi...

Basta!




samedi 7 septembre 2013

Découvrir la disparition





C'est un petit boisé installé sur une friche clôturée à Westmount près du métro Vendôme. C'est sûrement le seul endroit du genre dans cette ville de gens plus à l'aise qu'ailleurs. Ils ont de beaux parcs avec des arbres plus que centenaires. Et ce petit boisé sauvage...

Je suis passé par ici à quelques reprises mais sans pouvoir y entrer. Aujourd'hui alors que je me rends au parc Westmount, une surprise: c'est ouvert!

Cliquez ici pour une localisation sur une carte Google.



Le sol est encore en bonne partie recouvert d'asphalte et de légères dépressions retiennent un peu d'eau. Cela permet habituellement aux mousses d'y prendre pied. Mais cella-là est un peu haute pour de la mousse...



 ...ce n'est pas de la mousse ...c'est du pourpier (Portulaca oleracea, Common Purslane). Je ne me souviens pas d'en avoir vu de cette curieuse forme, courte et en colonie étendue imitant les mousses. C'est plutôt une plante de milieux secs et sablonneux. Elle pousse très bien sur les trottoirs par exemple. Les feuilles sont juteuses et charnues à la façon des plantes grasses. Le plante supporte ainsi la chaleur et la sécheresse sans problème.



Il faut croire que la dépression est parfaitement ajustée aux besoins de la plante. Ou, pour dire autrement, la plante trouve ici assez de ce qu'elle a besoin pour y survivre! Si la dépression était quelques millimètres plus profonde elle garderait trop d'eau pour notre pourpier qui nécessite un milieu sec. Mais comme il n'y a pas de sol à proprement parler la plante souffre de ce manque et ne peut se développer plus. Elle adopte cette forme courte et déprimée... un équilibre précaire!

Je me rends compte que j'ai souvent parlé de cette plante, voyez ces billets et constatez les formes plus habituelles du pourpier:

Ici, ici, ici, ici et encore ici, ou finalement, je crois, ici.



Un peu plus loin une autre dépression et une autre colonie de pourpier, traversée par les deux vignes soeurs des friches: en haut la Vigne des rivages (Vitis riparia, River Bank Grape) et en bas la Vigne vierge à cinq folioles (Parthenocissus quinquefolia, Virginia creeper). Ces grimpantes (qui rampent ici) ont des intentions de verdissement...



Vue de cet habitat asphalté d'une friche, où le pourpier dispute l'espace aux mousses. Vous voyez le petit drapeau orange tout au fond?



Je ne croise pas souvent des mûriers sauvages. Je n'ai pas fini l'examen des spécimens que j'ai pris alors je ne prononce pas: il s'agit du Mûrier blanc (Morus alba, White mulberry, très probablement) ou du Mûrier noir (Morus nigra, Black mulberry) beaucoup moins probable...



Une vue d'ensemble de la friche et des bosquets qui l'entourent. Derrière, à droite, pour vous situer, on voit le nouvel Super-Hôpital McGill. 

Vous voyez les traits de peintures orangées au sol?

Outre le mûrier on y trouve des Érables ginnala (Acer ginnala, Amur Maple), Érables à Giguère (Acer negundo, Manitoba maple), Peupliers deltoïde (Populus deltoides, Eastern cottonwood) des Ormes de Sibérie (Ulmus pumila, Siberian Elm) et des Ormes d'Amérique (Ulmus americana, American elm).



C'était la première fois que je pouvais explorer un peu cette friche. Au centre vous voyez (enfin... justement, vous ne la voyez pas!) la porte de la clôture ouverte pour la première fois. Il semble que le lieu soit enfin ouvert pour mieux être fermé. Les drapeaux orangés signalent des intentions de développement. 

C'est la fin de ce boisé.


samedi 31 août 2013

Le coeur de la haie


Je pars en excursion. 



Cette curieuse expérience d'avoir planté des conifères dans des bacs en béton fait le caractère particulier de la rue Duluth. Et on y ajoute chaque été de la décoration: que ferions-nous sans les éternelles impatientes... Je passe par ici à tous les jours et c'est maintenant que les patates douces (Ipomoea batatas, Sweet potato) atteignent tout juste leur débordement, et révèlent leur luxuriante tropicalité.  À la toute fin de la saison... à temps pour les ranger, quoi! Une alternative (je le répète): mettez-y des Vignes du rivage! (Vitis riparia, River Bank Grape). C'est une espèce vivace, résistant à tout et produisant des petits raisins... Côté luxuriance, elle n'a rien à envier à la patate, aussi douce soit cette dernière... La Vigne des rivages est indigène, vivace, non-gélive et utile aux oiseaux. On ferait des économies en plus...  

