vendredi 31 juillet 2009

Humains imaginant l’avenir d’un terrain vague





Ça prend tout un village pour rêver un terrain vague



Je suis allé photographier des collaborateurs du livre à paraître d’Emily Rose Michaud. Quelques usagers aussi: la dame au bouquet allait souper chez son ami et lui a fait un petit cadeau fleuri. Un usage très attachant de la flore spontanée!


Le livre d'Emily en projet:

“Terrains vagues, engagement citoyen et la ville ouverte: Le Projet du Jardin Roerich”


L’ouvrage paraîtra bientôt aux éditions Artefatica et portera sur l’histoire du terrain vague le Champ des Possibles dans le Mile End, l’art qui s'y fait, les gens, la biodiversité de l’endroit et son avenir.


Définitivement à surveiller!




jeudi 30 juillet 2009

À l’ombre de l’Anse à l’Orme

 
la prudence dans les pas, soyez attentif! herbe à puce...


Notre visite de lundi à l’Anse à l’Orme nous a donné l’occasion de visiter la forêt du même nom. Passant de la pleine lumière des milieux ouverts à l’ombre profonde de la forêt est une transition difficile pour les yeux et il faudra utiliser le flash pour les photos.


 
monotrope, capillaire et épipactis



Charles et François ont déjà commenté sur les grands arbres qu’on y a trouvé et surtout le peuplement de hêtres dont certains ont une taille imposante. Écorce grise, lisse et au tronc bien droit. L’endroit est une ancienne érablière et le sol est bien dégagé, permettant une circulation aisée. Toutes les espèces familières aux visiteurs du Mont-Royal se trouvent dans la forêt: gingembre sauvage, sanguinaire, cohosh bleu (aux feuilles bien plus grandes toutefois). La forêt est peu visitée et en bon état si on considère les nombreux groupes de plantes aux sol.



 
au milieu de deux inconnus: la chanterelle



L’agréable surprise est de trouver beaucoup de capillaire (Adiantum pedatum, adiante du Canada, northern maidenhair), une fougère que je n’avais plus vu depuis longtemps. L’impatiente à petites fleurs (Impatiens parviflora, small balsam, p.145) me surprend aussi mais je me rappelle l’avoir vu à la falaise Saint-Jacques où la forêt est une plantation de la ville. Dans le même ordre d’idée l’orchidée Epipactis helleborine est bien installée ici comme si elle était chez elle: à l’ombre et les pieds humides et frais. L’hépatique à lobes aigus (Anemone acutiloba, sharp-lobed hepatica, autrefois du genre Hepatica) et Carex plantaginea (carex plantain, plantainleaf sedge) et aussi l’herbe à puce et même des Monotropa uniflora (monotrope uniflore, indian pipe) indique un milieu assez diversifié.

Je laisserai les spécialistes identifier ces champignons: le seul des trois que je connaisse c’est la chanterelle. C’est en curiosité scientifique pure que je l’ai mise à la poêle...je peux confirmer son identité...

Allez absolument visiter cette grande forêt: le dépaysement (ou le re-paysement?) est garanti!




mercredi 29 juillet 2009

Les terrains vagues encore à CIBL 101,5







Écoutez la conversation entre Arthur Lacomme et Louise-Marie Bouchard ainsi que le reportage d’Arthur Lacomme diffusés le mardi 28 juillet 2009 pour l’émission J’aime Montréal:



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Rue Louis Hémon

 
une "envahissante" contenue par le béton

 
le feuillage en arabesque et les couronnes aux couleurs changeantes


 
à gauche: la mère patrie, la flèche indique l'émigrante

 
Susan nous regarde


Les trous d’arbres sur les trottoirs des quartiers résidentiels sont des microcosmes portant des surprises. Près des jardins fleuris on y trouve souvent des échappées de culture. Les deux espèces présentées ici sont des plantes anthropophytes bien connues. Dans les cas présentés ici je ne suis pas certain qu’il ne s’agissent pas de plantations volontaires. Bien des résidents choisissent d’embellir ainsi ces petits espaces.

Même quand il s’agit de plantes spontanées (sans intervention humaine directe) les voisins optent souvent pour une protection de la surprise et installent des cordons ou des petites clôtures. Un geste de reconnaisance des services de la flore spontanée!

Je connais depuis longtemps la colonie de coronille bigarrée (Coronilla varia, crown vetch, p.198) ci-haut et je n’ai jamais remarqué de fruit (des gousses). Peut-être ne fait-elle pas partie de la ligne de patrouille des abeilles du coin? C’est de toute façon une plante vivace parfaite pour cette habitat au sol pauvre et sec et sa floraison s’étend sur de longues semaines.

La rudbéckia (Rudbeckia hirta, blackeyed Susan, p.127) aussi est très adaptable et est un bon sujet sans soin pour les trous d’arbres. Il m’est impossible de le certifier mais je crois bien qu’elle soit spontanée et originaire du jardin à côté. C’est une plante indigène qui s’adapte bien aux milieux anthropiques secs.



La Jamésie c’est pas la Jamaïque?

 
non François, c’est pas de l’absinthe...

L’homme à l’absinthe, François, a aussi son blogue. Photographe et naturaliste il a été formé à une bonne école: il vient de la Baie James. Son projet est de documenter ce qui est remarquable et non-remarqué dans la ville de Montréal. J’ai une petite idée de ce qui s’en vient: il nous parlera d’arbres et de plantes, bien sûr, mais il connaît aussi les champignons et la vie urbaine avec quelques-uns de ses secrets.