Avançons...


 
Note: Faut pas que j'oublie d'aller inspecter cette ruelle "verte", volontairement verdie avec effort citoyen et dépense. Qu'en reste-il? La flore spontanée semble avoir remplacé les herbacées qu'on y avait planté. Sans soins assidus c'est inutile.



Coin avenue du Parc. On le plante en masse: le Chêne à gros fruits (Quercus macrocarpa, Bur oak). Espèce magnifique, naturellement présente dans la région, adaptable à tous les sols et supportant l'environnement urbain. Étonnant de voir ces jeunes sujets (plantés il y a un an ou deux sur l'avenue des Pins) qui produisent déjà des glands. Ils sont les plus gros (cela a peut-être inspiré le nom de l'arbre?) et sont très reconnaissables à la frange qui borde la cupule portant le gland.



Explorant les coins et recoins urbains, j'aperçois au loin la belle cime ci-haut (hum... cime ci-haut... est-ce assez euphonique?). Quel est ce grand arbre?

 

Surprise! C'est un très beau Chicot févier (Gymnocladus dioicus, Kentucky coffeetree) au long fût, un peu inhabituel. L'arbre porte des branches basses normalement. Celui-ci non et il fait au-delà de vingt mètres, ce qui est pas mal du tout pour l'espèce. 

Je vous le montre de deux points de vue, également élégant sous toutes les coutures. Quel gracieux feuillage. Les feuilles de l'arbre sont énormes: elles font jusqu'à 60 x 90 cm. Je crois bien en avoir prise une qui faisait un peu plus...



La voici cette feuille géante. Il n'y a qu'un seul point d'attache du pétiole sur la branche: ceci est bien une seule feuille. On dit: feuille doublement composée ou composée-bipennée. À partir du pétiole central, des rachis portent des folioles sur des pétiolules. C'est évident! La feuille ci-haut fait 90 cm justement. Pas facile à photographier! Feuille au plancher, moi perché dans l'escabeau...



Toutes ces déambulations, pourquoi donc? 

Je venais revisiter le réservoir McTavish sous l'actuel Parc Rutherford. La façade rocheuse ci-haut résulte de la coupe du piémont pour creuser le réservoir vers 1850. Vers 1950 on recouvre le réservoir et ça nous a donné ce parc. On y fait actuellement des travaux et on a "régularisé" la "falaise". Bien des arbres y sont passés… Ceux qui restent ont les racines exposées... Disons qu'on en a pas pris grands soins. Il y avait ici entre autres des sorbiers (Sorbus americana, Sorbier d'Amérique) perchés sur le roc. Very romantic. Disparus! Dommage, ces derniers étaient trop bien à leur place. Le nom anglais de cet arbre est Mountain ash, cela lui rend très bien justice. 

Coincés entre le sommet de la falaise et l'avenue des Pins derrière, ces arbres forment un boisé linéaire. C'est une haie urbaine selon ma propre définition. En milieu anthropique sa diversité est d'origine complexe, avec quelques aspects intéressants. Tout d'abord
le lien avec la montagne est évident. Certaines de ses espèces fruitières ont probablement migré ici. 

Mais il y a aussi d'autres fruits...



Malgré le ciel couvert et les nuages menaçant derrière la montagne, il faisait très chaud, je n'étais sorti que pour une heure, une heure et demi croyais-je, je n'avais pas apporté d'eau. Je suis sur la route depuis plus de deux heures maintenant. Alors la soif. La soif et un petit creux. 

Justement, les haies ont habituellement des pommiers,  peut-être est-ce même un élément nécessaire, constitutif... Je suis déjà venu, je savais qu'il y en avait ici. Des pommes? J'en ai trouvé, juteuses et délicieuses en plus! Tout va mieux.

En campagne, comme en ville, le long du chemin (ou du trottoir...), le promeneur croque sa pomme puis sème ainsi le coeur de la haie... 

Merci au promeneur qui m'a précédé!