Trouvez son blogue ici: GET 2 JOBI


mardi 28 juillet 2009

West Island Beauties

 
île aux ormes?


 
où se jette la rivière à l'Orme


 
trois hommes devant trois beautés


Go west young men. Nous avons fait un tour de voiture direction plein ouest et à l’Anse-à-l’Orme. C’est le bout de l’île et du monde en quelque sorte. La rivière à l’Orme s’y jette dans le grand lac. Sur l’autre rive on aperçoit tout juste le filet clair de la plage sablonneuse d’Oka. C’est une petite baie comme un creux vide, car sans...orme...Il y avait un bon vent sur le lac des Deux Montagnes.

Pas loin de Baie d’Urfé on s’arrête pour jeter un coup d’oeil sur un fossé. L’eau y circule bien avec les pluie de la veille. Et au pied des quenouilles on trouve de grandes Verbena hastata (verveine hastée, blue vervain) typiques des lieux humides et des rivages.

Mais on trouve aussi la Veronica anagallis-aquatica (véronique mouron-d'eau, brook pimpernel, water speedwell). Je ne sais si cette station est répertoriée pour cette plante susceptible d'être désignée menacée. La plante est rare et c’est une hydrophyte, les colonies aperçues étaient littéralement dans l’eau des fossés.

Curieusement la plante est considérée comme exotique en Ontario. Elle pousse aussi en Eurasie. Elle est aussi connue ici sous le synonyme Veronica catenata.

Autour du fossé parmi les panais sauvage il y a aussi Teucrium canadense (germandrée du Canada, germander, wood-sage).

Maintenant nous partons pour la forêt aperçue sur le chemin de l’Anse à l’Orme.


À trois dans un canoë, une bonne fois on ira sur cet îlot. C’est pas des ormes qu’on voit?



dimanche 26 juillet 2009

“Je cherche l’absinthe”

 
"gotcha!"


François Jobin m’a contacté ayant trouvé ce blogue par une recherche Google. Il cherchait la plante Artemisia absinthium (armoise absinthe, wormwood, p. 106) et j’en connaissais quelques stations dans le coin. Le hasard fait qu’on habite le même quartier. On fixe le rendez-vous et on part pour une marge de stationnement, une butte bien dense de découvertes. Pas de chance! On a tout fauché et les tiges de notre absinthe, qui n’avait pas eu l’occasion de fleurir encore, sont au sol, désséchées mais reconnaissables.

Heureusement je connaissais un autre “spot” à la voie ferrée et après quelques instants on en trouve un pied debout dont les fleurs ouvriront plus tard cette semaine. Elle n’est pas si facile à trouver l’absinthe, camouflée qu’elle est dans toutes ces plantes similaires. Comme François l’avait noté, on en trouve une parmi des milliers de ses congénères: Artemisia vulgaris et Artemisia biennis entre autres. Avec ses fleurs jaunes plus tard elle se trouvera plus facilement mais toujours rarement.

La mauvaise boisson d’un autre siècle, diabolisée par la manipulation “médiatique” de l’État, de l’Armée et des lobbys de l’industrie vinicole de l’époque (avec recherche scientifique “truquée” à l’appui) est fait de cette plante et d’un mélange complexe de plusieurs autres.

C’est maintenant une mauvaise herbe pas très commune et François est bien content de l’avoir enfin trouvé! Il en connaissait tous les détails et de plus, comme il est originaire de la baie James il a mille anecdotes de ce pays à raconter. Pour lui avoir montrer la plante c’est moi qui s’est bien enrichi! Merci François!

Cherchez la plante de l’oubli peut être mémorable!




samedi 25 juillet 2009

Encore une fois: le Technoparc

 
une anti-chambre fréquentable

Une éventuelle réserve de milieux humides et je ne vous montre rien de toute cette eau! Mais puisque l’idée c’est de vous inviter à vous déplacer et d’aller vous rendre compte...

Alors je vous montre un chemin qui est l’entrée d’un de ces marécages. Je trouve ça bien invitant. Et vous? Ce devait être l’entrée asphaltée de la ferme qui était encore là dans les années ’70. Une fois sur place, la marche à suivre n’est pas très compliquée...un pas puis l’autre...et on avance vers une forêt de plus en plus dense.

Je suis plutôt homme de champs que de forêt. C’est mon champs d’étude... Je vous recommande donc quand même de vous attarder à cette anti-chambre de la forêt, ce milieu ouvert occupé par une flore de lumière occupée à couvrir le sol et le chemin. Des vagues vertes venant de tous côtés, lentes d’espace plus que de temps. Ce que je ne peux rendre ici c’est le parfum de la valériane, partout autour, aussi variable que la couleur de l’inflorescence.


 
trois échappées de jardin


Le Technoparc est un ensemble de milieux variés: friche agricole avec des boisés d’espèces pionnières, forêt, canaux et sections de ruisseaux (d’origine probablement) et divers plans d’eau. À l’est il y a une entreprise d’horticulture et de terrassement: à visiter aussi jusqu’à la limite nord. Il y a un plan d’eau. Je reviendrai sur ce sujet une autre fois.

À gauche: Salvia nemorosa (sauge des bois, meadow sage, p.221), au centre: un myosotis et à droite Monarda didyma (monarde écarlate, bee balm)




Pour des nouvelles, voir les liens suivants:

Bronwyn Chester vous présentera les arbres du Parc Lafontaine, mercredi 29 juillet.

Charles L’Heureux nous amène voir le ruisseau Bertrand (l’aboutissement des milieux humides du Technoparc)

Heather Leighton rend compte de ces essais de bombes à graines

Aude Delaporte a des photos et des films de la visite au Champ des Possibles de dimanche passé


jeudi 23 juillet 2009

Réserve en voie d’apparition

 
nouveau paysage


Je ne sais pourquoi j’aime de ces paysages naissants et hybrides dans le milieu urbain et péri-urbain. Ils me semblent à la fois un appel et un rappel. De quoi? J’essaie d’en comprendre le sens.

Ces endroits nous appellent en nous priant de notre attention: ils recèlent une curieuse biodiversité qui est un mélange biogéographique d’espèces “étrangères” et “indigènes”. Ils sont un rappel aussi de notre lien avec les autres espèces, avec cette “nature” qui est maintenant “notre nature”. Celle-ci est l’ensemble des espèces que nous apportons avec nous à travers les continents et les siècles, volontairement ou pas, se mêlant aux espèces déjà présentes sur le territoire. Dans un amour/haine qui caractérise notre conscience coupable, nous ne savons que faire de cet apparent chaos.

Nous avons le choix du comportement à adopter face à ses paysages portant une nature anthropique. Nous pouvons les détester en soulignant leur impureté et leur état de “non-nature”. Nous voudrons alors les corriger, les purifier ou les raser sans se gêner.

Nous pouvons nous y intéresser et les aimer en reconnaissant notre rôle dans leur construction/constitution et travailler avec: ce sont bien souvent les seuls espaces verts disponibles (pour nous et...les autres...) en milieu urbain. Ils sont impurifiables, comme nous, mais vert et à protéger néanmoins.

La photo a été prise au Technoparc de Montréal (ou de Saint-Laurent) au nord de l’Aéroport Trudeau. Il y a apparemment un projet de conservation des milieux humides ici. Le milieu est certainement humide, autant les canards et hérons, que les plantes et les grenouilles en témoignent.

C’est aussi un espace entièrement anthropisé, modifié dans sa topographie et son hydrologie, remanié par l’agriculture, un ancien dépotoir le délimitant à l’ouest est maintenant un terrain de golf. Et sa limite sud est l’Aéroport...

Si un pareil endroit est considéré pour un projet de conservation, j’en connaît quelques autres...moins grands...vagues...Ils appellent eux aussi notre attention.

 
échantillon d'impureté


À gauche Epilobium hirsutum (épilobe hirsute, hairy willowherb, p.231,), au centre Cepaea hortensis (escargot des jardins) ou peut-être Cepaea nemoralis (escargot des bois) ayant grimpé sur ce peuplier jusqu’à 3 mètres. J’aimerais bien comprendre cet étrange comportement! Et à droite Lythrum salicaria (salicaire commune, purple loosestrife, p.224). Aucune de ces espèces n’est indigène.



mercredi 22 juillet 2009

Are trees protected weeds?

 
the weedy woody gang


Yes and it’s a good idea!

There are small groves and thickets here and there in all neighbourhoods, often in unexpected places, backyards, alleys and edges of parking lots. The culprits are these three despicable trees, the urban thugs: Manitoba maple, eastern cottonwood and siberian elm. The infernal trio!

They produce, by themselves or as a team, green spaces...We could always compute the value of their services for humans and urban biodiversity. Or we could simply realize that we were taken off-guard by them...How many Montreal trees are spontaneous, not planted?

And now they are all protected weeds. Strange, no? The City of Montreal’s Tree Policy forbids cutting them. The smaller weeds, as rare as they may be, do not have such a protection. City bylaws specifies a size at which a plant is protected. Like a bias favouring the ligneous species. Or an admission of the fact that if a tree reaches a given size before we notice, it will be safe.

The Tree Policy, you see. And it varies from a burrough to another. There doesn’t seem to be an agreement on what constitutes a tree. Apart from some burrough’s interdiction of this or that species, for the moment it is illegal to cut a tree if:

In Lachine, it has a diameter equal or greater than 10 cm. measured at 1,3 m. above ground and it is located in the front yard of a built lot or any vacant lot.
In Saint-Laurent, it is located on a private lot and has a 50 mm. diameter or greater, measured at an height of 1,40 m.
In L'Île-Bizard–Sainte-Geneviève, if it has a diameter, one meter above ground, equal or greater than ten centimeters.

It’s all pretty much the same...but everyone seems to have its preferences and wants to speak out.

Our inattention is rewarded by these micro-landscapes, why not extend this principle to vacant lots themselves? They are nodes of future developments, proto-landscapes centers and it would be interesting to explore their potential as urban biodiversity reserves.

Trees and plants themselves have their City Policy.


Flora Urbana est invité à participer au Carnaval de blogues “38th Festival of Trees”. C’est un événement mensuel où sont rassemblés des blogues de toute la planète. À chaque mois un blogue hôte héberge les autres. Ce mois-ci c’est

Trees, Plants and more, un blogue d’une auteure en Inde.

J’ai donc traduit ce message déjà publié à sa demande (la traduction Google est pas mal...mais imparfaite!) Donc voilà je publie cette traduction.