 



vendredi 16 août 2013

Tour de l'orme






Orme d'Amérique (Ulmus americana, American elm). Un seul, mais vu de trois côtés. Il n'est pas d'une forme typique, c'est probablement dû à l'émondage de quelques grosses branches. Si je ne vous avais pas dit que c'était le même arbre, vous l'auriez deviné?

L'arbre est à Châteauguay. Son tour de taille est de 3,14 mètres (merci Charles...). "Ça donne un DHP (diamètre à la hauteur de poitrine) de... 1 mètre!" J'étais très fier de mon hyper-calculateur cérébral. Il a marché tout seul et craché le chiffre! Charles m'expliquait ensuite comment faire et défaire la formule mais peine perdue... je savais que c'était juste sans savoir exactement comment j'avais le calcul...

Ça rajeunit...

 

samedi 10 août 2013

La chênaie du Plateau Mont Royal!



Partons vers des régions sauvages du Plateau Mont-Royal.


Dring! Un téléphone. "T'as déjà vu ce grand chêne à gros fruits dans la ruelle près de Marie-Anne?".

Je réponds "Euh... non!? Où ça??" C'est à côté de chez moi ce grand arbre. Je ne le connais pas. C'est assez embêtant! Je ne visite jamais cette ruelle... j'ai toujours supposé qu'à part les ordures cette ruelle n'avait rien à offrir. Erreur! 


Un sentier nous donne accès à une drôle de forêt.

Vous conviendrez que comme lieu d'exploration on a vu mieux. Mais allons-y, avançons...



Pop! Que voilà? Le kit Ikea? Non! Derrière la boîte de cartron... C'est un jeune chêne!



Et sur le pare-choc de la bagnolette? Quo? Un autre chêne! On ne voit pas bien sur la photo mais il y a quatre autres jeunes chênes.



Et ce correspondant qui m'a gracieusement invité ici? Monsieur Charles L'Heureux lui-même. Mon ami a trouvé un grand chêne et maintenant on se rend compte qu'il y en a partout. Si le chêne à gros fruits (Quercus macrocarpa, burr oak) est une espèce adaptable et tolérante en milieu urbain (on le plante pas mal en effet) on ne s'attend pas pour autant à trouver une chênaie en pleine ruelle! De chaque côté de l'arbre adulte, sur quelques centaines de mètres, les écureuils (et autres vecteurs) se sont chargés de distribuer les glands... dans les clôtures, sur les petits terrains, dans les stationnements et même dans les craques du béton ou de l'asphalte!

Une chênaie sur le Plateau? Dans une ruelle? C'est assez inattendu!


Vu d'un côté et de l'autre, voici le spécimen. Que fait-il là? Lui-même enraciné tout contre la clôture, a-t-il été planté dans un espace aussi étroit? Ou est-il lui-même un descendant de chênes qui étaient présents ici autrefois? Une hypothèse intéressante. Quoiqu'il en soit les glands de ce chêne ont une valeur toute spéciale: ils portent la génétique d'une adaptabilité à un environnement hautement perturbé. Un écotype urbain!



Un autre semis du chêne, en compagnie d'un arbre plus habituel dans les ruelles: un érable à Giguère (Acer negundo, Manitoba maple).

 

 Voilà un habitant adulte typique des ruelles (érable à Giguère)


En terminant, un peu moins surprenant, voici un micocoulier occidental. (Celtis occidentalis, hackberry). Il est lui aussi maintenant fréquemment planté sur les trottoirs (tout près d'ici) et les dans les parcs. J'en trouve fréquemment ici et là. Celui-là, ce sont les pigeons qui ont le contrat de distribution. Ils font un bon travail...


Bon weekend!



mercredi 3 juillet 2013

Ombres portées de l'orme



Trois colosses dans le "parterre" du parc Jarry

Trois arbres, de beaux grands arbres, dans un parc qui n'est pas le plus remarquable. Le parc Jarry est un grand ensemble de terrains de sports les plus divers, stade et terrains de tennis (la grosse affaire ici), pétanque, cricket et aire d'observation de la croissance de la pelouse, etc. Ne manque que le water-polo et l'équitation ou le Fuchsprellen! Un parc intensément fréquenté à coup sûr! Il y a beaucoup de place, beaucoup d'air, de lumière et du gazon... avec des aires de loisir libre (!). Jouer c'est bien, mais s'amuser c'est mieux! Et, moi, ce qui me branche c'est l'archéologie superficielle, peu profonde: d'où viennent ces arbres? 