Découvrez tous ces blogs portant sur les arbres à l’adresse suivante:

Festival of the Trees





Deux Lilliputiennes pour le prix d’une



 
dans le coin du viseur...hors foyer...une couleur orange connue...


En compagnie du pisteur en chef des ruisseaux et mesureur principal des arbres Charles L’Heureux je suis allé explorer les grands terrains vagues au Nord de l’Aéroport Trudeau. On y trouve d’assez grands plans d’eau et toutes sortes de canaux. C’était jusqu’il y a une quarantaine d’années des terres agricoles. Il y donc en plus des champs en friche, des espaces colonisés par des trembles, peupliers, robiniers, etc. et ce qui semble un boisé plus vieux. Un ensemble varié d’habitats distincts donc.

Tout d’abord nous tombons sur une grande colonie de Centaurium erythraea (érythrée petite-centaurée, european centaury). C’est une grande surprise que nous fait cette petite plante. Je ne l’avais vu qu’une seule autre fois l’année passée sur le chemin Pullman à la Falaise Saint-Jacques. J’avais alors été pas mal étonné de voir cette petite, à fleurs roses et tige bien droite réussissant à vivre au pied d’un groupe de phragmites géants qui avançait massivement vers l’asphalte du chemin. Une souris au pied des éléphants...je me demandais combien de temps elle pouvait survivre là. On ne peut plus aller visiter l’endroit alors je n’ai pas la réponse.



 
les deux braves en plein soleil


Et ici elle croît en milieu assez sec (mais inondé au printemps) et en plein soleil dans une végétation clairsemée. Au loin...des phragmites...Comment une si fragile plante (en apparence...) réussit à se maintenir en milieu péri-urbain dans des conditions aussi temporaires est un mystère total.

Au sol, photographiant la petite-centaurée, du coin de l’oeil (dans le coin du viseur de mon Canon) je voyais une petite tache orangée hors-foyer...je sourie en la reconnaissant...je sais qu’il n’y qu’une seule fleur comme cela...Quelle chance, c’est un mouron rouge (Anagallis arvensis, mouron rouge, scarlet pimpernel, p.250) ! Eh! oui on la dit rouge mais elle est orange! Il n’y avait qu’une seule plante, bien plus petite que les petite-centaurées, à peine 3 centimètres de haut et portant une seule fleur!

D’une pierre deux raretés! L’excursion s’annonce bien! À suivre...

Voyez ici le rapport de Charles L’Heureux: Ruisseaux Montréal





La visite de dimanche: photos



photo: imagine (le) mile-end


Il y avait foule dans le champ du Mile End. Oui, oui, c’est moi, mais surtout ce sont tous ces gens qui portent attention à cette plante qui est mise en vedette: Cynoglossum officinale (cynoglosse officinale, houndstongue, p.147). Une rareté des plus intéressante que nous connaissons mieux maintenant.

On cherche un nom pour l'endroit: la gare de triage s'appelait Saint-Louis. Je propose Saint-Louis des Possibles.


Voyez les autres photos de cette activité qu’il faudra bien répéter:

imagine (le) mile end


flicker

blogue d'Emily



mardi 21 juillet 2009

Stabat Arbor 8

 
sous l'érable à Giguère, dans l'ombre du regard


Qui a dit déjà qu’une mauvaise herbe est une herbe dont on n’a pas encore découvert la vertue? Les arbres urbains spontanés ont de multiples vertus: abris et ressources de nombreux animaux, ils nous fournissent aussi de l’ombre et de l’air et nous donnent un sens perdu du paysage dont ils sont pourtant les éléments structurants, en ville et ailleurs.

Cette catégorie spéciale de micro-paysages spontanés, les bosquets et boisés d’arbres non-nobles, est souvent un abri saisonnier pour ceux qui n’en n’ont pas. Dans les terrains vagues ou aux voies ferrées je trouve souvent ces domiciles éphémères (quelques jours, ou tout l’été?) qui n’ont de fixes que les arbres qui le définissent.

Dans le paysage imaginaire des humains, la ville, ces arbres sont des espèces protégées et protégeantes. C’est notre paresse du regard qui les rend invisibles et c’est notre étroitesse d’esprit qui nous les fait déconsidérer.

Pour Audrey Côté.




lundi 20 juillet 2009

L’abc d’un terrain vague





 a: Emily Rose Michaud, b: Bronwyn Chester, c: Susan Bronson


Une quarantaine de personnes se sont présentées au rendez-vous de dimanche dans le Mile End. Dans un but précis: connaître un terrain vague... Porter un regard différent sur ces espaces verts semble en accord avec pas mal de gens.


Notre but était de bien présenter cet endroit en traçant l’histoire de son développement, en esquissant sa biodiversité et en indiquant son caractère d’interface entre la nature et les humains. L’installation vivante d’Emily et le travail incessant de son équipe de jardiniers soulignent l’attachement des gens du quartier pour ce terrain vague.



Une partie de groupe



Nous le savons maintenant l’histoire du développement de ce terrain est l’histoire du dé-développement! Susan nous a présenté un sommaire des transformations successives expliquant la forme actuelle du terrain. Évidemment ce passé industriel laisse des traces et le terrain est contaminé.


Bronwyn est intarrissable au sujet des arbres et fait remarquer, à juste titre et de façon très pertinente que les spécimens de noyers noirs que l’on trouve ici représente une des concentrations les plus grandes de cette espèce assez rare au Québec. Pour ceux qui sourient à l’idée de faire une réserve ici...c’est un bon début je crois...




Présence non-autorisée sur la voie ferrée


Quant à moi j’ai présenté le seul spécimen que je connaisse du cynoglosse officinal. Et cette plante n’est qu’une des quelques plantes rares que l’on trouve ici. Ces plantes ne sont pas indigènes et pour beaucoup cela est une raison pour les négliger. Mon point de vue est différent évidemment: le fait qu’elle soit ici s’explique par une longue relation avec les humains et c’est alors pour moi une plante d’intérêt biologique et culturel en accord avec le symbole de Roerich adopté par la chère artiste Emily.


L’ethnobotanique c’est aussi pour la tribu des urbains!



Persicaria sp. et chère carotte


Le passé, le présent et l’avenir de cette Réserve de biodiversité urbaine sont maintenant plus largement connus. Je ne connais pas d’autre exemple d’une pareille activité, d’une aussi grande attention et d’une pareille foule... pour un “brownfield”, un terrain post-industriel.

Il y aura d’autre activités au Champ des Possibles, nous vous tiendrons au courant...


Merci à tous ceux qui se sont déplacés. Il m’a fait plaisir de rencontrer ces quelques dizaines de curieux de nature urbaine. Pour certains, que je ne connaissais que de façon virtuelle, il a été très agréable de les voir en personne, dans le précieux champs!





samedi 18 juillet 2009

Votre attention est requise



Le Jardin Roerich au Champ de Possibles, photos: Annie Cavanagh



N’oubliez-pas le rendez-vous de demain dimanche 19 juillet à 14:00 h au Champ des Possibles dans le Mile End.


Venez participer à cette célébration de ces espaces verts négligés et découvrir leur origine et leur biodiversité.


Voyez la carte Google, cliquez :


vendredi 17 juillet 2009

Cuscute et cie

 
un aperçu du rivage à la marina de Lachine


 
calystegia, cuscute et sicyos


Charles L'Heureux et un peuplier de 3 hommes et quart de diamètre



Les berges de l’île de Montréal ont connu de lourdes modifications anthropiques: elles sont en fait presque partout des terrains vagues en pente, mouillés et ensoleillés. Malgré les campagnes de renaturalisation de certains secteurs des rives, avec extirpation des plantes étrangères et plantation d’indigènes, cette morphologie variée assure une étonnante biodiversité dans les zones “non-corrigées” laissées à elles-mêmes.

Avec le ruisseaulogue et inspecteur d’arbres Charles L’Heureux nous sommes allés visiter la marina de Lachine, le secteur tout juste en amont du canal. Sur la rive opposée du parking à bateau nous cherchions la cuscute de Gronovius. Il y en avait pas autant qu’il y a quelques années et en colonies moins importantes. Les fleurs n’étaient pas encore ouvertes.

De nouvelles espèces se sont installées ici et parmi celles-ci il y a le Sicyos angulatus (sicyos anguleux, oneseed bur cucumber). Je ne la connaissais que de nom et d’image mais pas en personne, c’était donc une surprise agréable. Il n’y a que trois membres de la famille du concombre que l’on trouve en mileu urbain (mis à part les éventuelles échappées de jardin, concombre, citrouille, etc, qui ne survivent pas longtemps).

De la même famille que la cuscute il y avait aussi des liserons des haies et des champs et tout un ruban d’asclépiades, d’anémones, millepertuis, etc, Un endroit à revisiter quoi! Je vous le recommande.

La rive qui n’est pas entretenue est donc bien végétalisée et de nombreux canards et carouges juvéniles s’y nourrissaient de graminées diverses et de rumex. Il serait certainement très intéressant de réserver une part importante de tous nos parcs pour de pareils espaces sauvages. On gagnerait en biodiversité urbaine et on ferait même des économies...

Négligeons un peu...gentiment...



jeudi 16 juillet 2009

Attrape-plante volant!

 
une disposition symétrique étonnante


 
un sens esthétique indéniable


Cette résidente de Montréal, qui souhaite rester anonyme, affirme avoir été visité par un APVNI. Elle s’est levée ce matin et quelque chose d’inconnu se trouvait dans son jardin. Elle composa le 1-800-FLORA-URBANA et nous avons dépêché un enquêteur sur place.

Arrivé sur les lieux, l’enquêteur n’a pas eu besoin de chien reni-fleur ou de détecteur de fumisterie pour reconnaître instantanément l’étrange objet: un attrape-plante. S.L. (c’est son nom) affirme qu’elle n’avait jamais vu la chose auparavant. Elle ajoute que la seule façon qu’il puisse être arrivé, c’est par les airs. “Je ne suis pas responsable de cette plantation” ajoute-t-elle. Nous prenons sa déposition très au sérieux. C’est le premier cas documenté de téléportation d’attrape-plante.

Après avoir noté sa version des faits pour les archives, nous avons examiné avec attention l’objet en question. Tous les indices habituels d’un attrape-plante sont détectables: la conclusion s’impose. La rumeur persistante de l’origine extra-terrestre de ces engins commence à prendre du poids.

La victime de cet atterrissage se remet toutefois de l’événement et trouve même intéressant l'agencement des couleurs. En effet le rouge des tiges et le rose des fleurs de la polygonacées s’harmonisent avec la couleur du bac. Les martiens ont du goût!