Le parc s'est installé sur une prairie où on trouvait des terres cultivées et le ruisseau Saint-Aubin autrefois. Avant qu'on en fasse un parc, qui fût remodelé plusieurs fois, on y trouvait toutefois des arbres dont une forêt d'Ormes d'Amérique. (lisez un peu sur l'histoire du parc ici)

Cette forêt a des vestiges. Sur la photo ci-haut, de gauche à droite:

1- Ulmus americana, Orme d'Amérique, American elm
2- Quercus macrocarpa, Chêne à gros fruits, Bur oak
3- Quercus macrocarpa, Chêne à gros fruits, Bur oak

(Les mêmes numéros sont utilisés sur les photos suivantes)


Vues aériennes du parc.

À gauche, en noir et blanc: le parc Jarry en 1947-49 (photomontage de deux photos aériennes provenant des Archives VdM) et à droite une photo datant d'avant 2011 (avant qu'un écran de peupliers fastigiés soit planté), gracieuseté de Google Earth. Sur la photo d'archive, la plupart des ombres portées sont celles des ormes aujourd'hui disparus. Leurs silhouettes classiques ne mentent pas. Et in Arcadia ego...

Vous voyez les trois points jaunes? Tout juste? Rassurez-vous! Un agrandissement suit en bas. Ce sont les trois arbres montrés en ouverture.



Détail du montage précédent.

Accordez-moi un peu d'indulgence: je viens d'ouvrir ce dossier du parc Jarry et le repérage n'est qu'approximatif... Mon imprécision n'empêchant peut-être pas une certaine impression du sublime? C'est que, de toute cette population d'ormes, ces ombres photographiées, elles-mêmes caduques et disparues, visibles seulement par la copie et recopie d'un vieux document jusqu'ici sur mon blog, sont tout ce qu'il reste de ces arbres. Nos trois arbres sont quelques-uns des rares survivants. Notez qu'un autre orme se trouve dans la partie sud du parc, près de l'étang. Mais je crois bien qu'il ne reste que ces deux ormes. Et des chênes.


La forêt d'ormes disparus. Photo de Conrad Poirier, 1939 (BANQ)

Cette belle photo de Conrad Poirier nous donne une bonne idée de la singularité d'une forêt dominée par des Ormes d'Amérique. Il faut quand même souligner que cette forêt est sans doute le produit de la colonisation spontanée d'une friche par l'orme. Oui, cet arbre est une mauvaise herbe à ses heures! Je doute qu'une pareille configuration puisse se trouver dans la nature, sans un milieu transformé par les humains: la friche ou le fond de terre inutilisé.

Dire que c'était un parc spontané! Un aménagement sans-tête. Avec la voute de la canopée portée ainsi bien haute par des fûts sans branches, offrant une ample dilatation invitante. C'était le temps lui-même qui devenait une dimension habitable avec cette qualité de lumière et d'espace impossible à goûter aujourd'hui. On serait bien à marcher dans un pareil endroit! Le vin y serait doux cher ami!  

Impossible aujourd'hui? Ça mérite certainement réflexion!


Les lieux en 1943.

On ne dessine pas les parcs pour des gens comme nous... Dans nos parcs et espaces publics, en-dehors des installations sportives, il semble qu'on ne dessine que sur deux modes: pour le plein soleil, avec des pentes aménagées où les gens s'installent, couverts d'une huile quelconque, afin de rôtir un peu. Ou alors on fait dans l'ombre totale, excuse toute faite pour planter des Érables de Norvège… On fait dans le noir ou le blanc… et le gris? On veut du gris!



Le parc en 1976

Et le gris de l'ombre de l'Orme d'Amérique c'est aussi beau en couleur... On veut des ormes...


L'Université de Guelph a ce projet justement: Elm Recovery Project


vendredi 7 juin 2013

Au parc Jeanne-Mance



Érable noir (Acer nigrum, Black maple)


Je suis allé bien souvent au parc Jeanne-Mance pour faire le suivi des douze spécimens d'ormes qu'on y trouve (ici et ici) . J'ai tourné autour aussi, sur la rue Esplanade et les ruelles, ce qui m'a permis de trouver des ormes sauvageons intéressants. C'est ainsi que j'ai observé que l'Orme lisse (Ulmus laevis, European white elm) se propage. C'est maintenant une espèce naturalisée.