Notez qu’il y trois bacs au total, les uns dans les autres. Faut-il craindre un envahissement par multiplication?



mercredi 15 juillet 2009

La cuscute en cavale





Sur la rue Maguire il y a quelques années (cliquez pour agrandir!)



Je ne l’ai pas vu souvent en milieu urbain “central” et elle n’y vit pas très longtemps. Trop instable la vie sur les trottoirs. C’est plutôt une plante des milieux naturels vestigiels, des champs et des rivages. Il y en a beaucoup à la marina près de l’entrée du canal Lachine par exemple.


La cuscute (Cuscuta gronovii, p.186) est toutefois une curiosité qui mérite qu’on la présente. C’est une plante sans chlorophylle, incapable de se nourrir seule. Techniquement on dit qu’elle n’est pas “autotrophe” (se nourrissant seule) comme les autres plantes, elle est donc “hétérotrophe” (elle se nourrit d’un autre). Pour préciser le langage technique on dira qu’elle est “holohétérotrophe” (elle se nourrit entièrement d’un autre).


Elle est parasite quoi! La connotation négative s’estompant devant l’intérêt biologique de la jolie embrasseuse.


À gauche, ce clan de cuscute a trouvé une vigne vierge vigoureuse. Cet imbroglio de tiges dorées ou orangées est l’aspect habituel de ces plantes qui peuvent proliférer, “infester”, en milieu favorable. Le parthenocissus ayant été coupé, les jours de la colonie de cuscutes étaient comptés.


L’année suivante, au centre, on voit la plante qui après avoir germé fait une petite tige qui cherchera un “appui”. Elle tournoie lentement en s’allongeant jusqu’à trouver une ami végétal (ou une victime qui a de la chlorophylle). La graine n’a assez de réserve que pour une croissance de quelques centimètres. Si aucune plante “volontaire” n’est trouvée, le plantule de la cuscute dépérit rapidement. Ici, vu la taille de la victime, ce sera le baiser de la mort...pour les deux!


À droite la cuscute se porte bien, fleurit et fructifie sur un asclépiade. Et elle a de la compagnie: un liseron des champs partage l’appui de la grande plante pour atteindre sa place au soleil.


Je n'ai pas revu la cuscute dans le Mile End. Elle cavale je ne sais où.


Mais je sais que je vous y rencontrerai dimanche, n’est-ce pas? (voir plus bas: Rendez-vous dans le champs)


Et jetez un coup d’oeil sur les nouveaux spécimens d’épipactis de la rue Laval sur la carte!



mardi 14 juillet 2009

La belette couronnée

 
notez les grands piquants du calice: une couronne?


Je suis allé chasser l’épipactis dans le coin du Square Saint-Louis et j’en ai profité pour voir un peu aux alentours, dans les ruelles et près de ces nouveaux ensembles de condos sur la rue Sherbrooke. Les lieux sont encore en partie en construction ou ont des immeubles fraîchement terminés.

C’est donc l’arrière des immeubles que je visitais et j’ai trouvé une colonie d’ortie royale. La tige forte, carrée et hérissée de grands poils explique le nom d’ortie.

Le Galéopsis tetrahit (ortie royale, hemp-nettle, p.215) est une plante européenne où on la nomme aussi herbe de Hongrie et chanvre sauvage, on utilisait ses fibres pour faire du cordage. On fait aussi une huile avec ses graines pour traiter le cuir. Elle a eu des usages médicinaux, mais ceux-ci semblent trop général (antispasmodique et expectorant) pour mériter qu’on s’y arrête.

Ses poils sont un peu piquant mais pas du tout urticant comme la “vraie” ortie (Urtica dioica, ortie dioïque, stinging nettle, p.277). Il est vrai que sans les fleurs les plantes se ressemblent assez pour confondre un instant. Le port des deux plantes est toutefois fort différent: toute en hauteur pour l’ortie dioïque et en largeur branchue, buissonnante, pour la “royale”. Évidemment avec une pareille fleur, aucune confusion n’est possible! On trouve aussi des individus à fleurs blanches.

Et la belette? vous me demandez... Galeopsis vient du grec “galê”, belette ou putois et “opsis” veut dire: ressemble à...La fleur ressemblant au museau de cet animal disait-on. Je devrai passer encore quelque temps de recherche afin de trouver l’origine du qualificatif “royale”. Pour l’instant je note que les fleurs tombées laissent un calice piquant, comme une couronne. C’est peut-être l’origine du “royale” de cette ortie qui n’est pas une ortie!




lundi 13 juillet 2009

Rendez-vous dans le champs!




 Espace de stationnement




Trio de jazz (ou de buzz...)



Montréal n’a plus de Grand Prix, le festival de jazz est terminé... que faire?


Pour ceux qui n’ont pas de Lamborghini ou de saxophone, Flora Urbana a la solution pour votre divertissement et votre enrichissement: allons se promener dans le champs! Se réunir, faire connaissance et discuter.


Je vous ai parlé amplement de ce terrain vague dans le quartier Mile End dans le nord du Plateau Mont Royal. Je l’appelle le Maguire-Roerich Champ des Possibles mais on le connait sous bien d’autres noms. Vous pouvez le trouver avec la carte plus bas dans la colonne de droite.


Dimanche le 19 juillet, il y aura une visite guidée pluri-disciplinaire de ce champs. Vous en apprendrez beaucoup sur ce qu’est un terrain vague et sur sa biodiversité:

  • l’histoire des lieux avec l’architecte et historienne du quartier Susan Bronson
  • découvrir les arbres avec l’auteur et spécialiste Bronwyn Chester
  • la chère Emily Rose Michaud, qui revient spécialement pour vous rencontrer
  • et moi-même je vous parlerai de la bardanette épineuse et de plein de mauvaises herbes
  •  

La visite débutera à 14h jusqu’à 17h au jardin Roerich. Don suggéré: $10


Venez démontrer votre intérêt pour des espaces verts différents et soutenir les résidents du Mile End. La biodiversité urbaine, c’est pour tous!


Y serez-vous?





Flora Laurentiana

 
vue de la sablière près du Lac Supérieur


 
un petit désert qui se verdit


 
molène, chicorée et apocyn

 
épilobe, trèfle agraire et achillée millefeuille

J’ai fait des excursions extra-territoriales. Je suis allé dans les Laurentides, au Lac à l’Équerre. Le Mont Tremblant est à côté, comme nous le rappelle les hélicos qui y amènent les gens importants, amateurs de pile ou face, de dés ou de courte-paille. Les grands projets attirent toujours le meilleur des humains.

Amateur de terrain vague, je le suis encore plus des sablières, des pits de sable, où j’aime chercher les orchidées indigènes du genre Spiranthes et la Liparis loeselii. Certaines orchidées sont effectivement des plantes colonisatrices. J’ai bien visité une cinquantaine de pits de sable à travers le Québec méridional et 90% abritent ces orchidées.

J’étais hélas dans le 10% sans orchidées! Vous verrez donc ça plus tard cet été!

J’aime ces milieux ouverts et clairs où la biodiversité est grande, et, dans le cas d’un milieu modifié par les humains comme une sablière, le phénomène de colonisation des végétaux est facilement observable. Les plantes qu’on y trouvent ressemblent beaucoup à ce qu’on trouve en milieu urbain. Faites l’habitat, vous y trouverez les plantes.

Un pit de sable ressemble donc à un terrain vague du point de vue de la composition de sa flore. Une différence semble être qu’on y trouve plus d’apophytes (plantes indigènes adaptées aux milieux modifiés par les humains) des familles du carex et des graminées par exemple.

La fin de semaine ressemblait étrangement à une semaine, le temps devenant élastique dans le Nord. Ce court rapport mérite la mention de mes hôtes incomparables: Marcel, Michèle et Béatrice, ma filleule qui grandit.

vendredi 10 juillet 2009

Les arbres sont-ils des mauvaises herbes protégées?





la bande à boisés


Oui et c’est une bonne idée!

Il y a des bosquets, des boisés un peu partout dans les quartiers, souvent dans des endroits inattendus, arrière-cours, ruelles et marges de stationnements. Ce sont les mal-aimés des arbres, ces trois bandits qui sont responsables: érable à Giguère, peuplier deltoïde et orme de Sibérie. Quel trio infernal!


Ils font, tout seul ou en équipe, des espaces verts... On peut évidemment calculer la valeur de leurs services pour les humains ou pour la biodiversité urbaine. Ou constater qu’on a été pris de court... Combien des arbres de Montréal sont spontanés, non-plantés?


Ce sont maintenant des mauvaises herbes protégées. C’est étrange, non? La politique de l’arbre de la Ville de Montréal interdit leur coupe. Les petites mauvaises herbes, aussi rares soient-elles, n’ont pas cette protection. La réglementation prévoit donc une taille à partir de laquelle un végétal est à protéger. Comme un préjugé en faveur des ligneux en quelques sorte. Ou une reconnaissance du fait qu’un végétal qui a atteint une taille “suffisante”, avant qu’on s’en rende compte, aura la vie sauve.


La Politique de l’arbre (PDF), voyez-vous. Et celle-ci varie un peu d'arrondissement en arrondissement. On ne semble pas s’entendre sur la définition du mot “arbre”. Outre le fait que certains arrondissements interdisent telles ou telles espèces, pour l’instant il est interdit d’abattre un arbre si:

  • À Lachine, il a un tronc d’un diamètre égal ou supérieur à 10 centimètres mesuré à 1,3 mètre du sol, situé dans la cour avant d’un terrain construit et pour tout terrain vacant.
  • À Saint-Laurent situé sur un terrain privé et ayant un tronc de 50 mm de diamètre ou plus mesuré à une hauteur de 1,40 m
  • À L'Île-Bizard–Sainte-Geneviève s’il a un diamètre, à un mètre du sol, égal ou supérieur à dix centimètres.

C’est presque pareil... mais chacun semble avoir ses préférences et tient à son mot à dire.


Notre inattention est récompensée par ces micro-paysages, pourquoi ne pas étendre ce principe aux terrains vagues? Ce sont des noeuds d’aménagements futurs, des foyers proto-paysagers et il serait intéressant d’en explorer le potentiel de réserve de biodiversité urbaine.


Les arbres et les plantes ont aussi une Politique de la ville.





jeudi 9 juillet 2009

Les yeux de la pensée

 
fleeting pansy


Elle apparait: Bwif! Bling!...ou Glingggg! Ce serait quoi l’onamatopée la plus juste pour une de ces apparitions, sous le radar, d’une pensée qui a fait le saut. Hors du jardin elle prend le large.