La rue Esplanade, qui longe le parc, compte aussi quelques surprises: trois ormes (deux Ormes d'Amérique et un Orme lisse, tous des sauvageons) mais ce n'est pas tout.

On trouve aussi, c'est assez étonnant vu la rareté, un grand Érable noir (Acer nigrum, Black maple) qui avait échappé à mon attention entièrement portée sur les ormes. Je me disais, le regardant à peine du coin de l'oeil, que c'était un Érable de Norvège. Pas du tout! Ces deux arbres ont le feuillage vert fonçé, si on les regarde rapidement on peut les confondre. L'individu ci-haut fait quand même un peu plus qu'une vingtaine de mètres.


Ces deux spécimens d'Érable à Giguère ci-haut (Acer negundo, Manitoba maple) sont aussi des spécimens intéressants. On peut affirmer que cet arbre n'est jamais planté et son nom si familier me laisse toujours penser qu'un coup installé, il est amicalement toléré. C'est un sauvageon compagnon des maisons et des humains. Le premier (à gauche) atteint quand même une taille assez remarquable! Un ami de longue date sans doute… Celui à droite se colle, amicalement, sur un Marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum, Horse chestnut).



Il y a aussi cet arbre, un Peuplier baumier (Populus balsamifera, Balsam poplar). Outre que je découvre des feuilles différentes à l'automne et au printemps il a de plus un port assez singulier: quand même, un Peuplier baumier pleureur? 

Même dans l'ordinaire et le familier, un second regard apporte toujours de la nouveauté. Vous connaissez la chanson. Le parc Jeanne-Mance et ses environs sont bien plus riches que je le soupçonnais.


mardi 4 juin 2013

L'Orme champêtre au parc Jeanne-Mance



Ceci n'est pas l'Orme d'Amérique, c'est l'Orme champêtre.


Ou plutôt les Ormes champêtres, car il y en a deux! Avec les dix Ormes lisses, le compte est bon: douze ormes, mais aucun Orme d'Amérique au parc Jeanne-Mance…

L'inventaire des Arbres publics sur le territoire de la Ville de Montréal est disponible en données ouvertes téléchargeables (ici). Le Centre de la Science de la biodiversité du Québec (ici) en a fait une application reportant utilement sur une carte Google la géolocalisation des arbres inventoriées. Cette carte est sur le portail Quebio (ici). Évidemment dans une pareille masse d'information (plus de 222,000 arbres…) certaines erreurs sont présentes. Notons que la fenêtre ridiculement petite de l'application est une forme d'appropriation de l'information publique! On ne peut en effet sortir du site Quebio et accéder directement à la carte Google avec la possibilité de dimensionnement… c'est pas une attitude très ouverte… enfin... merci quand même...

Rameau et samares de ces Ormes champêtres


Cet inventaire nous dit que l'on trouve des Ormes d'Amérique au parc Jeanne-Mance. En fait, il n'y en a aucun! Les douze ormes (probablement centenaires) sont tous identifiés "Orme d'Amérique". Comme je le mentionnais (ici), l'inventaire de cette espèce à grande importance historique gagne à être plus précis… Quitte à découvrir qu'il s'agit souvent d'espèces exotiques… Que ce soit pour des raisons culturelles ou de préservation de la biodiversité, l'inventaire de la forêt urbaine mérite un meilleur effort. Quant à moi je trouve très intéressant ces ormes oubliés qui passent pour autre chose... Ils sont un enrichissement de nos espaces verts.



L'autre sujet au parc Jeanne-Mance

On trouve donc dans ce parc dix Ormes lisses (Ulmus laevis) et deux Ormes champêtres. Notez que selon l'auteur et le concept utilisé, Orme champêtre pourrait signifier Ulmus carpinifolia, U. procera ou U. minor. Ça c'est une autre question… Nous les appellerons "Ormes champêtres" au sens large pour l'instant.

Une chose est certaine ce ne sont pas des Ormes d'Amérique... La ptéléologie, quel passe-temps!




samedi 1 juin 2013

Brèves de juin




Sous les robiniers faux-acacias, prendre une douche de parfum... Ah! Juin!