Pas toujours très loin, pas pour longtemps. Elle s’échappe et va faire l’espionne des trottoirs, comme un chat guettant les humains et leurs activités incessantes. Elle se maintient à l’occasion dans un “ex-jardin”. Les occupants humains qui la cultivaient ayant déménagé, les nouveaux n’ayant aucun intérêt à cet occupation. Elle se garde au frais.

Elle arrive aussi par ses graines “contaminant” un paillis, le milieu humide d’une plantation récente semblant toujours un habitat favorable à toutes sortes de curiosités botaniques.

Hors d’un jardin, sur les voies humaines, elle tourne autour en réflexion pour un an ou deux. La pensée curieuse étant prête à payer le prix de son aventure ex-hortus. Elle devient songe, rêve, mémoire.

Pensées furtives, étonnantes autant qu’étonnées, curiosité récompensée. Regard bleu.

Elle disparait: Paf! Zwifff...Pssshh !




mercredi 8 juillet 2009

Effet papillon

Belle-Dame on thyme

Un jardin-rocaille fait par une terroriste verte du quartier favorise la biodiversité urbaine. Et un papillon du Mexique. Plante de rocaille de la famille de la menthe, le thym produit un nectar attractif pour ce papillon. Celui-ci est certainement le papillon le plus largement répandu au monde: c’est une espèce cosmopolite.

Il s’agit de Vanessa cardui (belle-dame, painted-lady) et c’est une espèce migratrice: à la façon du monarque elle passe l’hiver au Mexique. Puis elle migre vers nos régions. Plus les migrations sont massives, plus on en trouve loin au Nord. Et les importantes migrations suivent des hivers pluvieux au Mexique. Les plantes dont se nourrissent les larves du papillons connaissant alors une bonne croissance.

Le papillon s’accommode de presque tous les habitats, y compris les terrains vagues où il affectionne les fleurs de la famille Astéracées: ambrosie, sénéçons et bardane, centaurées et chardons (d’où l’épithète latin cardui: des chardons). Généraliste aussi, le papillon visite les espèces de la famille des Malvacées comme la mauve négligée et les Boraginacés (bourrache) et les Fabacées (trèfles, etc.)

Quand il pleut au Mexique, on trouve plus de papillons à Montréal.


mardi 7 juillet 2009

Ruelle auto-verdissante

 
une ruelle verte programmée en 2001


 
flore au pied d’une annonce oubliée


 
flore de la ruelle verte programmée


 
une ruelle non programmée voyez-vous la différence?


 
flore de la ruelle non programmée


Depuis plus de dix ans les Éco-Quartiers ont un programme de verdissement des ruelles. Il y en a plusieurs dans mon quartier. Celle-ci, dans la ruelle entre Henri-Julien et Laval, a été inaugurée en 2001. L’expression “green-washing” n’était pas encore inventée, mais...

Huit ans plus tard, aujourd’hui comment se porte cette ruelle? Elle est encore bien verte, c’est certain. Mais cette verdure est un mélange d’intentions, d’accidents, de plans et de temps...Ce sont autant les éventuelles plantations (lesquelles?) dans le cadre du programme, que les arbres et plantes qui débordent des jardins et s’échappent, ou la flore spontanée typique du milieu des ruelles qui donnent le caractère et le charme de cette espace verdoyant.

Je ne savais pas qu’il fallait une “demande d’obtention” pour une ruelle verte. Les ruelles vertes sont-elles un “label”? Il n’y a pas toujours eu des ruelles vertes? Que faut-il faire de celles qui ne découlent pas de cette procédure? Les déverdir? Les corriger afin de s’assurer, par exemple, une conformité de sa flore: “Les espèces indigènes sont privilégiées”. Pourquoi donc? Il me semble que la plus importante caractéristique devrait être qu’elle soit adaptable et résistante ou utile aux oiseaux par exemple. Indigène ou pas.

Un commanditaire serait alors perdu? Ou une occasion de sortir les drapeaux? Cela me semblerait plus favorable à la biodiversité urbaine pourtant.

Et que penser des annonces et cérémonies de plantation ou d’ouvertures officielles avec des politiciens locaux qui ne sont plus là, des résidents qui ont déménagés, des commanditaires et fondations, tant de travail et de bonnes intentions...oubliées! Et la ruelle continue de verdir...

Ainsi, quelques années plus tard, la ruelle verte, qui était déjà une ruelle verte, est redevenu une ruelle verte. Mes affreuses limitations intellectuelles sont dépassées. Il y a toutefois cette muraille peinte qui nous informe de choses importantes. C’est à peu près tout ce qu’il reste de la ruelle verte “obtenue”...une annonce...

Les ruelles vertes sont-elles autre chose que du “green washing”? Ou une activité de la collectivité (plus ou moins stable, économiquement et culturellement privilégiée), devant se réunir, mobiliser, faire du micro-lobbying et remplir des formulaires pour intéresser des gouvernements, des commanditaires, des politiciens et des fondations?

Nos politiques “vertes” devraient peut-être revues. Elles semblent ponctuelles et temporaires, découlant de l’air du temps. Malgré nos discours. Les ruelles vertes programmées sont des jardins soumis au temps et aux processus humains et/ou naturels et deviendront...des ruelles vertes. Elles ne requièrent alors que peu d’attention et se portent bien. Donnons un peu de notre reconnaissance peut-être. Elles ont toujours été là. Elles sont déjà ouvertes. Et elles se sont passé de toute cérémonie de coupage de ruban.