Je vous montrais hier (ici) les fleurs du Nerprun cathartique qui sont doucement parfumées. Luc Lavoie (lecteur du blog et chasseur d'arbres) sait tirer partie de cet arbre indésirable et lui trouve une autre qualité: il en fait des cuillères en bois de nerprun!



Et il fait cuillères de tous bois! Et des paniers et des belles photos, chassant les arbres sur l'île de Montréal. Trouvez ses sites ici:





Je suis repassé voir le spécimen de l'Orme liège sur l'avenue du Parc.  The proof is in the pudding, dit-on, il me faut des samares. La dernière fois je n'avais trouvé aucune samare et c'était assez décevant. L'arbre par TOUS ses caractères était Ulmus thomasii: branches couvertes de liège noir épais, forme des feuilles et de leurs dents, et même les restes de l'inflorescence qui était bien un racème...

Cela assure à 99,9999% l'identité de l'arbre... mais avec les samares, plus aucun doute n'est permis.

Voyez ces autres billets sur le même spécimen:



Bon weekend!

 

mercredi 29 mai 2013

L'Orme lisse au parc Jeanne-Mance



Au centre: un des Ormes lisses centenaires du parc Jeanne-Mance.


Il y a une dizaine de jours je vous parlais de la présence de l'Orme lisse (Ulmus laevis, European White Elm) au parc La Fontaine (ici). Mais cet arbre peu connu se trouve aussi au Château Dufresne et au parc Jeanne-Mance. Je mentionne tout de suite que cette recherche ptéléologique est une collaboration avec mon ami Charles L'Heureux.

À Jeanne-Mance, il y a deux semaines, avec l'aide de Barry Michalshyn, je suis allé voir tous les ormes suspects identifiés l'automne dernier dans le tiers Nord du parc. J'ai échantillonné tous ces spécimens (samares et les feuilles, je possédais les bourgeons d'hiver dans quelques cas). Résultat: il n'y a pas d'Orme d'Amérique au parc Jeanne-Mance!

Pas dans le parc en tout cas! J'ai bien trouvé un Orme d'Amérique sur la rue Esplanade, tout juste devant le parc, mais pas dans le parc lui-même. L'Orme d'Amérique (Ulmus americana, White elm) a probablement déjà été présent dans le parc et ce serait un rejeton que nous trouvons de l'autre côté de la rue aujourd'hui.

Samares de l'Orme lisse (même spécimen que ci haut)


L'inventaire des arbres publics de la Ville de Montréal ne mentionne que l'Orme d'Amérique sur le parc. Outre qu'il ne se trouve pas dans la section examinée, on y trouve DEUX autres espèces*! Cela ne semble pas documenté.

Il est à noter de plus que j'ai trouvé un spécimen un peu ambigu dans la ruelle à côté du parc. Il semble intermédiaire par certains caractères mais possède les longs pédicelles de la samare: une bonne marque de l'Orme lisse. Ces deux ormes sont en fait de proches parents, partageant la même section dans le genre Ulmus: la section Blepharocarpus (Ormes à samares ciliées). Les samares sont assez semblables mais on arrive (dans la plupart des cas!) à les différencier. Dans la Flore Laurentienne, Marie-Victorin souligne cette parenté:


"L'orme d'Amérique appartient au groupe des Ormes à samares ciliées, et semble être le pendant américain de l'Ulmus laevis d'Europe"


Feuilles de l'Orme lisse (même spécimen)


La diversité des arbres de nos parcs publics est imparfaitement connue. S'agissant d'une espèce emblématique menacée par la graphiose (la maladie hollandaise de l'orme) il est important de bien identifier l'Orme d'Amérique. Dans le coin du parc Jeanne-Mance ses effectifs sont bien moins importants que l'on pense!

D'autre part il est intéressant de noter que le discret et oublié Orme lisse se propage spontanément: un spécimen de la rue Esplanade lui correspond. Ce qui signifie que l'on peut ajouter son nom à la liste de la Flore du Québec, l'arbre est naturalisé et produit des samares fertiles...

Charles a mesuré l'arbre-même présenté ici et il propose ce spécimen d'Orme lisse faisant 280 cm de circonférence au titre de champion québécois de l'Ulmus laevis au Québec. Le répertoire des arbres remarquables du Québec publié en 1994 avait omis de parler de ces ormes méconnus venus d'Europe.

Voyez ce billet du 2 mai 2013: Les ormes du parc Jeanne-Mance
 

*J'y reviendrai...